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EAN : 9782228903646
343 pages
Payot et Rivages (08/10/2008)
4.17/5   6 notes
Résumé :


Spécialiste de l'histoire des voyages, Giles Milton aborde un chapitre méconnu des relations entre l'Europe et l'Afrique du Nord aux XVIIe et XVIIIe siècles : le cruel destin des Occidentaux capturés en mer par les corsaires de Barbarie puis vendus comme esclaves sur les grands marchés d'Alger, Tunis ou Salé.

Pour se faire, Milton narre les incroyables aventures de Thomas Pellow qui à l'âge de onze ans, en 1715, quitte sa Cornouailles... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Prisonniers des Barbaresques… La traite d'esclaves européens, particulièrement prospère entre le XIVème et le XVIIIème siècle, nous évoque pêle-mêle les raids dans les villes côtières d'Espagne jusqu'en Irlande, les prises de navires marchands en Méditerranée, les razzias, les marchés aux esclaves, Cervantes vendu à Alger, Vincent de Paul à Tunis, Angélique au Sultan, et la cousine de Joséphine de Beauharnais à un harem de Topkapi…
Pour évoquer le sort des Européens en terre d'Islam, le journaliste anglais Milton centre son récit sur les mésaventures de Thomas Pellow, mousse originaire des Cornouailles qui fut capturé sur un navire, et qui fut esclave durant 23 années (1715-1738) avant de parvenir à s'évader. Son ouvrage The History of the Long Captivity and Adventures of Thomas Pellow in South-Barbary constitue un précieux témoignage du sort des esclaves européens et surtout des actes de Moulay Ismaïl, sultan du Maroc pendant 55 ans. Son règne ancré dans une période d'apogée de la puissance marocaine fut marqué par des succès militaires, et un nombre important de prisonniers chrétiens via le contrôle des corsaires basés à Salé. Captifs en Barbarie est donc l'histoire de ces deux hommes: un Cornique intelligent affecté à la construction de remparts et de palais, qui passa ensuite au service du sultan, fut contraint d'épouser une femme du pays, se convertit sous la torture, dut combattre dans les troupes de Moulay Ismaël, et un souverain colérique qui tuait quotidiennement sujets et esclaves.

