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Dominique Palmé (Traducteur)
EAN : 9782877306003
694 pages
Editions Picquier (26/04/2002)
3.5/5   4 notes
Résumé :
L'été c'est la nuit... Cette oeuvre ambitieuse débute par une plongée dans les ténèbres de la mémoire. A l'orée de la vieillesse, un homme tente de recomposer, dans une quête tributaire du hasard des rencontres, des sensations, des associations de mots et d'images, le processus qui lui a permis, quelque dix ans plus tôt, d'émerger d'une longue névrose. Ce faisant, il entraîne le lecteur dans une véritable "descente aux enfers" -enfers de l'alcool, du sexe, des faux-... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Plusieurs années après avoir copié ici de nombreuses citations de ce livre, je tente de revenir sur les quelques notes que j'avais prises en le lisant. Il me semble mériter cet effort, après celui que j'ai fourni sur ses presque 600 grandes pages.

Le roman présente un possible grand amour et beaucoup de rencontres dans trois* périodes, avec des intervalles de dix ans dont les souvenirs sont enchevêtrés dans le récit. Comme dans A la Recherche du Temps Perdu, le narrateur est un écrivain en devenir, et l'auteur fouille la conscience humaine pour en décortiquer les couches concentriques de motivation. Voyons.

Nakamura a été nourri de littérature française, il a traduit Nerval très jeune. On le compare à Proust, mais ça ne me semble pas si évident. Bien sûr il fait des phrases longues, il scrute les sentiments de ses personnages, leurs névroses. Mais là où Proust a une sensibilité extrême pour tous les arts et une délicatesse prévenante dans les rapports humains, Nakamura insiste sur une sexualité le plus souvent dépourvue de tout sentiment – non que Proust l'ignore, il a été un des premiers à en parler, en particulier dans l'homosexualité, mais au moins dans ce livre, le narrateur, il l'avoue, passe par le souvenir de ces aventures physiques sans suite avant toute introspection plus profonde. Plus superficiellement, j'ajoute que la jalousie est presque absente chez Nakamura, au moins chez les hommes (à confirmer en poursuivant la lecture de cet auteur... non traduit en anglais et dont ce roman* est le seul disponible en français !). La conclusion apparente de ce tome est que contrairement à son amoureuse qui semble dire que tout l'amour est dans les relations physiques, le narrateur arrive, toujours par sauts et remémoration d'une décennie à l'autre, à cette simple confirmation qu'un plaisir commun peut amener à un stade plus profond de relations... tout ça pour ça ?

Bien sûr, si je recommande cette lecture c'est qu'on y trouve autre chose que des coïncidences, des rencontres sensuelles répétitives et de la psychologie. Pour en finir avec la comparaison avec Proust, je ne serais pas surpris par exemple que Nakamura ait cherché à créer par cristallisation un morceau de temps. le côté humoristique du récit est une très longue tentative de soigner une névrose par le mal : par l'alcool et par les rencontres éphémères, en apparence si nocives à notre narrateur fragile. Il en résulte des descriptions de lieux de perdition et de personnages étranges et changeants**, que j'ai bien appréciés. le côté le plus dépaysant (et instructif dans mon cas) est une référence fréquente à des romans et peintures érotiques de l'époque Heian (IX-XIIe siècles) qui occupent l'esprit du narrateur. La traductrice en rajoute d'ailleurs sur la volonté pédagogique de l'auteur de nous initier à la littérature japonaise ancienne, depuis le dit du Genji, dont même moi ai quelques notions, en insistant sur l'époque Heian.

Si un récit complexe, beaucoup d'introversion et d'analyse des relations sociales, ainsi qu'une accumulation de rencontres sexuelles ne vous font pas peur, vous apprécierez peut-être comme moi ce roman dense, à cheval entre le Japon ancien et la culture française plus récente.

*Ou quatre ?
** l'été est le deuxième volume de la tétralogie Shiki qui comprend aussi... non quand même pas -- eh si ! l'automne, l'hiver et le printemps, puisque le titre signifie les quatre saisons. Est-ce faute de succès commercial que Piquier n'a publié que ce tome ?
*** Ces changements avec le temps sont-ils un autre point commun avec le Temps Retrouvé ou une invention de ma mémoire ?
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
[…] la comtesse risquait de se méprendre , me croyant décontenancé parce que sa remarque avait touché juste. Pour ma part, j'avais pourtant le vague pressentiment qu'une fois le séisme passé, la conclusion qui s'imposerait était que cette « interprétation inspirée par la psychologie des profondeurs »était bel et bien erronée. Mais en même temps, je captais fort bien en moi les faibles indices d'une sorte de grouillement de la pensée – propre à certains intellectuels bien trop conscients d'eux-mêmes – et qui, se remettant en branle, me poussait à me demander si au fond de ce pressentiment ne se dissimulait pas mon instinct d'autoprotection, tendant à infléchir les interprétations dans le sens qui m'était le plus favorable, la comtesse donc, qui avait également déchiffré sur-le-champ ce second mouvement de désarroi [...]
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On dit même que si les épouses d'aujourd'hui, qui commencent à se sentir libérées de la contrainte des travaux ménagers, n'occupaient pas, en Occident du moins, des postes dans les secteurs spécialisés qui méritent qu'on leur consacre toute son énergie : les sciences, les arts, les affaires ou les administrations, elles n'auraient pas d'autre moyen, pour résoudre le problème du temps libre, que d'avoir deux maris ! 
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Après avoir quitté le Japon, Mlle A. me fit savoir, par une lettre venue d'au-delà des mers, qu'elle s'était plongée sur mes conseils dans le volumineux ouvrage de Proust, et qu'elle avait ressenti, à la lecture d'un certain passage, un ravissement très proche de celui qu'elle avait connu avec moi dans nos instants de plaisir charnel ; apprenant qu'elle avait ainsi découvert comme moi des correspondances entre l’allégresse spirituelle qui naît de la volupté et l'enivrement provoqué par l'art, j'en éprouvai une grande joie.
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Précisons que les héros des récits de [l'époque] Heian prennent conscience de cette prédestination de préférence à l'occasion d'une relation amoureuse. Si l'on fait du hasard de la rencontre avec une femme une fatalité, un lien transmis d'une vie antérieure, une chose inéluctable, si l'on a l'impression que cette relation était déjà déterminée avant même la naissance, il devient impossible de s'y soustraire par le pouvoir de la volonté et par conséquent, les contraintes morales n'ont plus lieu de s'exercer...
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Je m'étais versé de bonnes doses de whisky pour rappeler le marchand de sable (depuis des années, cette expression a pris pour moi un sens beaucoup plus précis que celui de la simple formule conventionnelle, et je suis vraiment tenté de croire à l'existence de ce bon génie qui chemine en semant autour de lui le sable du sommeil. D'ailleurs quand j'essaye, avec le secours de l'alcool, de faire venir le repos, mes yeux bientôt commencent à picoter. Ces picotements - présages d'endormissement – sont causés, j'en suis sûr, par les grains de sable que ce personnage a jetés sous mes paupières) […]
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