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Arlette Elkaïm-Sartre (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070737802
688 pages
Gallimard (14/02/1995)
3.86/5   14 notes
Résumé :
Carnets de la drôle de guerre (Septembre 1939 - Mars 1940)
Première parution en 1983

Édition d'Arlette Elkaïm-Sartre

Nouvelle édition augmentée d'un carnet inédit en 1995
Collection Blanche, Gallimard
Parution : 01-02-1995

Je faisais une guerre à mon image : bourgeois, j'avais choisi mon arme par recommandation ; pacifiste, je l'avais prise pacifique ; antimilitariste, je l'avais voulu faire comme sim... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Voilà, c'est fini, j'ai tourné la dernière page des carnets de la drôle de guerre.
Comme souvent je suis partagé entre ce curieux mélange de soulagement et d'abandon après une telle lecture.
C'est pas toujours évident, mais pour un maniaque comme moi, c'est parfait, j'en ai pour des semaines de front ridé et de carnet à spirales.
Je ne savais pas que Sartre avait été mobilisé à la veille de la deuxième guerre mondiale dans l'Est de la France comme soldat chargé des sondages météorologiques (pour vous situer un peu le contexte).
Les carnets composent le tableau de bord d'un stoïque qui partage son quotidien de soldat qui s'ennuie au milieux de ses acolytes en attendant que la guerre éclate pour de bon. Sauf que Jean-Paul, il ne s'ennuie pas, il travaille comme un fou.
J'adore ce genre de littérature au ton très libre, même si souvent ça semble incohérent. Si Sartre tour à tour nous parle de ses considérations géopolitiques sur l'origine du conflit imminent, de ses épisodes amoureux, de la rédaction laborieuse de son prochain roman ou plus simplement de tranches de vie militaire aux milieux d'autres mobilisés, c'est parce qu'il est authentique et libre dans la mesure du possible. Pour tout dire, l'essentiel de sa philosophie reposant sur la liberté, la prose est totalement débridée.
Il n'est pas tenu par une contrainte narrative, ni un soucis d'intelligibilité particulier. Ça n'est donc pas toujours facile à suivre et en même temps, ça fait du bien d'entendre parler de son petit déjeuner, ou de la grossièreté d'un camarade de chambrée après s'être cassé la tête à comprendre le concept de Néant et d'être-pour-autrui. Tout y passe dans ces carnets, ses états d'âme, sa santé, sa mauvaise foi, sa correspondance avec le Castor, son auto-analyse permanente et sans faille, ses nombreuses lectures, ses ambitions d'écrivain, sa réalité-humaine dans toute sa conscience, et puis bien sûr, le Néant.
Si les longs passages philosophiques peuvent en emmerder plus d'un, il faut passer outre, c'est un tel privilège de pouvoir côtoyer un tel intellectuel dans son intimité quand on n'est qu'un touriste de la littérature comme moi. Au pire, vous pouvez vous dispenser des passages les plus ardus, ça ne nuit en rien à la compréhension du reste. Mais il faut savoir que Sartre et sa philosophie coïncident fortement, sans comprendre l'influence majeur d'Heidegger, ni savoir ce qu'est la phénoménologie, on finit par saisir quelque chose des concepts de responsabilité, d'authenticité et de liberté.
Personnellement je me suis évertué à tout lire (je vous dis que je suis un maniaque), et j'ai aimé ça (peut-être un peu maso aussi)
Maintenant il va falloir faire le deuil de cette lecture et rebondir sur autre chose.
L'être et le Néant, pourquoi pas..Ou plus simplement les chemins de la liberté. A moins de m'intéresser davantage à Simone, son alter-ego, "celle sans qui le monde serait moins parfait", celle qui arrive à être authentique sans effort. Alors, "la Force de l'âge", n'est-ce pas d'ailleurs dédié à Sartre?
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Regards ordinaires d'un mobilisé parmi tant d'autres voulant témoigner de cette drôle de guerre dans laquelle, lentement, il s'installe, s'enfonce avec les autres.

Analyse d'un homme de son temps, écrivain d'une époque de questions et de découvertes dans laquelle le monde se déchire dans ses jeux de pouvoir.


Remise en question d'une jeunesse s'en allant vers l'incertitude d'un futur sans réels lendemains.
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formidable
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Castor dit que je me crois immortel. C'est peut-être un peu vrai. Je n'envisage pas de mourir. Mais il y a autre chose : j'ai toujours conçu mes écrits non comme des productions isolées mais comme s'organisant en vue d'une oeuvre. Et cette oeuvre tenait dans les limites d'une vie humaine. Mieux, par méfiance de la vieillesse, j'ai toujours pensé que l'essentiel en serait écrit pour mes soixante ans. Reste cet enfantillage absurde mais profond que je ne me voyais pas mourir avant soixante-dix ans.
Il en résultait comme un manchon de vide séparant la fin de ma vie de ma mort.
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Si je ne crois pas que je vais mourir à cette guerre c'est que, depuis toujours, ma volonté est tendue contre la mort comme si c'était un simple mal de mer. (...) Je n'ai pas le temps de mourir, voilà à peu près comment je sens les choses. Et, magiquement, cela me donne la certitude que je ne mourrai pas avant d'être arrivé au bout du voyage.
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Ce que je viens de dire mal et trop longuement, c'est que la guerre ne fait pas seulement l'objet de mes pensées, elle en fait aussi l'étoffe. A travers ce que je perçois, cette table ou cette pipe, je pense à la guerre ; la manière dont je pense et je perçois cette table et cette pipe est "de guerre" - enfin la façon dont cette table et cette pipe se donnent à moi est de guerre.
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On ne peut saisir pleinement la mort qu'en la considérant à travers la vie et dans chaque moment de cette vie comme dans les grands ensembles actifs et passionnels.
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Les bourgeois sont officiers. Les paysans et beaucoup d'ouvriers sont soldats. Moi, je suis ni l'un ni l'autre. En marge, en guerre comme en paix. Plus près du bourgeois cependant. La guerre ne détruit pas les classes. Elle les renforcerait plutôt.
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