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EAN : 9782021545876
352 pages
Seuil (03/05/2024)
3.67/5   18 notes
Résumé :
En 2010, Lisa revient en France sur les traces de son passé, après avoir vécu plus de soixante ans en Slovénie. Dans l’avion qui la conduit à Paris, la vieille dame fragile est aidée par Évelyne, qui l’accueille chez elle, avec son mari et sa fille. Les deux femmes se lient d’affection.

Solitaire et secrète, Lisa est peu à peu amenée à livrer le récit de son enfance dans les années 1930 à Dijon, sa ville natale. Un bonheur tranquille au sein d’une fam... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Une histoire enveloppée d'un tissu velours apportant moelleux et douceur à sa lecture.

Si je devais choisir une couleur à ce tissu pour emballer le cadeau qu'il contient, j'opterais pour le vert, symbole d'espoir et de renaissance, d'abord parce qu'il colore parfaitement l'histoire de Lisa ensuite parce qu'il renvoie à cette belle couverture aux couleurs délicatement dégradées. Vous-a-t-elle tapé dans l'oeil à vous aussi ? Car elle m'a séduite d'emblée lorsque j'ai reçu le mail de @deborahbabelio me proposant de participer à cette MC privilégiée. Mes yeux ont tenté de percer l'énigme de la 1ère de couverture, un jeu auquel je me livre bien souvent. Tel un enquêteur, je relève les indices qui m'amènent sur une ou plusieurs pistes, puis je lis la 4e dont le résumé confirme ou non mes pistes, je réajuste éventuellement en fonction de ces nouveaux éléments. Puis je découvre le roman et je reviens vers cette couverture en fin de lecture pour y vérifier la bonne adéquation entre couverture et contenu. Et dans le cas présent, tout est parfaitement « raccord », autant le titre que les éléments qu'on relève ainsi que le résumé de la quatrième. Voilà une couv' élaborée avec grand soin, comme je les aime.

J'ai trouvé cette lecture tentante, j'ai donc postulé dans le cadre de cette opération. Une première, je m'étais pourtant dit que je ne ferais pas cela en raison des contraintes que cela peut entraîner... Comme quoi, ne jamais dire jamais ! Et alors ? Grand bien m'en a pris car j'ai découvert une très jolie plume, sensible, délicate. J'imagine que la personne qui tient cette plume fait preuve d'une grande douceur et d'une empathie hors pair en plus d'être une fabuleuse conteuse. Il s'agit du premier roman de Rachel Mourier qui s'appuie sur de nombreuses recherches documentaires.
Un ouvrage abouti, écrit avec grand soin. le récit foisonnant de Lisa est émouvant.

Elle raconte son histoire entre son enfance, sa famille, ses deux amours, sa déportation, sa « reconstruction par omission », son retour aux sources. J'ai trouvé la trame narrative intéressante, en grande partie sous la forme d'entretiens ayant pour but de libérer sa parole, pour placer des mots sur tout ce qu'elle a enfoui au fond d'elle-même, ce grand traumatisme des survivants de la Shoah. le récit alterne entre présent et passé, impulsant une belle dynamique à la lecture tout en permettant de digérer les passages marqués au fer dans la mémoire de ces survivants.
J'ai découvert de nouvelles atrocités, bien réelles. J'ai pourtant déjà beaucoup lu sur cette seconde guerre mondiale et la Shoah, mais j'en ai encore appris, c'en est sidérant... Bien que fictif, j'ai trouvé le récit de sa déportation d'autant plus captivant qu'il s'appuie sur des témoignages recueillis par l'auteure. Rachel Mourier écrit dans sa note de fin d'ouvrage : « Les anciens déportés, dont j'ai écouté et regardé des dizaines d'heures de témoignages, en plusieurs langues, constituent la source primaire de ce roman. Leurs voix m'ont accompagnée tout au long de sa rédaction. »
C'est la partie de l'ouvrage que j'ai trouvée la plus intense, bien qu'écrite avec délicatesse. Les plus sensibles des lecteurs pourront lire ce livre sans souci, les atrocités sont racontées avec la plus grande douceur possible. Un emballage en velours vous disais-je en introduction de mon ressenti.

