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Allez , chers amies et amis , on se fait un petit week end à Madrid ? Ambiance de feu sur la Puerta del Sol , "ventrées " de tapas du meilleur cru , Shopping , visite du Prado ....Ca fait bien envie ,, tout ça , mais perdez vos illusions , gommez l'aspect coloré de cette merveilleuse ville et revenez sur vos pas , en arrière , Madrid en ...1834 . D'un seul coup , un grand linceul noir s'abat sur la ville et ses habitants : l'épidémie de Choléra vide les rues et chacun se terre .Ajoutez les conflits carlistes et ....retour à l'aéroport ...Oupsss , c'est vrai , on est en 1834 ! Bien obligés de rester ....Et pourtant , si vous saviez ...Pour corser le tout , on trouve régulèrement ici ou là , des cadavres démembrés de petites filles ....Alors , toujours intéressés ? de deux choses l'une , soit vous êtes ( trés ) téméraire et vous restez , soit votre sensibilité vous incite à la sagesse et à un repli peu glorieux , certes , mais salutaire ....
Pour faire votre choix ? de nombreuses librairies ayant mis ce roman au premier plan , n'hésitez pas à en découvrir la quatrième , vous en apprendrez suffisamment pour vous lancer dans l'aventure ....ou pas .
Personnellement , j'ai adoré , non pas parce que j'aime lire des faits cruels , brutaux , mais tout simplement parce que j'ai été happé et qu'à aucun moment j'ai eu l'envie de quitter cet univers sordide et ces personnages mystérieux dignes de " la cour des miracles " .Au contraire , je me suis immergé dans des dédales de lieux dangereux , j'ai cotoyé des gens dont je n'ai pu vraiment comprendre les véritables intentions qu'en avançant dans ma lecture .Ce roman , c'est comme une ville au riche passé , qui dévoile une " merveille " , petite ou grande , à chaque coin de rue , là , c'est rebondissement , nouveauté , explosion à chaque page ou presque .Les chapitres sont vifs , passant d'un lieu à un autre , d'un personnage à un autre sans aucun risque de vous perdre .Et pourtant , il y en avait des raisons! . Pour moi , la prouesse est grande. Un conseil aux amateurs et amatrices de romans noirs : c'est bientôt la Saint Valentin !!!!!! Bon , je reconnais , c'est pas trés glamour et vous risquez de " le ou La "délaisser le temps de cette lecture ...Hum , peut être pas un plan génial mais ...Aprés , ça vous regarde , hein .
C'est , pour moi , je le redis , un livre qui m'a vraiment accroché , mais je ne suis pas vraiment surpris .C'est un roman qui m'a été offert par mon épouse conseillée excellemment , une fois de plus par mon regretté libraire et ami Nicolas qui , aux dernières nouvelles s' épanouit dans ses nouvelles fonctions ....Je crains pour mes " nouveaux " cadeaux .Et oui , " un seul être vous manque ..."
Allez , juste un petit extrait " pour la route":
" Dois-je écouter vos vantardises ? Que voulez -vous savoir?
- Les carbonari , des chevalières avec des masses croisées , des sacrifices rituels , pour saigner les petites filles , un élixir contre le choléra....Sans compter celui que la presse a appelé " la bête ".
- Je ne vois pas de quoi vous parlez ".
Cet extrait , il se trouve à la page ...Non , je dis rien .Un indice , quand vous le trouverez ....Vous aurez subi bien des épreuves et ...il vous en restera encore .
Allez , chers amis et amies , je vous laisse pour aujourd'hui et , si vous sortez , rabattez bien votre grande cape noire sur vous , sur toute votre personne . les rues de Madrid , en ce temps là .
Le tite , c'est " La bestia " , pas la " fiesta " .....A bientôt .Moi , je change de pays ....

