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3,68

sur 299 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Il semblerait que je n'aie pas choisis exactement le bon bouquin pour découvrir (honteusement tardivement!) Patrick Modiano, puisque L'horizon (2010) afficherait un tournant dans son oeuvre. Qu'à cela ne tienne, je suis prévenue et je verrai bien ce qu'il en est avec des romans plus anciens.

En tout cas, je n'ai pas très envie de résumer la trame de L'horizon. Il suffit de savoir que le narrateur, Jean Bosmans, âgé d'une soixantaine d'années, cherche à retrouver des souvenirs de ses vingts ans qui lui semblent s'être enfuis, et qui sont liés à une histoire d'amour écourtée avec une jeune femme, Margaret le Coz. Il cherchera à démêler les fils de sa mémoire, à faire défiler et à réorganiser ses souvenirs chaotiques et lacunaires, à remettre un nom sur une personne, un lieu, un événement.

Trois parties peuvent à peu près se distinguer, l'une concernant Bosmans reconstituant l'histoire de sa jeunesse, l'autre lui répondant et s'attachant à une petite partie de la vie de Margaret, la troisième revenant au Bosmans de soixante ans. de l'une à l'autre, les motifs se répondent : le mystère qui entoure personnages et les événements, la sensation d'avoir toujours voyagé dans des "trains de nuit", le sentiment d'instabilité, de fragilité des personnages, les ombres, les fantômes, les menaces dont ils se sentent constamment entourés... le temps est malléable, fragile comme eux, inconstant, fuyant. Mais leur reste l'espoir d'un horizon (ceci constituerait donc le point de rupture chez Modiano, ce qui me reste à découvrir).

C'est d'une plume subtile sur Modiano aborde tous ces thèmes ; peut-être m'attendais-je à ce qu'il aille un tout petit peu plus loin ? Je ne sais déjà plus très bien.
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On a souvent présenté Modiano comme un romancier de l'espace : l'espace parisien dont il connait chaque rue, dont il collectionne les annuaires téléphoniques et les plans de métro pour en fixer la topographie
Après "La place de l'étoile", "Les boulevards de ceinture" et "Rue des boutiques obscures", le titre de son dernier roman file encore la métaphore géographique
Mais l'Horizon désigne aussi l'avenir. En vérité Modiano est autant sinon plus un romancier du temps que de l'espace. Ce n'est pas Paris qui l'intéresse, mais le temps qui passe dont Paris garde ou non la trace. Aussi arpente-t-il avec la même gourmandise ces rues parisiennes qui n'ont pas changé (la place d'Auteuil) ou celles qui ont surgi de terre (les quais de Seine à Bercy). Et il imagine, comme dans un livre de science-fiction, que des couloirs du temps nous permettent de circuler d'une époque à une autre
Son dernier livre multiplie les déplacements, à Paris et hors de Paris (Annecy, Lausanne, Berlin ...). Mais plus encore il multiplie les sauts dans le temps au point d'en donner le tournis. le lecteur sait toujours où il est mais ne sait plus très bien à quelle époque il est.
La voilà, la petite musique de Modiano : dans la lutte contre l'impermanence des choses. Si tout passe, si tout est voué à un irrémédiable oubli, le rôle du romancier est de collecter ces traces périssables "du plus loin de l'oubli".
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j'aime bien P Modiano, son écriture est reposante , calme, douce mais un peu inquiètante aussi parce que je m'y perd, comme dans un labyrinthe, je ne sais plus, où je suis. Lui, c'est facile il a toutes les adresses. J'ai lu ce roman il y a un mois, je ne m'en souviens plus et pourtant j'aime bien son style clair et sa mémoire brumeuse.
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Pour ceux qui sont inconditionnels de l'oeuvre de Patrick Modiano, ou qui apprécient , à chaque parution de ses romans, la mise en évidence de la fragilité des rapports humains, le caractère aléatoire des souvenirs, leur fragilité élevée au rang d'essence , ils peuvent alors se délecter une nouvelle fois : L'horizon, l'un de ses derniers romans est fidèle à cette veine : retours en arrière fréquents, description de relations à deux ou à quatre révélatrices des méprises, des ambiguïtés contenues dans les rapports humains, pénibilité (ou inévitabilité ?) de l'utilisation à bon escient de la mémoire .

