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3,49

sur 490 notes
La première réflexion qui me vient en lisant cet ouvrage est : "mais au bout du compte on se compte qu'on est toujours tout seul au monde", merveilleusement bien interprété par Maurane.
La plupart de ces vingt-trois nouvelles tournent autour de ça.
Ou alors elles sont comme le bus qui passe, oui évidemment le vingt-trois. Il s'arrête en bas de chez vous, vous grimpez, faites la connaissance de divers personnages, situations, et puis vous descendez à votre station et l'histoire continue sans vous. Vous n'avez qu'une bribe, une parcelle, mais votre imaginaire c'est mise en route. Alors vous inventez une suite, un passé, car l'histoire c'est infiltré au plus profond de votre être et a déclenché en vous ce petit mental qui aime à tout contrôler, quitte à broder, à inventer, qui aime à se raconter un univers dont il est le héros.
H. Murakami c'est de l'or en barre, du nectar, c'est un vieil homme à la terrasse d'un café au bord de la mer, le visage buriné par les embruns, qui attire votre attention et qui vous embarque de sa voix grave et mélodieuse. Tout n'est pas dit, parfois l'intrigue est à peine suggérée mais il a fait l'essentiel, il vous a fait rêver, vous a sorti de votre train-train quotidien et c'est en cela qu'il est incontournable, c'est un admirable conteur d'histoires que je ne me lasse pas d'écouter.
Depuis un temps j'ai appris à lire un recueil de nouvelles. Ne jamais les enchainer ... jamais, et lire d'une traite sans aucun arrêt, même pas pour faire pipi ou se curer le nez. de préférence les lire lors de vacances, enfin pour ceux qui en ont, une de temps en temps, avant d'aller à la plage ou de s'occuper de son petit neveu qui sort de l'eau frigorifié ...

C'est étrange que ce passage de Starmania me soit venu. Je ne suis ni fan et de plus tout est interconnecté …
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Haruki Murakami est un formidable conteur. Il distille une ambiance comme d'autres distilleraient un bon rye à 50°. du coup, qu'est-ce que je vais bien pouvoir te conter sur ces contes à la sauce Murakami. Pour être honnête avec toi, j'aime bien l'honnêteté, est-ce que ça vaut le coup d'ailleurs que j'essaie de mettre des phrases, sans âme, d'un homme, moi en l'occurrence, regardant une femme endormie sous des saules aveugles. Les yeux clos, elle garde son sourire, un sourire qui me rend aveugle de son éclat. Et à partir de cette image je pourrais te raconter tout ou n'importe quoi. Une histoire d'amour, une histoire de tristesse, une histoire de bières et de jazz. de toute façon dans ce genre d'histoire, il suffit d'une lune, couleur bleue et tout se lie.

Donc par où commencer. Par le début me semble logique. Alors je sors la bouteille du frigo, la caresse de mes mains, pour sentir sa fraîcheur. En quelques secondes, elle devient humide, perle de sueur le long de son corps de verre. Envie de lécher la moindre goutte, mais je réserve ma patience pour d'autre embruns. Je la décapsule ainsi et la verse aussitôt dans un verre à pied aux formes harmonieusement arrondies. Et là, je respire, cette sensation de fraîcheur, cette fragrance légèrement herbacée. Les yeux clos, je m'imagine dans une autre vie, pleine d'espoir, de beauté et d'odeur de jasmin ou de spaghettis, ici ou dans la baie de Hanalei. Je choisis un disque au hasard en me parlant à moi-même comme si je lisais un poème.

Haruki Murakami dicte légèrement mon choix. Il me parle ainsi du 10 to 4 at the 5 Spot, chez Riverside, du quintette de Pepper Adams avec un certain Donald Byrd à la trompette. Ma main se dirige ainsi vers la lettre B - oui, je sais, je suis du genre à classer mes disques par ordre alphabétique, le bêta, le pauvre type, c'est comme pour les romans sur les étagères de ma bibliothèque. B comme Byrd, donc. A new perspective, band & voices, chez Blue Note, 1963. Hank Mobley au saxophone ténor, Herbie Hancock au piano. Un album qui dès les premières notes m'émeut. Ces voix venues d'ailleurs qui bousculent le peu d'âme qui reste en moi. Mais bref passons, tu vas encore me dire qu'on s'en fout de ta vie, du choix de tes bières ou de tes disques, que ce que tu veux savoir c'est ce que raconte cet étrange bouquin qui te sert maintenant de sous-bock au titre étrange mais pour le moins poétique : « saules aveugles, femme endormie ». Alors j'y viens, il faut savoir prendre son temps pour déguster une bière, ouvrir les cuisses d'une femme ou fermer un bouquin de Murakami.