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Voilà un thriller historique/ésotérique intéressant. Par contre, ce n'est pas une promenade de tout repos à Madrid que nous offrent les trois écrivains se cachant sous le pseudo de Carmen Mola. Hé que la lectrice que je suis fut malmenée. Nous sommes en 1834 dans une Madrid empuantie et en guerre. le duel pour le pouvoir qui se joue entre les carlistes et les isabéliens en pleine épidémie de choléra teinte le récit de miasmes inquiétants.
Madrid est une ville victime de la saleté, de la puanteur, de la maladie, de la pourriture, de la mort. Rien qui ne nous donne bien envie de s'y balader. Surtout que de toutes jeunes filles y sont enlevées et retrouvées mutilées quelque jours, parfois quelques semaines plus tard. Qui peut faire ça ?
Une sale bête comme le croit certains?
Un homme monstrueux comme le croit notre journaliste enquêteur ?
Contrairement à ce que nous livre le résumé de l'édition, le journaliste qui enquête n'est pas nécessairement le personnage principal. Les personnages secondaires deviennent souvent primaires et prennent le haut de l'affiche le temps de quelques chapitres. Intéressant la façon de présenter cette galerie de personnages, notre intérêt est donc toujours stimulé.
Stimulé également par les multiples rebondissements qui nous tiennent bien en haleine dans les circonvolutions des complots politiques, du clergé et de ses exactions, des loges secrètes et des tensions entre ceux que le pouvoir intéresse.
Un portrait hallucinant d'une époque qui résonne encore aujourd'hui.
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Un thriller historique qui ne manque pas d'intérêt

Madrid, juin 1834. Alors qu'une épidémie de choléra sévit, que la mort de Ferdinand VII a déclenché des guerres civiles carlistes, une pré adolescente de 12 ans est retrouvée démembrée, dans un coin misérable de la ville. Une de plus, car 3 jeunes filles ont déjà été tuées de la même façon. Jusqu'ici, la population de ces quartiers où la pauvreté et la misère règnent en maître, attribuait ces crimes horribles à une Bête. Mais qu'en est-il vraiment ?

Diego, un journaliste plein de fougue, enthousiaste, courageux, accompagné parfois de Donoso, son ami policier borgne, aigri et désenchanté qui trouve un peu de réconfort dans l'alcool, son opposé on peut dire, les contraires s'attirent soi-disant..., va faire tout son possible pour percer le mystère qui entoure tous ces crimes affreux. Quand Lucia, 14 ans, vole un anneau à un religieux pour survivre et soutenir sa mère qui se meurt du choléra et sa petite soeur, elle va alors déclencher la mise en route d'un rouleau compresseur qui bouleversera sa vie et celle de ses proches, précipitant les événements.

Carmen Mola, est un pseudonyme qui cache 3 écrivains et scénaristes espagnols. D'habitude, je n'aime pas trop lire des romans écrits à plusieurs mains, craignant que les auteurs n'arrivent pas à s'harmoniser pour sortir une histoire fluide et cohérente. Là, je dois dire que "la sauce a bien pris". Ce roman a d'ailleurs reçu le prix Planeta 2021 en Espagne.C'est une plongée vertigineuse dans le Madrid de l'année 1834. le contexte historique
est bien rendu, très intéressant. Nous côtoyons un Madrid sordide, crasseux, violent, aux prises avec le choléra, les rivalités guerrières entre les carlistes et les isabelinos. Il y est question de société secrètes, de rituels, de croyances moyenâgeuses, de pouvoir. C'est sanglant, barbare, cruel, peu de monde est épargné, c'est dense, il y a beaucoup d'actions, beaucoup de rythme.
Des personnages attachants, une histoire qui tient en haleine, un roman que j'ai dévoré.
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A la surprise générale, j'ai trouvé ce titre digne d'intérêt et de bonne facture, alors que les thrillers ésotériques ne sont généralement pas ma tasse de thé ! Sans doute parce que les auteurs ont su ici me proposer plus qu'une énième enquête dévoilant un complot ou des pratiques occultes terribles, dans l'unique but d'y mettre un terme.

C'est d'abord une revisite réussie de tout un pan de l'Histoire espagnole. Les rues fétides et dangereuses de la ville de Madrid en 1834 - en proie au choléra, et aux révoltes anti-cléricales et carlistes - offrent à l'intrigue un cadre menaçant à souhait.

C'est aussi un roman apte à délivrer quelques constats sans appel.

