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Jusqu'où Sofía Zarzamala, ou « Zarza », va-t-elle aller dans l'enfer de cette journée ?
Jusqu'où va-t-elle aller dans l'enfer de sa vie ? Ou plutôt dans l'absence de paradis, d'émotions, de sursauts qu'elle a voulu faire de sa vie ?


Ce roman remarquable me plonge dans l'enfer.
Ce roman maitrisé jusque dans l'explication de romans comme « le Chevalier à la Rose » de Chrétien de Troyes m'a saisie brusquement à la gorge dès la première page pour me faire vivre une journée dans la vie de Zarza. Une journée épouvantable, infernale. Une plongée dans son passé lui aussi épouvantable, infernal.


« Respirer, continuer ».
C'est ce qu'elle a fait, après le coup de téléphone reçu à l'aube avec pour tout message : « Je t'ai retrouvée ».
C'est ce que j'ai fait aussi. Embarquée dans un suspens psychologique bien contrôlé (peut-être un tout petit peu trop), j'ai découvert le passé atroce à tous points de vue de Zarza. Une mère dépressive qui n'est plus jamais sortie de son lit, un père pervers, une grande soeur indifférente, un petit frère attachant handicapé mental, un frère jumeau dominateur : voilà la composition de sa famille à partir de laquelle sa vie dérape.
Je n'en dis pas plus, car la découverte de cet enfer a été un véritable plaisir pour moi, d'autant plus que Rosa Montero, l'auteure espagnole, y mêle des réflexions sur la vie, sur la lâcheté et la trahison, sur la souffrance et le mensonge à soi-même, sans jamais être catégorique.


« Jusqu'où quelqu'un peut-il se protéger dans le malheur pour se laisser aller, n'aspirer à d'autre paysage que celui de sa propre brutalité ou de sa propre souffrance, pour vivre enterré dans le bois informe, sans la moindre conscience des limites ? Ou bien, jusqu'où peut-on échapper à son propre destin, à une vie aussi rétrécie et mutilante que les dents en acier d'un piège à ours ? Les enfants des ivrognes deviennent alcooliques, les enfants des déments deviennent fous, les enfants battus battent à leur tour leurs enfants.
Ou peut-être pas ».


A chacun de creuser son propre chemin.
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24 heures de la vie d'une femme. Ce matin-là, Zarza est réveillée par un appel téléphonique : "Je t'ai retrouvée". Quelques mots qui la plongent dans un passé qu'elle s'acharne à oublier depuis des années, et dans une terreur indicible. Elle prend la fuite mais son poursuivant est chaque fois plus proche. Elle comprend alors qu'elle va devoir l'affronter et, avec lui, ses peurs et son passé. Un passé qu'on découvre peu à peu, avec Zarza qui revient presque malgré elle sur ses propres traces : enfance épouvantable dans une famille dysfonctionnelle, rapport fusionnel avec son frère jumeau, descente dans les bas-fonds de la ville, dans le royaume de la prostitution et de la Reine Blanche (l'héroïne), dans les affres du manque et jusqu'à la prison et à la culpabilité qui la ronge d'avoir balancé son complice, celui-là même qui la harcèle aujourd'hui en quête de vengeance.

C'est peu de dire que le passé de Zarza a été infernal, irrespirable, barbare.

Ce n'est pas étonnant qu'après la prison elle se soit enfermée dans une vie ordinaire, solitaire, sans relief ni affect ni émotions, transparente et inodore, une vie si peu vivante. Et maintenant ce "je t'ai retrouvée" qui va peut-être la conduire à la mort...

"Respirer, continuer", tel est le mantra de Zarza tout au long de cette journée asphyxiante. Tel est aussi celui du lecteur dans ce thriller psychologique oppressant, entrecoupé de chapitres consacrés aux sombres légendes médiévales que Zarza est chargée d'éditer.

Ce roman est très sombre mais il se lit avec un certain masochisme tant on se laisse glisser avec plaisir dans ses strates toujours plus infernales. Et malgré une fin qui m'a parue bâclée et mièvre, on prend le même plaisir à lire les réflexions de l'auteure, toujours aussi pertinentes, sur la famille, la gémellité, l'hérédité, la trahison, le sens de la vie.
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Zarza déambule dans la nuit froide, décline les rues désertes fuyant la peur sentant la sueur. Une lune, d'un bleu étrange, surgit au détour d'une ruelle, éclaire le caniveau, une eau suinte lentement, désespérément. Vingt quatre heures plus tôt, le téléphone a sonné, réveil douloureux pour Zarza, réminiscence de troubles souvenirs. "Je t'ai retrouvée", dit une voix à l'autre bout de la ligne. J'ai connu des réveils plus chaleureux. On s'échappe peut-être de sa famille, jamais de son passé.