Et comme je le disais au début de ma chronique, l'auteur est un formidable conteur. En une trentaine de pages, longueur moyenne de chacune de ses histoires, il m'embarque dans une ambiance, tout aussi étrange comme le laisse supposer son titre. Parfois, cela flirte avec l'imaginaire. Comme souvent avec Haruki, il laisse libre cours à son imagination, souvent débordante, qui flirte avec la banalité comme avec les kamis ou les fantômes. Avec ou sans chute, si ce n'est la chute de reins de cette femme qui m'obsède depuis la nuit des temps, depuis que la lune illumine mes nuits de sa lueur bleue et que la brise emporte ces notes de trompette, bref, passons là encore sur ce détail insignifiant pour certains, mais aussi avec du jazz, des références omniprésentes. En fait, j'ai envie de dire : on aime ou on aime pas, cela dépend de sa perception, de son ouverture d'esprit, de l'acceptation d'un monde étrange qui peut dépasser parfois la vision bassement matérielle de ce verre de bière presque vide où des traces de mousse blanche glissent encore le long de sa paroi. Et de la musique intérieure qui circule dans ton corps, sous des saules aveugles.

https://www.youtube.com/watch?v=4NPchdtfP0Q
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Le titre de ce recueil de 23 nouvelles est énigmatique et poétique, proche d'un haïku. Quatre mots si difficiles à accoler : femme, endormie, saule, aveugle. Des saules, une femme ? Comme le livre commence avec la nouvelle éponyme du titre, je pensais retrouver rapidement l'univers si particulier et enchanteur de Murakami, celui qui m'avait tant enthousiasmé dans les nouvelles du recueil Des hommes sans femmes. Mais ce début s'est révélé assez lent. J'aurais pu m'endormir moi-aussi sous le saule aveugle... et passer mon chemin... Pourtant, la variété des sujets et la petite musique de l'écriture m'ont une fois de plus envouté. J'ai continué à lire une nouvelle comme on croque un chocolat, de temps en temps, pour le plaisir. Bien m'en a pris !

Vers la fin, dans La baie de Hanalei, une attaque de requin m'a sorti de ma douce torpeur. Une bien jolie histoire ou la nature est omniprésente et gère à sa convenance la vie et la mort, une histoire d'amour aussi d'une mère pour son fils, passionné de surf.

Tout de suite après, arrive cette histoire géniale que seul ce grand auteur japonais peut imaginer et écrire : La pierre-en-forme-de-rein qui se déplace chaque jour. Junpei a seize ans quand son père lui dit que, dans une vie, un homme ne rencontre que trois femmes qui comptent. Pendant ses études, il a des aventures mais reste en retrait, obsédé par la théorie paternelle « des trois femmes ». Il devient écrivain, avec un début de succès prometteur. A une soirée d'inauguration il rencontre Kirié, une femme séduisante et mystérieuse. Elle refuse de lui dire d'emblée sa profession, préférant le laisser trouver par lui-même, par son imagination, comme un écrivain doit en être capable, selon elle. Junpei, très attiré, accepte le jeu, au grand bonheur du lecteur ! Il arrive à déterminer qu'il s'agit d'un métier très spécifique, pratiqué en extérieur, ce qui explique son bronzage et ses bras plutôt musclés, que cela n'a pas été facile d'en arriver là, un métier représentant un acte d'amour, demandant la perfection, où l'échec ne pardonne pas...
Ils vont s'aimer mais elle ne veut pas vivre avec lui, cette activité mystérieuse demandant un équilibre qu'elle pourrait perdre si elle était troublée par la présence d'un homme à ses côtés...
A ce stade, si vous êtes comme Junpei, que vous n'avez pas encore trouvé, alors courrez acheter ou emprunter ce livre afin de découvrir la fin de cette nouvelle formidable.
Le mystère de l'activité de Kirié entre en écho avec le livre que Junpei est en train d'écrire. Lorsqu'il lui raconte le début, il va enfin réussir à imaginer la suite qui lui manquait, avec cette pierre en forme de rein qui se déplace chaque jour. Les histoires de l'un vont se mêler aux histoires de l'autre et se mêler à la Nature, décidément très présente dans ce volume.

