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EAN : 9781021031297
324 pages
Tallandier (15/03/2018)
4.12/5   8 notes
Résumé :
De tous les chefs du service de renseignement extérieur français depuis la guerre, Alexandre de Marenches (1921-1995) est celui qui est resté le plus longtemps en place. Il est aussi celui qui a porté le plus de secrets d'État, celui qui a eu les relations les plus étroites avec les responsables de l'exécutif, celui qui a noué les liens les plus forts avec les dirigeants étrangers. Grâce à lui, les services secrets français sont devenus sous Pompidou et Giscard un o... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Jean-Christophe Notin a eu le talent (ou le bon renseignement) de trouver les archives personnelles d'Alexandre de Marenches, le maitre du secret, directeur du SDECE durant un peu plus de 10 années (1970-1981).

Peu d'hommes ont été aussi bien préparés, en terme de savoir être, que lui : né en 1921, d'un père officier (blessé gravement en 1914 & 1915) affecté à l'état major, représentant du général Pétain auprès du général Pershing et d'une mère américaine (veuve du PDG d'Idéal Standard), infirmière volontaire en 1917, il est bilingue français anglais et surtout biculturel. La fortune maternelle et la noble ascendance paternelle lui permettent de côtoyer les grands de ce monde dès son enfance, dans leur chateau normand ou en Amérique lors de leurs voyages. Son père connait le Colonel de Gaulle et est proche des Chambrun (et donc de Pierre Laval), Alexandre noue lors de sa scolarité à l'école des Roches ou à Montreux, des liens de camaraderie qui le servent tout au long de sa vie.

La campagne de 1940 ne lui permet pas de s'illustrer (contrairement à la légende) mais il passe en Afrique du Nord, via l'Espagne, en 1942, intègre la cavalerie puis participe à la Campagne d'Italie (blessé il en gardera les séquelles à vie) et devient officier de liaison du général Juin, où il joue les interprètes auprès des anglo-saxons (à l'image de son père) et développe un réseau essentiel pour après.

A la fin des hostilités, cet autodidacte et rentier se lance dans les affaires, tout en étant un réserviste actif auprès du général Juin, en menant une vie sociale très active et en courtisant Lilian Witchell (infirmière lors de la campagne d'Italie) qu'il finit par épouser en 1953. Ses activités professionnelles (mystérieuses pour ses biographes) lui font visiter le monde entier mais sa société ne sera quasiment jamais rentable et est dissoute en 1969.

Pompidou a succédé à De Gaulle, le SDECE a une image de marque polluée par les affaires Ben Barka et Markovic, le Colonel de Marenches active ses réseaux (François Castex, beau frère de Pompidou le connait depuis la campagne d'Italie, Pierre Messmer et Anne-Marie Dupuy le recommandent) et il est nommé à la Direction de SDECE le 14 octobre 1970. Entré en fonction le 10 novembre (décès du Général de Gaulle), il purge la direction et refonde les services qu'il dirige jusqu'à l'arrivée de François Mitterand.

Dix années d'actions, dans un contexte difficile (mandats Ford-Carter calamiteux aux USA), où l'URSS progresse sur tous les continents, où le conflit Iran Irak s'amorce, où l'on intervient au Tchad, au Zaïre, en Centre Afrique, etc.

En historien, Jean-Christophe Notin n'est pas dupé par les manuscrits de Porthos et croise toutes les données (courriers, dates, rendez vous) pour corriger les « troubles de mémoire » ou les « étourderies » d'un homme flamboyant, qui une fois retraité se raconte à Christine Ocrent sans rien dire de « secret défense » : « Alexandre de Marenches savait ce qu'il en coûtait de demeurer tel qu'en lui-même le survivant d'un autre temps et d'une culture disparue. Peu lui ressemblent qui lui succèdent. Et c'est dommage. »

