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Chris Bachalo (Illustrateur)Bryan Talbot (Illustrateur)
EAN : 9781401227685
176 pages
Vertigo (06/07/2010)
5/5   1 notes
Résumé :
This new, third SHADE volume examines the question: Can a man from the Meta Zone make sense of America?

This fantastic re-imagining of Shade, The Changing Man -- a character created by the legendary Steve Ditko (Amazing Spider-Man) in the 1970s -- continues as Kathy George and Shade conclude their dangerous journey into the heartland on the trail of the deadly American Scream.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Edge of vision (épisodes 7 à 13) qu'il faut avoir lu avant. Il contient les épisodes 14 à 19, initialement parus en 1991, tous écrits par Peter Milligan. Chris Bachalo a dessiné les épisodes 15 à 19. Mark Pennington a encré les épisodes 14, 15, 18 et 19. Les épisodes 16 et 17 sont encrés par Rick Bryant. L'épisode 14 a été dessiné par Bryan Talbot.

Épisode 14 – L'American Sream a apporté son soutien à un monsieur bien décidé à châtier chaque individu, en fonction de la culpabilité qu'il ressent. Rac Shade doit expier le fait d'avoir arraché les pattes d'un insecte quand il était petit. Des pattes poilues lui poussent sur la tête. Il cherche à déterminer le sens de cette nouvelle manifestation de l'inconscient collectif américain, en compagnie de Tiffany, une femme battue.

Épisodes 15 à 18 – Kathy George effectue sa convalescence dans la clinique privée du père de Lenny Shapiro, où elle finit par apprendre qu'elle a couché avec le meurtrier de ses parents. Rac Shade se retrouve embringué dans une autre manifestation de l'American Scream. Cette fois-ci, il permet à James Kidd de manifester sa fureur contre sa future expropriation de son magasin, en rétablissant la loi de l'Ouest (avec cowboys et duel au soleil).

Épisode 19 – Rac Shade est dans la petite ville de Bethlehem aux États-Unis, à l'époque de Noël. Il y fait la connaissance de Dave, un homme blond, à la recherche du messie, en ce jour de Noël.

Au cours du deuxième tome, Peter Milligan avait trouvé un rythme plus adapté aux comics et à leur format. Il ne s'était pas assagi pour autant, mais le lecteur avait moins l'impression d'être assailli par un hurlement primal, à chaque page, voire à chaque case. Cette sensation de meilleure maîtrise de la forme persiste dans ces épisodes, avec une forme d'humour toujours aussi vachard et cynique, et drôle avec ça.

Comme dans les épisodes précédents, Milligan ne cède rien en termes de thèmes abordés. Cela commence avec les violences faites aux femmes, avec l'envie profonde de chaque individu de juger son prochain et de le faire payer pour ses fautes, et ce n'est que le premier épisode. L'auteur aborde le thème de la culpabilité avec un regard pénétrant et une ironie cinglante. Il y a cet individu qui se voit puni de manière atroce parce qu'il a mangé de la viande le vendredi (contre les préceptes de sa religion), en faisant croire à sa mère qu'il s'agissait de poisson. Cet homme est puni pour avoir enfreint ses croyances (auxquelles le scénariste ne croit pas).

En plus de fouailler la plaie de la culpabilité, Milligan choisit des petits arrangements avec la vérité très parlants pour le lecteur, et il assaisonne le tout avec des événements grotesques (les pattes poilues poussant sur la tête de Shade, ou les coups de couteau cranté plantés dans un homme). Les dessins de Bryan Talbot restent très littéraux, ajoutant encore au malaise généré par ces bizarreries.

Avec le récit suivant, Peter Milligan et Chris Bachalo atteignent l'apogée de leur art pour une histoire aussi viscérale que psychédélique. Contre toute attente, Milligan part d'une nouvelle manifestation de l'American Scream (le propriétaire d'un commerce de proximité voué à la disparition à cause d'un grand magasin sans personnalité), et arrive à une crise personnelle d'une intensité effroyable, ainsi qu'aux origines de la veste M, celle qui donne ses pouvoirs à Rac Shade.

Dans un moment immonde (possible uniquement dans un comics), Kathy George a éprouvé du plaisir en faisant l'amour avec le meurtrier de ses parents (sans en connaître son identité). Elle apprend ce fait et doit s'y confronter. Résumé comme ça, cela ressemble à un roman basant tout sur le sensationnalisme. À la lecture, la personnalité et les réactions de Kathy rendent cette prise de conscience déchirante, par la sensibilité avec laquelle Milligan décrit ses réactions.

Non content de transformer un gros titre sensationnaliste en une introspection poignante, Milligan prend le lecteur à contrepied en évoquant les origines de Shade. Alors qu'on pouvait penser que la série se concentrerait sur les pérégrinations de Shade pour contrer American Scream, et nouer une relation avec Kathy George, l'auteur revient à l'idée que Shade est un extraterrestre. Cela lui permet aussi de jouer sur les mots avec le "méta" de la méta-veste, renvoyant au concept de métacommentaire.

