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3,02

sur 1812 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Trois longues nouvelles, pour dire non. Pas n'importe quelle négation, celles de trois femmes droites et fières qui luttent de toutes leurs forces pour gagner leur dignité.
Si la lumière est peut-être au bout du chemin, la noirceur du propos est la couleur dominante. Et l'espoir de ces femmes ne viendra que par leur seule initiative.
Mais le roman de Marie N'Diaye évoque au-delà de ces femmes, des sujets plus universels : la difficulté de l'exil, le poids patriarcal (des hommes bien présents malgré le titre), la lutte au quotidien de la condition féminine. Forcément, ces trois histoires que l'on peut dissocier, n'ont pas la même force, le premier texte est (en tout cas pour moi) le plus réussit avec cette image du père devenu pathétique et misérable alors que Norah porte fièrement sa réussite, pour donner encore plus de force à la haine viscérale du père. Les histoires de Fanta dans le deuxième récit et celui de Khady dans le troisième forment un trio au combien touchant, l'écriture de N'Diaye est d'une force évocatrice assez impressionnante, même si certains moments m'ont paru plus ardus et forcément moins puissant. Un Goncourt au bout de ces trois histoires, on ne peut plus estimable.
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Heureusement qu'il n'y en a que trois, plus, ce serait trop.
Noah est humiliée par son père, qui l'a abandonnée à sa médiocrité pour vivre au Sénégal. Il est puissant, lui, et Marie NDiaye le répète à l'infini. La preuve : il vit dans un flamboyant, vous captez le symbole, non ? Et à la fin de la première partie, elle va dormir avec lui dans l'arbre, en abandonnant mari et enfants !
La deuxième, Fanta, en fait n'existe pas, c'est son mari qui s'en veut de lui avoir mal parlé, et qui monologue à nous en faire perdre le souffle : rebelote sur l'humiliation.
La troisième, Khady Demba est limite esclave, on la vole et la prostitue, et on la vole encore, elle se retrouve sur les barbelés de Ceuta, on avait appris dans le premier chapitre qu'elle y était arrivée : elle est femme à tout faire chez le père de Noah.
Puissantes, ces pauvres femmes qui ne s'en sortent pas ?
Serait-ce une anti-phrase ?
Serait-ce une volonté de définir le négatif par le positif ?
Serait-ce de l'humour, tout simplement ?
Curieusement, je n'ai pas du tout ri.
En revanche, j'ai admiré, malgré les redites constantes, l'écriture ciselée et travaillée.
Il aurait suffi, c'est bête la vie, d'un adjectif comme : «  impuissantes », et le tour était joué.



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Cela faisait un petit moment que je voulais lire cet ouvrage que je possède à la médiathèque dans laquelle je travaille afin de me faire mon propre avis, savoir si il est cohérent de toujours recommander un prix Goncourt à mes lecteurs ou non. La réponse en ce qui me concerne est mitigée et si il m'arrive de le recommander, je saurai à l'avenir de ne pas le faire systématiquement mais vraiment en fonction de la personnalité de mes lecteurs et de ce qu'ils recherchent exactement.

En ce qui me concerne, même avis partagé : certes, ce roman est extrêmement puissant (sans vouloir faire de mauvais jeu de mot) de par les sujets abordés) mais avec des phrases souvent interminables, j'ai cru que je n'arriverai jamais à bout et surtout que je pouvais me perdre à tout moment, comme je me suis parfois perdu dans la narration en elle-même. En effet, ici, le lecteur est confronté au parcours de trois femmes : Norah (celle à laquelle je me suis le plus attachée et probablement dans laquelle je me suis le plus reconnue) qui a enfin su dire NON à son père, Fanta à son mari et enfin Khady au destin tragique qui l'attendait si elle était restée auprès de sa belle-famille. Contre leur gré parfois, ces trois femmes se sont retrouvés face à un choix très difficile : oser enfin être qui elles sont et non plus uniquement "la fille de...", "la femme de..." ou enfin "la belle-fille de..." mais enfin exister en tant que femmes et uniquement pour ce qu'elles sont.