A lire si et seulement si vous appréciez les techniques employées dans son oeuvre depuis ses débuts. Pour notre part, nous apprécions ce rappel de la fragilité des choses, de l'incertitude des souvenirs, de l'impermanence.

« Il s'était étonné que ,parmi les millions d'habitants que comptait une grande ville comme Paris , on puisse tomber sur la même personne à de longs intervalles , et chaque fois dans un endroit très éloigné du précédent .Il avait demandé son avis à un ami qui faisait des calculs de probabilité en consultant les numéros du journal Paris Turf des vingt dernières années , pour jouer aux courses. Non, pas de réponse à cela .Bosmans avait alors pensé que le destin insiste quelquefois. Vous croisez à deux, trois reprises la même personne .Et si vous ne lui adressez pas la parole, alors tant pis pour vous. »

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Dans "L'horizon", un homme, Jean Bosmans, se souvient de sa relation, quarante ans auparavant, avec Margaret le Coz, une jeune femme rencontrée lors d'une bousculade dans le métro. Ils avaient alors tout juste vingt ans, jeunes gens discrets qui ont uni, le temps d'une brève tranche de vie, leurs solitudes.
Au fil d'un récit constitué d'épisodes de cette relation que Bosmans se remémore de manière chronologiquement fantaisiste, au gré de ses associations d'idées, le lecteur a le sentiment qu'il tente à toutes forces d'abolir la frontière temporelle qui le sépare de ce passé.
A sa suite, nous déambulons dans Paris sans trop comprendre où nous mène cette quête, ni ce qu'il recherche précisément. La douce nostalgie d'une atmosphère passée ? Cette sensation de vivre dans un "présent éternel" qui caractérisait ces jeunes années ?
D'autant que l'on a du mal à appréhender la raison pour laquelle cette période de sa vie l'obsède : rien dans les descriptions qu'il nous en livre ne semble assez extraordinaire pour que, quarante ans plus tard, il cherche à exhumer de sa mémoire les moindres bribes de son histoire avec Margaret.
N'a-t-il donc rien vécu depuis ?

On finit par se dire que Jean Bosmans est davantage obsédé par la disparition de ces souvenirs que par les souvenirs eux-mêmes, que ce qui le trouble, c'est la difficulté qu'il éprouve à reconstituer fidèlement le puzzle de ces moments, et le ressenti chaotique, discontinu, qu'il en conserve avec le recul.
Il cherche à se persuader que les lieux -en l'occurrence les rues de Paris, qu'il parcourt inlassablement- gardent l'empreinte des événements qui s'y sont déroulés, des paroles qui y ont été prononcées, comme si d'imaginer que tout ce qui y a été vécu se dissipe dans le néant lui soit insupportable.

Le charme qui vous atteint à la lecture de "L'horizon" est presque impalpable, à l'image de ces réminiscences floues qu'évoque le narrateur. Sous la mélancolie qui émane du récit, on sent poindre un sentiment de perte poignant, mais aussi, finalement, une optimiste volonté de le dépasser pour pouvoir sereinement aborder le futur, se tourner vers "L'horizon"...
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Des mots, des mots, encore des mots; avec du style bien sûr, mais il faut vraiment s'accrocher pour comprendre et souvent le décrochage est inévitable. Alors, retour en arrière? Oui, mais comme c'est aussi le fonctionnement de l'auteur... Alors, mieux vaut aller de l'avant. Reste le contexte de Paris très bien rendu par Modiano qui connaît parfaitement. Cela ne m'a pas suffi pour vraiment goûter à cette histoire.
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Ce roman est un pur Modiano, on n'en sait pas beacoup plus sur les personnages à la fin et même, il a réussi a creuser des zones d'ombres qui posent encore plus d'interrogations.

L'histoire commence sans doute à notre époque, le narrateur, Jean Bosmans, se rappelle un amour de jeunesse par des associations d'idées et nous plonge dans ses souvenirs.

