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EAN : 978B00MBWRBXE
(31/07/2014)
3/5   1 notes
Résumé :
Extrait: J'étais blotti dans une encoignure du sombre escalier conduisant à la tribune d'orgue où j'attendais impatiemment la clôture des portes[1].
Il commençait à faire sombre. Je distinguais néanmoins à travers la grille, au bas de l'escalier, la silhouette de la tombe de saint Jean Népomucène et, du côté opposé, la porte vitrée de la sacristie.
On ne voyait personne. Le peu de fidèles venus ce soir-là au Saint étaient depuis longtemps partis. La gran... >Voir plus
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Je me trouvais donc séparé du dehors, abandonné à moi-même. Une tristesse indéfinissable m’envahit. Je remis mes livres dans ma sacoche et je regardai devant moi, dans le chœur plongé en demi-obscurité. De ci de là je discernai des objets bien connus. Les hauts piliers et les autels latéraux paraissaient couverts de draperies violettes comme pendant la semaine de Pâques. Pour mieux voir, je me penchai sur le rebord de la balustrade. J’aperçus à droite, près de l’oratoire royal, une faible lueur. C’était la lampe éternelle du mineur en pierre suspendu à mi-corps dans le vide. À cette clarté pâle et vacillante, je distinguai à quelques mètres autour le carrelage en losange, et les bancs d’un superbe brun foncé. L’autel le plus rapproché reluisait de dorures. Plus loin se dessinait dans les ténèbres la lourde masse du monument de saint Jean. Mon regard retomba sur la figure du mineur dont la bouche se tordait, me semblait-il, dans un spasme diabolique. La peur de tout à l’heure me reprit. Fermant les yeux, je me mis à prier. Une minute après, me sentant plus fort, je regardai de nouveau. La lampe du mineur répandait toujours sa pâle lueur, mais la figure du mineur ne m’inspirait plus peur comme l’instant d’avant. Je frissonnais tout de même ; mais c’était de faim. L’heure était avancée, et je n’avais rien à me mettre sous la dent. Eh quoi ! — je jeûnerai. Ce sera comme une préparation pour la messe de minuit. Pour me dégourdir les jambes, je me mis à marcher. M’étant aperçu que la porte derrière le petit orgue n’était pas fermée, l’idée me vint de monter à la tribune supérieure. J’allais monter, mais, Dieu de miséricorde, la marche craqua sinistrement sous mon pas. Je retins mon haleine, n’osant pas avancer. Ce ne fut qu’au bout d’un instant, quand je fus bien sûr que rien ne bougeait, que je repris courage et montai, faisant bien attention.
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Derrière eux prendraient rang les anciens chanoines de Saint-Guy. À ce propos, un doute affreux me tourmentait. Les chanoines du chapitre actuel y seraient-ils compris, eux aussi ? Seraient-ils dignes de ce grand honneur ? Et s’il en était ainsi, Mgr Pessina serait-il du nombre ? Je ne pouvais oublier la taloche dont il m’avait gratifié l’autre jour quand j’avais porté un peu de travers la lanterne suspendue à la hampe. J’avais de même en fraîche mémoire « l’âne bâté » qu’il me donna lorsque, sonnant pour la première fois au Salut et me trompant de corde, je mis en branle le tocsin. Non, je ne voyais pas la place de Mgr Pessina dans le cortège. Par contre, j’étais certain que la cérémonie ne se passerait pas sans l’assistance des grands et nobles seigneurs dont les effigies tapissent les murs des chapelles absidiales. Puis après viendraient les archevêques avec saint Jean Népomucène, entouré de ses anges d’argent, et la phalange de vaillants chevaliers, capitaines et woiewodes qui dorment sous les dalles de la cathédrale. Enfin, seul, grave, majestueux, saint Venceslas portant un calice d’or. Du dessous de son casque d’airain ébréché d’un côté s’échappent de magnifiques boucles blondes tombant sur ses épaules. Il a sa légendaire cotte de mailles couverte d’un surplis de soie blanche. Son port, sa figure, son regard respirent une sérénité divine.
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Le sacristain Havel, que tout le monde au quartier appelait dindon à cause de son nez rubicond, est un de ces rares mortels qui, vivant depuis des années dans la familiarité des choses de l’église, en savent plus long qu’on ne pense sur ce qui se passe à l’ombre des saintes images. Lié d’amitié avec mon père, il vient parfois deviser avec lui tout en dégustant un petit verre d’une fignolette dont ma mère a la recette. L’autre soir, voyant que j’étais occupé à mes devoirs de classe, il se crut moins tenu à la réserve qu’à l’ordinaire et il en arriva à parler de la messe de saint Venceslas. Vous pensez si j’écoutais, n’en faisant cependant rien voir, car Havel, tout en causant, ne négligeait pas de jeter de temps en temps un regard de mon côté. C’est ainsi que j’ai appris ce qui pour le commun des mortels devait rester secret. Comme j’en avais parlé à mes amis, Pierre et Jacques, enfants de chœur comme moi, il fut décidé que nous assisterions chacun à son tour à la mystérieuse cérémonie. Ayant éventé la mèche, j’eus l’honneur de passer avant les deux autres.
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Fort estimé de nous était aussi le chantre au premier pupitre. Parmi les musiciens nous avions le plus de sympathies pour Charlot, fils aîné du sacristain, que l’on n’appelait que dans les grandes occasions pour seconder le timbalier. Quand il se mettait en position, les baguettes en l’air et que M. Rajko, épicier de la grande place, embouchait la trompette, nos cœurs battaient toujours d’une sainte émotion, car nous savions le moment le plus solennel de la messe arrivé. Le maître de chapelle, toujours grave et sévère, dominait de sa petite estrade ce monde de musiciens, chantres et enfants de la maîtrise, de tous obéi à l’œil. Avant le commencement, il donnait à chacun quelque conseil. Puis quand les derniers préparatifs étaient pris et que chacun avait sa feuille de musique, on se rangeait autour des pupitres, attendant un coup de sonnette d’en bas, signal pour les préludes. Le maître de chapelle jette alors un dernier coup d’œil autour pour s’assurer que chacun se trouve à sa place, attentif à son signe, et lève majestueusement le bâton.
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Pris d’un terrible doute, je battis l’air de mes bras pour m’arracher à ma torpeur. Je me levai et titubant je gagnai la balustrade pour voir. Qui vois-je ? M. le curé qui allait lire l’Évangile. À gauche de l’autel, à sa place habituelle, ma mère qui, une vraie image de la douleur, levait les yeux vers saint Venceslas, Elle n’était pas seule dans le banc. Il y avait à côté d’elle une autre forme noire en laquelle je reconnus ; ma tante Marthe. Je compris. Honteux de n’avoir pas mieux résisté au sommeil, bourrelé d’avoir causé de grands soucis à mes parents, je me sentais fort malheureux. Ma première pensée fut de me jeter aux pieds de ma mère. Quand l’office toucha à sa fin, je descendis et me glissai dehors. Il faisait encore sombre, une pluie fine tombait glaciale. Grelottant, la tête basse, je guettai ma mère à la sortie, et quand j’aperçus sa figure dans l’embrasure de la porte, je m’empressai de couvrir sa main ridée de chauds baisers.
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