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3,6

sur 1515 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Qui n'a pas en tête la fameuse réplique de Magdelon : "Vite, voiturez-nous ici les commodités de la conversation" ? Cathos et Magdelon sont respectivement la nièce et la fille de Gorgibus. Celui-ci veut les marier le plus vite possible avec deux hommes de sa connaissance, du Croisy et La Grange. Mais les filles les repoussent sous prétexte qu'ils ne sont pas assez bien pour elles. Elles se sont en effet mis en tête une fausse naissance et ont adapté leur vocabulaire en fonction de la hauteur de leur rang imaginaire. Avec l'aide de Gorgibus, les deux amants vont imaginer un stratagème afin de punir les deux écervelées : faire passer leurs valets pour un marquis et un vicomte...

Les Précieuses ridicules est une comédie mettant en relief une fin peu heureuse pour les deux pédantes. On sent, de ce fait, la critique virulente de ces précieuses que notre auteur n'appréciait guère. Cependant, il prit le soin de se justifier en disant ne dénigrer que celles qui étaient ridicules, d'où le titre de la pièce. Il voulait éviter de s'attirer les foudres d'une société qui non seulement les acceptait mais les mettait sur un piédestal. le "gratin" intellectuel les côtoyait. Pour cela, il écrira dans sa préface : "J'aurois voulu faire voir qu'elle se tient partout dans les bornes de la satire honnête et permise ; que les plus excellentes choses sont sujettes à être copiées par de mauvais singes qui méritent d'être bernés ; que ces vicieuses imitations de ce qu'il y a de plus parfait ont été de tout temps la matière de la comédie ; et que, par la même raison les véritables savants et les vrais braves ne se sont point encore avisés de s'offenser du Docteur de la comédie, et du Capitan ; non plus que les juges, les princes et les rois, de voir Trivelin, ou quelque autre, sur le théâtre, faire ridiculement le juge, le prince ou le roi : aussi les véritables précieuses auroient tort de se piquer, lorsqu'on joue les ridicules qui les imitent mal."

A lire et à relire !
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Une des pièces de Molière parmi les plus drôles, mettant en scène le ridicule de la vanité, ce qui tient d'orgueil aux pauvres cervelles.

Ici, les pauvres cervelles sont Cathos et Magdelon, des Précieuses qui se piquent de compter parmi les beaux esprits de Paris, de leur temps voire de l'Humanité. Ces "précieuses ridicules" (presque un pléonasme) offrent au spectateur/lecteur le spectacle désopilant de leurs manières et de leurs prétentions intellectuelles.

Cette pièce continue à me faire rire car même si le courant littéraire des Précieuses n'a pas été au-delà du XVIIème siècle et n'a guère rayonné hors des salons parisiens, je ne peux empêcher mon esprit de faire une transposition dans notre XXIème siècle et ces mêmes salons parisiens... le résultat est surprenant ! Faites l'exercice et vous serez vous-mêmes étonnés d'y retrouver des Cathos, des Magdelon, des Mascarille et des Gorgibus.

Le must pour moi réside dans le fait que Gorgibus et ses fille et nièce sont des provinciaux, ce qui accroît encore la bouffonnerie car je connais peu de ridicules qui valent celui d'un provincial qui veut se faire plus dandy qu'un vrai Parisien.
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De nos jours, les mots préciosité et ridicule ont un petit air de pléonasme : la préciosité, ce « travestissement du naturel » est de façon générale plutôt ridicule, puisqu'il consiste à se faire passer pour autre que l'on est, et qui plus est dans un monde ou un domaine où l'on est absolument étranger, essentiellement dans un but de « paraître ».
Mais initialement, au XVIIème siècle, la préciosité était une mode sociétale et culturelle issue d'un mouvement littéraire qui visait à embellir la langue française, et à travers elle, à modifier, si faire se pouvait, les moeurs. Ce mouvement, essentiellement féminin, se déploya dans les salons de la noblesse, et assez rapidement dériva vers un raffinement exagéré et une sorte d'affectation qui, inévitablement, attira sur lui les regards sarcastiques de certains contemporains comme Molière et La Fontaine (relisez « la Fille » dans le Livre VII des « Fables »)
Molière égratigne donc cette mode, y compris sous son volet littéraire (Mme de Scudéry, par exemple) mais plus encore, me semble-t-il, sur ceux, et encore plus celles, pour qui la préciosité n'est pas seulement une façon de vivre, mais un art de paraître et de se rendre intéressant. C'est pourquoi cette pièce n'est pas seulement une pièce « de caractère », mettant en accusation un défaut, un vice ou une manie, elle est surtout une pièce parodique et satirique visant à stigmatiser certains comportements mondains, au demeurant limités dans un cercle assez réduit.
Comme « La Fille » De La Fontaine, Cathos et Madelon, précieuses militantes, éconduisent leurs soupirants La Grange et du Croisy au titre qu'il est hors de question pour elles de se marier à des gens « incongrus en galanterie ». Les deux jeunes gens, avec leurs valets Mascarille et Jodelet, entreprennent alors une vaste mystification dont les deux précieuses vont faire les frais. La pièce se termine en une apothéose joyeusement foutraque (ça c'est un mot pas précieux du tout), où Gorgibus, le maître de maison, père de Magdelon et oncle de Cathos, envoie tout promener, bastonne les valets et les violons, et tire la leçon de la pièce :
« Et vous, pendardes, je ne sais qui me tient que je ne vous en fasse autant ; nous allons servir de fable et de risée à tout le monde, et voilà ce que vous vous êtes attiré par vos extravagances. Allez vous cacher, vilaines ; allez vous cacher pour jamais. [Seul]. Et vous, qui êtes cause de leur folie, sottes billevesées, pernicieux amusements des esprits oisifs, romans, vers, chansons, sonnets et sonnettes, puissiez-vous être à tous les diables ! »
« Les Précieuses ridicules » sont la cinquième pièce écrite par Molière (du moins de ce qu'on en sait). C'est la première « grande » création, où il s'affranchit (un peu) de la farce traditionnelle et donne un tour plus réfléchi et plus profond à son intrigue : à l'intention de faire rire, s'ajoute l'intention de stigmatiser un sujet précis, ici la préciosité. Il affinera son analyse l'année suivante avec « Sganarelle », et surtout trois ans plus tard avec « L'Ecole des Femmes »

