Le 11 avril dernier était publié, chez les éditions
Fluide Glacial, le premier volume de la série de bande-dessinée Godman, intitulé Au nom de moi. Ecrit et dessiné par
Jonathan Munoz, ce premier tome est également mis en couleur par
Rebecca Morse. Je l'ai remporté dans le cadre de l'opération « Masse critique » graphique de Babelio et voici donc ce que j'en ai pensé…
Dans Godman, Dieu n'est pas franchement l'idéal qui est habituellement décrit. C'est un ado fainéant, égocentrique, voleur, alcoolique, irrespectueux… mais adulé par le monde entier. Et bien oui, c'est Dieu après tout, soit la plus grosse célébrité que le monde ait connu ! Avec un ton cynique voire parfois carrément cru,
Jonathan Munoz donne du « sauveur » une image bien ternie. le regard est acide, sur la société dans son ensemble, mais surtout sur les religions et le fanatisme. L'auteur, par ce ton décalé et cette idée piquante, interroge les croyances et souligne la bêtise de l'adoration aveugle qui, parfois, peut conduire au désastre et à l'horreur au nom d'une entité divine qui n'a rien demandé à personne. Ce point de vue aigre et un brin désabusé pourrait déranger, je pense, les personnes très croyantes qui y verront peut-être une critique plus personnelle. N'étant pas vraiment branché religion (c'est même plutôt l'inverse) rien ne m'a choqué personnellement mais je préfère mettre en garde ceux dont le sens de l'humour ne sera pas suffisant pour dépasser leurs convictions personnelles. L'ensemble est finalement assez irrévérencieux évoquant tantôt la pornographie, tantôt la violence. Un brin loufoque, le scénario met également en scène des personnages fortement imparfaits, voire absolument pas recommandables. Mais en même temps, si les hommes ont été créés à l'image de Dieu, ce n'est pas vraiment étonnant, ici, de les trouver antipathiques. L'ensemble est même parfois un brin vulgaire,
Jonathan Munoz ne faisant pas vraiment dans le registre de l'élégance ni dans la dentelle (mais ce n'est d'ailleurs absolument pas le but de cette BD). Quelques passages un peu cru ne sont, à mon sens, pas vraiment nécessaires mais c'est plus une question de goût personnel. Je suis en effet moins branché par cet aspect-là alors que d'autres lecteurs y trouveront leur compte.
Côté visuel, la BD est plutôt agréable à parcourir. le style de dessin est assez léché et la colorisation de
Rebecca Morse vraiment intéressante. On se plait à parcourir ces planches même si ça reste assez classique (attention, rien de négatif dans cet adjectif). D'un point de vue purement subjectif, j'ai un peu plus de mal avec les traits des visages des personnages dont certaines expressions me gênent parfois, mais là encore, c'est une question de goût. Par contre, si j'ai trouvé l'ensemble agréable et si j'aime beaucoup l'idée acide de départ, le scénario m'a quelque peu déçu. Avec certaines ficelles trop habituelles, il ne surprend pas vraiment. de plus, même si l'idée est assez loufoque, elle n'excuse pas le manque de logique ou de profondeur dans l'histoire. Je reste donc un peu sur ma faim côté scénario. C'était sympa, mais ça ne me marquera pas sur le long-terme.
En bref, ce premier volume de la bande-dessinée Godman aura été une lecture plutôt sympa, plaisante visuellement et au cynisme ravageur. Cependant, un scénario plus approfondi n'aurait pas été négligeable pour en faire une excellente lecture.
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