Ce livre n'est pas réellement un roman, ni même un recueil de nouvelles, c'est bien plus que cela : c'est le destin de trois femmes qui auraient très bien pu se croiser, qui se ressemblent sur bien des traits de caractères qui s'entremêlent ici. Oui, l'écriture de Marie Ndiaye est forte mais j'ose avouer qu'elle l'est un peu trop pour moi et que j'aurais préféré que le style soit un peu plus léger car en plus de l'atmosphère oppressante qui règne durant tout ce ou ces récits, la lourdeur des phrases n'aide en rien à ce que le lecteur puisse souffler lui aussi un peu ! Un ouvrage que je vous recommande néanmoins, en tant que féministe que je suis, même si il ne m'a pas entièrement convaincu mais peut-être est-ce moi qui n'ai pas réussi à m'adapter au style de l'auteure !
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Des épopées dont les héros se révèlent des antihéros.
De nombreuses critiques de professionnels sur internet et déjà 138 critiques de lecteurs sur Babelio. Quel intérêt de rajouter une nouvelle critique ?
Tout d'abord, j'ai rarement constaté de tels écarts de jugements entre critiques littéraires et critiques de lecteurs. J'en arrive presque à me demander si nous avons tous lu le même livre.
D'un côté : « On se trouve en présence d'un objet littéraire d'une si évidente cohérence, où la puissance imaginative, la profondeur introspective, la maîtrise formelle sont portées à un niveau hors du commun ».
De l'autre : « aucune étoile... les trois femmes en question semblent plutôt subir les aléas de la vie, faire ce que leur entourage attend d'elles... Elles ne m'ont pas paru puissantes du tout! » ou encore «Trois histoires bancales et inachevées... » et enfin «Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas autant ennuyée en lisant ».

Il est vrai que le titre « trois femmes puissantes » est une véritable supercherie car il n'y a aucun rapport entre le titre et les nouvelles. Il s'agit ici de trois récits juxtaposés sans véritable lien, sauf qu'on commence le deuxième récit sans savoir que le premier est terminé. J'ai parcouru le premier récit en attendant qu'il se passe quelque chose et lorsqu'enfin on croit que l'action va finalement démarrer, c'est fini, rupture brutale, sans avertissement. Je pensais rencontrer trois femmes puissantes prêtes à tout, en fait, les femmes en question, dans le premier et le troisième récit subissent les aléas de la vie et font ce que leur entourage attend d'elles, quant au deuxième récit, aucune femme n'y apparaît.

En refermant le roman, j'étais forcément déçu, car ce rassemblement de trois récits indépendants ne constitue pas un projet littéraire satisfaisant.
J'ai tenu à lire intégralement les trois nouvelles afin de comprendre les raisons pour lesquelles ce livre a remporté le prix Goncourt 2009. Peine perdue et grosse déception car avec un tel titre je m'attendais à quelque chose de fort, de puissant ; certes l'écriture est élégante et travaillée, le style intéressant, toutefois les histoires trainent en longueur, le développement est trop lent et l'ensemble manque d'action.

N'y a-t-il vraiment rien eu de mieux publié en 2009 ???

Pierre Assouline, membre du jury, nous révèle les dessous de l'élection : « Ses origines mêlées entre Dakar, Pithiviers et Anthony plaident en sa faveur en un temps où la diversité est un atout ; enfin, c'est une femme. Or les Goncourt n'ont couronné que huit femmes en cent six ans et l'argument a été avancé lors des débats. C'est donc elle. »
Marie Ndiaye doit donc en partie son Goncourt au fait qu'elle soit une femme et pour ses origines qui ont permis à l'académie Goncourt De démontrer qu'elle vit avec son temps. le choix a été fait au nom de la diversité culturelle, sujet sociopolitique très en vogue ces dernières années.

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Pas très emballée par ce roman qui n'en est d'ailleurs pas vraiment un, constitué de trois nouvelles autour de trois femmes ayant des liens tenus entre elles, et construit comme une exploration de différentes représentations de la femme africaine aujourd'hui.
La première figure, une jeune femme qui reste dominée par l'image paternelle malgré son émancipation, ne m'a pas vraiment convaincue, en raison notamment de phrases beaucoup trop longues qui m'ont semblé jouer la surenchère.
En revanche j'ai trouvé la dernière vraiment touchante et réussie, probablement en raison du thème fictionnel abordé (le chemin de désespérance d"une migrante vers l'Europe) que l'actualité récente a jeté de notre imaginaire lointain à une réalité crue et tangible.
Comme d'autres, je m'interroge sur l'attribution du Goncourt...
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Impression contrastée pour ce Goncourt de 2009. Les trois histoires qui le composent ne se répondent que par de faibles passerelles parfois anecdotiques. J'ai finalement préféré les plus courtes qui encadrent l'histoire centrale que j'ai trouvé plus lassante. La dernière histoire est très forte émotionnellement et fait en contrecoup pâlir un peu les deux autres, les rendant dérisoires malgré les drames présents dans chacune.

