AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,09

sur 433 notes
CHALLENGE PAVES 2014/2015 (10/10)

Magnifique peinture sociale d'une France industrielle qui se meurt.
La première scène de ce livre est très forte. Raussel, petite commune de l'Est, sous un déluge venu du ciel, les ouvriers d'une usine de plasturgie, la Kos, se battent corps et âme pour sauver leur outil de travail de l'inondation. Il y a là toute l'équipe de maintenance emmenée par le chef Lorquin, la cinquantaine triomphante, Rudi, à peine trente ans, l'orphelin à l'enfance tumultueuse, mais aussi Totor, Luc, Serge, Hachemi, Willer, Saïd... Ils réussiront leur pari, l'un deux y laissera même la vie. Deux ans plus tard, une décision du holding allemand qui détient l'entreprise vient rompre le fragile équilibre : pour la sauver, leur dit-on, un plan social est nécessaire. Malgré la grève, ce sont les femmes et les anciens qui vont en faire les frais, dont Lorquin que l'on croyait indétrônable.
Ah oui, je ne vous ai pas parlé des femmes, Dallas, Varda, Micky, Gisèle et les autres ; c'est vrai qu'au début, elles jouent plutôt les seconds rôles.
La Kos ne doit pas disparaitre car avec elle, elle entrainera la mort de la commune, voire de la région. C'est l'escalade dans la violence. Finalement, politiques, élus locaux, syndicats, forces de l'ordre et envoyés du gouvernement écriront ensemble la chronique d'une mort annoncée, sous les yeux des médias et des ouvriers anéantis. L'amour permettra à certains de rester vivants, d'autres n'y survivront pas.

J'ai trouvé ce roman parfaitement réussi. J'avais pu voir, il y a quelques années, son adaptation télévisée qui lui était tout à fait fidèle. J'avais donc le visage de Robinson Stevenin en mémoire, magnifique incarnation de Rudi.
Par moment, au cours de ma lecture, j'ai ressenti le souffle de Zola dans "Germinal", en version moderne. La vision finale du fantôme de la Kos abandonnée laisse un goût amer car malheureusement ce récit fait référence à une triste réalité, celle d'un monde où la valeur financière l'emporte sur les valeurs humaines. J'ai dévoré ce pavé, aux chapitres très courts car tous les protagonistes, hommes ou femmes sont attachants dans leur force comme dans leurs faiblesses. Si je n'accorde pas la note maximale, c'est tout simplement que j'ai trouvé certaines scènes plutôt crues assez déplacées dans cette lutte anticapitaliste. Déplorant aussi le manque de panache du rôle accordé aux femmes (elles soutiennent les grévistes en manifestant de leur côté bien sûr, mais c'est en tapant sur des instruments qu'elles connaissent parfaitement : des casseroles !), toute fierté ravalée, j'accorde cependant un 17/20.
Commenter  J’apprécie          310
quand je suis "rentrée" dans ce livre,j'ai tout de suite pensé à Zola...tellement actuel mais j'ai aimé cette espérance qui régne au coeur de ces "héros"
Une belle fresque sociale où je suis tombée sans pouvoir lacher ce gros "pavé"
Commenter  J’apprécie          10

La Kos, une usine de fabrique plastique, appartenant à un groupe étranger, situé dans le nord de la France, va fermer.
Pas la première, pas la dernière… sacrifiée sur l'autel de la rentabilité, du marché, des actionnaires.
Les ouvriers, » les vivant s », qui ont sauvé leur usine d'une inondation quelques mois avant le plan social, font tout pour la sauver à nouveau et se battent contre « les morts », les patrons.

Oeuvre profondément humaniste.
Commenter  J’apprécie          70
Appâtée par [b:Rue des rigoles|8980305|Rue des rigoles|Gérard Mordillat|http://ecx.images-amazon.com/images/I/41RYTYKDDQL._SL75_.jpg|3971670], j'ai emprunté celui-là du même auteur. Je n'ai pas dépassé le premier tiers, c'était trop cliché et déprimant.
Commenter  J’apprécie          20
C'est la lu-tte fina-le !

Un roman sur la chronique de la mort annoncée d'une usine dans le nord
de la France. Pas franchement gaie.

En revanche, tout le monde fait l'amour sur fond de lutte sociale. À ce moment
la, il n'y a plus de lutte des classes qui tiennent, une fois le pantalon baissé.