Kirié sera son échec numéro deux mais, grâce à la pierre, plus jamais il n'aura peur de la sentence de son père. « Ce qui importe, c'est de décider d'accepter une autre personne dans sa totalité. Et que ce soit toujours la première et la dernière fois. » du grand Murakami qui décidément excelle dans l'art et la maîtrise de la nouvelle. Dans les notes d'introduction de l'édition anglaise, il a ces mots merveilleux, « l'écriture de romans est un défi, l'écriture de nouvelles est une joie. Si on compare l'écriture de romans à la plantation d'une forêt, alors l'écriture de nouvelles revient à planter un jardin. »

Le livre se termine par le singe de Shinagawa, la relation de Mizuki avec sa thérapeute Yuko alors qu'elle la consulte pour des troubles de la mémoire. Elle oublie son nom, seulement son nom !... Heureusement un singe va les aider à remettre tout en ordre...

Voilà encore de bien belles pages écrites par cet auteur dont j'aime l'univers. Je suis devenu peu à peu « harukiste », ce terme désignant maintenant ses lecteurs les plus admiratifs. J'ai mis en avant quelques nouvelles qui m'ont le plus impressionné. L'auteur nous fait voyager dans les abîmes de notre conscience. Peut-être serez-vous plus touchés par d'autres nouvelles en fonction de votre vécu. Avez-vous lu ce Murakami ? Quelles histoires avez-vous préférées ?

En quatrième de couverture :
« Haruki Murakami confirme sa stature de géant nippon des lettres. Ce recueil est un labyrinthe familier, un palais des glaces, où le lecteur peut se perdre, et se reconnaître, avec délices. » David Fontaine, le Canard enchainé. Là tout est dit !
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Avec composition photo personnelle sur le site Bibliofeel ou lien ci-dessous.

Lien : https://clesbibliofeel.blog
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Il y a quelques mois, un ami babeliote (ça sonne exotique, vous ne trouvez pas ? quelque part entre cairote, dubaïote et chypriote, non ?) me disait vouloir découvrir Haruki Murakami et me demandait conseil pour aborder au mieux l'univers étrange de cet écrivain prolifique. Délicate question …

Après la lecture de ce recueil de nouvelles, j'ai enfin une proposition un peu plus solide que celle que je fis à l'époque : pourquoi ne pas commencer par « Saules aveugles, femme endormie » ?

D'abord, ce sont des nouvelles et si l'une d'entre elles nous déplait notre déconvenue n'est pas trop longue. Mais surtout on y trouve toute la fantaisie de Murakami, des histoires décalées et poétiques…

Les premières nouvelles du recueil - je ne sais pas si elles sont classées par ordre chronologique - sont déroutantes, déjantées, sans queue ni tête, et avec mille fins possibles … Les suivantes sont beaucoup plus classiques, plus élaborées – deux d'entre elles sont d'ailleurs les premiers jets de romans plus longs – mais toujours Murakami parle de notre réalité bien rodée (ou érodée?), y introduit un grain de sable et nous fait déboucher sur un monde complétement différent, et pourtant si proche du nôtre … Une femme qui oublie son nom, un mari qui disparait mystérieusement entre le 14ème étage et le 16éme, une pierre à la forme très particulière de rein. On se retrouve un peu comme dans un rêve où tout semble réel et pourtant …

Au travers des situations ordinaires (ou presque) et toujours avec des mots simples, l'auteur nous nous touche et nous questionne sur notre identité, sur ce « moi » souvent mal connu et peut-être seulement le simple reflet de ce que les autres perçoivent en nous, sur le hasard, sur la « normalité », …

