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Christelle Gaillard-paris (Traducteur)
EAN : 9782266297981
528 pages
Pocket (06/01/2022)
3.68/5   103 notes
Résumé :
À l’aube de la guerre froide, Olga, la muse de Boris Pasternak, le plus célèbre écrivain soviétique vivant, est arrêtée à Moscou. L’État sait qu’un roman, Le Docteur Jivago, critique la révolution d’octobre et, cherchant à faire pression sur son auteur, envoie sa maîtresse au goulag. Après trois ans dans un camp, Olga retrouve Pasternak qui, ne pouvant publier son roman dans son pays, le confie à un éditeur italien.

En 1956, à Washington, Irina, Améri... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
3,68

sur 103 notes
Ou la saga d'un livre. Pas n'importe quel livre, un lauréat du Prix Nobel 1958 et l'inspiration d'un des 10 plus grands succès du grand écran :
"Le Docteur Jivago" de Boris Pasternak (1890-1960).

Je savais que la publication de ce roman n'avait pas été particulièrement simple par la lecture d'un ouvrage par le fils de l'homme italien qui en a été, en fait, à l'origine, Giangiacomo Feltrinelli. La famille Feltrinelli appartient avec les Agnelli de Fiat et les Motta des "gelati" aux familles les plus fortunées d'Italie. Giangiacomo (1926-1972) a été cependant communiste convaincu et a comme éditeur réussit à importer le manuscrit du chef-d'oeuvre de Pasternak chez lui, en Italie, et l'y publier comme primeur au monde.

Les Russes devront attendre l'arrivée de Gorbatchev et sa perestroïka pour pouvoir lire, en 1985 finalement, ce monument de la littérature russe en leur propre langue.
Pour plus de détails, je me permets de vous renvoyer à ma critique du 25 mai 2017 du livre de Carlo Feltrinelli "Senior Service".

La lecture de ce livre a fait que j'ai mis l'ouvrage de Lara Prescott dans ma pile de livres à lire, où il est resté trop longtemps.
J'avoue volontiers que j'ai eu tort, car l'auteure ajoute au volet italien de la saga, une dimension politique étonnante et une triple histoire d'amour.

À travers son héroïne Irina Drozdova, une simple dactylo à la CIA d'origine russe, mais née aux États-Unis, l'auteure fait figurer l'oeuvre de Pasternak comme une arme de l'Occident contre l'URSS, qui considérait certains passages du docteur Jivago absolument inadmissibles et foncièrement contraires aux réalisations merveilleuses de la révolution bolchevique.

Si Irina, nom de code Nancy, est un personnage fictif, parmi les gens qui l'entourent dans le récit il y a des personnages qui ont vraiment existé, tel Teddy, en réalité Richard Helms (1913-2002), directeur de la CIA de 1966 à 1973 et ambassadeur en Iran de 1973 à 1976, et Frank Wisner (1909-1965), directeur à la planification de la CIA de 1951 à 1959.

J'ai bien aimé la façon dont ces braves gens de l'agence de sécurité américaine s'y sont concrètement pris pour duper leurs adversaires du KGB, selon Prescott. À cet égard, la distribution d'exemplaires du roman en russe à des citoyens russes par une Irina déguisée en bonne soeur catholique lors de l'Exposition universelle à Bruxelles de 1958 constitue un moment fort du roman.

Sur cette aventure d'espionnage en pleine guerre froide, se greffent 3 histoires romantiques : la liaison entre Irina et Teddy, entre Irina et sa séduisante collègue Sally Forrester et surtout le grand amour entre Boris Pasternak et sa muse, Olga Ivinskaïa (1912-1995), qui a inspiré le personnage de Lara dans le chef-d'oeuvre littéraire du maître. Rôle interprété à l'écran par Julie Christie à côté d'un Omar Sharif comme docteur Youri Jivago et Géraldine Chaplin comme Tania Jivago dans la version cinématographique mémorable de David Lean de 1965.

Je signale que la fille de cette Olga, Irina Emélianova (née en 1938), qui ai été envoyée au Goulag avec sa mère pour "trafic de devises" - ces devises étant les droits d'auteur que Feltrinelli avait clandestinement payés à sa mère - a écrit d'intéressants mémoires : "Légendes de la rue Potapov" parus en 2002.

Lara Prescott, au beau prénom, a réalisé avec cet ouvrage une prouesse : un roman passionnant dans un cadre géographique et historique authentique, superbement documenté avec des personnages convaincants et attachants. Un exploit d'autant plus impressionnant qu'il s'agit d'une première oeuvre.

Grâce à cette performance, j'ai terminé l'année 2022 en beauté.
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Il est des souvenirs qui se cristallisent dans le temps et dans la rétine.
Ma visite, il y a des années de cela, de la maison de Boris Pasternak à Peredelkino fait partie de ces souvenirs. Je me souviens avec quelle émotion, je suis rentrée dans la maison contemplant cette rotonde faite de baies vitrées donnant sur les bouleaux. J'imaginais sans peine cet homme, une véritable légende russe, écrire à son bureau. le renvoi à une scène du film: Docteur Jivago était immédiat, celle où Youri se met à son bureau pour écrire un poème à Lara dans la maison de Varykino, où il a trouvé refuge.
C'est pour toutes ces souvenirs que j'ai eu envie de lire: Nos secrets trop bien gardés.
Le roman se déroule en deux univers bien distincts: L'est et l'ouest dans les années 50 qui plongent le monde dans la Guerre froide et ce Rideau de fer infranchissable dans les deux sens.
J'ai appris quantité de choses, à commencer par l'existence de la maîtresse de Pasternak mais je préférerais utiliser le terme plus approprié du grand amour de Pasternak. Celle qui sera sa muse, cette Lara du docteur Jivago.Elle est sans aucun doute belle et lumineuse, courageuse comme l'héroïne de Jivago. C'est elle qui va payer un lourd tribut au succès de ce roman, déportée trois ans au goulag et encore persécutée à la mort de Pasternak.
Un autre aspect du roman qui m'a beaucoup touché a été de découvrir la mentalité et la propagande orchestrée par l'Amérique pour se servir d'un livre comme une arme. L'idée très ancrée qu'un livre peut avoir le pouvoir de changer le monde.

