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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Par chance j'avais lu précédemment "Biographie", son roman qui résume et englobe une partie de son oeuvre (avant 1981). Dans le cas contraire je n'aurais sans doute pas terminé la lecture de ce livre.
Yves Navarre se nourrit du ressassement d'une douleur née au sein de sa famille. Jamais fardeau n'a semblé aussi lourd, ne pouvant en aucun moment s'estomper, véritables chaines qui ont entamé sa chair et dont les plaies ne se sont jamais refermées.
Roman qui cherche son équilibre sans jamais le trouver, optant pour différents visages sans qu'aucuns ne possèdent des contours limpides.
Des fulgurances parfois qui laissent un peu d'espoir au lecteur - la scène où le père conduit son chien chez le vétérinaire pour une euthanasie - mais qui sont trop rares et ne peuvent que constituer un bon recueil de nouvelles.
Yves Navarre propose trop de chemins qui deviennent un labyrinthe dans lequel le lecteur s'égare inexorablement.
Une question s'impose quand même : comment, pourquoi cet ouvrage a-t-il été couronné en 1980 par le Prix Goncourt ?
L'année précédente Antonine Maillet avait reçu ce prix.
Le jury a-t-il voulu faire moins "terroir", plus "intellectuel" cette fois-ci ?
Mais d'ailleurs l'ont-ils lu en entier ? car il faut une certaine abnégation pour aller jusqu'au bout d'un tel livre débordant de "Blabla" interminable.
Comme bien trop souvent un Prix Goncourt à oublier et choisissez un autre livre si vous voulez découvrir Yves Navarre.
Auteur qui le mérite.

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C'est un livre que j'ai lu il y a 25 ans. J'en garde un souvenir troublant. Je me souviens bien de toutes les interrogations qu'il avait soulevé chez l'étudiante que j'étais. le thème m'avait bouleversé à l'époque : Comment dans une famille bourgeoise parisienne, le père qui ne supporte pas l'homosexualité de son dernier fils, règle le problème en lui faisant subir une lobotomie... En me remémorant cette lecture, je revis tout mon émoi de cette époque là. Je crois que je vais me replonger dans cette lecture.
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Un livre fort sur des méthodes barbares pour "soigner" des pathologies, l'homosexualité dans ce cas présent. La lobotomisation qui laisse un être vivant à l'état végétatif. Un être humain détruit ainsi que son entourage et tout cela au nom d'une morale et du regard de la société sur le droit à la différence.
Un livre émouvant mais aussi déprimant qui laisse une sensation de malaise. Un prix Goncourt qui a du faire réagir à l'époque (1980) où l'homosexualité était encore un sujet tabou.
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J'ai adoré ce récit. Depuis il m'arruve d'ouvrir ce livre au hasard et d'en lire quelques paragraphes avec délectation.
maintenant j'ai décidé de prendre un peu de distance et le relirai l'année prochaine. A voir si cette impression persiste.j
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Roman lu bien tardivement, puisqu'il est paru en 1980, écrit par un auteur oublié, qui a néanmoins eu le Goncourt la même année pour cet ouvrage. Prolifique, Yves Navarre, a beaucoup écrit sur la sexualité et l'homosexualité : romans, pièces de théâtre, surtout. Mais incompris, insatisfait, déprimé, il s'est suicidé en 1994, à 54 ans.

Le roman s'étire sur une journée, le 9 juillet, date anniversaire des quarante ans de Bertrand, le dernier des enfants d'Henri Prouillan, et de Cécile, son épouse, décédée. Henri Prouillan est un ancien ministre de De Gaulle, en place pendant un an et demie, un homme sec, autoritaire, absent, sévère et tyrannique.
Bertrand n'est pas là, il est dans le Sud-Ouest toulousain, à Moncrabeau, résidence d'été des Prouillan. Mal remis d'une opération sur le cerveau, une lobotomie, décidée par son père vingt ans auparavant, en 1960, pour inverser son homosexualité et dans l'objectif pour Henri Prouillan de devenir ministre sans trainer cette “infamie“, Bertrand y passe des moments chaotiques, sans dire un mot, sans ressentir d'émotions apparentes, pantin désarticulé qu'il faut aider, accompagner, pour ne pas qu'il fugue ou détruise ses effets, ce qu'il fait tout de même, malgré la surveillance serrée d'une famille d'Espagnols républicains (étalée sur trois générations), gardiens du domaine.

