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EAN : 9782330180423
272 pages
Actes Sud Junior (07/06/2023)
3.23/5   30 notes
Résumé :
Il y a six mois, la vie d’Achille, 17 ans, a vacillé. Sa mère est morte brutalement. Depuis, il cohabite avec un père inconsolable, sans pouvoir lui parler.
Achille essaie de continuer à vivre le plus normalement possible entre ses amis, le lycée dont il sèche les cours, les soirées, la musique, la colère et la tristesse. Et puis un jour, il y a Nicolas. C’est le frère de sa meilleure amie. Nicolas est aussi solaire qu’Achille est angoissé. Nicolas c’est l’i... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Je sors de ce roman sans ressenti particulier, je dirais même que j'ai eu plusieurs moments de lassitude. Il y a du bon, mais il y a aussi du déjà-vu et je regrette que l'un des thèmes centraux n'aboutisse pas tant que ça, finalement. Et je déplore une énième relation malsaine. Bon sang, que ça va mal dans la littérature romantique...


Bon, procédons dans l'ordre: On a quoi? Un presque jeune- adulte, Achille ( drôle d'adonc, je viens de finir "Le chant d'Achille") qui a 17 ans et qui, pour faire court, présente de nombreux enjeux dans sa vie. Sa mère est décédée d'un stupide anévrisme au cerveau, mort aussi foudroyante qu'imprévisible, qui laisse dans le deuil non pas un, mais deux anxieux. Alors qu'Achille présente une forme d'anxiété sociale et des manies, le tout noyé de manière un peu intense dans la cigarette, le désintérêt scolaire et l'alcool, Paul, son père, sombre dans un trouble obsessionnel-compulsif de type amasseur, en achetant des tonnes de trucs pas spécialement utiles. La communication est difficile entre les deux hommes et la lourdeur silencieuse qui pèse sur le foyer familial pousse Achille à sortir le plus souvent possible, avec ses amis Hugo et Méli. Il est appelé de plus en plus souvent à croiser le grand frère de celle-ci, Nicolas. Ce gars dans la petite vingtaine est le portrait contraire d'Achille: extraverti, fêtard, socialement à l'aise, immature et pour ce qu'on en découvre, versatile avec une certaine Lou. Pourtant, ça n'empêche pas Nicolas de tourner autours d'Achille et à force de rencontres, ils en viennent à "être ensemble". J'aimerais bien dire "sortir ensemble", mais en réalité, personne n'est au courant, aucuns "je t'aime" n'a été dit et pour ce qu'on en sait, Nicolas n'est pas exactement "séparé" de son ex. Entre sa relation avec son père en équilibre précaire et Nicolas qui ne joue pas franc jeu, Achille jongle comme il peut avec une anxiété parfois handicapante, son processus de deuil et un premier émois amoureux qui a redéfini son orientation sexuelle, en plus!




Ouf! C'est pas joyeux tout ça. Il y a de la pertinence, mais je trouve aussi que ça respire mal comme histoire. Déjà, au niveau de la forme, on alterne entre passé et présent, mais ça peut devenir dérangeant quand les choses accélères et qu'on se retrouvent dans un souvenir plus ou moins pertinent et intéressant. Il y a aussi la présence de très nombreux partys, que j'admets avoir lus en diagonale tant j'en avais rien à faire de toutes ses beuveries et fumeries qui me rappelle la Chick-Lit. D'ailleurs, c'est quoi tous ces ados qui fument comme des cheminées? J'en croise vraiment beaucoup dans la littérature jeunesse ado française. Je me demande si le tabagisme est si largement rependu en France? Bref, les partys, donc, qui ne sont pas très révélateurs au final sauf de ramener souvent les sensations exacerbées d'Achille, qui vit un montagne russe de réactions physiologies et psychologiques.




