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EAN : 9791092559002
TBE-Atelier du Scorpion brun (26/03/2013)
4/5   1 notes
Résumé :
De 1984 à 1990, l'auteur, nommé à la direction d'une école à 5 classes d'une commune rurbaine de la vallée de la Basse Seine, a exercé ses fonctions sans cesser d'enseigner. Il a connu les profondes mutations qui ont affecté l'école primaire au cours de l'ère Mitterrand, de l'échec de Savary aux bouleversements modernistes de Joël Jospin, en passant par Chevènement et son Informatique pour tous.
A travers ces mémoires on partage rétrospectivement la vie d'un... >Voir plus
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Avant-propos
J’ai définitivement quitté la blouse du maître le samedi 30 juin 1990. Elle pendait encore au porte-manteau proche du tableau de ma classe mais je ne la portais plus depuis des mois. (...)
C’était l'époque où s’édifiait une nouvelle école sur les ruines de celle de Jules Ferry, l’année de l’apothéose de Lionel Jospin au ministère de l'Éducation Nationale, celle de sa fameuse réforme destinée à mettre « l'élève au centre » et de la transformation des instituteurs en « professeurs d’école ». On m’avait proposé de prolonger d'un an mon temps de « maître-directeur » chargé de classe pour accéder au nouveau corps. Exaspéré par la bureaucratisation de la fonction et par la multiplication des nouvelles tâches, j’avais refusé la proposition. Maître d’école j’avais été, maître d'école je tenais à rester. Ultime survivant d'une espèce en voie de disparition, au moment ou l’âge me libérait des astreintes —et des joies— d’une profession à laquelle j’étais venu par déterminisme social plus que par « vocation », je ne tenais pas à la prolonger dans de nouvelles conditions.
Au terme de ce qu’on appelle une « carrière », entièrement consacrée à l'enseignement à des enfants de 8 à 14 ans, j'avais vu se télescoper bien des « vérités » pédagogiques trop souvent circonstancielles et se succéder bien des réformes qui devaient toutes, d’une manière ou d’une autre, démocratiser l’école et éradiquer l’échec scolaire... Soucieux de répondre au mieux aux attentes de mon public populaire, en banlieue comme en campagne, je n’avais pas l’impression d’avoir dérogé —même si j’avais pu passer pour un « gaveur d'oies » aux yeux de certains qui ne m'avaient jamais vu travailler ! J’en veux pour preuve, aujourd'hui, les témoignages de sympathie, de reconnaissance ou de complicité que m’ap-portent encore régulièrement mes anciens élèves et leurs familles. Ce qui n’est pas toujours sans me gêner quand on compare devant moi les mérites des diplodocus que nous fûmes, mon épouse et moi, dans la même petite école de campagne pendant plus de vingt ans, à ceux jugés moindres de trop de nos successeurs... Pas facile alors de faire comprendre que le monde ayant changé, l'école et les enseignants ne pouvaient pas être restés à l’écart du mouvement général.
S’il n'y a pas lieu de surestimer les maîtres d’autrefois, parmi lesquels il serait facile de trouver de piètres pédagogues, il ne convient pas non plus les dévaluer. Quant aux nouveaux professeurs d'école, leur savoir universitaire tout neuf ne devait pas suffire à les faire reconnaître par leur public : comme leurs aînés, c’était sur le terrain qu'ils allaient devoir faire leurs preuves, et ce ne devaient pas être les approfondissements disciplinaires les plus pointus qui allaient mieux les préparer. On pouvait seulement souhaiter que les réformateurs du moment ne leur savonnent pas trop la planche. Ce qui était loin d’être acquis, à en juger par l’irresponsabilité et la confusion dans lesquelles on avait commencé d’appliquer la loi d’orientation.
On ne croit plus guère au progrès sur le chemin de l'école et l’on aurait plutôt tendance à se bercer de nostalgies d’un âge d’or qui n’a jamais existé. (...) Je souhaitais aux enseignants d’alors (...) de retrouver ces enthousiasmes féconds qui permirent parfois aux vieux maîtres et à leurs élèves de croire qu'ils travaillaient à leur émancipation.
J’avais passé six ans à l’école de Yainville. Six ans à enseigner au Cours Moyen et à assurer la direction de cette petite école à cinq classes. Six ans sous la houlette des ministres Savary, Chevènement, Monory et Jospin. J’aurais pu partir en novembre, dès mes 55 ans, mais je ne voulais pas abandonner la promotion d’élèves que je suivais depuis le CM1. J’étais resté à mon poste jusqu’à la fin de l’année scolaire. Ma dernière classe n’eut pas la solennité de celle du maître alsacien de 1871 que narre Alphonse Daudet. (...) Après une rapide distribution des prix à la salle des fêtes, parents et élèves s’étaient regroupés dans notre cour pour une amicale cérémonie d’adieux. Il faisait beau. On m’apporta quelques fleurs et cadeaux dont une magnifique station météo de salon que je consulte encore chaque jour dans ma salle de séjour... Et puis l’on s’était séparé : « Bonnes vacances, M’sieu ! Bonne retraite ! —Bonnes vacances les enfants ! »...
Ce n’est qu’un peu plus tard que je prendrais conscience que ma carrière était finie et que s’ouvrait un autre chapitre de ma vie.
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