AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782363583277
320 pages
Editions Vendémiaire (06/06/2019)
4.19/5   8 notes
Résumé :
Chaque mois, plus de 2 500 personnes sont assassinées au Mexique. Des villes sont transformées en champs de bataille, que des bandes ennemies parsèment de signaux macabres adressés à leurs adversaires : corps décapités, démembrés, pendus sous des ponts… On n’en finit plus de découvrir des charniers où les cadavres de civils sont laissés à l’abandon. La violence semble avoir atteint dans l’ensemble du pays un paroxysme que même la mobilisation de l’armée peine à empê... >Voir plus
Que lire après La guerre des cartelsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Aaaah, le Mexique !
Sa richesse historique, son p****n de chanteur de Mexiiiiiico, ses fêtes débridées aux couleurs chatoyantes. Sur papier glacé, ça vend du rêve en barre.
Dans la réalité, ce serait plutôt en poudre.
De cocaïne, pour être précis.
Un fléau mortifère aussi bien chez les innombrables consommateurs que dans la guerre que se livrent moult cartels avides de parts du gâteau bien plus juteuses.

Quatrième de couv', on entre direct dans le vif du sujet, sans échauffement:
"Chaque mois, plus de 2500 personnes sont assassinées au Mexique."
Lorsque l'on découvre, ébaubi, le nom de l'auteur, Noël, l'on se dit que les fêtes de fin d'année ne sont plus ce qu'elles étaient...

Ce livre est aussi intéressant qu'il est plombant.
Narrant par le menu l'explosion du trafic de drogue et sa mainmise par nombre de parrains plutôt avares en dragées autres qu'en plomb léthal, cette guerre des cartels fascine autant qu'elle tourmente.

Fin des années 70, début des hostilités.
La cocaïne déferle en masse, aiguisant les appétits les plus féroces.
Une localisation géographique en faisant un point de passage incontournable, une interminable frontière commune avec les USA, principal actionnaire, le Mexique apparaît comme le pays idoine à même d'assurer un développement exponentiel et durable.

El Chapo comme parrain emblématique, ils seront finalement bien plus nombreux à s'essayer comme macro-entrepreneur, connaissant majoritairement des trajectoires courtes aux fins violentes, voire définitives.
El Jefe de Jefes, El Diego (même pas de la vega), El Mayo, El Azul, El Icopter (surnommé le roi des airs pour d'obscures raisons), une liste sans fin mais une faim de pouvoir insatiable.
Et là, vous vous dites "mais kéké fait la police ? Jamais là quand on a besoin d'elle..."
Tut, tut, tut rétorquerais-je, tout de go.
Les organismes pullulent. DEA , FBI, DFS, PJF...
De l'acronyme par paquets de douze pour des résultats, disons, mitigés.
Une guerre aux narcos ouvertement déclarée, certes, mais parasitée par bon nombres de hauts dignitaires ripoux et agents de terrains plutôt réceptifs à l'appel du biffeton.
Dans ces conditions, non seulement les cartels essaimeront mais s'en donneront à coeur joie lorsqu'il s'agira de faire montre d'inventivité débridée en matière d'intimidation. Les Sicarios, véritables machines à tuer oeuvrant H24, qui usant de l'acide, qui démembrant, qui torturant, un festival d'horreurs journalières au vu et au su de toute la populace.

L'historique se veut précis, factuel.
S'il séduit de par son argumentation étayée, les nombreux cartels et surnoms de parrains se succédant à un rythme effréné ont bien failli me perdre malgré un glossaire des plus détaillés.

Je ressors de ce roman avec un besoin moyennement pressant de découvrir le Mexique.
Pas que je craigne l'éviscération mais j'ai l'intestin grêle fragile...

Grand merci à Babelio ainsi qu'aux éditions Vendémiaire pour l'envoi de ce "comment devenir un parrain de la drogue pour les nullos."
Commenter  J’apprécie          6122
Dans "La guerre des cartels" l'historien spécialiste de l'Amérique latine, Thierry Noël nous retrace l'historique du trafic de drogues (ou narcotrafic) et de la guerre des cartels qui ensanglante le Mexique depuis une trentaine d'années (environ 30 000 morts par an !).