C'est enfin un récit plein de rebondissements, conjugué au passé mais pensé comme une caisse de résonance de toutes les angoisses présentes et à venir (concernant la multiplication des fake news, pandémies, conflits armés...).

Un livre primé en 2021, qui emprunte beaucoup au Da Vinci code et au Nom de la rose, et qu'il ne faudra pas manquer si vous avez aimé le Gardien invisible et le Silence de la ville blanche.

Seul bémol à déplorer : la psychologie des personnages féminins qui laisse souvent à désirer.
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Tout d'abord je tiens à remercier Babelio et les Editions Actes Sud pour l'envoi de ce livre.

Madrid 1834, le choléra se répand comme une trainée de poudre et ravage les habitants. Lorsque dans les quartiers populaires de la ville des jeunes filles disparaissent et que certaines sont retrouvées démembrées, les autorités sont bien trop occupées pour mener une véritable enquête. La population est terrifiée et sombre dans des superstitions faciles, c'est la "Bestia" qui rode autour de chez eux, monstre cruel à qui l'on prête différentes apparences.
Diego, jeune journaliste passionné ne se laisse pas impressionner par ces rumeurs persistantes, il n'aura de cesse de rechercher la vérité. Pour lui, c'est un homme qui se cache derrière ces meurtres sordides. Il entraîne avec lui, malgré sa réticence, son ami Donoso, ancien garde royal, recruté en renfort policier pour contenir l'épidémie.
Leurs investigations les amènent à Lucia, jeune fille prête à tout pour survivre et aider sa mère moribonde et sa petite soeur Clara. Dans cette ville dévastée, un de ses larcins va la mener tout droit en enfer...

Une enquête pleine de rebondissements et de surprises qui plonge dans des complots politiques et les sombres arcanes de sociétés occultes. Tensions populaires, violence, poursuites, crimes, les pages se tournent à folle vitesse et ce pavé de 500 pages a tôt fait d'être englouti !

Le contexte historique est particulièrement soigné, Madrid est en proie au soulèvement du peuple contre le clergé et les conflits de succession pour le trône d'Espagne gangrènent toute la société. Nos protagonistes déambulent dans des rues crasseuses, abandonnées à leur sort, descriptions criantes de réalisme, scènes épiques, histoire d'amour, trahison, le roman se fait multiple et ménage de nombreux coups de théâtre.

Tous les personnages sont marquants, dotés de fortes personnalités, attention de ne pas trop s'attacher , les auteurs n'hésitent pas à les malmener de la pire des manières !

Une lecture captivante, parfois saisissante, une très bonne lecture !
Lien : https://chezbookinette.blogs..
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J'avais repéré ce livre en librairie depuis un moment et l'avais aussitôt ajouté à ma wish-list, tant il m'attirait, autant par sa couverture, aussi jolie qu'intrigante, que par le résumé. Mais bon, ladite WL ayant désormais dépassé les 2.000 titres (oui, oui, il faudrait que je fasse un tri !), il y avait beaucoup de chances que ce roman s'y perde… jusqu'à ce qu'il apparaisse au catalogue de Lirtuel, la bibliothèque belge francophone gratuite en ligne : je n'ai donc pas hésité une seule seconde à l'emprunter, et bien m'en a pris !

Certes, le résumé est quelque peu trompeur, dans la mesure où la véritable personnage principale n'est pas exactement le journaliste mentionné, mais la jeune Lucía, 14 ans (quand je pense que c'est l'âge de ma fille, à quelques jours près !), qui en plus n'est pas orpheline dès le début du livre, ce qui a une certaine importance. En outre, le fameux journaliste, Diego, s'il prend une grande place dans l'histoire au point d'en être lui aussi un acteur principal (mais derrière Lucía quand même), n'est en rien « aidé » ni par son ami policier borgne et désabusé (ça, c'est bien vrai), lequel sera consulté plus d'une fois mais ne s'intéressera jamais que de très loin aux choses, ni par Lucía, puisque Diego et elle ne se croiseront qu'à plus de 35% du livre, pour se reperdre vers la moitié, rendant leur interaction éphémère, en une esquisse de collaboration qui ne pourra pas aller bien loin…

Cela dit, il est vrai que l'histoire est assez complexe et difficile à résumer en un synopsis qui donnerait envie aux lecteurs potentiels d'en savoir plus – la rédaction d'un 4e de couverture est tout un art, et si celui-ci n'est guère convaincant, ce n'est pas le plus important, puisque au final il m'avait attirée, et même s'il est « mensonger », le livre m'a plus, donc tout va bien !