Il m'intrigue ce personnage: Il n'a clairement pas un profil d'extraverti, mais plutôt que de faire des activités moins "stressantes", Achille s'impose ce qui se fait manifestement de pire pour lui: bars, clubs et partys. Pas d'activités sportives, pas de hobbies particuliers ( on entend vaguement parler de ses "cahiers noirs" sans que ça revienne) , aucun entrain pour l'école ( ça aussi je trouve que ça commence à devenir chronique comme "ingrédient" de romans ado français) et globalement peu d'habiletés. Il est un peu transparent comme personnage et fade. Quand il se met à éprouver un premier béguin pour un gars alors qu'il ne se savait pas gay, j'ai l'impression qu'à l'instar de beaucoup de personnages adolescents, ça prend toute la place dans sa vie. Ça n'a rien de difficile quand on a pas vraiment de personnalité ou de projets, et qu'on opte pratiquement toujours pour la fuite comme réponse adaptative. J'avoue qu'entre ses angoisses liées à son père distant ( probablement lui aussi socialement anxieux), ses angoisses liées à la perte de sa mère et les angoisses liées à la présence d'un triangle amoureux dans son "couple-qui-n'est-pas-un-couple", on nage beaucoup dans les soucis. C'était difficile de voir le constructif de tout ça parce que ça se soldait toujours par une sortie quelque part et des gens saouls. Il faudra attendre pratiquement la moitié du roman pour enfin voir quelque chose émerger avec Achille et Nicolas.




Attention, il y aura des divulgâches à partir d'ici.




J'aimerais dire que je trouve leur couple "sain"...mais pas tant que ça, en fait. Nicolas est un drôle de spécimen ambivalent et immature, pour qui rien ne semble sérieux et qui a visiblement un soucis avec l'engagement. Encore un "rebelle" inaccessible. (Soupir) Bon sang que c'est banal. J'ai bien compris qu'il y a entre Achille et Nicolas un intérêt commun pour la musique, dont il est difficile d'ignorer la présence vu le nombre astronomique de morceaux de chansons - EN ANGLAIS!! Est-ce possible d'être aussi peu fier de sa langue, je me le demande, parce que je vois de l'anglais partout ces temps-ci dans les romans de la France: Sur les titres, dans les prénoms et maintenant, dans les chansons. Bref. Hormis leur complicité occasionnelle, parce que Nicolas est deux personnalités à la fois, et cet intérêt pour la musique, la seule autre chose que je vois est leur intérêt physique ( immanquable celui-là). Je les ai trouvés mignons à de rares moments, puis légèrement plus vers le milieu, puis Nicolas à déconné plus que d'habitude en retournant avec son ex, la Lou en question. Et là, je me suis dis qu'il était con comme un balais ce personnage - Nicolas, je veux dire.




Par ailleurs, "Achille va se laisser entraîner avec lui dans une histoire d'amour, qui le fait passer par tous les états, incertitude, peur, jalousie, libération… " C'est un morceau de la 4eme de couverture. Tout comme le roman "Amoureuse", une quatrième qui présente l'amour comme une émotion complexe caractérisée par, je cite, "la peur, l'angoisse, l'obsession et la jalousie", la 4e de couverture de "La grâce du moment" présente l'amour comme quelque chose de "négatif". C'est encore une fois monnaie courante en littérature française de parler de la jalousie comme une émotion normale de l'amour, mais je suis totalement opposée à ce concept toxique, parce que n'importe quel psychothérapeute conjugal vous en parlerait: La jalousie n'est PAS bon signe dans un couple. La jalousie n'a rien de très vertueux quand elle sert la relation conjugale, c'est un sentiment possessif, qui sous-tend une absence de confiance ou un bris de confiance envers la personne aimée. Elle implique rarement des actions altruistes ou tendres, au contraire, elle vire souvent en action de contrôle, de sournoiserie, d'amertume et d'égoïsme. Comment sincèrement croire alors que ça peut avoir quelque rapport que ce soit avec un sentiment impliquant confiance, altruisme, tendresse et respect tel que l'amour devrait être?
Que pensez aussi du fait que cette quatrième insiste que sur les "états" non-constructif comme la peur, l'angoisse et l'incertitude? S'il est certes vrai que ces émotions peuvent arriver en contexte amoureux, pourquoi insister autant sur eux sans parler du reste? Des forces de l'amour, par exemple? La désir d'évoluer avec l'autre, du plaisir réciproque, de la confiance mutuelle ou de la complicité? Curieux comme les romans d'amour sont souvent les pires fictions à conceptualiser le sentiment amoureux...À croire, encore une fois qu'aimer , c'est avant tout souffrir. Beau message - Notez le sarcasme. Si au moins il se dégageait des apprentissages de toute cette mouise. Achille ne me donne pas l'impression d'avoir cheminé sur sa relation avec Nicolas, il illustre surtout qu'il n'arrive pas à en sortir, qu'il en est dépendant. Et je réitère que la dépendance affective est un trouble, pas une composante amoureuse saine. Quand à Nicolas, il n'a donné aucune preuve d'avoir cheminé non plus. Il est resté suprêmement immature. Non, rompre avec Lou ne me convainc pas: Il a mit fin à quelque chose qui est cyclique, il a déjà rompu plusieurs fois. Rien de concret ne laisse croire qu'il ne recommencera pas...cette fois avec Achille. Ou encore avec Lou?