A travers le remarquable récit de captivité de Pellow chez les Barbaresques, Milton laisse aussi entrevoir l'effroi que suscitaient les raids barbaresques dans les populations européennes, et l'émoi causé par le sort réservé aux captifs, alors que la traite des noirs par les mêmes Européens n'éveillait pas la même compassion. Il évoque également les nombreuses démarches diplomatiques pour leur libération ainsi que les actions des institutions religieuses qui vont se spécialiser pour racheter les hommes, femmes et enfants retenus prisonniers. Plus étonnant, parmi ce million d'esclaves en Afrique du Nord, certains d'entre eux se convertissent, et se mettent à écumer la mer, comme le Hollandais Jan Janszoon, connu aussi sous le nom de Murad Reis qui deviendra le grand amiral de la république de Salé .
Captifs en Barbarie est un ouvrage accessible, qui se lit comme un roman d'aventure, et donne à voir un autre aspect de la traite des êtres humains. le titre m'a induite en erreur car je m'attendais à un ouvrage sur la traite en terre d'Islam alors qu'il évoque essentiellement le sort des esclaves du sultan marocain Moulay Ismaîl. Mais le destin mouvementé du courageux Thomas Pellow m'a rapidement conquise.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
En 1610, le roi Philippe III d'Espagne -écrivant l'ultime chapitre dans la reconquête de l'Espagne des mains des infidèles- expulsa du pays un million de Maures, qui, pourtant, vivaient là depuis des générations et qui, pour beaucoup, avait du sang espagnol dans les veines.
Parmi ces émigrés figuraient les Hornacheros, ainsi nommés d'après leur village d'origine, en Andalousie. Farouchement indépendants, n'hésitant pas à recourir à la violence, ils pillaient sans scrupule (...).
Chassés de leur place forte au coeur des montagnes espagnoles, ces quatre mille hommes et femmes choisirent de s'installer dans la cité en ruine de Rabat. Ils restaurèrent la casbah, ou forteresse, et s'adaptèrent avec une aisance remarquable à leur nouvelle patrie, qu'ils rebaptisèrent Salé-le-Neuf.
Cependant, ils continuaient à nourrir un profond ressentiment envers l'Espagne. Prêts à tout pour se venger, ils forgèrent bientôt des liens avec les pirates d'Alger et de Tunis qui s'attaquaient aux navires chrétiens dans la Méditerranée depuis plus d'un siècle. En l'espace de quelques années, des centaines de hors-la-loi et d'assassins -y compris des Européens- convergèrent vers Salé-le-Neuf dans le but d'initier les Hornacheros à l'art de la piraterie.
Les Hornacheros et leur cohorte de renégats constituaient une force redoutable et hautement disciplinée qu'on appela en Angleterre les "bandits de Salé". Cependant, pour leurs frères musulmans, ils étaient des al-ghuzat"- titre autrefois réservé aux soldats qui s'étaient battus aux côtés du prophète Mahomet-, des hommes dignes de respect et d'admiration car ils menaient une guerre sainte contre les chrétiens infidèles. "Ils vécurent à Salé, et leur djihad maritime est désormais célèbre, écrit le chroniqueur arabe al-Magribi. Ils fortifièrent Salé et construisirent ses palais, ses maisons et ses thermes."
Les corsaires de Salé apprirent rapidement à maîtriser le maniement des voiles carrées, ce qui leur permit de pousser leurs raids plus loin dans l'Atlantique Nord, et ne tardèrent pas à disposer d'une flotte de quarante vaisseaux. Ils pillèrent allègrement, attaquant villages et ports le long des côtes d'Espagne, du Portugal, de France et d'Angleterre. L'un d'eux, Amurates Rayobi, à la tête de plus de dix mille guerriers, écuma sans pitié les côtes espagnoles. Enhardis par ce succès, les al-ghuzat d'Alger s'en prirent aux navires de commerce qui traversaient le détroit de Gibraltar. Avec le développement des échanges commerciaux, les mers regorgeaient de richesses à saisir. Entre 1609 et 1616, le nombre de navires marchands anglais tombés aux mains des corsaires atteignit le total stupéfiant de quatre cent soixante-six.
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Mouley Ismaël avait eu l'idée d'élever des esclaves au tout début de son règne. Parmi les esclaves à son service, il trouvait que les mulâtres étaient les plus dignes de confiance et forçait souvent ses esclaves blancs à épouser des Noires afin de réapprovisionner son stock de loyaux métis. "Il prenait soin d'établir un élevage de métis, écrit Pellow, pour fournir son palais comme il le voulait". Les enfants issus de ces unions forcées étaient élevés par les propres officiers de Moulay Ismaël, et on leur "enseignait à vénérer ce successeur de leur Prophète et à lui obéir, et, ayant baigné dans le sang dès leur plus tendre enfance, à devenir les justiciers et ministres de son courroux."
Ces étranges programmes d'élevage n'étaient en aucun cas propre au Maroc. Des esclaves au sang mêlé étaient élevés à Alger, de manière à augmenter le stock de serviteurs métis du régime. Le captif français Chastelet des Boyes fut acheté par un propriétaire d'esclaves qui gardait quinze ou seize Noires dans une ferme près d'Alger. Il envoyait régulièrement ses esclaves blancs s'accoupler avec elles, et une fois, son choix se porta sur Chastelet de Boyes. Le Français fut emmené à la ferme par un eunuque, qui ordonna à quatre des femmes de le déshabiller et de se mettre au travail. "Après leur avoir parlé, il referma la porte derrière nous, écrit des Boyes, me laissant de la nourriture (...) et une bouteille d'eau-de-vie de datte." L'eunuque resta dans les parages, gardant un oeil sur les activités sexuelles à l'intérieur. "Il ne manquait pas, écrit des Boyes (...) de nous jouer une sérénade au tambour matin et soir." Après six jours d'activité sexuelle, l'eunuque entra dans la pièce et libéra Boyes. "il parla en privé à chacune des Noires, et me ramena chez le patron en ville."
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Les relations de Moulay Ismaël avec la vaste communauté juive du Maroc furent toujours ambivalentes. Il traitait la majorité avec mépris, mais donna à une poignée des plus fortunés -les descendants de juifs expulsés d'Espagne- des postes importants à la cour. L'un d'eux, Moses ben Hattar, devint trésorier de la cour et joua un rôle prééminent dans le maintien de Mouley Ismaël au pouvoir (...) Alors qu'une poignée de juifs fortunés se satisfaisaient de soutenir Moulay Ismaël- et ils étaient raisonnablement bien traités-, la majorité d'entre eux étaient pauvres et opprimés. Ils étaient confinés aux ghettos, connus sous le nom de mellahs, ou quartiers du sel, car les bouchers juifs étaient obligés de conserver dans la saumure les têtes tranchées des rebelles et des traîtres. Tous étaient forcés de porter des capes et bonnets noirs, et devaient parcourir pieds nus les rues insalubres de Meknès, Fès et Marrakech. Souvent à peine mieux traités que les esclaves du sultan, ils étaient en butte à des violences et des injures constantes; "Ils ne peuvent pas se promener dans la rue sans que le dernier des gamins les insulte et leur lance des pierres, écrit l'un, alors, ils n'osent pas, sous peine de mort, se défendre ou opposer la moindre résistance."
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