Comment rédiger une critique d'un livre aussi mauvais que celui-ci ?
Tout est mauvais : le lecteur averti ne prendra aucun plaisir à parcourir ces quelques 400 pages, s'ennuyant la moitié du temps et fustigeant la totalité du récit. Ici, on est bien loin des amours tumultueuses et profondes de Cathy et Heathcliff, la référence tendant plutôt du côté de l'énorme daube qu'est "50 nuances de Grey"... Résumons l'histoire (si histoire il y a) :
D'un côté, Juliette, une jeune Française à la tête aussi vide que son physique est banal ; elle est partie "vivre ses rêves" à New York, signe de son inintelligence. le décor est très vite planté, c'est une fille que toutes voudraient être, qui donne l'illusion lors d'un seul repas d'être cultivée (que le lecteur se rassure : ce n'est qu'une illusion, mal faite de surcroît). Déjà, on reste clairement dans les standards éternels de Musso, qui ne doit avoir qu'un seul prototype de femme à décrire : la Basique jolie. Idiote avec ça. Et comme si cela ne suffisait pas, ce personnage n'a aucune personnalité, aucune profondeur, rien.
De l'autre côté, le docteur Sam (il va falloir s'y faire : Musso adore les docteurs). Évidemment, Sam est beau - Non, pas beau, juste avec du charme - et dans le livre (qui ne fait quand même que 400 pages !), 3 ou 4 femmes succombent à ses charmes. Lui aussi est vide comme le cerveau d'une méduse et, à part vivre "endeuillé" (ce qui ne l'empêche pas, après avoir réfléchi une trentaine de secondes, de se jeter sur Juliette tout en lui racontant qu'il est un homme marié... Bien sûr, Juliette ne veut pas sortir avec un homme marié, c'est même son leitmotiv ! Mais son charme est trop puissant.. et elle succombe (comme si quelqu'un avait pu un jour croire le contraire)... on retiendra la logique de ses personnages, qui n'ont aucune force de caractère), et soigner des gens à tour de bras, il n'est rien. A partir de là, difficile de construire une histoire... et pourtant ! Musso s'y attelle mais il aurait mieux fait de jeter ses brouillons au feu et que personne ne le lise... C'est juste mauvais.
La façon dont il écrit est facile à deviner : il s'installe devant son ordinateur et il place simplement des mots à la suite des autres. Parfois, ça fonctionne, d'autres fois, non, et l'éditeur gavé d'argent que lui apportent des lectrices en quête de (Dieu sait quoi) ne pense même pas à le corriger. Quand il manque d'inspiration, s'il ne sait plus quoi dire, aucun souci : il rajoute un élément totalement inutile et (où trouver un autre mot pour qualifier cette bassesse... ?) qui survient d'on ne sait où. Exemple criant : Sam a rencontré Grace Costello, et la recherche. Son lourd secret (pas de spoil car ce n'a aucune importance dans le livre), le fait qu'il vienne d'une mauvaise banlieue, lui est utile pour soudoyer une femme (sans foi ni loi non plus, malléable à souhait) et lui demander de chercher cette Grace. Oh surprise, Grace est morte, lui apprend-on (tiens donc). Il s'interroge donc (accompagné de deux ou trois mots de vocabulaire : il ne faudrait pas non plus que ça devienne trop compliqué !). Et à ce moment-là, Musso n'a plus d'inspiration. Même s'il brûle d'envie d'écrire sa fin (plate à souhait), il se doute qu'un livre de 40 pages est trop peu étoffé (en pages, pas en histoire). Alors, il sort son héros dehors, et qui l'arrête ? un homme, qu'il (et nous) ne connaît ni d'Eve ni d'Adam, et qui lui ordonne de venir avec lui. Une page de gagnée, dans le jargon Mussoéen. le dialogue qui suit est d'un vide sidéral (désolée, la galaxie, pour cette comparaison) : -"Ne cherchez pas Grace, je l'ai aimée et elle est morte" -"Mais je l'ai vue" -"Impossible, j'ai vu son corps mort et Ô Dieu que je l'aimais". Grâce (sans mauvais jeu de mot) à cela, Musso comble les trous (plus ou moins, car son récit tout entier est un "trou", au final) de son histoire et nous ennuie encore un peu plus. La logique ? On la cherche toujours.
Bien sûr, ce ne sont que quelques exemples, mais les 400 pages, rassurez-vous, fourmillent de détails tout aussi mauvais les uns que les autres. L'histoire se finit - évidemment - bien, avec toutes les deux pages des sortes de morales sur la vie et la mort... Non, Musso, tu n'es pas philosophe. Et, avant qu'une réplique ne se fasse entendre, il est évidemment possible de traiter de sujets graves dans un roman fantastique, la preuve avec le sublime "
La Ligne Verte" de
Stephen King : si on en ressort avec des larmes dans les yeux (voire sur les joues), ce n'est certainement pas parce qu'il nous martèle toutes les deux pages que vive la vie et où va la mort.
Bon, inutile de s'attarder plus que de mesure sur un aussi gros navet : c'est mauvais et, même pour passer le temps, ça ne fonctionne pas tant ça sonne faux. Il est triste de voir gâchées ces idées de base, qui seraient peut-être bonnes si jamais un talent les appuyait... Mais non. Autant de dégâts pur l'histoire que pour les yeux.
A éviter. Évidemment.