Je me demande souvent pourquoi les auteurs et autrice sont si redondant sur les personnages de romances. Les Pauvres petites filles spéciales qui sont trop timides, les gays traumatisés, les filles spéciales coincés en triangles, les Bad Boys toxiques, et les cas comme Nicolas, c'est-à-dire ces gars prétendument complexes qui semblent avoir tout, mais qui sabotes tout ce qu'ils touchent parce qu'ils sont immatures, égocentriques et gèrent mal leurs émotions. Des gars comme Nicolas, il y en a tellement en littérature sentimentale, s'en est blasant. En faire un bisexuel ne le rend absolument pas plus intéressant, parce que ses décisions sont merdiques tout de même. C'est même pire, il me semble, parce que la personne qu'il entraine avec lui, Achille, est un cas de personnage en position psychologique précaire ET qui se découvre une homosexualité, qui semble être pour lui suffisamment angoissante pour garder cette découverte pour lui durant un bon moment . Nicolas savait ces deux éléments et a quand même décidé de prendre la mauvaise décision. Une décision qu'il n'a même pas eu le courage de demander pardon en face. Ça, c'est de la pure lâcheté. Curieux que personne ne l'ai remarqué ou souligné dans leur entourage.




Ce qui me fait m'interroger sur cette fin, en "happy end américain". En premier lieu, la situation du père et du fils a somme toute peu progressée et a été reléguée au second plan dans la seconde partie du roman. C'était mon tandem préféré ces deux-là, aussi "pognés/coincés" intérieurement l'un que l'autre, maladroits pas possible et pourtant, animés par le même souhait de se retrouver. Achille était souvent dur avec son père je trouve et au fond, lui reprochait des choses qu'il faisait lui-même. Ça, c"est "faire de la projection", c'est un mécanisme de défense mental. Bon, c'est un ado de 17 ans, l'immaturité peut très bien ne pas lui faire voir ça. Mais j'aurais espéré plus de finition sur leur avenir, sur leur devenir à ces deux-là. L'affaire des post-it, ces petits papiers que Paul plaçait dans la maison à destination d'Achille, était peut-être bizarre, elle était sincère et constitue la preuve que Paul cherche a communiquer. Je n'ai pas senti qu'Achille comprenait ça. Ce personnage ne réalise pas combien il aurait été bien pire que Paul ne fasse rien du tout , car là, il aurait fait face à pire que la maladresse: Il a aurait fait face à de l'indifférence. En définitive, il manquait clairement un intervenant dans ce décor, pour travailler autant son estime de soi, que sa relation père-fils, que son deuil que sa relation cachée avec un couillon irresponsable.