Le personnage de Rudi, un écorché vif, au départ fort sympathique devient
vite excessif lorsqu'il cesse de réfléchir.

J'ai également trouvé que Dallas oubliait un peu vite ses enfants chez sa mère,
au point que ceux-ci appellent leur grand-mère "maman". Elle si
indépendante au départ.

Quand à son fils, le "gros toto", on le fait se tenir tranquille bien facilement
avec des gâteaux. Et pour les ouvriers, on leur donne quoi ?

Et puis, malheureusement, les fins sont toutes les mêmes : quand il n'y a
plus de sous, il ne reste que son cul..... À ce propos, Rudy est un exemple
d'ingratitude, j'en faisais des bonds.

L'image que je retiendrai :

Celle de Mme la Ministre s'envoyant en l'air avec le représentant syndical
national.
Commenter  J’apprécie          40
Meilleur que la série TV...

RELECTURE
Ayant été quelque peu déçu par les premiers épisodes de la série TV (en DVD) "Les vivants et les morts", mais plutôt satisfait par le roman "Notre part des ténèbres", j'ai donc relu l'original "Les vivants et les morts" de 2004.
La mécanique de ce long conflit social (les propriétaires d'une société du Nord de la France organisent son démantèlement), de ses origines, de ses implications, de ses débordements, des drames et doutes personnels, du cynisme et de la générosité que l'on voit se déployer tandis que le système capitaliste poursuit inexorablement son chemin compresseur... correspond tout à fait, hélas, à ma propre expérience, et renvoie un profond écho de "vérité". En ce qui concerne l'activité sexuelle débordante d'un grand nombre des acteurs, je ne peux pas en revanche juger du degré de réalisme...
La seconde lecture reste tout à fait captivante, sans les lourdeurs de la série TV...
Commenter  J’apprécie          73
Sous fond de chronique sociale, ce roman décrit un phénomène triste, celui des fermetures d'entreprises qui plongent les salariés dans le dé-sarroi et les met au chomâge.
Très bien, quoiqu'un peu long.
Commenter  J’apprécie          10
Le livre m'est tombé des mains après plusieurs semaines de tentatives et de lutte acharnée pour entrer dans l'histoire... Impossible d'aller au-delà de 150 pages, dommage je pense, mais je retenterai une autre fois...
Commenter  J’apprécie          20
Avec « Les vivants et les morts » , Gérard Mordillat signe une oeuvre ambitieuse, profondément humaniste. Un gros pavé pour dénoncer la lâcheté de patrons voyous, qui n'hésitent pas à mettre sur le carreau des centaines de salariés pour satisfaire leurs actionnaires. A la Kos, la direction justement a décidé de fermer définitivement l'usine qui fait vivre une ville entière. Après l' abattement, l'écoeurement, la révolte gronde et la lutte s'organise. A travers le couple Rudy, Dallas ainsi qu'un bon nombre de personnages attachants ou infâmes, Mordillat décrit avec une grande justesse, cette fronde sans merci que vont livrer les salariés face une direction aussi lâche qu'invisible. Mordillat, artiste engagé renoue avec un genre, le roman social avec force et passion. Il montre avec justesse les dégâts directs mais aussi les dommages collatéraux (la vie de couple, les enfants, le lien social, les crédits à rembourser, les tensions qui apparaissent entre salariés etc ... ). Ces nombreux personnages donnent un souffle et un rythme remarquable à son récit. Un roman que l'on ne lâche pas et que l'on quitte à regret.
Mordillat a adapté son roman pour le petit écran. Il a la même puissance que son bouquin.

Commenter  J’apprécie          561
Lopez, délégué CGT à Monsieur le Préfet :

"Aujourd'hui c'est à la mode de dénigrer la Révolution, d'y voir la préfiguration de tous les totalitarismes. La Révolution ce ne serait que la Terreur. Mais vous savez ce qui a déclenché la Terreur ? Deux choses : la peur de voir les droits de l'homme disparaitre dans l'eau du bain ou Marat était mort et la peur de voir l'oeuvre de la Révolution réduite à néant. le Terreur c'est la réponse à une peur immense. La peur, l'effroi du peuple..."
La Kos, une usine de fabrique plastique, dans le nord de la France va fermer. Pas la première, pas la dernière, sacrifiée sur l'autel de la rentabilité, du marché, des actionnaires. Les ouvriers, qui ont sauvé leur usine d'une inondation quelques mois avant le plan social, sont priés d'accepter leur liquidation, et sans broncher, sans se révolter, sans penser. Circulez, y'a rien à voir, rien à faire ! Entrez donc en cellule de reclassement, devenez des ombres, ou des morts.