Nous débutons avec la création des premiers petits cartels familiaux dans les années 60 qui trafiquaient de la marijuana dont l'exportation vers les Etats-Unis a explosé à la fin de la décennie avec le mouvement hippie. Ensuite, dans les années 80, la richesse est venue avec les Colombiens qui se sont servis des réseaux de contrebande mexicains pour exporter leurs drogues (cocaïne, héroïne...). Les cartels ont alors grossi et essaimé, se faisant concurrence entre eux et une guerre sans merci.
La corruption de toutes les autorités (polices des états, police fédérale, services secrets, politiciens, hommes d'affaires...) a laissé aux cartels le champ libre au Mexique et leur a permis de se constituer de véritables armées paramilitaires en recrutant des policiers (qui font office de gardes du corps), des soldats (simples militaires ou surentraînés issus des forces spéciales) et des dizaines de milliers de jeunes désoeuvrés ou petits délinquants (les sicarios ou tueurs) servant de simple 'chair à canon'.
La violence, parallèlement, est allée crescendo depuis les années 80 jusqu'à aujourd'hui. de simples fusillades au début, elle s'est transformée en véritables bains de sang avec enlèvements, tortures, décapitations, démembrements. L'arrivée des nouvelles technologies depuis la fin du XXe siècle a empiré le phénomène puisque maintenant les narcotrafiquants filment leurs massacres et les diffusent en direct par internet pour effrayer le camp adverse ! Chaque cartel allant ensuite dans la surenchère de vidéos morbides, glauques à base de crânes et de membres sanglants.

C'est à une véritable plongée dans l'horreur que nous convie Thierry Noël avec les 300 pages de cet ouvrage. On en vient à se demander comment peut on vivre au Mexique.
Je remercie d'autant plus chaleureusement la Masse Critique de Babelio et les Editions Vendémiaire qui m'ont fait parvenir cet ouvrage qu'il est très instructif et m'a permis de découvrir un sujet qui n'est absolument pas abordé en France. Je pense que très peu de français sont au courant que près de 30 000 mexicains sont abattus chaque année (record de 33 200 en 2018 !) sans compter tous les disparus (enterrés dans des charniers non encore découverts ou simplement dissous dans des baignoires d'acide).
J'ai un seul petit regret concernant ce livre : il manque un trombinoscope des principaux membres des cartels. Il est plus simple de suivre leurs péripéties en ayant en mémoire leur physionomie.
Commenter  J’apprécie          60
juste excellent.
On est loin de la série Narco et ses agents de la DEA tous beaux tous propres, sans non plus tomber dans le sinistre et l'exhibition.
C'est propre, clair, imagé et on remet bien le contexte et ces personnages clefs.
En tout cas, la collusion des états avec les cartels, le désir de maintenir ce pays en plein développement la tête sous l'eau. ET même pas besoin de Trump.

A lire absolument
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Face à l’inaction des autorités et au silence imposé par les narcos aux médias locaux, la population s’organise, notamment avec un système d’alerte électronique qui prévient à tout instant les habitants des zones à éviter en cas d’affrontements. Les narcos y contribuent d’ailleurs eux-mêmes en envoyant régulièrement des annonces officielles détaillant les zones dans lesquelles ils vont organiser des opérations, les marquages que porteront leurs véhicules, le tout en enjoignant la population à prendre ses dispositions et accompagné des excuses d’usage pour les désagréments créés…
Commenter  J’apprécie          50
Là, il a tissé des liens étroits avec le milieu trafiquant de Medellin, allant même jusqu’à épouser une Colombienne, gage suprême d’engagement pour une pègre locale toujours sensible à ce genre d’investissement et soucieuse de pouvoir exercer des représailles sur des proches en cas de problèmes…
Commenter  J’apprécie          50
Mais leur colère ne passe pas : il faut dire que depuis que la cocaïne a envahi le Mexique, les deux hommes ont pris l’habitude de fumer à toute heure du jour et de la nuit du basuco, mélange de tabac et de pâte-base de cocaïne aux effets très nocifs pour le cerveau, car il fait ressortir l’acide sulfurique, l’éther, l’essence au plomb et autres produits chimiques qui contribuent à l’élaboration de cette drogue. Le tout avec des effets dévastateurs sur le comportement, incluant une suragressivité chronique.
Commenter  J’apprécie          20
Enfin, les deux compères ont un goût immodéré pour la fête et les abus, alcool, drogues et filles. Au Mexique, et en particulier dans le Sinaloa, c’est plutôt bien vu. Mais avec ce duo, tout est poussé à l’extrême, à toute heure du jour ou de la nuit, et les abus transforment ces deux charmeurs en brutes incontrôlables. Ils en viennent même parfois à se battre entre eux et à se menacer de mort, avant, toujours, de se rabibocher. Il n’est d’ailleurs pas rare que ces retrouvailles soient scellées par l’assassinat gratuit de quelqu’un choisi plus ou moins au hasard, à seule fin de se défouler.
Commenter  J’apprécie          10
A la dissolution de la DFS [police secrète mexicaine] en 1985, un nombre important d’agents qui travaillaient au contact des narcos ont franchi le pas et sont devenus narcotrafiquants eux-mêmes.
Commenter  J’apprécie          30

Video de Thierry Noël (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Thierry Noël
RT France - 16 juil. 2019 Interdit d'interdire / Culture : numéro 76 Frédéric #Taddeï reçoit :
- L'historien Thierry Noël pour son essai «La guerre des cartels: 30 ans de trafic de drogue au Mexique» éditions Vendémiaire
autres livres classés : trafic de drogueVoir plus
Les plus populaires : Polar et thriller Voir plus


Lecteurs (24) Voir plus




{* *}