"Que fait-il ici?
- D'où vient-il ?
- Et qu'y a t-il dans cette valise?"
Nous pourrions nous dire qu'en tant que citoyen du monde, nous pourrions être chez nous n'importe où. Il suffirait de prendre sa valise et de tracer à l'opposé de là où on est, par exemple, n'est ce pas?
Nous savons aussi que c'est bien plus compliqué que cela, d'autant à expliquer aux enfants, surtout si chacun ne veut plus voyager, investit sur sa parcelle de monde pour ne plus bouger. La propriété est une chose compliquée. Ainsi un bout de monde est distribué - il y en avait plein au début - , nous en louons une partie et notre contrepartie servira à la collectivité, un groupe de petits mondes associés. Nous aurons un lopin du grand monde avec des voisins qui auront aussi un lopin de monde, ainsi nous ne serons pas seuls. Un petit chez nous dans un grand chez nous.
Les choses nous appartiennent que si l'on en prend soin, ainsi ce sentiment se renforce, alors il faut payer pour le droit d'être là et de camper à cet endroit et cela se transformera en juste cotisation, parce qu'il faut entretenir et réparer ce qui s'use et appartient à tout le monde tout autour et se transmettra dans le meilleur état après nous.
Où poser sa valise si l'on est une sorte de tortue qui voyage avec sa maison sur le dos? Ici, là ou là bas?Dans le monde, il existe une multiplicité de petits mondes serrés de gens qui se sont mis d'accords pour entretenir la partie de petit monde qu'ils habitent ensemble. C'est comme cela que cela marche, pour que tout le monde donne pour tout le monde. Ainsi, il ne sera pas aisé de poser ses valises là où bon nous semblera, il faudra s'entendre. Des fois, il n'y aura plus de places, dès fois elles se seront libérées, dès fois les voyageurs n'auront pas d'argent pour rester...
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La valise", c'est un peu cette histoire, l'histoire d'un personnage dont on ne sait pas d'où il vient, où il va et qui s'arrête chez des "étrangers" (des gens inconnus) pour se reposer sur sa valise. L'auteur
Chris Naylor-Ballesteros transformera la situation en petite aventure amusante sur le pêché de curiosité mal placée. le petit vert le dira, qu'il y a dans sa valise tout ce qu'il a : une tasse à thé, une table pour la poser, une chaise pour en profiter et une maison pour les abriter. Cela va alimenter vivement la conversation du lapin, du renard et de l'oiseau. "Menteur! Comment cela se pourrait-il? "Certains vont douter, mais continuer de bien se comporter tandis que le renard, lui, prendra sa curiosité non rassasiée pour un affront de la part de l'étranger :
ainsi, il suffit de casser la serrure et de regarder dedans...
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La valise" induit un mauvais comportement inhospitalier concernant des gens de passage dans cette histoire. Les enfants comprendront qu'une fois que
la valise sera cassée, aussi cassée que la tasse de thé à l'intérieur et aussi abimée que la photographie prise de la maison, de la table, de la chaise, le petit vert n'aura plus rien. Il n'avait, on le comprend bien, que sa valise pour lui. Quand on a une valise et que rien ne nous appartient, on a de choix que de voyager, de ne pas s'installer au même endroit.
La mésaventure se terminera bien, les animaux revenant à un meilleur comportement (un comportement plus civilisé, amusant non?). A hauteur d'enfants, la mésaventure pourra rester un conte de moral sur la curiosité et la méchanceté, ce qui devrait suffire pour planter la bonne graine : Tout le monde a le droit au respect, les sages, les fatigués, les un peu fous, les amis, les ennemis qui respecteront les trêves de bon comportement.