Ce livre est décomposé en trois parties idéalement résumées par la 4e. En terme d'intensité, (je vais prendre l'image de la marche) il m'a fait penser à une randonnée de niveau assez facile, avec un long départ sur du plat où l'on s'échauffe tout en visualisant le décor suivi d'un petit dénivelé où le coeur palpite, où l'on se concentre sur ses pas et le tracé du chemin puis une fin en longue descente douce, toute douce. J'ai trouvé cette dernière partie pétrie d'un tas de bons sentiments. Trop douce pour moi qui aime plutôt être bousculée dans mes lectures, mais ceci est strictement personnel et n'a rien à voir avec les qualités de l'ouvrage.
Le parcours de randonnée a été agrémenté d'un tas de fleurs, il est aussi foisonnant que le récit de Lisa. Car elle nous entraîne aussi bien dans l'atelier d'une chapellerie de son enfance qu'auprès de son grand-père entomologiste avec lequel elle développera l'art du dessin détaillé des insectes ou encore auprès de son père qui lui enseignera l'art de déclamer bon nombre de poèmes allemands. Mais le récit foisonne de mille autres choses encore, c'est riche de connaissances car il ouvre des portes sur un tas d'informations que j'ai creusées par des recherches sur le net. Foisonnant à souhait pour qui aime qu'un tas d'éléments viennent percuter le cerveau, comme une partie de flipper ! Mais parfois cela fait « tilt, game over » d'avoir trop secoué la machine ! Trop d'informations peut-être en ce qui me concerne.

Ce roman m'a fait passer un bon moment de lecture, c'est une belle découverte offerte par Babelio et les éditions Seuil. Merci de m'avoir sélectionnée dans le cadre de cette opération MC privilégiée ! Un privilège que j'ai apprécié, le fait de lire un roman en avant-première, vierge de tout commentaire, est stimulant.

Pour finir, pourquoi ce titre, « Petite Lisa » ? Qui est-elle cette petite Lisa ? Héhé, allez-le découvrir par vous-mêmes :-)
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Quand la fiction transcende la réalité historique...
Lisa Vidmar prend l'avion pour la première fois afin de se rendre de Slovénie où elle est apicultrice, en France. Evelyne, hôtesse de l'air sur ce même vol, effectue sa dernière mission avant de prendre sa retraite. Les deux femmes arrivées chacune à la fin d'une histoire qui leur est personnelle, vont se lier d'amitié et Lisa va livrer son histoire qui l'a emportée jusqu'à Auschwitz...
On pourrait penser que c'est un énième témoignage sur la Shoah et se dire que l'on commence à en connaître un rayon sur la question, ce serait une erreur. D'abord parce qu'il est toujours bon de revenir sur le plus grand désastre du XXe siècle afin d'entretenir le souvenir de ce que l'homme peut faire de plus ignominieux, qu'il a l'imagination pour repousser toujours plus loin les frontières de l'horreur, et surtout que « Petite Lisa » est avant tout un roman, une fiction basée sur des faits hélas réels. Enfin que nous aurions pu être cette Lisa si la vie en avait décidé ainsi, si nous étions nés à cette époque, au mauvais endroit, sans les caractéristiques du « bon aryen »...
« Petite Lisa » est un personnage inventé par Rachel Mourier mais elle porte en elle l'histoire de centaines de milliers de « Petite Lisa » qui ont réellement existées.
A partir d'un laborieux travail de documentation, Rachel Mounier construit sa fiction avec les éléments historiques qui offrent à son récit toute la crédibilité nécessaire pour faire de ce roman un épisode de ce que l'humanité a laissé de plus ignoble en héritage à la postérité : l'extermination scientifique, politique et administrative de millions de ses semblables.
L'auteure amène son sujet principal avec beaucoup d'adresse. On est immédiatement emporté par la tragédie de cette femme qui nous est chère. Rachel Mourier sait nous prendre par les sentiments, et comment pourrait-il en être autrement ? Elle est une conteuse merveilleuse et son récit reste vraisemblable sans jamais tomber dans la mièvrerie.
Merci à babelio et aux éditions du Seuil pour la découverte de cette auteure et de son premier roman dans le cadre d'une masse critique privilégiée. C'est une histoire qui ne laissera personne indifférent et dont le souvenir résonnera longtemps tant elle prend aux tripes et ne vous lâche plus.
Je recommande vivement cette lecture !
Editions du Seuil, 344 pages.
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Ouvrage reçu lors d'une opération Masse critique privilégie, je tiens tout d'abord à remercier babelio ainsi que les éditions du Seuil pour l'envoi de ce dernier.