Et pour ne pas quitter le Grand Siècle, j'aimerais finir cette chronique avec une citation du grand poète et philosophe Tristan Bernard, qui évoque, non sans quelque nostalgie, la fuite du temps :
« Comme disait Colbert à Monsieur de Louvois
J'aurais dû baiser plus quand baiser je pouvois »

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La pièce de Molière par lequel j'ai découvert l'auteur. le sésame. Car si ce n'est pas une de ses oeuvres majeures, elle m'a permis de découvrir cet univers fascinant d'un auteur qui reste pour moi un des plus grands pour décrire si précisément la nature humaine en nous donnant à la fois sourire et frisson de ne pas trop y ressembler.
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C'est toujours un plaisir de lire une comédie de moeurs, aussi brève et simple soit-elle. Magdelon et Cathos, fille et nièce de Gorgibus, sont ces précieuses, qui ne peuvent s'exprimer simplement, qui rêvent d'être des héroïnes romanesques (c'est arrivé à d'autres plus tard) et que les hommes qui les épouseront viendront les courtiser avec force bel air et beau langage, c'est pourquoi elles écounduisent sèchement leurs prétendants, Lagrange et du Croisy, qui ne se sont pas donné tant de peines. Pour ridiculiser les précieuses, ces deux hommes se font venger par leurs valets respectifs (encore une fois bien supérieurs à leurs maîtres par la verve et par l'esprit) qui, sous couvert de nobles titres, viennent dire aux demoiselles toutes les fatuités qu'elles ont envie d'entendre.
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Je l'ai vu mis en scène par Schiaretti, c'était ouf'. Les domestiques se dandinent comme des pingouins, et puis les précieuses sont vraiment drôles. Mais franchement, du début à la fin, j'étais plutôt de leur côté : c'est vrai, quoi, est-ce qu'on se pointerait aujourd'hui chez des dames pour, immedias res, les demander en mariage ?
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Encore une fois, une oeuvre très drôle et très intéressante. J'entends beaucoup de critiques concernant la manière dont la femme est traitée dans cette oeuvre, d'un "sexisme" de la part de Molière mais visiblement, il est très rapide d'oublier toutes ses autres oeuvres qui défendent et présentent la femme comme quelqu'un de libre et intelligentes, plus que la majorité des personnages masculins dépeints dans ses oeuvres habituelles.

L'époque était différente et les batailles tout autant, mais il faut se souvenir que Molière était un homme en avance sur son temps et il est important de s'en rappeler.

Une oeuvre plus courte que ses oeuvres habituelles, ce qui n'est pas dérangeant en soit.
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Le sens du devoir et le flegme voire la courtoisie peignent l'amour exaltant,le rêve est beau et l'amour sublime la vie.Il faut de la rigueur même en amour passionnel et fusionnel : magique et de la croyance aussi la foi.
Oko-Olingoba noemet-lanzorod
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Très courte pièce de Molière que j'ai eu la chance de voir dans une représentation avec une mise en scène un peu moderne. On peine à croire que le goût des lettres fût en ce point poussé à l'époque de Molière qu'il en devînt un vice! Toutefois, cette pièce parle de quelque chose de plus général, cette vanité, ce manque de discernement, qui nous pousse à nous attacher exclusivement aux apparences.
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Première pièce écrite de Molière, les Précieuses Ridicules m'ont bluffé ! Pièce en un seul acte et mené tambour battant, j'ai été aspirée par l'histoire. le thème est très bien exploité, et assez diplomatiquement envers les précieuses parisiennes de l'époque. Bon moins pour les précieuses provinciales qui ont du entendre siffler leurs oreilles !
La pièce est très comique et montre le paradoxe et la suffisance des précieuses vis-à-vis de leurs "petites gens" ou plus grave encore, de leur propre famille ! Bercée d'illusions quant à l'amour, nous nous rendons bien compte que les moeurs de l'époque favorisaient parfaitement le rejet de certaines personnes un tant soit peu honnêtes.
Ces précieuses, pourtant tournées au ridicule, ont réussi à m'émouvoir et provoquent l'agacement comme la compassion.
Je recommande très chaudement cette pièce !
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