La fin. Évidemment , Achille nous a sorti le très typique "Tu m'as sauvé" à Nicolas. Pardon?? Sauver? Nicolas? J'ai du mal lire ce roman parce que c'est drôle, je n'aurais jamais osé employer ce mot pour qualifier ce que fait Nicolas envers Achille. Relativisons, oui, connaitre un béguin doit aider Achille, ça booste la dopamine à des sommets et ça implique pleins de découvertes amusantes et plaisantes ( surtout au lit). Mais Sauver?? de quoi? de son deuil? de son angoisse? Achille a connu quatre mois de déprime à cause de Nicolas, des angoisses, des incompréhensions, deux retrouvailles douteuses, une trahison complètement irréfléchie avec un post-it en guise de "Désolé", (même pas verbal!) avec un gars incapable de choisir entre deux prospect de blonde/chum, et c'est Achille qui revient vers lui en disant que Nicolas L a "sauvé"? Je vais être rabat-joie, mais lucide, en disant que c'est de la dépendance affective tout ça. Honnêtement, je comprend pas Achille. Achille affirme que leur duo ne peut pas se finir ainsi, après quatre mois de déprime, il me semble que ça ressemble plutôt à du déni qu'à de la logique, surtout en période de deuil relationnel ( communément appelé " peine d'amour") lui même sur un deuil familial. Sur quoi ça repose? L'ennui, le manque, la nostalgie? Toutes des composantes de la peine d'amour, au final. C'est parfaitement normal, en somme. Bref, il y a une infime part de moi qui se dit que peut-être, peut-être que Achille sera le "bon", le "gars spécial" qui va enfin convenir à monsieur instabilité-incarné, ça suivrait la logique des autres romans pour ado où des filles timides et mal dans leur peau sauvent des extravertis inconstants et malsains. N'allez pas croire que c'est le gars qui sort Nicolas de son placard, il est déjà bisexuel assumé, ce qui aurait pu être le motif au volte-face de Nicolas face à Achille. Mais non. En fait, on ne sait pas trop, sa raison est vague: "Je ne voulais pas lui faire de peine [ À Lou] ". Ah, mais faire de la peine à un gars déjà pas solide mentalement, ça c'est pas grave, par contre. Pas fort Nico, vraiment pas fort. Pauvre Achille. Peut-être que si Nicolas avait développé quelque réelle sincérité, verbalisé correctement ses angoisses et reconnus ses torts profonds, je l'aurais mieux prit. Mais non, il a même sorti son humour d'ado alors qu'Achille le retrouvait après quatre mois de déprime. Hum. Je pense que le personnage d'Achille méritait mieux.


Pour être franche, ce roman aurait été bien mieux avec un Achille lucide à la fin, qui aurait comprit que ça ne vaut pas la peine de s'attacher à des crétins comme Nicolas, qui aurait comprit qu'il mérite mieux, qui aurait comprit que les béguins sont irrationnels, bien souvent. Mais non.




Sinon, côté plume, je n'ai pas adhéré à toutes ses satanés paroles en anglais retraduites en français juste après. Il y a en avait trop, de un, et aucune issues de chansons en français ( quoiqu'il est possible que j'en ai ratée une), de deux. Je comprend l'idée de faire un parallèle avec la musique, mais là, on dirait qu'à défaut de mots, on "patch" avec des paroles de chansons. C'était lourd, à un moment donné et je rappelle que l'histoire est déjà très longue, ça ne lui a donc pas servi. Aussi, il y a une singularité avec la ponctuation. Certains phrases ou mots étaient privées de virgules ou des points supposé marqué le rythme. C'est esthétiquement très moche et à moins de le lire à voix haute, ça casse le rythme, il faut donc relire pour cerner la phrase. Il y a également très peu de marqueurs de temps ou de marqueurs de relations, la fluidité n'est donc pas géniale, souvent marqué par des phrases qui commencent en "Il". Certaines figures de styles étaient mignonnes ça et là, mais dire que c'était poétique, peut-être pas. L'angoisse étant omniprésente, on répétait souvent cet état, ce qui devenait essoufflant, entre deux souvenirs.




Je me fais la réflexion qu'avec son insomnie, ses angoisses, son début d'alcoolisme et ses longues méditations un brin lapidaires pour lui-même, franchement, il devait être épuisé ce personnage. Je lui souhaite une semaine de long dodo.
Et je prescris une bonne thérapie cognitivo-comportementale à son copain, il en a bien besoin.
Mes points bonus vont à Hugo, mon personnage préféré, un vrai de vrai "chum" ( dans le sens "un meilleur ami de gars"). Il a de belles capacités de communication, il a eu une réaction adéquate quand Achille lui a confié son coming out et globalement, il présente de belles qualités. Il aurait mérité plus de place ce personnage et avoir eu à choisir un chum à Achille, j'aurais voté pour Hugo ( s'il était gay). Lui, je n'avais pas de doutes qu'il fasse un bon petit ami. Prend des notes, Nico.




