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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ryûji a pris la mer parce qu'il n'aime pas la terre. L'amour lui sera fatal, à ce marin qui sent la mort mais ne la pressent pas.
Le marin rejeté par la mer, est un très beau livre plein de poésie, de profondeur,de sensualité et d'une infinie cruauté. le piège de cette terre qu'il méconnaît, va se refermer sur le beau marin blanc! Une correction n'a pas été administrée, et voilà Ryüji condamné. La bienveillance ne paie pas, ou alors à un prix trop fort!
Ryüji, survivant des tempêtes et roi des mers va se perdre pour l'amour de la jolie veuve Fusako, mère de Noboru l'obsédé, le tourmenté. Noboru qui suit son psychopathe de petit chef.
Le marin rejeté par la mer, un roman triste et si beau comme les ports et la mer.
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Relire « le marin rejeté par la mer » m'a fait comprendre à quel point l'art de Mishima était abouti. Je savais qu'il s'agissait d'un meurtre abominable, je me suis donc transformée, au fil des pages, haletante, en une voyeuse ou plutôt lecteuse. Pourquoi n'existe-t-il pas un mot spécifique pour cette addiction faite de curiosité malsaine et de désir de continuer ? Lorsque certains lecteurs parlent de lecture en apnée, cela, à mon avis ne rend pas compte de la respiration d'un texte, et de notre respiration pendant cette lecture.

Je suis rentrée dans la pensée de ce jeune adolescent de treize ans, Noboru, travaillé entre ce qu'il sait et ce qu'il devine de ce qu'est la vie adulte : prêt à espionner sa mère à travers une plinthe avec vue sur sa chambre à elle, voulant être libre et dur, alors qu'il est tout juste sorti de l'enfance, il est, de plus, ami avec des garçons de son âge, dont l'un se déclare le chef, et dont la pensée réside en la reconnaissance, une fois pour toutes, que le monde est vide. Seul le meurtre parvient à remplir ces vides, ce non-sens de l'univers, de même qu'une fêlure remplit un miroir.
L'image de ce miroir revient, avec un art consommé, dans le roman : la mère, qui s'admire nue, l'amant, qui regrette, ou pas, ses années aventureuses de marin, et essaie de vérifier, en se contemplant, si son choix de rester à terre par amour est le bon.

Noboru a besoin de penser à sa force, il s'efforce de devenir insensible, de juger sa mère et l'amant de sa mère, et de leur faire le cinéma du petit docile.
« Il s'enivrait de cette menace tranquille et quand il tourna son coeur de glace vers les deux adultes un léger sourire comme celui qu'on verrait sur le visage d'un écolier qui vient en classe avec des leçons insuffisamment préparées mais avec la confiance en soi d'un homme qui s'élève du haut d'une falaise.»
La manière de dire, de suggérer, de nous faire attendre, de jouer avec nous, fait de ce roman (malgré les pages 62/66 : âmes sensibles, évitez de lire ça) un bijou de mise en scène du complexe d'Oedipe.

Mishima avait-il lu Freud ? Sûrement. Car plus la mère, et surtout l'amant, sont compréhensifs, moins le héros les respecte.

Mishima avait-il lu Nietzche ? Sûrement aussi. Car les garçons veulent se rendre maitres de l'existence, rompre avec le sentiment, s'exercer à la violence tranquille.

Lui, il est le maitre du récit d'une histoire d'amour, dont il déroule les fils qu'il nous met à la patte. Avec maestria.

LC thématique décembre : littérature étrangère
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Dans le port de Yokohama y'a un marin qui ne boit pas mais qui économise.
Dans le port de Yokohama y'a un marin qui ne pense pas aux dames mais qui espère rencontrer un jour la femme de ses rêves.

Officier trentenaire sur le Rakuyo, Ryûji croit en sa bonne étoile.
Un jour qu'il fait visiter son bateau à un adolescent de treize ans, Noboru, il croise le regard de la jolie femme qui accompagne son fils et sait immédiatement que c'est elle…
Veuve depuis deux ans, Fusako, dirige depuis la mort de son mari un magasin réputé d'articles de confection importés. Elle aussi a immédiatement le coup de foudre pour le beau capitaine Ryûji.

