J'ai donc voulu lire mon
Amélie Nothomb, revenir sur des traces que j'avais autrefois aimées, et dont je m'étais détachée assez rapidement. Histoire de savoir si c'était sa faute ou la mienne. Et de savoir de quoi je parle (encore que je ne parle pas vraiment souvent d'
Amélie Nothomb, on a les contradictions qu'on peut).
Et bien voila. Je n'ai pas été déçue… Il paraît pourtant que je n'ai que ce que je mérite, c'est ce qui se dit ici.
Cette lecture aura au moins eu l'intérêt de me rappeler ce qu'est (ou n'est pas) la littérature, la différence entre un livre et un objet de consommation.
Même en se disant que c'est du second degré, ça ne passe pas.
Ca commence dès le titre :
Les prénoms épicènes. Mot que « personne » ne connaît à part
Amélie Nothomb, qui se fait bien briller en daignant le partager avec nous
Un mot épicène est un mot qui n'est pas marqué du point de vue du genre grammatical et peut être employé au masculin et au féminin sans variation de forme .
Et bien oui, quelle idée géniale, les héros s'appellent Claude et Dominique. Et nomment leur fille… Epicène. Hahaha ! Seulement cela ne change rien à rien, n'a aucune place particulière (ni intérêt il faut bien le dire), il s'agit juste d'un titre accroche-chalant.
L'intrigue est digne du plus basique des romans-photos. On croise là grand amour, passion, vengeance démoniaque, cynisme, fric facile, et autres balourdises. Bref, tout cela est définitif, tout noir ou tout blanc, convenu à en être pathétique, et on n'oublie pas au passage de se tomber dans les bras de bonheur. « Celui qui aime est toujours le gagnant ». Que c'est beau !
Les personnages sont des stéréotypes ambulants. Un couple asymétrique, non pas un médecin et une infirmière, mais un cadre sup et une secrétaire bécasse provinciale, qui croit vivre le grand amour et qui est habilement (?) manipulée. Elle est finalement séduite par … l'achat d'un flacon de Chanel Numéro 5. Fallait oser. Leur fille est très malheureuse (mais très intelligente). Sa meilleure amie est issue d'une famille marocaine de moindre milieu social, où, évidemment, on est beaucoup plus heureux, qui pouvait donc en douter. Elle raisonne comme une adulte revenue de nombreuses expériences. Et ne pas oublier la grande amie de la mère, aristocrate, prénommée si habilement Reine, prénom pas épicène, mais qui pourtant ne manque ni de simplicité, ni de finesse, pas du tout. Ni le beau-père méprisé, encore un provincial impécunieux, mais qui, tadam, « connaissait par coeur des pages et des pages de poésie de
Victor Hugo et les récitait de sa voix rocailleuse » (j'insiste sur le mot rocailleuse, si bien choisi)
L'écriture est loin de rattraper quoique ce soit. le style a la platitude d'une rédaction de CM2, exposer des faits ce n'est pas raconter. C'est bourré de dialogues indigents, le vocabulaire ne dépasse pas les 1000 mots, à part 4 ou 5 mots « savants » semés ça et là pour masquer la pauvreté du reste, et montrer la culture si généreusement partagée de Mme Nothomb.
Le seul avantage c'est que c'est court, très court, pourquoi donc se fatiguer sur la quantité quand on néglige la qualité, et que cette indigeste production annuelle, bien orchestrée par le service marketing d'Albin Michel et les médias le petit doigt sur al couture du pantalon est sûre de trouver son public, quoi qu'il arrive ?