Sans vouloir me substituer aux rédacteurs d'Actes Sud, disons plus correctement que l'on se retrouve plongé dans le Madrid du XIXe siècle, à cette époque où une Espagne ravagée voit s'affronter (durement, on parle d'une véritable guerre civile !) carlistes et « isabéliens » à propos de la succession au trône et tout ce que cela impliquerait en traditionalisme ou non, tandis que sévit une grave épidémie de choléra incontrôlable, dans les balbutiements d'une médecine moderne encore terriblement teintée de superstitions. Dans ce contexte, la jeune Lucía fait ce qu'elle peut (à travers petits vols et autres larcins) pour permettre à sa famille, composée de sa mère, lavandière mourante car atteinte du choléra, et de sa soeur Clara, 11 ans, puissent survivre au jour le jour – car ces trois filles et femme font partie des (nombreux) miséreux, que la peur du choléra (qui se propage de toute façon !) a poussé les autorités à reléguer en-dehors des murs de la ville, si bien qu'elles vivent dans des conditions absolument inhumaines.

En parallèle, on rencontre le journaliste (on dirait aujourd'hui « pigiste », car il vit selon les articles qu'il parvient à vendre ici ou là, même s'il est attaché à un journal en particulier) Diego qui, grâce à son ami policier Donoso (un type qui sera montré presque toujours comme éminemment antipathique, car aigri par la vie qui lui a fait perdre, entre autres, un oeil), s'est retrouvé sur les lieux d'un crime particulièrement sordide : on a retrouvé les restes d'une jeune fille, complètement démembrée. Dans le même temps, divers cas de disparitions de jeunes filles sont signalés, mais n'intéressent personne car il s'agit presque systématiquement d'enfants issues des quartiers misérables, tandis que certains parlent d'une « Bête » (ours ? lézard monstrueux ?) qui aurait été vu là où disparaissent les jeunes filles… Diego est convaincu quant à lui que seul un homme – dans le sens d'être humain, et certainement pas un animal, aussi féroce qu'il soit - est capable de telles atrocités, et décide de mener l'enquête, envers et contre tous…

Comme dit plus haut, les deux ne se rencontreront que tardivement, dans un échange d'informations qui va permettre un bond dans l'enquête de Diego, et une soudaine compréhension fine des choses (un peu trop pour être tout à fait vraisemblable) dans le chef de Lucía, avant de se perdre à nouveau, dans les méandres des réalités d'une ville qui a perdu toute figure humaine – les enfants et les religieux sont accusés d'être les propagateurs de l'épidémie, ce qui enflammera tout à coup les foules jusqu'à l'abject !

À leurs côtés, plusieurs autres personnages vont être mis en place – un certain frère Braulio ou Ana Castelar par exemple, mais je ne peux rien en dire de plus sous peine de divulgâcher ! Ils sont tellement mis en avant, même, qu'ils en prennent un statut de « presque-principal », largement devant notre Donoso précité, et systématiquement avec la même technique « qui marche » : chacun d'eux apporte une ou plusieurs pièce.s au puzzle inextricable de l'histoire de ces jeunes filles disparues puis retrouvées démembrées (pour une partie d'entre elles du moins), une histoire qui prend un goût terriblement amer quand Clara (la jeune soeur de Lucía, donc), disparaît à son tour. de la sorte, le lecteur est mis dans la confidence et a ainsi toujours une petite longueur d'avance. Il peut alors tenter d'avancer dans la résolution de l'enquête, tandis que nos deux vrais personnages principaux, la plupart du temps séparément comme on l'a dit, ont bien moins d'éléments que le lecteur, et affrontent mille et un obstacles plus ou moins importants. Ils se heurtent à des revers constants dont certains semblent tout à coup insurmontables, des dangers de plus en plus menaçants au fil du livre et des morts à la pelle, et pas que du choléra ! et certains mêmes à qui on avait fini par s'attacher au moins un peu…

