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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Accabadora », c'est presque « Abracadabra ».
L'accabadora, en Sardaigne, est une femme qui soulage. Une femme qui pratique l'euthanasie en secret, dans l'ombre de ces maisons repliées sur des ruelles secrètes et tortueuses. Une femme qui se penche sur le mourant et l'aide à partir.
Tzia Bonaria est vieille, elle est expérimentée, elle est sage.
Et puis il y a la petite Maria, la quatrième fille d'une famille pauvre, dont le père est mort. Une fille quasi rejetée, jamais regardée, pas du tout aimée.
A 6 ans, sa vie change du tout au tout car Tzia Bonaria, celle qui n'a jamais eu d'enfant, va l'adopter et l'élever.
Elever, c'est-à-dire l'aimer, la protéger, lui donner accès à l'instruction.
« Mon ventre ne s'est jamais ouvert, et Dieu seul sait combien je l'aurais voulu. Mais je n'ai eu besoin de personne pour apprendre qu'il faut donner à ses enfants des gifles, des caresses, le sein, le vin de la fête et tout ce qui est nécessaire quand cela est nécessaire ».
Mais Tzia Bonaria garde le silence sur sa tâche d'accabadora. Elle aura tout le temps de la découvrir, surtout depuis l'accident grave d'un jeune homme du village...

Ce roman, au départ, m'a un peu endormie. Ce soleil implacable de Sardaigne, ce petit village où il ne se passe pas grand-chose, cette enfant sage qui grandit en observant et en parlant peu...Et puis l'atmosphère se fait pesante à partir de l'accident, ce qui aboutira à un changement radical de situation. A ce moment, je m'y suis davantage intéressée ; les relations tendues, la psychologie plus nuancée m'ont tout doucement entrainée vers l'aboutissement.

Ce roman très humain au style délicat et poétique par petites touches décrit des tâches humaines, à commencer par celle d'accabadora, et je terminerai sur cette phrase où Tzia Bonaria se définit :
« J'ai été la dernière mère que certains ont vue ».
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J'ai décidé de suivre les conseils de Ferrante, dispensés dans Frantumaglia, et de découvrir ces auteures italiennes dont elle recommande la lecture. À part Silvia Avallone dont j'ai lu tous les livres, les autres noms m'étaient inconnus. Un joli programme de lecture en perspective.

Cette Accabadora au nom mystérieux ayant emporté l'adhésion de quelques belles plumes de Babelio a donc été mon premier pas dans la decouverte de ces 'femmes puissantes'..

Son charme, immédiatement, m'a captivée.

Imaginez plutôt: la Sardaigne, isolée , farouche, pleine de superstitions et de mauvais sorts sous l'ardeur de son soleil, où les mères pauvres donnent leur fille à nourrir, éduquer et aimer à des femmes plus riches et en mal d'enfant, où les clôtures se déplacent la nuit, où les murettes en pierre sèche recèlent des sorts qui jappent, et où, dans la nuit des âmes, une grande forme noire vient délivrer -quand elle le veut bien - celles qui sont encore en souffrance...

Belle histoire que celle de la jeune Maridda, petite fille invisible, à qui une vieille couturière, portée sur les finitions, veuve sans mari, crainte et respectée de tous, sert de mère, lui donnant tout: confiance, éducation, amour, éthique . Sauf son secret.

Maridda, sa fille d'âme, s'émancipe pourtant de cet amour. Mais pour mieux comprendre , un jour, ce qu'elle lui doit et ce que la vieille Tzia Bonaria lui a légué en partage.

Un récit dépaysant, original, et profond, à la fois sensuel et âpre , comme le vin des vignes sardes..
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Un livre tout en douceur, qui nous révèle la Sardaigne d'il y a un temps, une Sardaigne rurale, où la vie était à ce point dure qu'une mère pouvait donner un enfant en trop qu'elle ne parvenait pas à nourrir à une autre femme stérile pour qu'elle puisse, elle aussi avoir un enfant. C'est la toile du fond de ce livre sauf que la mère d'adoption pratique, dans ces villages reculés, l'euthanasie à la demande de moribonds qui n'en peuvent plus de souffrir. Ce qu'on appelle Accabadora en vieux sarde.

Je l'ai lu en version originale, ce qui n'est pas toujours évident avec des mots empruntés au sarde, mais ajoute du, comment dire, du moelleux à l'histoire, certainement. Une belle lecture.
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Michela Murgia a choisi son île natale comme cadre pour ce très beau roman d'ambiance qui nous plonge dans un petit village sarde des années 1950 , mettant en scène la Sardaigne gorgée de soleil, de paysages arides et de chaleur, mais aussi de traditions et de légendes imprégnées dans le coeur de ses habitants. Toute la chaleur de l'Italie dans ce roman à l'image de sa couverture !