C'est d'abord la couverture qui 'a tapée dans l'oeil et même si l'on croit y décerner quelque chose de beau avec cette libellule et ce beau bleu, l'on distingue en fond un bâtiment qui ne laisse rien préfigure de joyeux et en lisant la quatrième de couverture avant de postuler pour cette opération, j'ai su que je ne me trompais pas et pourtant. A quoi cela sert de lire encore et encore des ouvrages sur la Shoah, sur toutes les souffrance que les IIIe Reich a fait subir aux juifs, aux tziganes, aux handicapés mentaux et autres me direz-vous, bref tous ceux qui étaient hors norme et ne correspondaient pas à la race aryenne ? Tout simplement, pour ne pas oublier, pour en savoir davantage, pour découvrir, il est vrai, chaque fois, de nouvelles atrocités que les hommes, femmes et enfants ont dû endurer et surtout pour se dire plus jamais cela. Malheureusement, l'on voit bien que l'Homme en tant qu'être humain (si l'on peut qualifier les bourreaux ou tous ceux qui cautionnent ce genre d'actes ou du moins, ferment les yeux), si il ne tire pas des leçons de son Histoire et ne réitère effectivement pas les erreurs du passé, est capable de faire autrement et ce, pas dans le bon sens du terme ! A la question philosophique "L'Histoire est-elle un éternel recommencement ?" Pour moi, et je le déplore (et désolée si certains me trouvent pessimiste, moi je me considère juste comme étant réaliste), je répondrai que Oui.

Plongeons-nous dans l'histoire, celle de Petite Lisa cette fois-ci. C'est à bord d'un avion qui devait la ramener sur les traces de son passé, en France, que Lisa, maintenant devenue une vieille dame, fait la connaissance d'Evelyne, hôtesse de l'air qui effectue son dernier vol précisément ce jour-là. Voyant que Lisa ne se sent pas bien, elle va la prendre sous son aile et finalement sympathiser avec elle. Cependant, elle est loin de ce qu'elle va découvrir du passé de "Petite Lisa", comme elle se plaira à s'appeler elle-même pour décrire du mieux qu'elle peut toues les atrocités qu'elle a enduré, non seulement elle mais toutes les autres femmes qui se trouvaient au Block 10 à Auschwitz à un moment où il ne fallait pas s'y trouver vous l'aurez bien compris. Quant à sa soeur Laure et à son père, tous deux ont été éliminés dès leur entrée au camp (du moins, c'est ce que Lisa a toujours cru). En racontant l'indicible, en faisant resurgir de sa mémoire ses pires cauchemars (pourtant bien réels), Lisa va apporter une nouvelle preuve de la cruauté humaine, de ces hommes qui, en voulant servir leur Führer, ont accompli les pires atrocités qui soient.

Un roman très bien écrit, extrêmement émouvant mai ô combien dur (difficile de ressortir indemne après une telle lecture) - c'est d'ailleurs la raison pour laquelle je ne l'ai pas lu d'une traite mais ai lu quelques ouvrages beaucoup plus légers entre temps mais que je ne peux que vivement vous recommander, même si j'ai trouvé qu'il y avait parfois certaines longueurs d'où le fait que je n'ai pas mis la note maximale à ce dernier mais cela ne concerne que mon avis personnel). Je vous laisse libres juges mais puis vous assurer que vous ne serez pas déçus. D'ailleurs, pour un premier roman, moi, je tire ma révérence à l'auteure, d'autant plus qu'elle ne s'est pas attaqué à un sujet facile et qu'elle a du énormément se documenter pour cela mais l'on n'en sait jamais assez et sans cesse, pour peu que l'on s'y intéresse, en consultant les témoignages des rescapés, nous pouvons en apprendre davantage pour peu que l'on ait le coeur bien accroché !
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Évelyne, hôtesse de l'air , fait la connaissance , lors de son dernier vol avant la retraite , d'une vieille dame Lisa Vidmar arrivant de Slovénie .
Lisa est apeurée à l'idée de revenir en France et Évelyne, sentant la détresse de cette femme que personne n'attend à l'arrivée à Paris, la prend en charge chez elle .

Peu à peu , Lisa se confie .

Née à Dijon en 1924, elle y a passé une enfance heureuse entre un grand père entomologiste, un père féru de poésie germanique , une mère chapelière et un petite soeur Laure .

La famille est juive non pratiquante et le bonheur fait place à l'inquiétude puis s'écroule subitement lors de l'arrestation du père .