Tout l'aspect de la santé mental aurait pu être intéressant, mais il tournait en rond, on n'avançait pas. J'ai aussi peur que la santé mentale devienne le nouvel "ingrédient à la mode" des romans ado, comme le furent la dystopie, la sorcellerie ou l'ado coincée en triangle entre deux mâles alphas couillons. Adresser la santé mental requiert du doigté, des bases en psycho minimales et une progression dans le thème. À part servir le sentiment d'auto-apitoiement longtemps dans le roman, la santé mentale, dans le contexte de ce roman, devient un peu secondaire vers le milieu, comme si la romance éclipsait le reste. Il me semble que quelque part en route, une conversation entre Paul et Achille , même maladroite et cafouillant, aurait été requise, peut-être même deux ou trois. C'est tout un bazar leur famille, avec deux anxieux en deuil. Survivre à quelqu'un est une épreuve, un parcours du combattant, une multitude de cycles qui roulent et se déroulent comme un de ces serpentins de fêtes qui flûtent en déroulant: Déni. Colère. Résolution. Négociation. Acceptation. Travail d'équipe. Support. On essai, on recommence. Par ailleurs, la lettre à la fin, d'Achille à sa mère Elsa, était intéressante, et elle marque une progression. Elle arrive tard, mais au moins, on aura eu une réelle progression dans le thème du deuil, combiné aux boites d'effets personnels.




Pour résumer, je garde un mauvais souvenir de cette lecture, énième cas malsain de relation amoureuse et de glorification de l'anglais par des français. J'ai conscience que toutes les histoires d'amour ne peuvent pas être que des chemins auréolées de roses , mais tout-de-même, il existe un nombre effarant de romans sentimental où les enjeux majeurs sont à l'intérieur même du couple. Je vois une récurrence d'un type de relation dans les romans que je n'apprécie pas, en ce qui concerne les relations malsaines ou les relations sans bases solides. Il manque de diversité dans les relations et je n'entend par là la diversité liée aux orientations. Je parle plutôt des interactions ( rapport sain), des fondations ( les ingrédients) et des articulations ( le comment) dans les relations. Il y avait du potentiel ici, au début, mais on a voulu rester sur le cliché du "sauvetage" et de l'amour souffrant". "L'amour sauve tout". L'amour, il me semble, ne devrait pas être une bouée de sauvetage, mais un facteur aidant. Autrement dit, l'amour ne devrait pas être conditionnel ou méritoire, mais elle peut avoir une contribution aidante, avec des bases solides. Et par ailleurs, oui, j'estime que tout amour n'est pas obligatoirement souffrant, surtout quand ça concerne des abrutis comme Nicolas, qui prennent les choses à la légère et qui ne sont pas honnêtes. J'estimais peut-être trop que Nicolas serait un réel pilier pour Achille, quelqu'un de fiable et de solide sur lequel bâtir une relation marqué par la complicité, la confiance et le respect, quelque chose qui fasse "fleurir" Achille, mais à un moment donné, ça a basculé en non-dits, en double-facette et finalement en trahison. Dès lors, Achille s'est fané. Et d'ailleurs, plusieurs personnages ont averti Achille au sujet de l'imprévisibilité et de l'instabilité de Nicolas. Mais Achille en avait très envie, dans un sens, c'est juste dommage que ce soit d'un type comme Nicolas qu'il ait eu "besoin". Sans l'aspect "amour caché" et sans non-dits, ils auraient eu une bien meilleure base pour que je crois à leur amour, mais je me contente d'un "ça promet pas pour l'avenir". Et je me contente pas de toute cette "musique" pour colmater les manques de leur relation. Donc, pour moi, c'est une autre relation plus ou moins saine qui me fait davantage penser à une relation d'intérêts ou de dépendance affective que de réel amour. Ce n'est pas la pire, vraiment pas, j'ai vu bien pire. "La grâce du moment", certes, la grâce est bien passée, en effet. Mais bon, ce n'est que mon opinion. Un roman dont la fin me laisse songeuse, surtout après avoir vaillamment passé au travers de tant de longueurs. Il a , en outre, rien de spécialement distinctif. Et un thème du deuil laissé plutôt incomplet à la fin qui aurait m
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Achille Maurel, dix-sept ans, a perdu sa mère, Elsa, il y a six mois ; son père, Paul, a sombré dans une profonde dépression, il est mutique et il correspond par post-il avec son fils, il a aussi des troubles obsessionnels compulsifs et cumule notamment les achats sur le web.