Lorsqu'ils se retrouvent deux jours plus tard, brûlants de désir, dans la chambre de Fusako, l'oeil scrutateur de Noboru les observe par un petit trou dans la cloison.
Noboru, bien qu'avenant, est le numéro trois d'une bande de six copains très hiérarchisée qui abhorre les adultes et se délecte d'atrocités sur les animaux.

« le marin rejeté par la mer » est sans doute un excellent ticket d'entrée dans l'oeuvre de Mishima. L'écriture de ce court roman est de toute beauté, la psychologie des personnages étudiée au plus près et l'histoire terriblement captivante et féroce.

Dans le port de Yokohama
Aux premières lueurs,
Avec Yukio Mishima
On nage dans le bonheur.

Dans le port de Yokohama
Aux dernières lueurs,
Avec Yukio Mishima
On baigne dans l'horreur.
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Noboru, un jeune garçon dont le père est mort, repère par hasard un trou aménagé dans le fond d’une commode par lequel il peut observer sa mère dans sa chambre. Il assiste aux amours de celle-ci avec un marin qu’il découvre être un homme simple et brave après l’avoir pris pour un héros. Déçu, il en parle à son groupe d’amis dont le chef, un garçon cruel et manipulateur, scelle le sort du futur beau-père de Noboru de la plus horrible manière.

Un roman glaçant qui parle du rejet du père, d’êtres supérieurs, gardiens de l’ordre du monde, qui doivent procéder au sacrifice de leurs pères pour ne pas leur ressembler ; une idéologie extrême qui n’est pas sans rappeler les idées nationalistes de Mishima. Une oeuvre magnifique marquée par sa fascination de la mort et par les difficultés relationnelles avec son père qui refusait son homosexualité.
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Roman glaçant et coupant, le dénouement arrive de loin, inexorable, implacable, tragique et monstrueux.

Le jeune Noboru, treize ans, a pris l'habitude d'observer en cachette sa mère, Fusako, jeune veuve, dans ses moments d'intimité physique avec Ryuji, son nouvel amour, marin au long cours. Au début, il le perçoit comme un héros, un aventurier glorieux...mais lorsque Ryuji fait finalement le choix d'abandonner la mer pour s'engager avec Fusako (ils se préparent à se marier), le roi est nu, il devient un être fade, vulgaire, sans personnalité, un père, insulte suprême aux yeux de Noboru. Celui-ci sous ses dehors d'enfant sage et réservé fait partie d'un groupe de six jeunes de son âge décidés à lutter contre le vide et la médiocrité de l'existence et des hommes. Ils sont prêts à tout pour arriver à leurs fins. Au fil des observations de Noboru, le comportement de Ryuji est scruté, critiqué impitoyablement...Lorsque Ryuji, appelé un soir par Fusako à punir Noboro surpris dans l'espionnage de leurs ébats, fait preuve de mansuétude et de tolérance...il scelle son sort funeste. Les jeunes décideront de l'élimination de cet être sans consistance qui déshonore les hommes. Après s'être fait la main sur un chat, le groupe va entraîner Ryuji dans un piège, vers son Destin...