Mais parler « d'enquête » pour un tel livre est réducteur : on est bien davantage dans un thriller historique où, comme dirait l'éclaireur de la FNAC (voir https://leclaireur.fnac.com/article/cp48101-quelle-est-la-difference-entre-un-thriller-et-un-polar/), ce livre « relate couramment le côté corrompu et sombre de l'être humain ». On est très clairement dans un scénario de ce type, où l'Homme apparaît comme très noir, souvent sans espoir, et même les personnages « bons » auxquels on s'attache ont des parts d'ombre bien menaçantes et/ou disparaissent prématurément. de plus, comme je l'ai dit plus haut, ils sont placés dans des situations souvent très noires, voire glauques, et certaines scènes sont tellement glaçantes qu'on suspend sa lecture pour pouvoir digérer, au sens propre !

C'est là la grande force du roman : le scénario est réellement désespéré, et semble ne tenir qu'à travers Lucía qui se faufile (littéralement !) dans la vie et dans la ville pour protéger ceux qu'elle aime, et en particulier sa petite soeur pour qui elle ressent et exprime un amour indéfectible ; on s'attache à toute une série de personnages dont certains, comme je disais plus haut, connaissent une fin brutale trop tôt dans l'histoire ! Ce n'est certes pas la première fois que je lis un thriller dans lequel l'un ou l'autre personnage important au récit, disparaît ainsi bien avant le mot « fin », alors qu'on ne s'y attendait pas du tout car on croit (ou espère) toujours que les héros mêmes secondaires vont s'en sortir comme par miracle. Cela montre surtout que les auteurs, en malmenant ainsi leurs personnages, ont osé malmener aussi leurs lecteurs, en les bousculant sans cesse, en leur montrant le plus noir de l'âme humaine et tout à la fois une petite lumière (le prénom de Lucía n'est, à mon sens, pas anodin) qui ne cesse de briller malgré tout, aussi faiblement que ce soit, dans un ballet de rebondissements incessants. Et « ça marche » !...

Et si cela ne suffisait pas, le côté historique du roman est très soigné, sans jamais alourdir le texte pour autant. En effet, je me rappelle ma lecture de « le maître d'escrime » d'Arturo Perez-Reverte, il y a plusieurs annéees : j'avais aimé l'écriture de l'auteur et le contexte « de cape et d'épée », mais j'avais été complètement perdue dans la foule de références historiques plus ou moins expliquées, qui en plus avaient – comme ici – une grande importance dans le contexte du roman ! C'est que je ne connais guère l'Histoire de l'Espagne (à part les événements les plus marquants pour l'international). Or, les écrivains (espagnols, mais c'est le cas des autres nationalités aussi) s'adressent d'abord, la plupart du temps, à leurs concitoyens, en présupposant que l'histoire de leur pays leur est connue.
Pour ma part, si j'avais déjà entendu parler de « guerre carliste », je n'avais aucune idée de ce dont il s'agissait. Quelques clics sur Google permettent de voir très vite que, non seulement le mouvement carliste a été important (et subsiste aujourd'hui !), mais a provoqué pas moins de trois guerres civiles en Espagne au XIXe siècle !