La famille Prouillan rassemblée en 1960 quand Bertrand revient de Barcelone après son opération, est éclatée vingt ans plus tard. Chacun vit sa vie. Les frères et soeur sont au nombre de quatre : Luc, Sébastien, Claire et Bertrand.
Sébastien, séparé de sa femme Ruth repartie aux States avec ses enfants, “commande“ à bord d'un bateau au milieu des fjords norvégiens, mais il devra subir une sorte de mutinerie.
Luc est patron d'une société, également quitté par sa femme Anne-Marie, qu'il n'a pas réussi à aimer véritablement, mais qu'il ne peut se résoudre à oublier.
Claire vit seule dans la Drome depuis que son époux, Gérard, s'est tué en moto, et que ses trois enfants ont quitté le foyer. Toute à ses pinceaux et ses peintures, elle ressasse.
La soeur d'Henri, Suzy et son mari Jean, dramaturge au succès en demi-teinte, sont souvent présents, et Suzy sollicite beaucoup son frère pour une aide financière, après la mort de son mari.
Deux autres personnages occupent l'espace, Bernadette, sorte de gouvernante indispensable, et Pantalon III, caniche devenu vieux et qu'il fallut euthanasier.

Ainsi évoluent les personnages de ce roman, entre souvenirs d'une enfance sereine et soumission craintive à l'autorité paternelle. La psychologie, l'introspection, travaillent les frères et soeur sans les écraser. S'y ajoute une dose de culpabilité à l'égard de Bertrand et de ce qu'ils ont laissé faire - sans le vouloir.

Ce roman est une véritable découverte : curieusement structuré, mêlant approches et périodes sans ordre, bien rythmé, allant d'un personnage à l'autre, d'une histoire à une autre, avec une écriture originale, laissant place aux mots, aux locutions dans un jeu volontiers déconcertant, mais aussi aux sentiments, aux pensées, aux bonheurs passés et aux frustrations actuelles.
Un regard finalement mordant, acerbe sur la famille.
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Résumé.
Famille Prouillan, vieille souche de propriétaires terriens, originaire de Moncrabeau, Gascogne, installée dans les beaux quartiers haussmanniens de l'ouest parisien. Henri, le patriarche, grand bourgeois, haut fonctionnaire, ministre gaulliste de la cinquième république. Cécile, femme effacée. Suzy, soeur aimante, mariée à un dramaturge juif, espèce de Courteline au succès mitigé, brocardant le bourgeois pour faire rire … les bourgeois. Quatre enfants, Luc, Sébastien, Claire, et Bertrand… Bertrand, le vilain petit canard, celui qui n'entre pas dans le moule conventionnel de la famille bourgeoise. Bertrand qui fustige tout ce petit monde de son impertinence. Bertrand, garçon sensible. Bertrand, dix-sept ans, amoureux de Romain, de plus de dix ans son aîné. Romain poussé au suicide par le chantage au détournement de mineur par Henri Prouillan…
Trois ans plus tard, mille neuf cent soixante, Bertrand est reçu brillamment à l'École Normale. Neuf juillet de cette année, Bertrand a vingt ans, juste le jour où il rentre de Barcelone, après avoir subi une trépanation, officiellement pour "tumeur au cerveau". A cette époque, la Suisse et l'Espagne pratiquent la lobotomie censée "guérir" de l'homosexualité. Bertrand a accepté et cédé à l'ultimatum de son père. Les autres n'ont rien dit. Personne. Neuf juillet, père, mère, tante et oncle, frères et soeur, et pièces rapportées, attendent Bertrand pour célébrer cet anniversaire, mais … Bertrand n'est plus qu'un légume.
Vingt ans plus tard, neuf juillet mille neuf cent quatre-vingt. La famille Prouillan est éclatée, écartelée depuis vingt ans, depuis ce fameux jour. Des mariages se sont défaits. Cécile, la mère, est décédée. Claire est veuve. Et les petits-enfants ont grandi. Bertrand est à Moncrabeau, la maison ancestrale, sous la surveillance d'une famille de réfugiés républicains espagnols, gardiens de la propriété. Chacun de son côté, chaque membre de cette diaspora pense à ce 9 juillet de 1960, à ses conséquences, aux non-dits familiaux… Il aurait suffit de presque rien pour que tout le monde soit heureux. Mais ce presque rien, personne n'a jamais osé le dire, ni le faire … Henri Prouillan a réussi sa carrière, mais il a raté tout le reste. Et chacun de ses enfants, exception faite de Bertrand évidemment, analyse, vingt après, les conséquences désastreuses de leur silence couard sur leurs vies, leurs familles, leur fratrie....


