Oui, si l'on nous apprenait à aimer la Beauté, sous toutes ses formes, les plus humbles et les plus simples, au lieu de s'en tenir à ses manifestations traditionnelles ; si l'on nous mettait à même de ! la découvrir partout où elle se trouve, — et elle réside, on peut l'affirmer, en bien des lieux, en ben des choses que nous ne soupçonnons point; si, par une éducation lente et large des sens et de l'esprit, on nous préparait à la ressentir plutôt qu'à la comprendre, à jouir d'elle plu loi qu'à l'analyser, en vérité le temps nous serait plus doux.
Quand Morris prononçait l'admirable parole que je vous citais, il n'y a qu'un instant : « L'art doit être fait pour le peuple, et par le peuple, » il avait raison et il avait tort tout à la fois. S'il est vrai, en effet, qu'en une époque démocratique, les arts mineurs, les arts appliqués, si vous préférez, n'ont de raison d'être que s'ils s'adressent à la majorité — et remarquez que c'a toujours été leur but, — il n'est pas moins incontestable qu'aucun état social ne peut être plus nuisible à leur épanouissement que l'état de démocratie, tel que nous l'entendons aujourd'hui.
Je connais, de longtemps déjà, ces arguments, le dernier surtout qui, dans sa force apparente, est le plus faible de tous et le plus maladroit. Car, nul ne peut le nier, c'est de l'imitation de l'Angleterre, plus que d'un désir intime et profond de substituer de nouvelles formes décoratives aux anciennes, qu'a germé le mouvement actuel.
Mauvais point de départ!
Il est, en effet, une science que nos éducateurs ne se soucient pas assez d'enseigner, ou plutôt, ne savent pas enseigner; et il faut le regretter, car je suis sûr que la vie nous serait moins douloureuse et moins lourde, si nous la possédions,