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EAN : 978B0000DR8RA
Grasset (30/11/-1)
4.5/5   2 notes
Résumé :
"Quand le temps travaillait pour nous" est un récit de guerre de Paul Mousset publié en 1941 aux éditions Grasset et ayant reçu le prix Renaudot la même année.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce récit autobiographique valut à Paul MOUSSET, le prix Renaudot 1941. Incarné sous les traits du Lieutenant RIGNY, l'auteur décrit sa mobilisation de l'automne 1939 à l'été suivant.

C'est une tragédie en cinq actes qui débute sur la frontière Est, près de Toul, au sein d'un régiment recruté chez les « ch'tis », sous équipé mais plein de bonne volonté. le pouvoir martèle « le Temps travaille pour nous. Étant les plus riches, nous sommes les plus forts. Et étant les plus forts, nous serons victorieux ». le lecteur retrouve les impressions peintes par Armand LANOUX dans « Le Commandant WATRIN ».

RIGNY, diplômé de Harvard, parfaitement bilingue, est muté au front nord-ouest, auprès de la Mission Française de Liaison avec les troupes anglaises. A cinq heures, cérémonial quotidien du thé : « Il convient que les traditions soient respectées ». le lecteur revit confortablement , une guerre plus loin, « Les silences du colonel Bramble » ou les « Les discours et nouveaux discours du Dr O'Grady ».

Le 10 mai 1940, changement de décor, RIGNY et les anglais montent au front sur la Dyle, avec un régiment motorisé qui se positionne bien avant l'infanterie française, mais est rapidement contraint à une progression rétrograde vers Lille puis Dunkerque … Atmosphère de chaos, telle que décrite dans « Week-end à Zuydcoote », qui fissure l'entente cordiale.

Embarqué par la Navy, RIGNY survit à un bombardement allemand qui tue son ordonnance et se retrouve désarmé et confiné avec les officiers français avant d'être rapatrié à Cherbourg quelques heures avant l'armistice et plongé dans l'exode.

RIGNY est finalement démobilisé … « le temps avait bien travaillé pour nous.».

Totalement oublié, ce témoignage m'a bouleversé et passionné par sa sincérité. J'y ai trouvé l'authenticité d'Irène NEMIROVSKY dans « Suite française » et revécu ce printemps funeste qui n'offrait que « du sang, du labeur, des larmes et de la sueur ».

J'ai apprécié la plume de Paul MOUSSET qui présida la Société des Gens de lettres entre 1966 et 1981 et je vais chercher ses autres ouvrages.
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Premier livre de cet auteur que je découvre et je me promets d'y revenir (spécialiste du Japon, également).
Récit de la drôle de guerre, puis la bataille des Flandres quand les français ont tenté de résister au rouleau compresseur Allemand, le désastre de Dunkerque et l'armistice.
Ce récit (prix Renaudot 1941) sans emphase, laisse sourdre toute l'amertume du soldat déboussolé.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
On nous demanda nos préférences. Est ou Ouest, Nord ou Sud de la zone non occupée. Le résultat fut dans la logique militaire. Les nordistes se virent expédiés au Sud, les orientaux à l'Occident. J'avais postulé l'Allier. On m'envoya dans l'Hérault. Nous voyagions par petits groupes, couchions dans des trains, dans des salles d'attente ; parfois, au cours d'une halte plus longue, dans un lycée de jeunes filles désaffecté ou dans un hôpital.

Ce fut dans un de ces derniers que je terminai ma carrière, l’officier gestionnaire qui s'y trouvait ayant besoin d’un adjoint. Je ne sais quel prétexte il invoqua pour me garder, mais il me garda. Je fis peu à peu, pendant les trois semaines de mon séjour, connaissance avec les infirmières, celles qui étaient très bien, pleines d'abnégation et de dévouement, et celles qui n’étaient rien de tout cela et geignaient: «C'était si triste, vous ne pouvez pas savoir, ce grand hôpital qui, toute la guerre, est resté sans blessés...» Je rencontrai aussi quelques-unes de ces volontaires des sections sanitaires automobiles, si admirables de cran pendant toute la campagne, comme d'ailleurs ces très rares et courageuses jeunes femmes qui, régulièrement attachées à des groupes sanitaires de division, conduisant camions ou camionnettes en « bleus de chauffe » n'hésitaient jamais à risquer leur vie pour emmener un blessé ou porter une ampoule de sérum et se montrèrent impeccables au moment de la débâcle.
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Certains d'entre nous qui avaient cru à l'Entente cordiale ressentaient cette hébétude, cette indifférence, cette surprise comme autant de petites trahisons. L'exiguïté, le provincialisme, la laideur des tea shops ou des boutiques de tailleurs, I'arrogance de certaines statues, de bustes encastrès dans la brique noirâtre de nombreuses maisons nous apparaissaient, non plus risibles et attendrissants comme autrefois, mais hostiles. On nous avait trompés. Cette nation brandissait des petits drapeaux tricolores, sa reine ne tendait sa main aux baisers dévorants de M. Lebrun, son roi ne faisait pleuvoir sur Paris des croix de l'ordre du British Empire qu'autant que son gouvernement avait besoin de nous. Au premier revers de la France elle remontait à son balcon, et du balcon nous regardait passer - quand elle se donnait cette peine.

Mais de quoi nous étonnions-nous ?
Les aspects multiples du caractère anglais, l'égoïsme, l'égocentrisme de ce peuple, nous les connaissions de longue date mieux que quiconque. Pour n'en avoir jamais pâti encore, nous étions-nous imaginé que jamais nous n'en deviendrions les victimes ? La désillusion que nous éprouvions reposait sur l'erreur fondamentale de notre part que nous nous figurions nantis d'un privilège. Les circonstances, brutalement, nous ouvraient les yeux. Notre aveuglement n’avait-il pas été volontaire ? N'avions-nous pas négligé l'ensemble, les réflexes normaux de la masse pour nous attacher seulenient, naguère, aux côtés syinpathiques de quelques individualités ? Notre deception ne manquait ni d’illogisme, ni non plus de violence. Au fond de nous-mêmes nous voulions encore croire à un malentendu passager. L'arrivée à l’embarcadère fut un soulagement.
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