Si on l'avait demandé aux archéologues modernes quelle ville ils auraient voulu préserver des dégâts du temps, ils auraient choisi Pompéi.
Nommer les choses c'est leur enlever leur danger.
On ne décide pas de tomber amoureux d'un être humain, on tombe amoureux d'un être humain.
- (...) Je vais vous dire: dans votre cœur, il y a place pour quatre personnes, pas une de plus. Autrement dit, vous n'êtes capable de vous émouvoir que pour ces quatre personnes. Mais ce que l'on fait à cinquante milliards d'inconnus, vous vous en fichez ! C'est aussi pour cette raison qu'il est plus commode de perpétrer un génocide qu'un assassinat: personne n'a le cœur assez grand pour cinquante milliards de morts, quand tout le monde l'a assez vaste pour la femme coupée en morceaux. (p. 195-196)
- Que savons-nous de la mort ? Vous qui savez tout ce que l'on peut savoir, que savez-vous de la mort ? N'avez-vous jamais songé que l'on pouvait mourir à l'insu de soi-même ?
- Non.
- Que vous êtes borné ! S'il y a des gens qui meurent dans leur sommeil, n'est-il pas vraisemblable que ces endormis s'éveillent de l'autre côté, sans avoir été avertis de ce qui leur était arrivé ? Pourquoi croiraient-ils qu'ils sont morts ? De leur vivant déjà, les humains ont un tel mal à admettre qu'ils vont mourir un jour, pourquoi trouveraient-ils cela plus admissible après leur décès ? Et puis, il y a toujours des distraits: ceux-là deviennent sans doute les fantômes. Ils étaient dans la lune au moment de leur trépas. Ils n'ont rien remarqué. (p. 183-184)
- Le pire, c’est que ça ne m’étonne pas. Ça confirme ce que je pensais sur les paroles malheureuses: elles ont un pouvoir terrifiant ! Combien de fois n’ai-je pas vécu cette situation: une parole sans aucune importance, dite par moi ou par un autre, qui provoquaient des catastrophes dont les effets pouvaient durer des années. Aucune réalité humaine n’exprime aussi bien l’idée de destin que les paroles malheureuses et leurs conséquences inexpiables. (p. 71)
- Comment la morale a-t-elle pu se dégrader à ce point ?
- La morale, c’est un grand plat de viande. Il était bien garni quand il est arrivé sur la table. Il a circulé dans l’ordre des préséances et, comme d’habitude, les premiers se sont trop servis. Quand le plat est arrivé au bout de la table, il était vide. Alors, furieux, les convives lésés ont mangé la maîtresse de maison. Qui faut-il accuser ? (p. 49-50)
- Je regrette: prétendre avoir été exhaustif quant aux potentialités de l’avenir, c’est un sommet dans l’histoire de la sottise. (p. 39)
- Si je le racontais dans un bouquin de 1995, pas un lecteur ne me croirait.
- On ne sait jamais.
- Vous me surestimez. Lisez les critiques de mon temps: on ne me prenait pas au sérieux. (p. 31)
— Je lui parle de Pompéi, je traverse vingt-cinq siècles en sa compagnie, je lui explique les lois scientifiques les plus fulgurantes de l’Histoire, et sa principale préoccupation est d’arroser son hibiscus.
— À chacun ses valeurs, monsieur.