Dans la voiture qui les conduit vers son ami d'enfance qui vient tout juste de sortir de prison, Giuliano, accompagné de son neveu Andrea, fait route le long de la côte. Ce dernier, avide de connaître le passé de son oncle, lui pose des questions sur son enfance, ses amis mais aussi sur les raisons de l'incarcération de Valerio. le petit garçon lui demande alors si tous ses amis sont devenus délinquants. Giuliano confirme mais souligne que son copain était innocent. C'est alors qu'il lui raconte le destin de ce pauvre gamin... Lorsqu'ils étaient gosses, ils traînaient souvent dans les rues de la ville. Valerio était le plus calme d'entre eux. Alors qu'une politique anti-terroriste était mise en place, deux nouveaux policiers sont arrivés. Sans raison apparente, ils ont commencé à s'en prendre à la bande. Peut-être juste pour s'amuser ou faire passer le temps. Toujours est-il que depuis le jour où Valerio a passé une nuit en garde à vue, il n'a plus été le même. Un couteau au fond de son jean, l'esprit vengeur et bagarreur, il s'en prend à tout le monde...
Gipi signe un premier opus sombre dans une Italie corrompue et en proie au terrorisme. le regard naïf et innocent que l'enfant porte sur les malheurs d'autrefois apporte une certaine légèreté mais n'enlève en rien le côté tragique et noir de cette histoire. Giuliano transpose les faits à son neveu tels qu'il se les rappelle et ne comprend peut-être qu'aujourd'hui ce qui a pu arriver à son ami. le lien qui se noue entre l'oncle et le neveu n'en est que renforcé grâce à ces confidences. L'auteur suggère plus qu'il ne dévoile.
Gipi réalise un travail remarquable en distinguant parfaitement les deux époques. D'un côté, l'on retrouve un trait fin, des planches épurées en noir et blanc lorsque Giuliano évoque son passé. de l'autre côté, le trait de
Gipi est plus affirmé et les planches en bichromie sont de toute beauté. le silence apaisant se veut empreint de liberté.
Baci dalla provincia, Les innocents...je plaide coupable...