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EAN : 9782343210247
96 pages
Editions L'Harmattan (23/09/2020)
5/5   3 notes
Résumé :
« Variations sans palais » est un recueil de poèmes qui essaie de poser quelques questions.
Comment peut-on accéder, par l'entremise des moments de silence, d'ironie et d'humour à une redécouverte de soi-même et des repères qui nous hantent? Comment serait-il possible de s'adapter à un Nouveau Monde, tout en acceptant l’abandon d’un vieux monde, qu'on chérit encore ?
Irina Moga propose un passage entre ces deux territoires en flux; c’est un pont préca... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Il faut prendre son temps pour savourer ce recueil de poèmes où cohabitent des ombres de l'ancien et du Nouveau Monde. Il prodigue son plaisir littéraire au fil d'une lecture plus lente, entrecoupée de quelques recherches passionnantes (orbes, glissando, rapière, genus illium, roture, rhombe, acrotère, frimas, Algonquin, putto, pour ne donner que quelques exemples de termes inconnus par moi).

Le livre est divisé en trois parties : le Journal perdu de Paul de Chomedey, Seigneur de Maisonneuve (p. 7 à 16), Variations sans palais (p. 17 à 74), et Alphabet noyé (p. 75 à 85).

La première partie est une rédaction imaginaire d'un journal intime de Paul de Chomedey, seigneur de Maisonneuve, ponctué de citations de la comédie le Misanthrope de Molière. le message central de cette section, emprunté au dramaturge, est : « Il faut, il faut parler ». Pour rappel et comme indiqué sur Wikipédia : « Paul de Chomedey de Maisonneuve, né le 13 février 1612 à Neuville-sur-Vanne et mort le 9 septembre 1676 à Paris, est un officier français et l'un des fondateurs, avec Jeanne Mance, de la ville de Montréal ainsi que son premier gouverneur. » Il fut, comme indiqué également dans une note de l'autrice, le contemporain de Molière. « On [y] avance dans le noir/obstinément » (p. 11) au doux parfum du lys.

La deuxième partie comprend des poèmes dont les thèmes parcourent le paysage emblématique du Canada et des palais français (poétiquement) réinterprétés, « où la mer est/un des personnages principaux » (p. 24). Je retiens de beaux « verbes que l'on pioche dans le noir » (cf. Totem, p. 55) et qui nous donnent à lire des poèmes d'une grande délicatesse comme Pas de danse (p. 43) ou l'excellent Glissando (p. 73).
Faire rimer « regard » avec « amarre » (p. 29) me semble très... rare ! Visitez vous aussi la Bruges de Irina Moga, cette « Médée des voyelles » ! Un lyrisme subtile aux teintes baroques, qui vaut le détour et l'omniprésence de la mer. Très beau voyage poétique où l'on croise aussi Horace (p. 70).

L'alphabet noyé est un poème fait de courtes lignes, enchaînées sous l'en-tête de chaque lettre de l'alphabet et qui reprend l'idée d'Arthur Rimbaud dans son poème Voyelles (« A noir, E blanc …etc. »). Ainsi, pour le C : « Tessons en verre, brisures du soleil qui fleurit /à minuit. » (p. 77). Plus abstrait et plus mystérieux, ce poème ne manque pas de charme. de A à Z… la mer !

Très belle découverte !
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Le Pan poétique des muses, Printemps 2022
Critique par Maggy de Coster
Un véritable écheveau à démêler. L'autrice nous entraîne dans un dédale de questionnements autour de deux temporalités différentes : un avant dans l'Ancien monde et son actualité dans le Nouveau monde. Impossible de boucler la boucle.

« Naufragée, après d'âpres tempêtes,
Sur une plage mystérieuse,
Je me dressais, à genoux,
Sur un nouveau continent »

Est-elle bien armée pour avancer ? Elle semble avancer à tâtons dans le noir dans un monde aventureux. La neige, le froid, le verglas se déploient sur son itinéraire. L'inconnu s'y invite à chaque fois. le passé et le présent s'enchevêtrent, ponctués de silences où évoluent « des petits démons invisibles ».




« Une terre neuve, vaste et silencieuse, dans laquelle

Le mutisme des arbres était mon compagnon »

Là, elle semble bien rejoindre Pascal quand il avance : « le silence éternel des espaces infinis m'effraie ».
Tout aussi bien Baudelaire quand il avance dans son sonnet « le Gouffre » : « le silence, l'espace affreux et captivant »
Ces Variations subies, passage d'un état à un autre, c'est l'espoir et la mélancolie, le rêve et la nostalgie qui sont autant de sentiments à verbaliser. Et les mots ne lui manquent guère . « Il faut parler », prône-t-elle car « on ne survit que par la hardiesse de nos convictions »
Elle semble incarcérée dans un espace de solitude dont il faut briser les glaces pour se libérer du vide intérieur qu'est le manque des « odeurs des sables » et des « contours des rocs et des algues /près de Pas de Calais » :

Rêve de palais perdu, véritable chimère. Un mur à abattre.
La poète a aussi envie de sagesse mais le désir se révèle bien plus fort. Impossible de le calmer donc retour à ses fantasmes :

« Je te suis / où que tu sors/ dans le frisson en noeud de vipère s qu'est mon corps ».
Rien de tel pour tenter de digérer le hiatus entre les deux mondes. Deux mondes parallèles.

Lien : http://www.pandesmuses.fr/ns..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Roture

À la fin de la bataille, tout était perdu.

Vaincue, flanquée par terre, couverte de plaies
qui saignaient, nez brisé et langue coupée,
je respirais avec peine - princesse en guenilles,
princesse de pacotille,
éclaboussée
par la boue des métaphores.

J’étais contente. J’avais survécu.

Naufragée, après d’âpres tempêtes,
sur une plage mystérieuse,
je me dressais, à genoux,
sur un nouveau continent.

Une terre neuve, vaste et silencieuse, dans laquelle
le mutisme des arbres était mon compagnon,
une contrée peuplée
d’inukshuks, petits bonhommes en calcaire,
qui me servaient de courtiers.

Un totem blanc, érigé en voyelles,
s’élançait entre neiges et pétales.

Fatiguée, je choisis un abri pour la nuit.

À peu près endormie,
je me suis évanouie de nouveau,
sans avoir pu saisir le rêve qui me guettait –
un rêve de palais.


Versailles.
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Rien ne nous distingue du sable,
sinon la nuance d’un poème
étranglé dans le poing de la lumière

(p. 68, extrait du poème Portes)
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Je me porte témoin du hiatus
que le bras de pendule inflige, en son balancement,
dans le continuum des heures inconnues,
− secondes d’insectes et d’or moulu.

(p. 25, extrait du poème Hiatus)
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Glissando

À distance
un seuil de flocons en argent
fait tamiser l’écho des étoiles

comme si

comme si c’était une simple réluctance d’exister
sous des orbes fusionnés

un grenier du solstice
qui résonne, dans un glissando
avec le ton
des pluies à peine marquées.

(p. 73)
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Pas de danse

Je quitte ton monde sur la pointe des pieds.
N’étant plus une turbulence de ta vue
je me trouve libre de flâner
dans des cavernes de tulle.

Fouetté, glissade, pirouette.

Exilée pour toujours de ton âpre province,
je retourne au palais de temps en temps.

C’est un endroit de bonheur sans relevance,
et d’harmonie tortueuse, placée très haut,

comme un miroir de ballet
suspendu au-dessus d’un gouffre malséant.

(p. 43)
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