Un ouvrage passionnant, souvent drôle, rapide à lire qui prolonge son précédent « Les guerriers de l'ombre »
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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De très loin, le meilleur des Notin que j'aie lus. Il y a de la grande histoire, de la petite histoire et le petit plus, l'invention d'un trésor. Je m'explique. La Grande histoire, c'est celle de ce pan très particulier du XXe siècle, allant de la Seconde Guerre à la Guerre Froide. La petite histoire, c'est celle de Marenches, un drôle de personnage, mythomane, un rien imposteur, obsédé par les "Soviets", les "rouges", les "popov" qu'il voit partout, y compris dans la mort de son pauvre fils, Anselme, 15 ans. Et puis, le trésor, ce sont les papiers personnels exhumés par Notin dans la cave d'une maison perdue - dont au passage, habilement, il ne donne jamais l'adresse - et qui lui ont permis de ciseler ce portrait d'une écriture qui plus est très agréable. Tout le livre, qui débute en 1970, balance entre les fantasmes de Marenches et ce que Notin en a découvert: le comté n'a été ni résistant, ni grand combattant, ni gaulliste, ni homme d'affaires, ni espion de la IVe république. Les onze années passées au SDECE, un record, sont à lire avec délectation, Marenches ne connaissant rien aux services à ses débuts, mais se révélant finalement un excellent patron, ce qui démontre une intelligence manifeste. Tout y passe de ces années 1970, les guerres au Liban, au Moyen-Orient, le dépôt de Bokassa, le soutien à l'Angolais Savimbi, la chute (non prévue) du Shah, l'appui à Saddam Hussein, les tentatives d'élimination de Khadafi, mais aussi la lutte contre les terrorismes breton, basque, irlandais, palestinien, etc. Au fil des ans, on voit Marenches s'affirmer, devenir "the" référence de la communauté internationale du renseignement, tout en continuant à se tromper allègrement tant sur l'eurocommunisme que sur la chute du Mur ou le triomphe du désordre moral qu'aurait initié Mai 68. Mais là où Notin est royal, c'est qu'il mêle tout cela à la vie intime du "DG", ses conquêtes féminines innombrables, sa relation singulière avec sa femme Lilian, le drame absolu de la perte de leur fils unique (et cette certitude incroyable que le KGB a fait le coup). C'est en cela que le livre est vraiment remarquable. C'est plus qu'un livre d'histoire, c'est un roman non romancé. J'ai adoré. Que dis-je, j'adore. Mes compliments, Monsieur Notin, si vous me lisez !
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Dois-je l'avouer..? J'ai ri durant la première moitié du livre devant les libertés prises par Alexandre de Marenches avec son passé. Et puis, durant la seconde moitié, j'ai rangé mes sourires et j'ai même pleuré. Je suis d'accord avec Sof2017 : ce livre est le meilleur de JC Notin. Ce Marenches qu'on moque, on finit par le comprendre, et même par le plaindre. Il est emblématique de l'époque de l'après-guerre où puisque tous les Français étaient résistants, lui n'hésitait pas à se présenter comme l'un des plus grands. Il arrive au commandement des services secrets après avoir dupé tout son monde, mais là où il est fort, c'est qu'il se révèle un grand chef. Sa correspondance avec les présidents de la république est très enrichissante, sa manière de vouloir prédire l'avenir truculente. Tout cela en dit long sur le fonctionnement de l'Etat et de notre société.
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Un livre très intéressant qui se concentre sur une personnalité peu orthodoxe, Alexandre de Marenches. Où on se rend compte finalement que celui qui n'a eu de cesser de naviguer entre ses ambitions et ses inconsistances, ayant autant d'estime de sa personne qu'il n'aura que peu de réussites professionnelles avant ses cinquante ans, se révéla un bon et solide Directeur Général du renseignement extérieur. S'il se voyait plus en oracle des relations internationales, avec une vision biaisée par sa maladive peur du communisme, il n'en resta pas moins celui qui fut capable de redresser la barre des services, quitter le monde des barbouzeries pour préfigurer celui de la DGSE que nous connaissons aujourd'hui. C'est cette personnalité complexe, dont beaucoup se demandait "pourquoi elle à ce poste" qui est révélée dans ce livre, intéressant par sa documentation et les analyses qu'en tire son auteur.
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Je ne mets que 3 étoiles... car c'est bien trop décousu, comme l'était la vie de Marenches. Dilettantisme assumé? ou réel amateurisme? (s'applique à l'auteur et au sujet)
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Même l'agression dont il est victime le 28 septembre (1944) ne parvient pas à le freiner. Un homme se présente en effet, un soir, à son hôtel particulier. Comme il porte l'uniforme de la police militaire américaine, le valet de chambre lui ouvre. Interloqué, Marenches, en tenue, quitte son dîner et le somme, en anglais et en français, de s'expliquer, mais en guise de réponse, l'individu arme son fusil... Il a à peine le temps de détourner le canon qu'un coup part juste à gauche de sa tête et se loge dans le mur de l'antichambre. La balle suivante restant bloquée dans le canon, s'ensuivent une bagarre et l'immobilisation de l'impudent qui, véhément, prétend appartenir à la division Leclerc.

Marenches n'apprend sa véritable identité qu'après l'arrivée de la police : André Brunet, pâtissier de vingt-cinq ans, appartiendrait au groupe de FTP ayant élu domicile dans le lycée voisin Janson-de-Sailly. La proximite de la plupart de ces résistants avec le Parti communiste n'arrangeant rien, le jeune officier s'en voudra longtemps de ne pas lui avoir réglé son compte lui-même. Libéré au bout d’un an, Brunet tuera, le 15 novembre suivant, le gardien de la paix Joseph Geoffre après le braquage d’un cinéma et le paiera de la guillotine.
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(…) c'est l'attentat de la rue Copernic contre une synagogue, le 3 octobre 1980, qui pousse Marenches à franchir le pas.