Le thème de la famille est plutôt bien abordé par Marie N'Diaye mais son style fait de longues phrases où l'on se perd est assez assommant. Il rend certes bien les errements internes de chaque narrateur mais a néanmoins tendance à tourner en rond, à se noyer dans les répétitions.

L'usage du contrepoint à la fin de chaque histoire est plutôt intéressante... mais pourquoi si chiche ? L'éclairage ainsi jeté donne un autre relief à certaines histoires mais bien trop court.

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Après des années sans nouvelles, Norah doit retourner en Afrique auprès de son père, monstre d'égoïsme et de cruauté...
Au bout du rouleau, Rudy Descas pense subir les griefs de sa femme Fanta dans les assauts d'une buse agressive qui le pourchasse...
A la mort de son mari, la jeune Khadi Demba est rejetée par sa belle-famille. Seule sur les chemins de l'errance, elle n'a plus que son nom auquel se raccrocher...

Trois histoires de femmes qui endurent avec la même détermination les mauvais coups que la vie leur inflige.
Trois récits qui peignent avec minutie le portrait de trois femmes africaines confrontées à l'amertume, la désillusion, l'humiliation ou la violence.
Bien campées dans le réel ou incarnée par le regard d'un tiers, les trois femmes de Marie Ndiaye ont en commun leur détermination farouche à préserver leur dignité, unique rempart pour tolérer l'ignominie.
En lentes circonvolutions et mots répétés comme autant de refrains lancinants, l'auteur sonde les consciences, révèle les blessures et exprime au plus juste les souffrances physiques et morales.
Prix Goncourt 2009.
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Roman de Marie Ndiaye. Prix Goncourt 2009. Lettre N de mon Challenge ABC 2010. Lecture commune avec Liliba et Milimel.

Il y a Norah, 38 ans, avocate en France, fière d'une réussite qu'elle a forgée seule, sur les miettes d'une famille détruite par l'inconstance d'un père absent et égoïste. Norah répond à l'appel de ce père, dont elle a gardé l'image d'un homme puissant et arrogant, sûr de sa réussite et de la suprématie de son argent. le père qu'elle retrouve est un homme diminué, glouton, qui dort dans les branches majestueuses d'un flamboyant défleuri. Les retrouvailles en Afrique, sur les ruines de la richesse du père, sont amères. Norah accuse le père d'être un monstre qui a fait peser sur le ventre de ses enfants des démons inamovibles. Venue pour défendre son frère Sony, Norah découvre l'inanité de son existence française sans pour autant se sentir chez elle dans ce pays d'Afrique qui lui a ravi un père et un frère.

Il y a Rudy Descas, 43 ans, marié avec Fanta et père de Djibril. Il a quitté l'Afrique après une trouble histoire de violence envers des adolescents. Arrachée à Colobane où elle avait un brillant emploi de professeur de littérature, Fanta dépérit en France où rien n'est fait pour elle. Rudy rumine sans cesse ses échecs professionnels et personnels. Il traîne avec lui des souvenirs traumatisants d'une enfance blessée par une mère qui ne l'aimait pas assez pour ce qu'il était. Obnubilé par la statue d'un artiste qu'il accuse d'avoir volé son image et poursuivi par une buse, érinye funeste qui révèle ses faiblesses, il a cessé depuis longtemps d'être l'homme que Fanta a épousé.

Il y a Khady Demba, silencieuse, enfermée dans son inutilité de veuve inféconde. Chassée par la famille de son défunt mari, elle doit retrouver sa cousine Fanta, installée en France. Lâchée sans appui dans un monde dont elle ne connaît rien, abusée par un amant sans scrupule, elle ne cesse de répéter envers et contre tout son nom: Khady Demba, Khady Demba, Khady Demba. Elle est Khady Demba.

Les relations entre Afrique, le Sénégal plus précisément, et la France font encore l'objet d'un traitement fantasmatique. Les exilés africains en France vivent dans la nostalgie d'une terre chaude et vibrante. Les prisonniers de la terre africaine placent en la métropole l'espoir d'une vie plus riche et prometteuse. Entre miroir aux alouettes et miroir déformant, les deux terres suscitent des rêves aux formes et aux couleurs différentes.