Mon avis.
Voilà j'ai fait de mon mieux. Mais il est difficile de résumer 391 pages d'une telle densité, d'un telle charge émotionnelle.
Navarre est un virtuose du mot, comme une partition mozartienne où chaque note est à sa parfaite place, ici chaque mot est judicieusement choisi et positionné avec une précision métronomique, quasi-diabolique. Changez une virgule et la symphonie sera bancale. le jardin d'acclimatation est une étonnante étude de moeurs, une dissection familiale, façon Chabrol, mais avec la verve de Navarre, un auteur écorché vif !
Le récit du Jardin d'acclimatation n'est pas linéaire. le présent et les diverses phases du passé s'entremêlent sans arrêt… Navarre va et vient dans la vie et les sentiments de ses personnages avec une maestria impressionnante.
Certes, le jardin d'acclimatation est une étude de moeurs d'une époque révolue... Mais pas si lointaine que cela, et, pour plagier le grand Churchill, j'ajouterai qu'il ne faut pas oublier les leçons de l'Histoire, car c'est se condamner à la voir se répéter !

"Composition française (par Bertrand Prouillan) : le Jardin d'Acclimatation. Thèse : forces et manières d'acclimater. Antithèse : dangers. Synthèse : nous sommes tous nés dans ce jardin […]. On arrive toujours dans le même ordre. Mais on finit par en perdre un. Je suis perdu […], et je me perds.
(à son frère Sébastien) Je ne peux aujourd'hui que t'offrir ce jardin dans lequel nous grandirons sans le savoir, sans le vouloir."
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Un texte d'une très grande densité qui hélas ne tient pas toutes ses promesses.
Il reflète bien le style Navarre: la prose torturée, la volubilité dans l'écriture, la famille dysfonctionnelle comme théâtre des maux et des mots.
Le livre vaut néanmoins le détour. Les personnages sont très fouillés et la structure du livre intéressante.
Il faut attendre la page 80 pour comprendre ce qui se trame (si on n'a pas lu la 4e de couv.).
C'est un livre testament d'une génération, d'une époque. A travers une fiction, Yves Navarre assène: Oui, cela a été et cela est dans la vie réelle!
Peut-être Navarre s'est-il laissé entraîné par le flots de ses propres émotions; le dernier tiers du livre est moins maîtrisé, mais certains passages frôlent le sublime.
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J'ai mis un peu de temps à rentrer dans ce roman, sans doute en raison du style assez froid, presque clinique, mais l'ensemble est réussi, prenant.
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Un peu long pour poser le thème principal, les personnages se croisent et se recroisent, il ne faut pas perdre le fil, l𠆚uteur réussit à aborder avec beaucoup d’émotion le sujet du refoulement de l’homosexualité au sein d’une famille de notables provinciaux montés à Paris.
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Un admirable écrit qui a reçu le prix Goncourt en 1980.
Sans aucun doute une lutte courageuse contre une forme d'obscurantisme.
J'imagine qu'aujourd'hui une telle affaire ferait l'objet d'une procédure judiclaire.

Les choses ont heureusement bien changé depuis...
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