Sauf qu'à la Kos, on décide de ne pas se laisser piétiner sans dire que ça pique ; à la Kos, il y a des femmes, des hommes, des vivants, qui ne sont pas dupes du cinéma qu'on est en train de leur jouer. Et qui vont résister ! Manifestation, refus d'obéir, refus de se soumettre à la loi du capitalisme ultralibéral.

Gérard Mordillat - exceptionnel artiste engagé - déroule son histoire inéluctable en six cents pages, de luttes, de combat, de colère et d'injustice.
Un roman réaliste du XXI ème siècle, avec mondialisation, cynisme des dirigeants, rapacité des actionnaires, montage bidon de sociétés...
Des personnages symboles voient le jour dans ce "livre-vie" : Rudi, Dallas, Lorquin, des héros de la résistance quotidienne... Des personnages écrasés, qui se relèvent par le combat.

Lorquin, le héros du sauvetage de la Kos, à Rudi, celui qui va porter le combat :

"Regarde-toi dans une glace et demande-toi si tu es un homme libre. Un, tu n'as rien à toi : ta maison, elle est à la banque ; le jour où il ferme le robinet, t'es à la rue. Deux, en théorie, tu peux aller où bon te semble, en réalité, comme t'as pas un sou devant toi, t'es bien obligé de rester là où tu es ! Je ne te demande pas où tu vas en vacances, je connais la réponse : tu restes là, t'es assigné à résidence. Trois, tu travailles pour gagner tout juste ce qui te permet de survivre, rien de plus. Et si tu t'avises de te plaindre, le peu que tu as on te l'enlève, pour t'apprendre les bonnes manières. Alors tu le fermes, parce que ta baraque, ta femme, tes gosses... Alors d'accord, t'es pas fouetté, t'es pas vendu sur le marché, t'as le droit de vote et le droit d'écrire dans le courrier de lecteurs de la Voix que tu n'es pas d'accord avec ce qui t'arrive, t'as la liberté d'expression ! Quelle liberté ? Tu sais bien que si tu écrivais une lettre pour dire vraiment ce que tu penses et si tu l'envoyais, ce serait comme si tu rédigeais publiquement ta fiche d'inscription à l'ANPE. Crois-moi : si tu veux bien regarder de près, ta vie ne vaut pas un pet de lapin, tu ne comptes pour rien, t'es un "opérateur" de production comme ils disent, quelque chose entre l'animal de trait et la pièce mécanique..."

Le livre, dans son déroulement implacable, enrage, désole, pour finalement nous pousser au combat, à la révolte juste ; comme Dallas, la femme de Rudi, qui après avoir perdu son boulot, parce que trop jeune, femme, supposée écraser, va porter la contestation plus haut que quiconque aurait penser ; qu'elle même le croyait, et ainsi se révéler :

"Le vent se lève, des petites risées bienveues dans la tiédeur de l'air. Dallas se remet en marche mais ce n'est plus la même. Elle n'est plus la cervelle de moineau, la majorette à la poitrine guerrière, la sirène d'or des concours de plage. Elle n'est plus la chômeuse à vingt ans, la torcheuse d'enfants, la femme de ménage des familles bourgeoises ni la serveuse en extra au Cardinal. Elle n'est plus la pisseuse, la suceuse, la baiseuse et tous les noms pourris qu'on lui a jeté au visage. Elle n'est plus la fille d'Henri, ni la soeur de Frank, ni la femme de Rudi. Elle n'est plus la bonne à rien faire, celle qui compte pour pas grand chose, la cinquième roue du carrosse. Elle est Dallas. Elle est quelqu'un."
Lien : http://landibiblog.over-blog..
Commenter  J’apprécie          50




Lecteurs (953) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Amants de la Littérature

Grâce à Shakespeare, ils sont certainement les plus célèbres, les plus appréciés et les plus ancrés dans les mémoires depuis des siècles...

Hercule Poirot & Miss Marple
Pyrame & Thisbé
Roméo & Juliette
Sherlock Holmes & John Watson

10 questions
5294 lecteurs ont répondu
Thèmes : amants , amour , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}