Ce roman est magistral. La progression est impressionnante, à l'image d'une tragédie grecque. Il est aussi obscur et inquiétant : il soulève beaucoup de questions sur la pensée de Mishima. Les comportements intolérants de ces jeunes, le culte de l'esthétisme, de l'héroïsme, font s'interroger quand on sait les idées politiques flirtant avec l'extrêmisme de l'auteur. Fascinante ambivalence chez lui entre le culte des valeurs du Japon éternel et l'intégration d'une modernité empruntée au monde occidental.
On ajoutera une écriture d'une rare beauté, s'exprimant particulièrement dans la description des cieux et ambiances portuaires de Yokohama à l'aube et au crépuscule, avec tout ce qu'on sait des regrettables déperditions liées à la traduction.
Une certitude pour moi en tout cas, cet écrivain est un géant de la littérature mondiale et je m'en vais découvrir plus avant son oeuvre immense !
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Comment une bande de mômes petits bourgeois et bons élèves va régler son compte à un marin, amant de la mère de l'un d'eux alors qu'il nous est sympathique cet homme ? Tout a commencé quand il a regardé dans le trou du mur qui relie les deux chambres. Un texte fort qui, tout en douceur, monte en puissance. Sur le rejet de l'autorité, surtout celle du père. Un grand roman.
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Peut-être une oeuvre vraiment belle a-t-elle toujours quelque chose de sombre, de noir en elle.
Ainsi est en tout cas le Marin rejeté par la mer, belle oeuvre, oeuvre esthétique qui se double d'une oeuvre sombre, noire. Cruelle, même…
La maîtrise du récit de Yukio Mishima, les passages magnifiques qu'on trouve dans le Marin rejeté par la mer, font de ce récit un roman magnifique, qui provoque un étonnant plaisir. Les émotions du héros sont pleines de vérité.
Mais surtout, le Marin rejeté par la mer est oeuvre poétique.
Un véritable petit chef-d'oeuvre.
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Une superbe découverte; je n'avais encore rien lu de cet auteur japonais. Lors d'un voyage, je me souviens avoir acheté ce roman pour son titre "Le marin rejeté par la mer" qui évoque l'aventure, les grands espaces, la solitude...
En m'emparant de cet ouvrage, dans cette bouquinerie de Toulon, j'ai fait preuve d'une très bonne intuition; j'ai eu la main heureuse. Ce roman déconcerte par des passages d'une cruauté extrême, une insensibilité dérangeante, mais derrière le drame qui se profile l'auteur raconte une magnifique et tragique histoire d'amour. de longs passages, très poétiques, sont aussi consacrés à la mer, à ces marins de commerce qui parcourent les océans. Un livre très bien écrit. Un beau roman!
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« Les doigts de Ryüji touchèrent les bouts de ses seins sur la robe de coton bleu. Elle tourna légèrement la tête, ses cheveux lui chatouillèrent le nez. Comme toujours, il eut la sensation d'être venu de très loin, de l'autre bout de la terre, pour arriver à un point délicatement sensible, un frisson au bout de ses doigts, près d'une fenêtre, un matin d'été »
 
J'aime tellement les livres qui me ramènent à la mer, qu'elle soit tempête ou douceur. Les vagues ont ce pouvoir de me bercer l'âme. Chaque fois, j'ai cette sensation de volupté marine qui chatouille le grain de ma peau. Dans ce roman, Mishima arrive si bien à allier les passions de la mer à la sensualité des corps nus dans l'étreinte. Cette imbrication des sens, dans l'amour, est enivrante...
 
Ryüji est un officier de la marine marchande. En bon solitaire, il n'a que, pour seule compagne, la mer. Jusqu'au jour où il rencontre Fusako, à Yokohama, cette femme douce et délicate, si féminine. C'est le choc amoureux. Il ne trouvera d'autres mots, pour lui exprimer sa passion, que ces longs baisers glissant le long de son corps. Un homme tendre et doux. Un homme sensible, saisissant. Ils s'aimeront des jours durant, jusqu'au petit matin, de nuits folles, de caresses et d'un amour charnel émouvant…
 
« Sa chair semblait comme une armure dont il aurait pu se débarrasser au besoin. Alors elle regarda avec surprise, émergeant de l'épaisse forêt du bas-ventre, la tour du temple triomphalement érigée »
 
…jusqu'au prochain départ en mer, tant redouté. À peine se sont-ils quittés qu'ils s'attendent déjà. Et au jour des retrouvailles, Ryüji pleure d'émotion de la revoir, les larmes s'écoulent le long de sa joue (un homme ému aux larmes, comme c'est craquant !). Abandonnera-t-il tout ce qui l'avait détaché du monde par amour ? Qui triomphera entre ces séparations dont il n'arrive pas à effacer le souvenir et son dégoût de la terre ferme ? La sirène retentit, l'histoire le dira…   
 
Une ombre noircit le tableau, le fils de Fusako, Norobu, 13 ans. Depuis la mort de son père, il n'a jamais pu accepter un autre homme dans leur vie. Il se sent troublé, confus. Il est profondément tourmenté par les étreintes de sa mère qu'il surprend, une nuit, à travers le petit interstice de sa commode. Tourmenté parce qu'il n'en comprend pas le sens. Ces nuits le placent dans un isolement qu'il ne supporte pas.  
 
