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sur 179 notes
Quand j'achète ce livre de Yann Moix, je ne sais pas grand-chose de l'auteur, comme la plupart des gens. Et comme la plupart des gens, je ne connais que le chroniqueur acerbe et aux allures méprisantes qui sévit dans l'émission On n'est pas couché de Laurent Ruquier. Autant dire que je n'en connais rien. Et la curiosité, et le fait de ne pas le limiter à ce triste portrait, et le fait que les personnalités gênantes me donnent à réflexion, et que lire un auteur en apprend plus, certainement, sur l'homme que n'importe quelle caméra de télévision, j'ai lu Une simple lettre d'amour.
Et simple, elle est loin de l'être.
Un homme est quitté, et au retour d'un voyage, il écrit cette lettre à la femme aimée.

Que ce texte a dû faire frémir les bonnes gens douillettement installées dans leurs préceptes lissés d'amours cristallisées, de schémas moulés avec mode d'emploi à suivre ! Chabadabada…
Comment cet auteur peut-il écrire son mal d'amour en niant la beauté romanesque du sentiment ? Entre cynisme et amertume, le narrateur est un être détestable. Il n'y a pas d'amour heureux. C'est un être brûlé et brûlant qui oscille entre déclaration fiévreuse envers la femme perdue, ce corps tant convoité, tellement désiré, consommé avec une passion dévorante, et les mots dédaigneux de l'homme blasé de tant de superficialité. Car enfin, la femme aimée est aimée pour mieux s'aimer soi-même. Car la femme aimée excite la jalousie, elle est le reflet de l'homme quand il est en société, elle a le corps qui attise les sens, elle apaise les pulsions sexuelles.
Mais pour quelles fins ? Un corps qui vieillira, qui s'enlaidira. le corps devient un mensonge, une tromperie, le narrateur nous rejoue Une charogne de Baudelaire et surenchérit soulignant les conversations creuses et inintéressantes de la belle face à lui, l'être cultivé, lettré, à l'intelligence supérieure qui finit par s'ennuyer de tant de vide. Cette cruauté des mots souligne-t-elle une misogynie, une mégalomanie ou simplement la souffrance d'un homme qui ne sait pas aimer ? La fin de cette lettre peut laisser à penser qu'une blessure ancienne restée purulente nécrose tout frémissement amoureux bourgeonnant.
Le narrateur (Yann Moix ?) est-il vraiment cet homme blasé et cinglant ? Je n'ai pas pris cette lettre comme une leçon, il n'y a pas de leçon, juste une histoire d'amour échouée. Glauque. Cette histoire appartient à ceux qui l'ont vécue. Parce qu'il y a autant d'histoires d'amours différentes que de couples formés un temps, longtemps ou furtivement.
J'en retiens un texte fort, violent qui peut ébranler, choquer ou interpeller si on s'ouvre l'esprit. Des mots en rage, une écriture à fleur de peau, une plume sublime.
Yann Moix n'est plus seulement ce chroniqueur pédant.
Lien : http://www.aupouvoirdesmots...
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Constat implacable des relations hommes/femmes.
Certains vont trouver ça lucide, d'autres caricatural.
La vérité doit être entre les deux.

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Simple lettre d'un goujat.
Quelle tristesse !
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Cette lettre qui commence par « Mon Amour » n'a de lettre d'amour que le nom.

Simple ? Elle ne l'est assurément pas. de figures de style en métaphores, Y. Moix jongle avec les mots peut-être au détriment de l'histoire qu'il tente de raconter. Il l'avoue lui même, lui qui aime tant avouer, cette lettre est l'occasion de faire ses armes. En se dévoilant avec une sincérité (vraiment ?) cash, presque trash, il révèle surtout une très haute estime de lui-même.

Moix est très fier de lui, on ne cessera de le constater dans les multiples références littéraires qu'il distillera sans subtilité tout au long du livre (de Proust à Stendhal en passant par Racine). le mystère est résolu : voilà donc d'où viennent ses questions à rallonge dont il nous fait profiter, nous pauvres incultes, lors de ses interview dans ONPC chaque samedi soir.