Femme sans âge que les villageois décrivent avant tout comme mystérieuse et solitaire, Tzia Bonaria Urrai génère la surprise générale lorsqu'elle demande à la mère de Maria Listru si celle-ci envisagerait de lui confier sa fille, non pas seulement le temps d'un été, comme c'est le cas dans l'Irlande rurale des Trois Lumières de Claire Keegan, mais simplement pour la vie. Pourquoi faire dans le détail ? S'il ne fait aucun doute que cette proposition enchante la veuve Anna Teresa Listru, pour qui cette quatrième bouche à nourrir ne constitue ni plus ni moins qu'un fardeau tant qu'elle n'est pas en âge de contribuer au bon état des finances familiales, les raisons qui ont pu pousser Tzia Bonaria Urrai a un tel geste demeurent obscures. Est-ce par pur altruisme et bonté d'âme qu'elle a décidé de s'occuper de cette petite fille ? Ou le motif de cette adoption est-il moins désintéressé qu'il n'y paraît ? Ce ne sera qu'au bout de quelques années, quand Maria aura définitivement fait sien ce nouveau foyer, qu'elle découvrira l'occupation nocturne de celle en qui elle pensait pouvoir avoir entièrement confiance.

C'est ainsi que, outre le thème de l'adoption et des difficultés de la vie dans cette Sardaigne reculée, Accabadora brode sa toile narrative autour d'une pratique ancestrale, abordant de plein fouet des questionnements qui touchent au sens de la vie et au rapport de chaque être humain avec sa propre mort. Comme Maria l'apprendra a ses dépens, rien n'est aussi simple qu'il n'y paraît et chacun a le choix entre subir la vie (et la mort) et embrasser son libre arbitre.

Ce premier roman traduit en français de Michela Murgia est une très grande réussite. L'écriture est à la fois sobre, fine, poétique, juste, toute en nuances. Lisez-le vous verrez, vous ne serrez pas déçus !
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Sardaigne années 50 , Maria de famille très pauvre va habiter chez la couturière du village Tia B. , celle-ci n'a jamais eu d'enfant et accueille Maria avec bonheur , elle va lui donner de l'amour et lui apprendre son métier .
Les années passent ; Maria grandit et commence à se poser des questions , parfois sa mère d'adoption disparaît , et Maria s'interroge sur ces absences dont elle ne connaît pas le but .
L'auteur nous raconte de façon sensible , un fait de société dont on parle très peu et que je ne dévoilerai pas pour garder le suspense .
Un beau livre sur la transmission dans une Sardaigne aujourd'hui disparue .
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A l'âge de six ans Maria la quatrième fille d'une veuve se fait adopter de façon tout a fait officieuse par une femme de son village. Sa mère qui la considérée comme un fardeau, la cède sans difficultés, bien contente de se débarrasser d'une bouche à nourrir. La pratique semble courante en Sardaigne et le marché se conclut simplement sans avoir recours aux voies légales. Car c'est ainsi que les affaires se règlent à Soreni ; accords tacites, sortilèges et coups de fusil s'il le faut.
Maria est ravie de vivre près de sa nouvelle mère qui ne demande rien en retour, juste de lui tenir compagnie et peut-être, à l'avenir, de prendre soin d'elle. Mais Maria ignore que la vieille dame a un secret, qu'elle est une accabadora.
L'écriture simple de Michela Murgia ponctuée de mots italiens qui font chanter le texte, transporte dans une histoire mystérieuse et intrigante où se raconte une tradition dans laquelle l'identité populaire est transmise de générations en générations par des secrets jamais complètement révélés. C'est à mots à peine chuchotés que l'on parle de l'accabadora, celle qui finit, qui met un terme. Il paraîtrait que ce personnage étrange ait réellement existé en Sardaigne.
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Littérature italienne

L'histoire commence en 1953. Maria, six ans, est la plus jeune fille d'Anna Teresa Listru. Au sein de cette famille pauvre, elle est considérée comme « une erreur après trois réussites ». Au village, la veuve Bonaria Urrai n'a pas eu d'enfant. Elle propose à Anna Teresa d'élever Maria. À partir de ce moment, Maria devient la «
filla de anima » (fille d'âme) de Bonaria.

La petite fille ne manque de rien et s'habitue rapidement à sa nouvelle vie chez la couturière. Un lien affectif se développe entre les deux personnages. Mais au bout de quelques années, leur relation est mise en péril lorsque Maria découvre la vérité sur les sorties nocturnes de Bonaria. Celle-ci est une « accabadora », autrement dit, elle aide à mourir ceux qui souffrent.