Ainsi, dans ce livre, les auteurs sont parvenus à créer l'ambiance qui sévissait à cette époque, à travers des allusions, un mot ici ou là. Les antagonismes entre carlistes et « isabéliens » (je mets ce dernier mot entre guillemets car, si carliste est passé à la postérité, « isabélien » ne se trouve pas au dictionnaire, mais je ne sais comment traduire autrement ce mot que la traductrice a choisi de laisser en espagnol dans le texte : « isabelinos » - autrement dit les partisans d'Isabelle, par opposition à ceux de Charles) ; bref, ces antagonismes sont présentés petit à petit au lecteur, à travers l'attachement des différents personnages à l'un ou l'autre mouvement, et une analyse pas forcément très fouillée mais suffisante qui explique pourquoi tel ou tel a choisi la voie de Charles ou plutôt d'Isabelle, sans oublier les doutes que certains d'entre eux finissent par concevoir quant à leur allégeance à l'un ou l'autre mouvement. de la sorte, le lecteur, même ignorant de toutes ces affaires, peut s'approprier les éléments essentiels petit à petit, et les maîtrise suffisamment quand le scénario devient plus nettement politico-historique.
J'ajouterai à ça (mais on l'a compris, non ?) que tous les aspects « épidémies de choléra », ces morts par centaines chaque jour, ces malades soignés par des méthodes oscillant entre médecine obsolète et barbare (des sangsues !) et superstitions vivaces dans ce contexte d'épidémie dévastatrice (qui, soit dit en passant, n'est pas sans rappeler une autre épidémie beaucoup plus récente…), mais aussi ces quelques médecins ou pharmaciens qui peu à peu se démarquent de leurs confrères traditionnels, en tentant des remèdes / des explications inspirés de ce qui se fait dans d'autres pays d'Europe où la médecin est plus avancée ; tout cela donc est également très bien rendu, avec des explications détaillées (mais, à nouveau, jamais lourdes ou incompréhensibles) qui permettent de voir que même, ou surtout ?, dans des périodes aussi troublées, quelques-uns continuent d'avancer pour tenter de sauver leurs concitoyens…

Autrement dit, il s'agit d'un livre dans lequel on apprend quelque chose, cette dose d'histoire espagnole qu'on n'aurait probablement jamais abordée autrement, teintée des progrès de la médecine dans un contexte particulier, le tout d'une façon progressive, bien pensée et dès lors tout à fait digeste, en plus dans une trame narrative qui ne pouvait que plaire à l'amatrice de thrillers que je suis !
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Madrid, milieu du XIXe siècle une épidémie de choléra fait rage et avec elle la remontée de nombreuses croyances bien sûr fausses... Dans l'agitation, des jeunes filles disparaissent et sont retrouvées quelques temps plus tard mortes dans des circonstances terribles! Il faudra un journaliste curieux et une jeune fille déterminée à survivre pour que l'affaire prenne de l'importance sur la place publique...
Le trio Carmen Mola a reçu pour ce titre le prix Planeta et dans un premier temps le lecteur francophone se demande pourquoi? Oui l'intrigue est bonne mais est-elle si originale? Pour répondre par l'affirmative, il faut penser à l'histoire espagnole. En effet, à cette période apparait le parti carliste et ses opposants, ce parti né d'abord à cause d'une discussion successorale aura une grande importance dans la vie politique espagnole jusqu'au XXe siècle... Et c'est là la force du récit, c'est qu'au-delà de l'intrigue rondement menée et aux beaux personnages, on lit l'attitude des foules, la montée du conservatisme, le retour de la superstitions et l'oppression des plus faibles inhérents à chaque crise.
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En cette année 1834, Madrid est particulièrement écorchée par de nombreux malheurs : une épidémie de choléra qui fait des milliers de victimes, un peuple de plus en plus pauvre qui peine à survivre, une guerre tenace opposant carlistes (partisans de Carlos Maria Isidoro, frère de Ferdinand VII) et isabelinos (partisans d'Isabelle II, fille de Ferdinand VII), et, surtout, une Bête mystérieuse en liberté qui enlève de très jeunes filles puis abandonne leur cadavre démembré dans les rues de la ville.
Ces meurtres, qui touchent les quartiers pauvres, n'intéressent que très peu les autorités. Deux personnes, toutefois, y investissent toute leur énergie : Diego, un journaliste qui y voit une opportunité d'écrire de bons articles, et Lucia, une jeune fille de 14 ans qui s'y trouve mêlée personnellement, bien malgré elle.

Alors là, impossible de retrouver une histoire comme celle-là! Ce récit m'a définitivement emportée dans un univers inhabituel et surprenant, mêlant meurtres en série effroyables, épidémie dévastatrice, société secrète et organisations politiques puissantes.