Achille est lui-même extrêmement angoissé, il est très timide et chaque rendez-vous est source de ruminations mentales. Il est ami dans son lycée à Bordeaux avec Lina, Gabriel, Hugo et Méli. Lors d'une soirée, il rencontre le frère de Méli, Nicolas Demange, un jeune homme étudiant en droit. Nicolas est populaire, tout semble lui réussir. Achille jalouse tout d'abord Lou, la jeune femme qui semble entretenir une liaison avec Nicolas jusqu'à ce que Nicolas semble enfin le voir…


Juliette Moraud a suivi ses études de littérature à Bordeaux comme son héros Nicolas Demange dans La grâce du moment, elle a ensuite suivi un master d'écriture créative à l'université Paris 8. Elle a été stagiaire éditoriale chez le Bord de l'eau, In Press et Med Line et enfin chez Milan de 2016 à 2019 où elle a notamment travaillé sur la traduction de contes et l'adaptation de contes à destination des tout-petits. Elle est ensuite passée chez Bayard au sein du même groupe où elle a assuré en 2020 et 2021 le suivi de production et de réimpression des Petit Ours Brun et la rédaction des argumentaires de vente. Elle est revenue depuis 2022 chez Milan dans le département Éveil et albums où elle assure le suivi de production de livres complexes et d'albums.

La grâce du moment est son premier roman pour la jeunesse mais elle sort aussi parallèlement deux premiers documentaires chez Milan dans la collection Mes docs à jouer, A la plage et A la caserne des pompiers.


Juliette Moraud propose une romance gay “à la française”. Il y a tous les codes du genre du teen' novel, l'apprentissage du héros, sa vie quotidienne avec sa famille d'un côté et ses amis de lycée de l'autre et sa découverte de l'amour. Juliette Moraud y ajoute un thème fréquent dans le roman adolescent actuellement, les troubles de l'humeur et plus particulièrement l'anxiété sociale. La narration à la première personne du singulier permet de pénétrer la psyché du héros et de découvrir toutes ses ruminations avec des phrases sèches, jouant sur les énumérations et les répétitions voire même des répétitions successives de mots pour traduire l'émotion du héros.

Juliette Moraud alterne de manière presque systématique une scène et un souvenir d'enfance du héros. le récit est donc davantage une succession de descriptions de quelques scènes et de quelques portraits : le père dépressif, le garçon aimé, sa soeur, sa meilleure amie etc.

Les scènes décrivent les rencontres entre lycéens, leurs cours, leurs déjeuners à la cantine, leurs fêtes, les nuits d'alcool et de drogue mais surtout leurs discussions à l'infini. La romance est légère, les deux héros se cherchent longtemps et ils mettent évidemment beaucoup de temps à se trouver ; nous pouvions peut-être nous attendre à davantage de grâce.

C'est une nouvelle romance gay, sans beaucoup d'originalité, l'accumulation des motifs habituels - père dépressif, jeune en rupture, trouble de l'humeur etc. - sans traitement particulier ennuie quelque peu. il y a une impression de déjà-vu.


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L'été est gay ou n'est pas dans ma bibliothèque. J'ai lu ce roman un peu par hasard, après avoir bataillé avec mon instinct qui trouvait cette couverture assez ratée et peu engageante, et un titre qui m'attirait quand même.
Grand bien m'en a pris, j'ai beaucoup aimé ma lecture et ce petit goût de sel laissé sur la langue en refermant le roman.

Il y a des livres desquels on se dit, tiens, si je savais écrire j'aurais écris ça exactement ainsi. L'autrice est une adepte des phrases décousues, parfois sans ponctuation, et oui, j'admets, c'est mon point faible en lecture et j'aime cette précipitation, ce petit bazar intérieur.

L'histoire est banale en substance : un ado qui peine à faire le deuil de sa mère, un père paumé, à la recherche désespérée du mode d'emploi de sa propre vie, et une histoire d'amour qui ébranle le personnage principal.
Tout devient un peu magique à condition d'y mettre les formes et j'ai trouvé cela réussi dans ce livre.
La relation un peu drama entre les deux garçons est brouillonne, urgente, rayonnante et on y croit. Oui ils sont imparfaits et manipulateurs parfois et susceptibles et jaloux et et et mais j'ai trouvé dans cette romance tout ce qui fait la sincérité d'un premier amour et de la découverte de sa sexualité.

