Le livre est découpé en quatre parties, chacune présentant une ancienne cité. A savoir, dans l'ordre : Çatal Höyük en Turquie, Pompéi, Angkor et Cahokia dans l'Illinois.
Je m'attendais à une étude du genre très académique : origine de ces cités, causes de leur disparition, et récit de leur redécouverte.
Mais l'autrice nous offre une approche dynamique, légère, avec un style très plaisant, très "visuel", digne des meilleurs documentaires télé.
Chaque cité nous est présentée dans le temps, de sa naissance et sa décadence. L'autrice se déplace sur chaque site, y rencontre des archéologues en activité, et cherche à découvrir quelle était la réalité du mode de vie dans les lieux concernés, afin de mieux comprendre ce qui a conduit à l'abandon, progressif ou rapide, de ces quatre sites emblématiques.
Cette étude n'a pas pour objectif de valoriser l'échec consubstantiel à la montée en puissance de certaines grosses civilisations urbaines, mais montre plutôt comment, confrontées à de sérieuses difficultés d'ordre naturel ou politique, les populations font preuve d'une grande résilience. Elles adaptent au fur et à mesure leur organisation, au risque de devoir mettre fin, temporairement, à une urbanisation galopante, au profit d'un retour à de plus petites ères rurales, avant que de rebondir en créant un nouveau modèle.
Pas d'effondrement complet, mais des soubresauts de l'Histoire, tel est le message final à retenir.
Un ouvrage absolument passionnant !
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Aujourd'hui, la plupart des archéologues qui étudient les cités anciennes récusent la notion d'"effondrement", préférant détailler les changement sociaux survenus. Beaucoup estiment que Jared Diamond a fourvoyé le public sur le mode de fonctionnement réel des villes. Mêmes s'ils préfèrent, dans leur grande majorité, corriger ses erreurs d'appréciation en apportant la preuve du contraire, certains ont fini par perdre patience. David Correia, spécialiste des études américaines, a publié un article intitulé dans détour "F**k Jared Diamond". Il y dénonce un "déterminisme environnemental" qui fait l'impasse sur les questions de transformation urbaine. David Graeber et David Wingrow, anthropologues, reprochent à Jared Diamond de laisser entendre que les civilisations sont immanquablement hiérarchisées au moment de leur apogée, et que seule une catastrophé écologique suivie d'un effondrement peut déloger ces hiérarchies. Ils écrivent : "N'en déplaise à Jared Diamond, rien, absolument rien ne prouve que les structures verticales de domination sont la conséquence nécessaire d'une organisation à grande échelle... il est tout simplement faux que les classes dominantes, une fois en place, ne peuvent être évincées que par une catastrophe généralisée."
Let Annalee Newitz read you a bedtime story. We promise you will drift off dreaming of time travel!