Lisa dévoile enfin son histoire , sa déportation à Auschwitz et les traitements atroces qu'elle a subi en tant que sujet d'expérimentation au block 10 dans le cadre de l'étude de la stérilisation de masse des femmes .

Un sujet que je connaissais déjà ainsi que celui évoqué sur l'extermination des malades mentaux et des handicapés.

Rachel Mourrier a réussi entre le récit terrible de Petite Lisa à créer un cocon de douceur entre l'évocation de l'atmosphère vieillotte et rassurante du magasin de chapeaux, les dessins des insectes et les vers de Goethe et de Schiller puis la bienveillance des personnes entourant la vieille dame.

J'ai moins aimé la fin du roman, trop "romanesque" à mon goût , mais ce n'est que mon avis ...

Un roman à conseiller sans limites aux lecteurs les plus jeunes sans doute moins sensibilisés à toutes ces abominations pour ne pas oublier et ne pas les reproduire . On a bien besoin de rappels malheureusement aujourd'hui .

Je remercie Masse Critique privilégiée et les Éditions du Seuil pour cette belle et sensible lecture.
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Que les temps sont tristes et l'histoire aussi. Un récit au présent comme éternel recommencement de l'intolérance et l'incompréhension qui détruisent.

« La Petite Lisa » a beau s'habiller d'émeraude, de musique, de littérature et de poésie, les chemins du passé mènent tout droit vers l'horreur d'Auschwitz là où on extermine, on déshumanise et où l'on fait subir des expérimentations répugnantes à ceux que l'on considère comme nuisibles. Personne n'est jamais revenu des camps car même les survivants y ont laissé un morceau d'âme.

Pour Lisa, aujourd'hui, de retour en France à la recherche de ses racines, le voyage dans le temps sera à la fois nostalgique et brutal. Car « Petite Lisa » telle une somptueuse libellule s'est envolée depuis longtemps, se protégeant des pires meurtrissures, énumérant pour calmer ses angoisses. Mais « Les mots sont plus forts que les nombres ». Accompagnée pour partager son histoire, elle pourra peut-être enfin s'apaiser.

Dans ce roman, c'est précisément l'importance de la parole qui domine, celle qui permet de transmettre, d'accomplir un devoir de mémoire et de reconstruire une histoire individuelle mais aussi commune. Même si Rachel Mourier accompagne ce récit dramatique de trop de douceur à mon goût, j'ai agréablement été surprise par sa qualité d'écriture et par les nombreuses références littéraires. J'ai par contre appris beaucoup plus sur les expérimentations dans les camps dans le livre « Le lilas ne refleurit qu'après un hiver rigoureux ».
Ce roman reçu dans le cadre d'une masse critique reste cependant une jolie première réussite.

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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
"Puis elle se met à discourir sur l'avancée de l'âge qui chez certains s'accompagne parfois d'oublis et d'états de confusion passagers. Elle parle de paliers, du surgissement de l'incohérence spatiale et temporelle, de pertes de capacités de plus en plus importantes...
Lisa comprend et l'interrompt : n'aurait-elle pas elle-même préféré avoir une mémoire sans souvenirs plutôt qu'une mémoire sans oublis ?"
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"Au début des années 2000, j'ai participé à une mission internationale sur les "voix de la Shoah" que menait un collègue israélien, par ailleurs passionné de plongée. Il comparait toujours le processus de témoignage à une exploration sous-marine : il faut "égaliser" la pression avant de descendre vers les profondeurs mémorielles et "égaliser" à nouveau avant de remonter en surface."
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.....Muriel, voici le dessin d'un Chelifer cancroïdes, qui aime vivre entre les pages des vieux livres. Comme vous-même aimez flâner chez les bouquinistes....p299
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"Atténuer ou taire le récit d'actes cruels dont on a été le témoin est fréquent chez les déportés. Pensez à l'inventaire qu'elle a fait des instruments chirurgicaux : elle ne dit rien de leur usage mais elle a besoin de les nommer. C'est déjà une manière d'évoquer l'indicible."
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"Elle ne pense pas du tout qu'Eichmann puisse être disculpé. Mais elle s'attache à démontrer que des milliers de gens ordinaires ont participé au système, en organisant ou en commettant des actes d'une cruauté paroxystique qui leur semblaient pourtant anodins. En fait, elle questionne la responsabilité individuelle, tout en essayant de comprendre comment elle s'inscrit dans un tout."
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