Citations sur Par-delà le bien et le mal (345)
Dès qu'un philosophe commence à croire en lui-même, il crée toujours le monde à son image, il ne peut pas faire autrement, car la philosophie est cet instinct tyrannique, cette volonté de puissance la plus intellectuelle de toutes, la volonté de "créer le monde", la volonté de la causa prima.
NDL : il y a là plein de choses : la volonté de puissance, chère à Friedrich a enfin une "impulsion" ;
La causa prima : en métaphysique, depuis les philosophes présocratiques et en particulier à partir d'Aristote, la Cause première ou le Premier Principe, aussi appelé Arkhè (ce qui signifie principe), est la première de toutes les causes, c'est-à-dire la plus ancienne ou la plus profonde, celle responsable de l'ordre de l'univers. En philosophie scolastique, selon le raisonnement dit de causalité ou cosmologique, ce concept peut-être également assimilé à Dieu.
Il y a énormément d'Orgueil dans tout ça, c'est pas bien pour un philosophe qui se respecte : )
Les races laborieuses ont grand-peine à supporter l’oisiveté : ce fut un coup de maître de l’instinct anglais de sanctifier le dimanche dans les masses et de le leur rendre si ennuyeux que l’Anglais aspire inconsciemment à son travail de la semaine.
"Celui qui combat des monstres doit prendre garde à ne pas devenir monstre lui-même. Et si tu regardes longtemps un abîme, l'abîme regarde aussi en toi."
La façon dont le respect de la Bible a généralement été maintenu jusqu’à présent en Europe est peut-être le meilleur élément de discipline et de raffinement des mœurs dont l’Europe soit redevable au christianisme. […] On a fait un grand pas en avant lorsqu’on a fini par inculquer aux grandes masses (aux esprits plats qui ont la digestion rapide) ce sentiment qu’il est défendu de toucher à tout, qu’il y a des événements sacrés où elles n’ont accès qu’en ôtant leurs souliers et auxquels il ne leur est pas permis de toucher avec des mains impures, -c’est peut-être le point le plus élevé d’humanité qu’ils peuvent atteindre.
Sa complaisance habituelle envers toute chose, tout événement, l’hospitalité sereine et impartiale qu’il met à accueillir tout ce qui l’attaque, sa bienveillante indifférence, sa dangereuse insouciance du oui et du non, hélas ! toutes ces vertus, il a souvent à s’en repentir et, comme homme surtout, il devient trop aisément le caput mortuum de ces vertus. Réclame-t-on de lui de l’amour et de la haine –j’entends de l’amour et de la haine comme les comprennent Dieu, la femme et la bête-, il fera ce qui est dans son pouvoir et donnera ce qu’il peut. Mais on ne s’étonnera pas si ce n’est pas grand-chose, -s’il se montre justement ici faux, fragile, mou et incertain.
De même que dans le système stellaire, deux soleils parfois déterminent la course d'une planète, de même que dans certains cas, des soleils de couleurs différentes éclairent une seule planète, tantôt d'une lumière rouge, tantôt d'une lumière verte, puis de nouveau l'éclairent simultanément et la baignent de rayons multicolores, de même, nous autres hommes modernes, grâce à la mécanique compliquée de notre voûte étoilée, nous sommes déterminés par des morales diverses : nos actions s'illuminent alternativement de couleurs différentes ; elles ont rarement un sens unique, et il arrive assez fréquemment que nous agissions d'une façon multicolore.
NDL : entre les logorrhées énigmatiques de Nietzsche, de telles pépites jaillissent de son cerveau, telles des étoiles dansantes.
"La démence est rare chez les individus, elle est la règle en revanche dans un groupe, un parti, un peuple, une époque."
... un excédent d'individus ratés.. ( P.147 )
La détérioration de la race supérieure... (P.148 )
Quel bien-être, quelle délivrance constitue pour ces Européens, bêtes du troupeau, la venue d'un maître absolu. L'effet que fit l'apparition de Napoléon en est le dernier grand témoignage. (P.196 )
L'homme d'une période de dissolution, chez qui se mêle le sang de plusieurs races...cet homme sera un homme faible. ( P.197 )
Nous considérons le mouvement démocratique comme une forme de décadence de l'organisation politique.
( P.205 )
Celui, pareil à nous, dont l’œil rare sait discerner le danger général de la dégénérescence de l'homme... ( P.207 )
NDL : je comprends que la sœur de Nietzsche ait voulu rapprocher les textes de son frère des idées de Hitler, que je viens de lire, et qui pestait contre la dégénérescence de la race, et de la bêtise des socialistes.
Cependant....
Notre probité, à nous autres esprits libres –veillons à ce qu’elle ne devienne pas notre vanité, notre parure et notre vêtement de parade, notre borne infranchissable, notre sottise ! Toute vertu tend à la sottise, toute sottise à la vertu ; « bête jusqu’à la sainteté », dit-on en Russie –veillons à ce que notre probité ne finisse pas par faire de nous des saints et des ennuyeux !
Les grandes époques de notre vie sont celles où nous avons le courage de considérer ce qui est méchant en nous comme ce que nous avons de meilleur.