Cela dit, moi aussi j'avoue aimer « avouer » et je dois bien admettre que je ne suis pas insensible à ceux qui ont le sens de la formule et de la répartie. Menus plaisirs de l'esprit même si parfois il le révèle à travers des petites piques malheureuses et gratuites à destination de l'être anciennement adulé.

Suite de la critique sur mon blog
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Cette subconscience trop consciente d'elle-même, cette ironie glacée qui feint la sincérité crucifiée jusqu'à la ressentir, c'est la marque de fabrique Moixienne. le sens du bon mot, des phrases lapidaires, de l'aphorisme percutant, une capacité à retranscrire au scalpel des émois pris sur le vif, l'on trouve de tout cela dans cet ouvrage, toujours pas de roman mais encore un énième journal intime, ici ou là parsemé de fulgurances allant du lisible régulièrement émouvant au risible le plus pathétique en un va-et-vient incessant, en un ressentiment aux mille flagellations qui se pare des atours de la confession contrite, Moix étale sa médiocrité humaine trop humaine, non sans l'habiller d'une élégance compensatrice qui aspire à restaurer une estime de soi régulièrement attaquée par un sadisme sourd. Cette simple lettre d'amour est surtout l'occasion d'installer en public un égocentrisme SM plus convaincant que les cinquante nuances de gris pour Lidl mais trop solipsiste pour prétendre hisser un bloc de transcendance auquel l'auteur prétend pourtant assez douloureusement hisser sa prose irrégulière, enjolivée, écorchée, bernée par son propre style. Une lettre authentiquement moderne, dans sa duplicité retorse, dans ses contradictions névrotiques, dans sa finitude acide et son absence d'amour vivable.

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Un livre d'amour d'un homme amoureux qui fuit l'amour. Voilà comment on pourrait résumer ce livre.
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je ressens des sentiments tout à fait contradictoires et mêlés au sujet de ma lecture. Tout d'abord, je trouve le titre tout à fait trompeur, mais cela se découvre dès les premières lignes : il ne s'agit non pas d'une lettre d'amour, mais d'une lettre de rupture. Et cela change tout.

De ma lecture, je retiendrai essentiellement deux choses. Il y a tout d'abord ce narrateur, un anti-héros détestable au possible. Si j'avais été la destinataire de cette lettre, j'aurais profondément haï et méprisé cet homme horrible, en le lui faisant bien comprendre. Avec ces révélations sur le souhait de la mort de son ex-compagne, ses multiples expériences sexuelles, son discours si pessimiste sur l'amour et l'avenir… Un homme cliché, empreint de préjugés.
Le choix de Yann Moix semble clair : faire de son personnage le pire cauchemar de ces dames. Celui qui vous met dans son lit pour ne plus jamais vous rappeler. Celui qui séduit pour son propre plaisir. Celui qui rompt avec celle qu'il a cru avoir aimée, d'une manière impitoyable, se fichant pas mal de lui faire du mal, de la détruire. Qui n'écrit que pour se lire. Que pour lui-même.

Et puis… il y a l'écriture. Les mots sont choisis avec précision, et la langue est parfaitement maîtrisée. C'est d'une beauté touchante, même dans l'innommable monstruosité dont le narrateur fait preuve. Il est incroyable de parvenir à admirer un personnage si haïssable parce qu'il s'exprime si bien. Chaque page que j'ai tournée m'a ravie, et j'ai eu l'impression de passer mon temps à noter telle ou telle phrase qui parlait à mon coeur.

En conclusion

Voilà un titre bien spécial qui résonnera longtemps à ma mémoire. Impossible de me détacher de l'horrible discours de cet homme qui incarne tout ce que l'on déteste, ce qu'on refuse de croire vrai. le tout, à travers une plume des plus élégantes qui m'aura fait chavirer à chaque page. Un livre qui rend curieux, et qui, une fois refermé, nous laisse vraiment songeur.
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Bigre, il n’est pas bien dans sa tête le bonhomme.
Sa lecture, de l’amour, du couple, de sa compagne et surtout de lui-même est on ne peu plus sinistre et cynique, mais comment ne pas y retrouver quelques similitudes avec nos instants vécus.
Le lyrisme de leur formulation est délectable, parfois jubilatoire.
Face à un tel concentré d’expériences, de sentiments contradictoires, de lucidité, chacun retrouvera dans cette histoire, un petit bout de la sienne, et dans ce personnage imbu et imbuvable, un petit bout de lui-même, à condition de bien vouloir ouvrir les yeux
A lire donc, homme ou femme, célibataire, en couple, ou divorcé...

