Le miracle, n'est-ce pas la vie qui renaît, envers et contre tout, lorsqu'on n'attend plus rien d'elle ?
Il n'y a que la maladie d'amour pour provoquer un aussi bel élan ... A présent, il te faudra écrire le deuxième mouvement, l'allegro, un mouvement rapide, enjoué, vif, guilleret qui sera pour toi une consolation, et qui t'aidera à retrouver la joie de vivre.
J’ai ouvert ma fenêtre car j’étouffe dans cette chambre. J’ai regardé du côté du soleil qui baissait : les rayons de l’astre rougissant avec une délicatesse infinie, le toit des palais vénitiens qui sont mon unique perspective depuis l’enfance. Le miroir du canal scintille comme un brasier, tandis que le petit
pont en dos d’âne se découpe à contre-jour. De l’autre côté, la surface de l’eau verdâtre monte en vapeur et se confond déjà avec l’humidité du ciel. Je contemple le firmament, à présent d’un bleu profond, qui se dilue entre chien et loup. Je pense à la Sérénissime, au chatoiement de ses nuits de carnaval,
aux après-midi fébriles de sa foule costumée. Une dernière nostalgie me monte à la gorge : en fermant les yeux, je revois le calme horizon de mon enfance, la lagune s’étendant jusqu’à la mer, où je rêvais d’une vie dédiée tout entière à la musique.
C'est en décembre 1720 que Floriano Francesconi a inauguré son célèbre café sous le nom de Venezia Trionfante. Un endroit magnifique, stratégique, sous les arcades des procuraties de la place Saint-Marc, avec vue sur la basilique et le campanile. Il est l'ami de tous les notables de Venise. Les clients ont très vite rebaptisé l'établissement par le nom de son propriétaire : Caffè Florian. Depuis, tout le monde le nomme ainsi.
Au commencement du monde, le silence. Puis vient l'harmonie, source de la musique.
Le miracle n'est ce pas la vie qui renaît, envers et contre tout, lorsqu'on n'attend plus rien d'elle ?
Kevin sentait que c'était tout un pan d'histoire ouvrière qui disparaissait derrière le modernisme rutilant. Cette histoire qui avait vu tant de misère et de sueur s'effaçait doucement. Qui se souviendrait des sidérurgistes harassés quittant l'usine avant la pause de nuit, dans les rues grises de son enfance ? Qui aurait encore dans les oreilles le son lugubre des sirènes annonçant un accident de laminoir ? Qui entendrait résonner les pas des grévistes sur les pavés descellés et les slogans scandés derrière les drapeaux rouges ? Ces choses qui lui avaient semblé jadis révoltantes appartenaient déjà au passé et lui apparaissaient nimbées d'une aura romantique, comme sur les affiches fin de siècle.
L'instant présent s'est imposé en tyran et je ne sais comment échapper à sa torture.
" Au commencement du monde , le silence.
Puis vient l'harmonie, source de la musique ."
Vivre la musique empêche de mourir.