Je referme le livre avec une seule envie : retrouver très vite l'écriture de cet auteur si talentueux.
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Encore une fois, Murakami, à travers vingt-trois très belles nouvelles, nous entraîne aux confins de tous ses univers, partant du réel et, sans qu'on s'y attende, basculant dans le fantastique et dans un imaginaire construit dans plusieurs dimensions.
Aucune lecture de Murakami n'est jamais décevante, et ce recueil n'échappe pas à la règle. On est captivé et séduit de bout en bout, au fil de chacune des histoires courtes qui le composent.
Des choses en apparence parfaitement simples et banales recèlent des trésors d'imagination.
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Ce recueil comporte vingt-trois nouvelles écrites sur presque trente ans ( entre 1880 et 2005). Les récits sont donc très disparates, en longueur, en thèmes et en formes d'écriture. Mais chaque nouvelle vous plonge-ou pas-dans un univers à mi-chemin entre le rêve et la réalité.
Parfois j'ai été captivée, parfois non. Peut-être manquait-il certains ingrédients, peut-être n'étais-je pas non plus disposée à tout avaler, à ce moment là. Et puis, lorsque j'ai été proprement envoutée par l'enchanteur Murakami, parfois la fin m'a laissée toute rêveuse, mais parfois aussi, je me suis sentie, en rade, larguée et j'ai été bien agacée. J'ai imaginé alors son petit sourire narquois qui semblait me dire : "Débrouille-toi avec ça !"
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De Murakami, je ne connais rien, si ce n'est le nom de cet illustre auteur... Dans le cadre d'un challenge, et pour ne pas mourir idiote, j'ai pioché un livre au hasard à la médiathèque. Les connaisseurs me diront peut être que mon choix n'a pas été judicieux, que j'aurais pu commencer ma découverte par un autre ouvrage... Quoi qu'il en soit, "saules aveugles, femme endormie" est un recueil de nouvelles. Courtes, elles parlent toutes de situations quotidiennes au Japon. Mais je n'ai pas compris où voulait en venir Murakami, son univers ne me parle pas. Il n'y avait ni chute, ni conclusion et je n'ai jamais vraiment pu dévoiler le sens des histoires...
Bref, une grande déception...
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Je connais l'auteur de nom et par rapport aux critiques des babeliautes. J'aime lire les recueils de nouvelles quand j'ai un emploi du temps dément, c'était le bon moment. Des histoires courtes, des tranches de vie avec un évènement dérangeant, à la limite du fantastique. Je ne suis pas rentrée dans l'univers Murakami, ces nouvelles ont un air d'inachevé, je pense être trop terre à terre pour apprécier, dommage. le style et l‘écriture de l'auteur ne sont en rien responsables de cet échec de lecture, seule mon imagination plutôt restreinte ces derniers mois m'a empêchée de m'évader totalement.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Attirée par la dichotomie du Japon, à la fois traditionnel et moderne, poétique et violent,je ne pouvais qu'apprécier le nectar distillé dans ce recueil oscillant entre la lumière et les ténèbres.Vies suspendues, troublants portraits,comme cet homme d'affaires hanté par son premier amour, ou ce couple adultérin qui se réfugie sur une ile grecque, ou cet homme obsédé par les spaghettis ou encore le gardien poursuivi par son propre reflet. Des écrits qui, paradoxe, sont, malgré leur simplicité apparente, une voie d'accés à l'imaginaire débridé d' Haruki Murakami qui sait parler avec délicatesse de la part d'ombre qui existe en chacun de nous, méandres torturés de l'âme humaine. L'auteur, musicien dans l'âme, nous joue une improvisation époustouflante à mi chemin entre le réalisme et le fantastique, l'humour et la détresse.
Lorsqu'au mot fin j'ai refermé ce livre, un pincement au coeur, j'ai cherché dans l'azur la petite goutte d'eau qui ferait déborder le vase de ma propre normalité, puis j'ai souri, je me sentais encore happée par la plume de haut vol du propre rêve éveillé de l'auteur.
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Un recueil de nouvelles dans lequel le narrateur s'exprime à la première personne pour raconter un épisode de sa vie, quelques mois, une période à laquelle il donne un sens.
Personnages ordinaires, voire pour certains banals, il ne leur arrive pas grand chose dans la plupart des cas. C'est juste une tranche de vie à un instant T.

On retrouve plus particulièrement dans certaines histoires la petite touche qui amène le lecteur à la limite du fantastique. Ce n'est pas aussi flagrant que dans les romans dans lesquels j'ai découvert cet auteur, mais du moment que le lecteur s'interroge sur la réalité du monde qu'il est en train de lire, c'est que l'écriture opère.
Cependant, je n'ai pas été transportée comme dans d'autres titres. La lecture fut agréable, mais pas exaltante.

Certaines pages de certaines nouvelles ne seraient-elles pas inspirée par l'auteur lui-même?
L'un des narrateurs est né en 1949, comme lui. Dans une autre histoire, il est question de séjour en Italie, ou d'un narrateur écrivain. Dans la fiction aussi un auteur met beaucoup de lui-même.
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