La lecture n'est pas un plaisir de substitution. Vue de l'extérieur, mon existence était squelettique; vue de l'intérieur, elle inspirait ce qu'inspirent les appartements dont l'unique mobilier est une bibliothèque somptueusement remplie : la jalousie admirative pour qui ne s'embarrasse pas du superflu et regorge du nécessaire.
Décidément, le peu que l'on croyait posséder, on ne le possédait pas, ou plutôt de si précaire façon que l'expropriation en était fatale.
Vue de l.exterieur, mon existence était squelettique; vue de l'intérieur, elle inspirait ce qu'inspirent les appartements dont l'unique mobilier est une bibliothèque somptueusement remplie : la jalousie admirative pour qui ne s'embarrasse pas du superflu et regorge du nécessaire.
J'avais toujours été seule, ce qui ne m'eût pas déplu si cela avait été un choix. Ce ne l'avait jamais été. Je rêvais d'être intégrée, ne fût-ce que pour m'offrir le luxe de me désintégrer ensuite.
De retour dans ma chambre, je me déshabillai devant le grand miroir et me contemplai des pieds à la tête, ce corps m'insulta.
En vérité, les êtres comme Sabine et moi étaient coupables : au lieu d’aller vers leurs semblables et de se réconforter mutuellement, ils aimaient au-dessus de leurs moyens – il leur fallait des individus à mille lieues de leurs complexes, il leur fallait des Christa, des personnalités séduisantes et rayonnantes. Et ils s’étonnaient ensuite que leurs amitiés se portent mal, comme si ça pouvait marcher, une panthère avec une souris, un requin avec une sardine.
Le premier jour, je la vis sourire... Aussitôt, je voulus la connaître.
Ça ne lui suffit pas de voler le peu que j'avais, il faut qu'elle me pourrisse tout ! Elle voit très bien où le bâtblesse en moi, elle en abuse, elle jouit de faire le mal et m'a choisie pour victime. Je lui apporte que du bien, elle ne m'apporte que du mal. Ça va mal finir, cette histoire. Antéchrista, tu m'entends, tu es le mal, je te terrasserai comme un dragon!
Défaut de visibilité ou défaut d'existence? Cela revenait au même : je n'étais pas là.
Ce souvenir me tortura. Je constatai avec dégoût que cela n'avait pas changé.
Ou plutôt si : il y avait Chrisra. Christa qui m'avait vue. Non, c'eut été trop merveilleux. Christa ne m'avait pas vue : elle avait vu mon problème. Et elle s'en servait.
J'avais toujours été seule, ce qui ne m'eût pas déplu si cela avait été un choix. Je rêvais d'être intégrée, ne fût-ce que pour m'offrir le luxe de me désintégrer ensuite.