À nouveau de manière très habile, la nature de la veste M contraint également Rac Shade à accomplir des actions auxquelles il se refuse. Alors même que Kathy est confrontée à l'horreur de absolue de sa partie de jambes en l'air, Shade est obligé d'utiliser des ressources qu'il a en lui, les aspects les plus vils de sa personnalité.

Après ces 4 épisodes aussi éprouvants que pénétrants, le lecteur souffle un peu pour ce conte de Noël qui se révèle finalement tout aussi noir et pervers. Milligan sait choisir les petites choses du quotidien que tout le monde remarque et relativise, parce qu'on est bien obligé de vivre avec, pour en aviver l'absurdité existentielle et appuyer là où ça fait mal. En cela il se montre un scénariste totalement impliqué dans son écriture, qui ne fait pas semblant d'aborder des douleurs existentielles, qui les triture pour mieux en faire jaillir la douleur. L'horreur provient également du fait qu'une fois les douleurs surmontées, l'individu n'en est pas plus avancé. Il n'y a pas eu de révélation, de découverte, à peine un bref instant de réconfort.

Avant de découvrir le coeur de l'intrigue, le lecteur commence par reprendre contact avec cette série par le biais des images, à commencer par les couvertures. Celles de ces 6 épisodes sont dessinées par Jamie Hewlett, avec des couleurs vives évoquant le pop'art, et toujours un détail macabre donnant l'impression de se trouver dans un mauvais délire après prise de substances psychoactives.

Dans le premier épisode Bryan Talbot donne une interprétation littérale des horreurs et des manifestations de l'American Scream, très dérangeante dans sa dimension grotesque. Par la suite, le lecteur retrouve avec plaisir les dessins et la mise en page de Chris Bachalo. Ce dernier réalise des dessins essentiellement réalistes et élégants, grâce à des traits fins pour détourer. Il n'enjolive pas les silhouettes ou les visages des personnages. Il fait attention à varier la garde-robe de chacun de manière régulière (sauf pour les superbes baskets de Shade).

Bachalo représente avec adresse tous les éléments exigés par le scénario : de l'intérieur dépouillé d'un appartement, à une grand-rue de western, en passant par des moutons. Il sait insuffler discrètement une dimension mythique aux chromes d'une belle américaine, à un Elvis bedonnant, à un duel au soleil, ou encore à une chambre dans laquelle s'est déchaîné un tueur psychopathe (avec un beau travail de mise en couleurs de Daniel Vozzo).

Le lecteur peut ainsi apprécier la richesse du scénario de Milligan en voyant les différents décors et accessoires représentés de manière réaliste et fiable. Au fil des précédents épisodes, Bachalo a appris à s'adapter au scénariste et à se mettre en phase avec les séquences les plus métaphoriques. Il réussit à trouver le bon équilibre dans la représentation de l'incarnation de la veste M, un croisement entre un pantin comique, et la folie meurtrière du Joker.

Même quand Milligan s'envole dans une interpénétration d'archétypes visuels, Bachalo arrive à suivre. Par exemple, pages 116 & 117 (épisode 18), Rac Shade sort par le flanc éventré du Mayflower qui vient lui-même d'éventrer le flanc du mont Rushmore. Difficile de croire qu'il soit possible de représenter cette vision, sans rien en perdre du sens, et pourtant, Bachalo le fait sans effort apparent.

Ce troisième tome confirme que Peter Milligan est un scénariste non conventionnel, aux antipodes d'une écriture académique, capable de manipuler avec aisance les archétypes de la civilisation américaine, pour mieux en faire ressortir l'horreur existentielle sous-jacente. Il bénéficie en la personne de Chris Bachalo d'un artiste de premier plan capable de donner à voir ses visions les plus folles, comme de ramener le récit dans une réaliste prosaïque quand nécessaire. Pourvu que DC Comics poursuive la réédition de cette série !
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Top rééditions Aurélien :
Silver Surfer (Marvel Omnibus) de Dan Slott et Mike Allred Silver Surfer Parabole (Marvel Must-have) de Stan Lee et Moebius Collection anniversaire Avengers (Marvel Hors collection)
Top rééditions Emile :
Miracleman (Marvel Omnibus) du Scénariste Originel, Garry Leach et Alan Davis Génération X : L'intégrale 1994-1995 (Marvel Classic) de Scott Lobdell et Chris Bachalo X-Statix (Marvel Omnibus) de Peter Milligan et Mike Allred
Top nouveautés Aurélien :
Punisher (100% Marvel) de Jason Aaron, Jesus Saiz & Paul Azaceta Les Eternels + A.X.E Judgement Day (100% Marvel) de Kieron Gillen et... beaucoup de monde ! Made in Korea (Panini Graphic)
Top nouveautés Emile :
King Conan Colossal de Timothy Truman et Tomas Giorello Fantastic Four : Les Nouveaux Fantastiques (Marvel Epic Collection) de Walt Simonson, Tom DeFalco, Arthur Adams & Paul Ryan Fantastic Four (100% Marvel) de Dan Slott et... beaucoup de monde !
Tous nos remerciements à Emmanuel Peudon pour le montage et à ClemB pour le générique. Plus d'infos sur notre site internet : https://www.panini.fr/
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