Achille est un petit coeur anxieux et Nicolas un mec plus perdu qu'il ne veut le laisser croire. L'ensemble sur fond de soirées enfumées de cool kids qui résonneront ou pas chez le.a lecteur.ice.

Un petit regret sur la relation père-fils qui n'évolue pas grandement au fil du récit malgré quelques éclaircies à travers les nuages, qui laissent imaginer des lendemains plus doux pour tous les deux.

C'était, en somme, un joli moment de lecture. Situation conseillée pour s'y atteler : un soir de nouvelle lune où l'insomnie est coriace et la chambre étouffante.

Je finis ici ma première critique sur Babelio, écrite après avoir été un peu surprise des mauvais retours que j'ai pu lire.
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Je viens de finir ce livre et je me retrouve avec ce sentiments assez doux que peuvent laisser parfois les amours connues en cette période sombre et pleine de questionnement qu'est l'adolescence...

Achille, jeune garçon angoissé et en plein deuil doit jongler avec un père qui ne parle pas, une éducation nationale qui n'est pas adapté à ces gens qui ont le malheur de ne pas rentrer dans leur petit moule étriqué et une nouvelle rencontre qui viendra ébranler sont monde déjà en plein bouleversement.

En soi des sujets déjà abordé dans la litté YA ensemble ou séparément certes, mais un traitement que pour ma part j'ai trouvé assez rafraîchissant.
Tout d'abord on évite cet écueil de l'auteur prof de français en lycée qui tente de parler "djeuns" comme ses élèves et qui (inévitablement?) tombe à côté... Et pour ces moments de cringerie épargné, je dis un grand merci à Juliette Moraud.
Ensuite, Achille n'a pas pour seul questionnement la nouvelle rencontre troublante qu'il vient de faire. Car oui un adolescent n'est pas (nécessairement) cet être monomaniaque et nombriliste incapable de faire face à plus d'un problème à la fois !
Et puis, il faut bien le dire, les représentations LGBT ne seront jamais trop nombreuses compte tenu des lacunes dans ce domaine depuis toujours.

En bref un livre que je recommande sans réserve à se procurer dès que possible chez son libraire (indépendant de préférence !).
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Après un début (et légèrement déprimant), la première chose qui m'a frappée, c'est ce style lapidaire, fait de virgules et d'accumulations, qui propose une ambiance, mais a la fâcheuse manie de m'écraser. le malaise d'Achille se traduit par une observation exacerbée de tout ce qui l'entoure, d'un col froissé à une mèche de cheveux, rendant le tout très contemplatif.

Du coup, tu es dans la tête d'un gosse qui souffre, qui sombre, et tu le sais. Moi et mes gros sabots d'insensible, on avait plutôt envie de le secouer, le gars. Sans compter que le fameux rythme saccadé est assez inégal, passant de trente virgules à la ligne à pas de ponctuation du tout. J'ai compris l'idée, mais j'aurais préféré qu'on alterne entre phases d'apaisement avec rythme plus lent, et moments de stress, marqués par ces saccades. Au lieu de quoi j'ai eu l'impression qu'on me balançait un gloubi-boulga déprimant à la figure. En soi, ce n'était pas une lecture désagréable, puisque j'ai terminé le roman. Mais l'ai refermé en me demandant ce qu'on avait essayé de me faire passer, parce que j'y suis restée hermétique... Je ne suis peut-être pas "la cible", mais un bon roman, même sur un sujet qui ne me touche pas particulièrement, aurait dû m'embarquer. Peut-être que je n'y ai simplement pas trouvé ce que j'étais venue y chercher.
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critiques presse (1)
Ricochet
09 novembre 2023
Mené avec rythme et un grand naturel, le roman frappe par son mal-être voire sa noirceur parsemée de touches d’espoir.
Lire la critique sur le site : Ricochet
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Quand la mère d'Achille est tombée, son père a arrêté de se couper les cheveux. Le verbe tomber, c'est le code. Un truc qu'il dit pour éviter la réalité, pendant qu'Achille pense *morte morte morte*.
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