« Les terroristes, avait-il lancé à un collaborateur, je vais aller les chercher, et je vais les flinguer. - Vous n'en avez pas le droit », lui avait répliqué le colonel en lui rappelant que c'était du seul ressort du président de la République.

Mais justement un ordre tombe de l'Elysée : il ne faut pas que cet attentat reste sans conséquence. Le SA mène en urgence une opération à l'explosif contre une cible palestinienne identifiée de longue date et prend soin de laisser une inscription, « Remember Copernic ». Le Mossad s'en verra ainsi attribuer la paternité, ce qui n'est pas pour lui déplaire, sa stratégie étant de faire croire à son don d'ubiquité.

« Champagne ! » lance une nouvelle fois Marenches en apprenant la réussite de l'opération au retour d'un voyage. L’affaire manque toutefois de tourner au vinaigre quelques semaines plus tard quand, en visite à Cercottes, un connaisseur du dossier reconnaît dans une vitrine du musée-maison la réplique de l'engin explosif... En se limitant à un silence amusé, il évite une guerre des services, elle aussi très en vogue.
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En février 1944, la campagne d'Italie est loin d'être terminée, mais elle pâtit de la préparation du débarquement en Normandie qui engloutit la plupart des moyens.
(...)
Alors, autant s'y impliquer de manière originale. Après son séjour au front, Marenches est désigné pour cornaquer les correspondants de guerre anglo-saxons en visite dans le secteur français. Il commence par une journaliste, la troisième épouse d'Ernest Hemingway, Martha Gellhorn, «blonde, 40 ans, intelligente, vétérante [sic] des guerres de Finlande et d'Espagne », qui consacrera un chapitre aux Français dans son ouvrage The Face of War. Puis c'est le Néo-Zélandais Robert Gilmore pour Parade et, en mars, Dana Adam Smiths pour le New York Times.

Pas sûr que l'aspirant lui confie la blague qu'il affectionne : « Quelle différence entre une vache qui rumine et un Américain qui mange du chewing-gum ? C'est que dans les yeux de la vache, il y a une lueur d'intelligence ! »
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Raymond Barre apprécie beaucoup Marenches qui, lors de la même visite à Cercottes, s'autorise à lui raconter l'une de ces histoires qu'il affectionne : « C'est un Premier ministre qui quitte Matignon. Dans le coffre, il laisse à son successeur trois enveloppes numérotées de 1 à 3, à ouvrir à intervalles réguliers.

A la première manifestation dans la rue, première enveloppe : "Dites que c'est la faute du prédécesseur, ça marche." Six mois plus tard, nouvelle manifestation, donc nouvelle enveloppe : "Promettez une hausse des salaires, ça marche." Six mois plus tard, encore une manifestation et c'est la dernière enveloppe : "Préparez trois enveloppes".»

Marenches rit beaucoup. Barre moins, mais cela ne les empêchera pas de se voir pendant de longues années.
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« Ce que je voulais vous dire aujourd'hui, c'était essentiellement ça. Cette maison a un mauvais renom, nous allons faire en sorte, avec votre aide, que bientôt tout ça soit effacé.

Je voudrais vous rappeler, aux uns et aux autres, ce que je vais me rappeler moi-même tous les matins en me levant ; c'est que nous sommes essentiellement au service de la France et de l'Etat.

Je suis un homme qui admire encore les vertus anciennes, celles dont on se moque souvent aujourd'hui. Eh bien, au risque de faire sourire certains, moi, les mots comme courage, fidélité, honneur, France, moi, ça ne me fait pas rire. Et c'est ça que je voulais vous dire aujourd'hui ».
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Videos de Jean-Christophe Notin (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Christophe Notin
"Ta mère c'est la France, et il faudra la défendre". Jacques Chaban-Delmas se confie à Jean-Christophe Notin ?
Ils étaient 1 038. Étudiants, fonctionnaires ou militaires en 1940, De Gaulle les reconnaît à partir de 1941 comme ses Compagnons pour la Libération de la France « dans l?Honneur et par la Victoire ».
Parmi eux, des personnalités emblématiques, Pierre Messmer, Jacques Chaban-Delmas ou Pierre Clostermann, mais aussi d?illustres inconnus.
~ ? Ils étaient 1038 Entretiens inédits avec les Compagnons de la Libération ?? Jean-Christophe Notin ?? https://urlz.fr/aGF3
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