Michela Murgia nous dépeint l'ambiance d'un petit village de Sardaigne où l'on croit encore aux maléfices et aux superstitions. Bonaria est un personnage très intéressant. J'étais vraiment intriguée par elle. L'éloignement de Maria et sa nouvelle vie de gouvernante me sont apparus comme une rupture dans le récit. Par ailleurs, j'avais pressenti la fin, je n'ai donc pas été surprise par le dénouement.

Cependant, dans l'ensemble, j'ai beaucoup aimé ce roman : une belle écriture et un récit original. J'ai apprécié le ton de l'auteure. C'est un roman facile et agréable à lire.
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Voici un beau livre,gorgé du soleil de la Toscane,dans les années 50,où l'auteur aborde un sujet grave que je ne dévoilerai pas .
La plume de Michèle Murgia est légère, poétique,malicieuse,enjouée.
Nous assistons à la préparation des gâteaux de mariage de la soeur de l'héroïne,: les amarreti,les tillicas,l'odeur légère de la fleur d'oranger,le toucher des écorces de citron râpeuses ,à la senteur acidulée.....
Les étés sont écrasés de chaleur,les fleurs d'hortensia baignent dans le soleil tiédi de l'automne et les vendanges sont fêtées dans la joie.....
Dans ce petit village sarde, une vieille couturière : Tzia Bonaria,accueille chez elle et éléve une fillette âgée de 6 ans:Maria,que sa mère,veuve très pieuse,lui cède volontiers.Celle - ci a trois soeurs beaucoup plus âgées qu'elle. Elle est "une erreur après trois réussites."
Vive et intelligente,Maria amoureuse de l'école et de ses savoirs,grandit ,entourée de soins sans tendresse excessive, comme dans ces années là.
Elle respecte les principes de sa mère adoptive,qui lui offre des études et un métier.
Mais Maria s'inquiète des sorties nocturnes de Tzia, vêtue d'un long châle noir, à la nuit tombée.
Dans le village subsistent des coutumes ancestrales.A quoi bon envoyer les filles à l'école et parler Italien?On craint la mort mais on la vénère.
Surtout il y a des choses qui se font et qui ne se font pas.

Des pleureuses officielles se lamentent autour des défunts et les portes restent ouvertes la nuit du 1° novembre pour"accueillir les âmes qui se promènent".
Les us et coutumes de cette Sardaigne oubliée sont riches , intrigants,fascinants,mystérieux.
L'auteur explore la relation intime et singulière entre Tzia et Maria,elle évolue au fil du temps et la fin est particulière.
.





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Maria est la dernière fille de Anna Teresa Listru femme pauvre qui a du mal a subvenir aux besoins de ses enfants.
"Arrivée quant à elle , trop tard dans le ventre de sa mère,Maria s'était habituée à être le cadet des soucis d'une famille qui n'en avait que trop."
A l'âge de six ans,elle sera adoptée par Tzia Bonaria Urrai après un échange verbal entre cette femme et la mère de Maria.
" Et voilà qu'elle expérimentait auprès de Tzia Bonaria la sensation insolite d'être importante."
C'est ainsi qu'elle devient Fillus de anima et découvrira peu à peu les mystérieuses coutumes de ce pays sarde.
Livre superbe, bien écrit: un régal!
Michela Murgia née en Sardaigne mérite bien le prix Campiello 2010 et d'être sélectionné pour le meilleur roman des lecteurs de Points 2013!!
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En Espagnol,"acabar" signifie finir, et en occitan: "achever"
En sarde,"accabadora" Est "celle qui finit" (la vie)
Son geste n'est pas assassin, mais empli d'humanité et de pitié. C'est le geste qui aide.
L'existence de cette femmina accabadora a toujours été vu comme un fait naturel. Reconnu _même des autorités_ et approuvé de tous. La famille de l'agonisant , surtout dans les petits villages isolés,venait la chercher et ,en la voyant, la moribond savait que ,enfin, ses souffrances s'achevaient.
La femme entrait de nuit,toute de noir vêtue,et,à sa sortie,recevait quelques offrandes en guise de remerciement.
Cela se pratiquait encore il y a quelques décennies.
La Sardaigne des années 50 est un monde ancien au bord du précipice ,il a ses règles et ses interdits,une langue ancestrale et le partage des accords tacites.
La communauté est comme un organisme,elle connait instinctivement ses propres exigences et sait comment les affronter en peu de mots.Elle sait comment unir deux solitudes, quels liens ne se peuvent violer et donner une fin à qui la réclame.
Dans le roman, la fillette adoptée devenue jeune fille, n'a pas eu l'occasion d'être informée de cette pratique et, lorsqu'elle la découvre malencontreusement chez sa deuxième mère,c'est l'effondrement de la confiance qu'elle lui portait.

J'ai été quelque peu "sonnée"par cette lecture, envoûtée, dépaysée, emprisonnée.
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