À l'originalité du récit s'ajoute la noirceur. le roman dépeint une réalité très crue qui n'épargne rien ni personne. C'est violent, tragique et dur, mais sans être gratuit; il est facile de s'imaginer un Madrid des années 1830 tel que décrit dans ce livre. C'est clair qu'il n'y faisait pas aussi bon vivre que maintenant! Cette noirceur apparaît dès les premières pages avec la découverte du cadavre de la jeune Berta, dont les membres sont éparpillés au sol, dans la boue, au coeur du quartier où elle a vécu. Brutal, n'est-ce pas?

Pour contrebalancer cette noirceur qui semble inexorable, l'auteur a insufflé une bonne dose d'humanité et de lumière dans ses deux personnages principaux. C'est frappant chez Diego et plus enfoui chez Lucia, qui, à 14 ans, a déjà vécu plus d'épreuves que bien des gens. Par son courage, sa ténacité à vouloir protéger ceux qu'elle aime et sa capacité à accorder toute sa confiance à de nouvelles personnes en dépit des malheurs traversés, elle incarne un personnage touchant, difficile à oublier. Avec une psychologie légèrement plus développée qui l'aurait rendue encore plus achevée, elle aurait sans doute fait partie de mon palmarès d'héroïnes préférées.

Lien : https://leslecturesdesophie...
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Carmen Mola, c'est un collectif de 3 scénaristes espagnols déjà auteurs d'une trilogie autour de l'inspectrice Elena Blanco. Je les découvre ici avec un roman, en dehors de cette série, que l'on pourrait qualifier de thriller historique.

1834, Madrid souffre. le choléra est partout, et la découverte de corps de jeunes filles démembrées laisse perplexe un jeune journaliste. Une bête rode-t elle dans les rues sales et puantes de Madrid ?

Aidé d'un ancien policier borgne, il va mener une enquête dangereuse, entre extrême pauvreté et beaux palais, qui va le mener à Lucia, une jeune orpheline. Un récit riche, entraînant qui montrera que l'enfer n'est pas forcément là où on l'attend.

Cette histoire se démarque par ce contexte historique très bien exprimé par les auteurs: le choléra, la défiance envers l'église, les enfants accusés de polluer l'eau, les carlistes qui réclament le trône d'Espagne, les carbonari, société secrète qui vient d'Italie.... C'est complexe mais ça reste clair et passionnant pour le lecteur.

Comme @moulin je vous conseille de tenter la lecture de "La Bestia", un polar, primé en Espagne, très bien documenté qui remue et me donne envie de suivre ce trio d'auteurs espagnols.
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Madrid, 1834. La ville est rongée par le choléra, les quartiers les plus modestes étant accusés de propager la maladie, les pauvres accusant eux-même le clergé d'empoisonner l'eau de la ville… C'est dans ce contexte que sévit la Bête, un être diabolique, ni humain, ni animal, enlevant des fillettes, retrouvées ensuite mortes, atrocement mutilées… le journaliste Diego Ruiz, appelé par son ami Donoso, membre de la Garde Royale, se rend sur les lieux où l'on a découvert un nouveau corps. Touché par la situation, il décide de mener sa propre enquête…
Carmen Mola ( ;-) ) n'a pas son pareil pour mettre en scène des meurtres franchement peu ragoûtants : après la Fiancée Gitane et le Réseau Pourpre, c'est encore le cas avec la Bestia. L'intrigue est parfaitement maîtrisée, rythmée, sans temps morts, avec des rebondissements nombreux, qu'on ne voit pas arriver, et qu'on se prend parfois en pleine face en se disant : « mais pourquoi ?!!! ».
J'ai adoré les personnages : celui de Diego, très humain malgré son ambition, celui de Lucia, courageuse et persévérante ; quant au contexte historique, il est parfaitement rendu : on se voit très bien déambulant dans les ruelles d'un Madrid du XIXème violent, insalubre, peu favorable au peuple.
Même si la résolution de l'intrigue m'a paru un peu « longuette », et un peu tirée par les cheveux aussi, j'ai globalement beaucoup aimé ce polar historique.
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