Les liens entre les trois parties du roman sont ténues voire improbables. Kadhy Demba est l'employée du père de Norah et la cousine de Fanta. Elle aurait mérité de figurer au centre du roman pour que le lien soit davantage visible. Mais la dernière place lui convient cependant, car le récit de son combat vers la liberté est le plus beaux des trois. Je n'ai pas apprécié le récit central. Pourtant dénué d'insoutenables jérémiades, le récit de Rudy Descas est insupportable de misérabilisme. Ce personnage ne sait pas être un homme. Etouffé par une mère illuminée de pensées religieuses, écrasé de remords et de regrets, il traîne derrière lui la misère de l'humanité sans volonté. Norah est un personnage complexe qui navigue entre culpabilité et révolte, affligé d'une amnésie trouble et onirique.

Trois femmes puissantes, ce titre ne me convaint pas. Norah a réussi comme avocate mais sa vie intime est envahie par un homme qui ne lui apporte rien. Et elle ne parvient pas à se libérer du ressentiment qu'elle a pour son père. Fanta se laisse dépérir dans la fadeur d'un pays qui ne la réchauffe pas et auprès d'un époux qui ne renforce pas sa nature de femme. Khady Demba, peut-être, est une femme puissante. Trahie par un homme, elle gagne seule, pièce après pièce, son passage vers l'Europe, au prix de son honneur et de sa vie.

Au terme de chaque partie, un "contrepoint", qui porte bien son nom, éclaire le personnage féminin d'une lumière plus douce, consolatrice et apaisante. En quelques ultimes lignes, la femme est pardonnée, restaurée, rétablie dans sa puissance et sa suprématie.

Quant au roman en général, je ne suis plus si étonnée qu'il ait gagné le Goncourt. C'est du Gallimard pur jus sur un ton élististe qui ne semble s'adresser qu'à des intellectuels chanceux, capable de saisir les enjeux humains et politiques d'une décolonisation qui n'en finit pas et d'une féminité sans cesse bafouée et foulée aux pieds. Sans être déplaisante, loin de là, la plume de Marie Ndiayé manque de proximité voire d'humanité.

La première de couverture indique "roman" sous le titre. C'est, à mon avis, une qualification abusive. L'oeuvre de Marie Ndiayé relève davantage du recueil de nouvelles que du roman, puisque chaque partie peut se lire indépendamment des deux autres. Ce ne sont pas des chapitres, à peine des parties. Ce sont des récits fortuitement juxtaposés dont je ne retiendrai, je pense, que le dernier.
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A la lecture des premiers mots, des premières phrases, j'ai cru à un roman puissant. La plûme semblait forte, imposante et élégante. Je pensais donc prendre un certain plaisir à découvrir l'histoire racontée mais, malheureusement, ce n'était pas aussi agréable que j'aurais pu l'espérer. Je me suis, en effet, parfois ennuyée, parfois agacée des longueurs, de la lenteur, de la lourdeur de l'écriture et du propos. Les tourments intérieurs des personnages ont fini par me lasser, surtout ceux de Rudy Descas, et je n'ai pas été éblouie par la puissance des femmes ici évoquées. Elle ne sautait pas véritablement aux yeux même si elle existait, un peu en effet. Le roman n'est, en soi, pas désagréable, il peut donc être conseillé, mais il n'est pas l'excellence, la puissance que j'aurais aimé lire et découvrir. Dommage.
Lien : http://mezelamin.blogspot.co..
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J'ai été totalement épatée par la maîtrise de l'écriture, la syntaxe, le vocabulaire… La forme est très travaillée, très aboutie, impeccable et raffinée.
Quand à l'histoire, le livre est découpé en trois parties quasiment indépendantes, chacune consacrée à un destin et uniquement reliées entre-elles par un fil ténu et un thème commun : les femmes qui se battent, luttent contre la fatalité, l'humiliation avec leurs moyens pour préserver leur dignité. Ces femmes sont Norah, Fanta et Khadry.
J'ai nettement préféré la première, Norah, qui retrouve son père et essaie de régler ses comptes avec lui, tout en restant empathique.
La deuxième histoire qui se raconte à travers Rudy, le mari de Fanta est celle de l'exil, du renoncement qui entraîne l'amertume, la rancoeur… J'ai moins aimé car le développement m'a semblé trop lent : le point de vue de Rudy prédomine, ses sentiments et comportements se répètent.
Quant à Khadry, on plonge au coeur de la « déshumanisation », des trahisons et de la survie, de l'abandon…
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