Les jeunes qui lui tiennent lieu de famille sont une bande de délinquants. Leur mot d'ordre : « ne faire preuve d'aucune passion ». Quand ils se rencontrent, ils discutent de l' « inutilité de l'espèce humaine », ils changent le monde. Une scène assez horrifiante du roman nous décrit dans les détails la manière dont ils s'y prennent pour tuer sadiquement un chat et le disséquer ensuite. Deuxième mot d'ordre : « briser pour briser ». Des gestes qu'ils croient nécessaires pour combler les grands vides du monde. Suite à la nuit d'amour que Noboru surprend entre sa mère et Ryüji, Norobu leur parle du marin. Qu'en feront-ils?
 
Ce roman est bouleversant, sensible, humain, dérangeant. Ces Japonais ont le talent d'allier la douceur à la brutalité, pour la rendre presque belle, intouchable. Écrit avec cette poésie que j'aime tant, des métaphores sublimes, dans un langage imagé et tendre. Quand on connaît la manière dont l'auteur s'est donné la mort, on ne s'étonne pas que ses personnages soient habités par la fatalité. C'est pourtant d'une belle sensualité. Mishima, j'y reviens toujours…
 
« C'est vraiment grâce à la mer que l'idée m'est venue de penser à l'amour plus qu'à toute autre chose, à un amour qui vous consume, qui vaille qu'on en meure. Pour un homme constamment enfermé dans un bateau d'acier, la mer qui l'entoure ressemble à une femme. Cela est évident quand on connaît ses accalmies et ses tempêtes, ses caprices ou la beauté de sa poitrine reflétant le soleil couchant ».
Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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Ce livre a été un véritable coup de coeur !

C'est pourquoi, j'ai tardé à faire mon retour car je ne saurais presque pas dire pourquoi il m'a tellement plu. de manière habituelle, je m'étais renseignée avant sur Yukio Mishima l'auteur à la suite des précédentes critiques de ce livre et ai finalement décidé de lire ce roman, totalement détachée des pensées et actions de la biographie de l'auteur, juste le roman à part.

Comme souvent décrit, en effet ce court récit n'a de prime abord aucun suspense ou rebondissement car tout est dit dans la quatrième de couverture mais cela n'a aucune importance. le livre est uniquement porté par les pensées des différents personnages principaux, Noburu, l'enfant, Fusako, sa mère et Ryuji, l'officier de la marine marchande.

Tout n'est que contradiction et tout amène inexorablement à un fatalisme à la fois terrible et pourtant beau.
Un marin qui le devient non par amour de la mer mais parce qu'il n'aime pas la terre
Un marin qui ne retourne plus en mer car il n'y est pas mort
Un marin qui décide de se marier non par sentiments mais parce qu'il a accepté que la vie ne lui apportera plus rien et qu'il a perdu ses rêves
Une femme qui décide de se marier non par sentiments mais parce qu'elle sait ne pouvoir réellement le garder
Un enfant qui trouve enfin une idole, un guide mais veut le faire disparaitre car ce héro ne correspond plus aux critères aux yeux de l'enfant
Des critères qui ne sont même pas les siens, et un statut de héro défendu et qu'il avait pourtant réussi à faire accepter au départ
Des critères, règles et lois érigées par des enfants à l'encontre de tous les adultes
Des enfants qui rejettent tout et tous car ils n'ont rien
Des enfants qui veulent ressentir mais rejettent tout sentiment
Un village au bord de la mer qui abrite des gens sans ancrage
Des bateaux qui ne semblent que partir à peine revenus
Des corps qui se trouvent et ne se gardent que par la peur de vouloir s'éloigner
Une mort salvatrice ou pas, et pour qui le mort, les tueurs
Le tout n'étant qu'une course lente vers la perte pour ceux qui avaient déjà tellement perdu.

L'absence d'émotion directe dans ces différentes pensées n'est en fait que reportée sur les couleurs, les bruits, les odeurs, et à la toute fin la saveur. Il y a une perpétuelle confusion entre sentir, pressentir et ressentir.
Il m'a fallu lire, relire et relire encore tellement de passages voire finalement quasiment l'intégralité du récit car chaque phrase est suivie de son contraire et je me suis perdue en permanence. Cependant, toujours sans énervement, justement plutôt comme si je suivais, me promenais dans cette confusion avec tous les personnages.

C'est ce ressenti permanent qui m'a fait adorer ce livre. Je ne sais pas si mon retour sera convaincant et vous donnera la curiosité d'aller plus loin mais je l'espère.
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