Qui est cette Margaret le Coz qu'il a fréquenté pendant un certain temps, elle vient d'Allemagne, a vécu en Suisse et à Annecy et semble fuir quelqu'un ou quelque chose. Quant à Bosmans, sa vie semble aussi compliquée, avec une mère qui est a sa recherche pour lui soutirer des sous. Comme souvent, ses personnages sont flous mais son art du récit nous les rend en même temps très présents.

Cette histoire se déroule dans des lieux toujours décrits avec précision par Modiano, c'est diabolique car on s'y croit, cela donne de l'importance à des détails et nous désoriente. Toutefois, pour une fois, la fin laisse un peu plus d'espoir.

Ce n'est peut-être pas le meilleur Modiano, un peu moins noir que certains. Je me suis quand même fait prendre par le récit, les angoisses et les recherches des personnages et surtout l'art de conteur tout à fait particulier de Modiano.
Lien : http://jimpee.free.fr/index...
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"L'horizon " est un très beau texte où l'on se perd un peu entre passé, présent et avenir. L'auteur change de style de narration au fil du livre. le lecteur erre avec les deux personnages principaux qui sont fragiles. Ils sont amoureux et s'unissent dans leurs peurs et leur nostalgie. L'auteur arrive à maintenir un mystère sur les angoisses de Margaret. Ce sont des bribes de souvenir, des évocations de personnages étranges comme ses parents ou Boyaval. Tout est en pointillé et pourtant l'auteur arrive à donner une consistance à ce récit.

On est dans l'esprit du nouveau roman, sans début ni fin, juste des espaces de vie et un fil conducteur autour de Margaret.

Toute une vie à se souvenir de l'autre pour enfin se retrouver, peut-être...

On termine ce livre, non pas avec une histoire mais avec une atmosphère dans la tête.
Lien : http://surlaroutedejostein.o..
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Tempus fugit...

L'horizon est une élégante déambulation dans les brumes du passé, les limbes de "ce qui aurait pu être et qui n'avait pas été", une échappée entre les visages croisés, les souvenirs gardés, les rues traversées, les évènements oubliés qui ressurgissent, réels ou imaginés, remembrances diffuses de "brèves rencontres, rendez-vous manqués, lettres perdues, prénoms et numéros de téléphone figurant dans un ancien agenda et que vous avez oubliés, et celles et ceux que vous avez croisés sans même le savoir"...


Lien : http://laruellebleue.over-bl..
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Je ne suis pas un fan de Modiano. Je lui reconnaît une certaine esthétique du souvenir, du temps qui passe. Les morceaux du passé se promènent dans le temps présent, constituant l'essentiel de son propos et de la vie de ses personnages. On aime ou pas. Dans ce livre, il se passe "concrètement" des choses mais toujours intimement liées à un passé que l'on devine douloureux. le lecteur devine, pressent un drame mais non, pas de drame, juste une rencontre malencontreuse qui obsède une héroïne à la sensibilité exacerbée. Ce simple fait aurait fait l'objet de quelques lignes chez d'autres romanciers. Ici, il irrigue tout le récit. D'un petit rien, Modiano en fait le fil d'Ariane que suivent les protagonistes, aux petits soins avec cette fragile jeune fille.
Les rues de Paris servent, une fois de plus, de décor et Annecy, ville bien connue de l'écrivain, fait son apparition.
Les personnages sont, comme souvent chez Modiano, des inadaptés à la vie réelle, au présent et l'avenir leur semble étranger d'où une sensation étrange de flottement. Ils réagissent au hasard d'une impression fugitive, d'un parfum, d'une photo ou d'une silhouette croisée dans un parc, comme si leur vie en dépendait. Tout peut arriver, l'improbable est omniprésent et leur existence même est fantomatique.
Le charme des livres de Modiano réside dans une improbabilité existentielle :
Je suis là, oui, mais pour faire quoi, et pourquoi pas ailleurs ?
Cette indécision peut agacer mais elle rassure aujourd'hui, dans un monde pétri de certitudes.
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