Captivants comme confidences artistiques, ces morceaux sans prétention deviennent autant de pages d’histoire grâce aux noms écrits en tête du plus grand nombre d’entre eux. Car ces légendes ne sont pas, comme celles qu’on rencontre trop souvent ailleurs, des additions plus ou moins modernes, dénuées d’autorité. L’écriture, bien du temps, témoigne d'une identification à peu près contemporaine des personnages représentés. Ces authentiques images d’une époque lointaine s’échelonnent sur un demi-siècle environ, du règne de Louis XII à celui de Charles IX. Très peu dépassent les premières années de celui-ci. Mais quand et par qui donc ont-elles été annotées? 11 appartenait à ces annotations elles-mêmes de nous faire connaître leur provenance et de nous instruire sur la formation de cette collection de la première heure.
Commencée par six acquisitions à la vente Utterson, à Londres, en 1867 enrichie à différentes reprises et, notamment, de vingt-sept pièces provenant d’Alexandre Lenoir, que le duc de Sutherland céda en 1876 à M. le duc d’Aumale, la collection de crayons en deux couleurs du Musée Condé doit son importance surtout au riche fonds acheté de lord Carlisle en 1890. Le nombre de ces derniers portraits, conservés à Castle-Howard, dans le Yorkshire, depuis la fin du XVIIIe siècle ou le commencement du XIXe, était de trois cent onze. Comment et depuis quand ces précieuses reliques de notre passé national étaient-elles en Angleterre? Nul ne le sait. Mais, quelles qu’aient été les péripéties de leur destinée à travers les âges, leur rassemblement date de fort loin et remonte au siècle même où ces œuvres ont vu le jour.