Au fait, il s'agit d'une lettre de rupture (définitive cette fois) d'un homme (névrosé) à sa (magnifique) compagne
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– Comment ça ? Tu lis Yann Moix maintenant ?
– Oui.
– Il ne manquait plus que ça.
– Comment ça ?
– Je ne sais pas, je le trouve arrogant.
– Tu le connais ?
– Non, à la télévision. Ça me suffit.
– Je ne regarde pas la télévision.
– Tu es d'un chiant.
– Certainement.
– C'est quoi le titre ?
Une simple lettre d'amour.
– T'es con.
– Certainement.

Me voilà dégagé de toute obligation sociale et familiale suite aux fêtes de fin d'année. Premier janvier et gueule de bois obligent, je pars en quête d'un nouvel auteur à rencontrer. Tiens, mais pourquoi pas Yann Moix, depuis le temps que j'hésite et que je l'évite. Assez étrange que de ne pas oser ouvrir un livre d'un auteur dont on est persuadé d'y trouver une certaine forme de contentement. La peur du mécontentement certainement. Ma fille vient de terminer sa sieste, elle hurle. Je clique sur commander. Une simple lettre d'amour va donc arriver dans ma boite aux lettres noire. Même nuance colorimétrique que les menuiseries de la maison. C'était capital. C'est la première fois qu'elle va avoir la chance d'accueillir une lettre d'amour.

Une simple lettre d'amour. Pour toutes celles et ceux s'étant prêtés à l'exercice, ça ne l'est en aucun cas. C'est tellement personnel. La lettre en tant qu'objet émanant des divagations de l'être et la définition de l'amour qui varie selon chacun d'entre nous. En quatrième de couverture, une phrase pour illustrer le propos “Dès qu'une femme aime un homme, elle fabrique un infidèle” et une présentation laconique de l'auteur “Yann Moix est écrivain.” Et ça, clairement, ça me plaît. Soit ce type est totalement imbu de lui-même, soit c'est un génie. C'est certainement un pot-pourri des deux hypothèses. le problème du pot-pourri, c'est que ça peut sentir bon à l'allumage – maman adore ces machins-là – et vite vous infliger un violent mal de crâne. Qu'en est-il ici ?

143 pages, c'est tout à fait louable pour une simple lettre d'amour. J'ouvre ça en soirée et dès le début des hostilités, j'accroche en découvrant vite qu'une lettre d'amour n'est pas forcément ce que l'on retrouve dans les correspondances de François Mitterand à Anne Pingeot. Bel ouvrage au demeurant pour celles et ceux qui en auraient assez de relire sans cesse celles de Victor Hugo à Juliette Drouet. Si c'est votre cam, je serai curieux d'avoir votre ressenti sur celle de Yann Moix. Cette lettre doit se lire en une seule fois, car au-delà d'une lettre, c'est une plaidoirie qui se dessine au fil des pages. Étonnant, cette plaidoirie n'a pas lieu dans le but d'obtenir quelconque prétention. Je découvre une plume acerbe, acide et parfois très égoïste. J'entends par là que l'auteur se fait souvent plaisir stylistiquement et n'hésite pas à manier les références antiques. Cela reste tout de même plutôt digeste puisque Yann Moix manie sa langue à la perfection, et ce, même en dehors de tout coït.