Depuis ce coup de téléphone, j'erre dans le Territoire des Barbares, un lieu où l'ombre inquiète, le silence fait peur, l'enfance ressurgit des méandres d'une mémoire sombre. Je te laisse découvrir le portrait de famille qui se cache, tapie dans l'ombre du temps. C'est glauque, c'est triste et désespéré. La ruelle se nourrit de vagabonds sales et endormis dans la pisse des caniveaux, de travestis déambulant nus sous leur fausse fourrure, de putes mulâtres imbibées de rhum ou de cognac.

Il y a des passés que l'on voudrait oublier. Zarza l'aura compris, elle ne peut plus fuir son histoire. Ces vingt-quatre heures de la vie d'une femme vont la plonger dans l'Enfer de sa vie. Son chemin, une croix. La Reine Blanche et son royaume, à la lueur d'un clair-obscur, Zarza récite son sutra : Respirer et continuer. Coûte que coûte. Pour sa survie, pour son petit frère, pour elle et clore ainsi le trouble qui sévit en elle, un territoire peuplé de descendants barbares de Gengis Khan. Dans ces rues glacées, à l'aube des Tartares, la cloche lointaine d'une église se met à fracasser le silence des âmes et des tombes. Je me demande si je reconnaîtrais le jour de ma mort. Serait-ce un matin grisaille où l'on se lève à l'aube ou une nuit sans lune se déchoit dans le miroir d'un caniveau...
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Zarza vit dans la peur. Son frère jumeau est sorti de prison et la menace. Elle l'avait dénoncé après qu'il l'eût entraînée dans l'attaque d'une banque.

La traque qui s'instaure alors fait de chaque porte qui s'ouvre une angoisse, de chaque ombre un spectre, rend chaque bruit suspect. Elle construit sous la plume de Rosa Montero un thriller psychologique que le nouvel observateur, en quatrième de couverture, promet à vous couper le souffle.

Cette organisation de la terreur vous fait certes tourner les pages avec une certaine fébrilité, mais il y a un autre niveau de lecture. L'univers de l'enfance pervertie dans lequel Rosa Montero nous incorpore, nous fait réfléchir sur l'hérédité des tares parentales, qu'elles se manifestent dans l'usage des substances illicites, de la violence et autre perversion, y compris sexuelle.

Dommage que cet ouvrage soit servi par un style et une langue qui en amoindrissent la portée. Les références historiques, suscitées par l'ouvrage que l'héroïne est en train d'écrire, sont par ailleurs artificiellement incorporées à l'intrigue et font trop penser à du remplissage destiné à rehausser le niveau culturel. C'est un peu incongru et en rupture avec cette catégorie de littérature. Mais peut-être est-ce pour recoller l'intrigue dans un quotidien professionnel, dans une réalité.
Il n'en reste pas moins un bon roman.
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Ce thriller psychologique plonge d' emblée le lecteur dans l' univers angoissant et glauque de la drogue et de la prostitution que l' auteur nomme : le territoire de la Reine Blanche.L' héroïne, Zarza, ancienne toxicomane réfugiée dans une vie bien rangée, quasi monacale , se voit brusquement menacer par son lourd passé familial que l' on découvre petit à petit.Un récit à l' atmosphère lourde, oppressante , entrecoupé de contes médiévaux au dénouement dramatique .J 'ai lu ce roman d' une traite en étant toutefois déçu par une fin un peu bâclée laissant beaucoup de questions en suspens.
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J'ai découvert Rosa Montero grâce aux blogs, à Keisha ,en particulier, et j'ai en réserve « le roi transparent ».
J ai lu avec plaisir ce roman, et je suis entièrement d'accord avec ce que plusieurs d'entre vous en disaient. Elle sait créer une atmosphère.

Les barbares dont il s'agit ici, ce sont les êtres si accrochés à la drogue, qu'aucune valeur humaine ne résiste à leur passion destructrice.
Ce que le personnage principal a été capable de faire pour se payer sa dose du temps de son addiction est absolument révoltant. C'est le genre d'histoires que je déteste lire d'habitude. Je sais que l'horreur existe, il suffit que j'ouvre un journal, mais je n'aime pas le lire en roman.

