L’âme noble a le respect de soi-même.
« Il me loue, donc il me donne raison », -cette ânerie de logique nous gâte la moitié de la vie, à nous autres ermites, car elle amène les ânes dans notre voisinage et notre amitié.
Il y a une maîtrise de soi, à la fois délicate et noble, qui consiste à ne louer, en admettant que l’on soit disposé à louer, que quand on n’est pas d’accord. Dans le cas contraire, on se louerait soi-même, ce qui est contraire au bon goût.
Partout où la morale des esclaves arrive à dominer, le langage montre une tendance à rapprocher les mots « bon » et « bête ».
C’est quand notre orgueil vient d’être blessé qu’il est le plus difficile de blesser notre vanité.
Aujourd’hui, un homme qui cherche la connaissance pourrait facilement se croire un dieu devenant animal.
Comme, dès l’abord, nous avons su conserver notre ignorance pour jouir d’une liberté à peine compréhensible, pour jouir du manque de scrupule, de l’imprévoyance, de la bravoure et de la sérénité de la vie, pour jouir de la vie ! Et c’est seulement sur ces bases, dès lors solides et inébranlables, de l’ignorance, que la science a pu s’édifier jusqu’à présent, la volonté de savoir sur la base d’une volonté bien plus puissante encore, la volonté de l’ignorance, de l’incertitude, du mensonge !
Il convient de ne se servir de la « cause » et de l’ « effet » que comme de concepts purs, c’est-à-dire comme de fictions conventionnelles, commodes pour déterminer et pour s’entendre et non pas pour expliquer.
-- Quel ennui ! C'est toujours la même histoire ! Une fois achevée, la maison qu'on s'est bâtie, on constate qu'on a appris au cours du travail, sans en avoir conscience, quelque chose qu'on aurait dû savoir avant même de commencer. Éternel et désespérant "trop tard", -- mélancolie des entreprises achevées...
Notre vanité aimerait faire passer ce que nous faisons pour ce qui nous est le plus difficile.