Je constate que tout ce que l'on jette, comme mots, après l'expres sion « l'amour c'est» fonctionne très bien ; tout y excelle et son contraire. « L'amour c'est » permet toutes les aberrations : la bêtise et l'intelligence s'y confondent, tout s'y abrutit. Tout le monde est Chamfort et Cioran quand il parle d'amour – c'est très pratique. Je suis un génie par conséquent. Dès que je changerai de sujet, ce génie cessera ; je pour rai retourner chanter sous la pluie, collectionner les voitures de sport, manger des chips, m'intéresser à du foot, me consacrer aux jeux vidéo. (page 19)

On voudrait bien s'adorer jusqu'à la tombe, mais des événements viennent défaire les voeux, déraciner les promesse, abîmer l'espérance. On achète, dans l'amour qui naît, un futur qui ne veut jamais exister. Impression atroce que le sommaire ment sans cesse, que les pages du livre se contredisent, que le chef-d'oeuvre est toujours empêché. (page 55)

Cette lettre n'a rien de simple, elle n'est que souffrance, déception et en vient à rejeter l'amour et les relations de couple telles qu'elles existent depuis des lustres. À tort ou à raison. Je ne vais pas me mouiller là-dessus, car ça va encore lancer des débats stériles en soirées avec ce qu'il me reste de copains. L'expéditeur de cette lettre ne se cache pas, ne s'épargne en aucun cas. Il ne se donne pas le beau rôle et enfonce des portes qu'il semble avoir ouvertes dans ses précédentes relations. C'est un cercle immuable, sans fin. La nouveauté réside dans la fraîcheur d'un corps à révéler, un corps à jouir.

La question sexuelle ne se posait pas ; elle n'était plus un problème. Nous avions dépassé, depuis longtemps, la possibilité de cette forma lité. C'était comme si tout entre nous avait déjà fait l'amour, nos corps exceptés. Pénétrations, fellations, sodomies, et autres festivités avaient lieu entre nous, en temps réel, par d'autres moyens, par des chemins étrangers au contact des chairs, par des clins d'oeil, des tintements de verre, des éclats de rire : une pornographie se déroulait bel et bien, mais selon d'autres modalités, installée sur une fréquence connue de nous seuls. Personne ne s'en doutait, mais face à face, debout, nous baisions comme des détraqués. Nous n'avions pas attendu le coït pour commencer à jouir. (page 109)

Tiens, le corps et son vieillissement semble être presque obsessionnel dans le raisonnement de l'auteur. L'obsession de l'après plus généralement : physique, intellectuelle et émotionnelle. Où est le présent ? Cela me fait penser au propos de Frédéric Beigbeder : “Les hommes sont toujours entre une ex et une future, car le présent ne les intéresse pas.”

De la même manière qu'un amour achevé nous enferme dans le passé, jusqu'à nous abrutir de mélancolie, un amour qui s'ébauche nous projette dans l'avenir, jusqu'à nous abrutir d'espoir. Nous quittons ce qui n'existe plus, et n'a peut-être finalement jamais existé, pour embrasser ce qui n'existe pas encore, et n'existera peut-être jamais. (page 125)

En attaquant le bouquin, j'ai rapidement eu une idée claire de son destinataire. Et finalement, au plus, j'avançais, au plus, j'avais le sentiment qu'il s'agissait d'une lettre à toutes les femmes que l'auteur a aimées avant ou plutôt (pour reprendre le poète) “À toutes les filles qu'il a aimées avant ”, car il ne s'en cache pas : il aime les femmes jeunes. Qui à son contact semblent basculer dans un vieillissement prématuré. Lorsqu'il baise ses femmes, il devient l'exact contre-pied d'une fontaine de jouvence.

Une lettre ça se mérite. Une lettre d'amour, encore plus. Personne ne semble la mériter aux yeux de l'auteur. À part peut-être lui-même. En reconnaissant des aspects sombres, il dessine les contours d'un personnage dont il prend plaisir à justifier actes et comportements. Finalement, le bouquin aurait aussi bien pu s'appeler “Lettre à la suivante” mais cela paraît moins simple puisque celle-ci appartient déjà au passé.
Lien : https://jecritiquetout.fr/un..
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Le titre est attirant par ce qu'il inspire et qu'on espère y trouver: les mots choisis et justes pour l'expression des séquences de vie parfois difficiles à traduire mais tellement banales. On n'est pas déçu, et on mesure une fois de plus ce qui sépare Mars de Vénus, pour reprendre les images d'un best-seller des années 90. Sans far, bien écrit, quelques rares passages un peu lourds, mais je le conseille aux hommes qui veulent se rassurer sur les difficultés de la vie conjugale et la capacité de résilience que chacun porte en lui.
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