Le talent de Rosa Montero c'est d'avoir situé son histoire au moment où Zarza , cette ancienne droguée est sortie de son addiction.


Son frère , ange maudit qui l'a fait plonger dans la drogue la poursuit pour se venger; l'ambiance de cette traque est bien rendue. Elle nous permet aussi de remonter à l'enfance et de comprendre bien des aspects de la souffrance de cette jeune femme.


Ce qu'elle voulait se cacher à elle-même : les actions les plus sordides qu'elle avait été capable de commettre autrefois, lui reviennent comme des nausées qui l'étouffent.


Le monde de la drogue est bien raconté, et comme Zarza est une historienne du Moyen-âge son récit s'enrichit de romans de la chevalerie.


J ai quand même quelques réserves , est ce que cela vient de la traduction ou pas, le style est très complaisant , et la construction du roman est –à mon avis- alourdie par les récits du « roman de Chrétien de Troyes ».
Mais c'est avant tout un très bon livre sur un sujet tellement tragique .


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Pendant des années, Zarza a fait partie des "Barbares", des délinquants, des accros à l'héroïne. Mais elle s'en est sortie et mène une vie monotone et rangée. Aussi quand un matin un appel téléphonique lui annonce "Je t'ai retrouvée", elle comprend tout de suite de quoi il s'agit. Pendant 24 heures, elle va s'efforcer d'échapper à son poursuivant, retraçant ses souvenirs d'enfance, retrouvant ceux qu'elle fréquentait "avant", essayant de s'en sortir à tous les sens du terme.

Un roman au crescendo haletant par Rosa Montero, romancière et journaliste espagnole.
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Zarza est torturée. Elle a essayé de couper les ponts avec son ancienne vie, mais ce coup de téléphone l'y replonge. L'ambiance générale du roman est sordide: entre le père sadique, le frère malsain, l'autre frère attardé... Ensuite, on se demande si Zarza ne préfère pas les eaux noires de la méchanceté, parce qu'elle rencontre un homme qui lui laisse sa chance, et elle gâche tout.
[...]
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Lien : http://www.lalivrophile.net/..
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C'est le seul livre de Rosa Montero lu en français et le seul livre que je n'ai pas aimé de cette auteure.

Trop noir, trop malsain, décadent, voire pervers.

C'est l'histoire de Zarza, une jeune fille abusée sexuellement par son père et son frère jumeau.
Cela correspond peut-être à une réalité, mais c'est une réalité dégoûtante.

C'est la descente à l'enfer de la drogue, de la dépendance et de l'impossibilité d'échapper à son destin.
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Zarza a un passé compliqué et douloureux dans lequel elle a bien failli se perdre. Elle a réussi à tourner la page mais n'y écris plus rien depuis longtemps. Tout va "bien" jusqu'à que sonne le téléphone et qu'une voix la rappelle à ce passé trouble plein de culpabilité. Traquée, elle va revenir sur les sentiers oubliés, refoulés plutôt, où la "reine blanche" la comptait parmi ses sujets.

Cela commence sur un ton qui prend les couleurs du fantastique et de la science-fiction pour glisser dans un quotidien ou réalisme, imaginaire noir et cauchemar éveillé vont main dans la main. Les décors urbains, leurs frontières et leurs maîtres, sont autant de métaphores de la mémoire refoulée de Zarza, jeune femme qui fait tout pour échapper à un père inquiétant et à un frère jumeau dominateur qui la hantent comme des fantômes redoutables, la conduisant au bord de la panique et la faisant sortir d'elle même et de son terrier. Au coeur de la nuit qui recouvre la ville, même en plein jour, il y a un pouvoir menaçant auquel il est difficile de ne pas se soumettre mais auquel certains parviennent à échapper, à leur façon. Entre les ombres des personnages réels - Martillo la gamine qui survit dans l'ombre en défiant et moquant l'adversité, Urbano l'ami mille fois trompé mais toujours désespérément bienveillant et secourable - et celles des terribles personnages échappés d'une légende médiévale oubliée Zarza erre de rue en rue jusqu'à trouver une issue pour surmonter son passé.

Une écriture qui peut céder parfois à la facilité des archétypes et conventions, tout en les recomposant à sa façon, mais qui nous entraîne sur les traces de Zarza sans nous permettre de l'abandonner à nouveau.
Lien : http://filsdelectures.over-b..
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