Je ne peux que vous conseiller ce livre, surtout pour tous ceux que L Histoire passionne.

Quant à moi, je dédie cette lecture à Olga et Sacha, mes amis russes qui m'ont emmenés visiter la maison de Pasternak. Un souvenir que je chéris encore plus de vingt cinq ans après.
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Un coup de coeur pour ce roman en constellation, dont l'épicentre serait l'oeuvre de Boris Pasternak, l'auteur russe du "Docteur Jivago". le sujet pourrait paraître désuet, le contexte de la guerre froide dans lequel il prend place un peu trop lointain. Et pourtant, Lara PRESCOTT nous offre un roman choral très habilement construit, mêlant des personnages historiques, comme Pasternak et sa muse Olga Ivinskaïa, à des personnages de fiction; s'appuyant sur les faits de l'époque, extrêmement bien documentés, pour aboutir à un roman très construit qui sait maintenir l'intérêt du lecteur. le récit est d'une richesse passionnante, autant par la période historique que par les personnages qui ne peuvent qu'inspirer l'envie de se plonger dans leur biographie.

La place centrale est bien sûr octroyée au roman "Le Docteur Jivago", qui nécessita à Pasternak une dizaine d'années d'écriture, de 1945 jusqu'à sa parution (interdite en URSS) par les éditions italiennes Feltrinelli en 1957. Pourquoi ce chef-d'oeuvre russe sert-il de clé de voûte au roman contemporain de Lara PRESCOTT?

• Parce que tout d'abord, il nous replonge dans le contexte d'une âpre guerre froide, où tous les moyens sont bons pour l'emporter sur son adversaire. Les blocs Est/ Ouest s'affrontent politiquement, mais aussi culturellement. Un roman, un tant soit peu critique envers le régime soviétique, peut alors se révéler être une véritable traînée de poudre, un outil de contre-propagande redoutable.
Il ne faut pas perdre de vue que le combat idéologique que se livraient ces deux grands blocs se concevait non pas à l'échelle d'un simple état ou pays, mais bien dans une perspective mondiale. D'où l'intérêt pour les uns et le risque pour les autres, d'un récit discréditant la révolution russe, d'autant plus "habillé" de façon romanesque, donc attrayant pour le plus grand nombre.
Si "Le Docteur Jivago" reste pour beaucoup une mythique histoire d'amour tragique, Pasternak y brosse aussi un tableau du passage de l'Empire russe à l'Union des républiques socialistes soviétiques et décrit la terrible guerre civile russe qui martyrisa sa population. Pasternak est un poète, profondément amoureux de son pays, mais son "Docteur Jivago" ne fait pas l'éloge du régime soviétique, ce qui est impensable pour l'URSS de Khrouchtchev!
C'est ainsi que Lara PRESCOTT nous fait entrer dans la grande Histoire, puisque la CIA favorisa grandement la diffusion du roman traduit en Europe, puis son introduction illégale, dans sa langue originelle, en URSS ! Au point que certains qualifieront la CIA d'agent littéraire de Boris Pasternak!
"Nos secrets trop bien gardés" nous immerge totalement dans une guerre idéologique, où Pasternak et son oeuvre seront utilisés comme des pions. Cette lutte d'idéologie malmera jusqu'à parfois broyer les personnages, réels ou fictifs qui interviennent aussi bien à l'Est qu'à l'Ouest.

• Car en effet, quel lien entre Pasternak dans sa datcha de Peredelkino et une jeune américaine, embauchée comme dactylo à Washington ?
C'est toute l'adresse et le talent de Lara Prescott d'avoir su, tout au long des 500 pages de ce roman, nous faire naviguer sur la période des années 1950, entre différents personnages, que rien n'aurait dû relier entre eux. Entre elles, pour être plus exacte, car l'auteur met en exergue des personnages féminins, de véritables héroïnes de l'ombre.

A commencer par,Olga Ivinskaïa, la muse, l'amante et compagne de Pasternak (bien que ce dernier soit alors marié à sa seconde épouse). Certainement la figure la plus flamboyante de ce roman, pleine de vie, d'amour, mais tellement tragique, au passé déjà si douloureux lorsqu'elle rencontre Pasternak, et incarnant l'héroïne sacrificielle. Car elle va inspirer et ré- insuffler une énergie créative à un Pasternak mis alors au banc du régime soviétique. Et alors que celui-ci sera très surveillé (et pourtant intouchable, protégé par Staline qui révérait sa poésie), c'est Olga qui fera les frais d'une répression, visant initialement Pasternak... L'héroïne est sublime. Elle assume le rôle de la maîtresse, femme de l'ombre. Elle subit le goulag. Elle supporte la peur perpétuelle d'un pouvoir constamment menaçant. Elle brave tout par amour pour un homme adoré, et par conviction contre un régime qui lui a tant pris.

À l'Ouest, au "pays de la liberté", on s'attend donc à des héroïnes à contrario vivant pleinement leur indépendance, au pays de la liberté d'expression, dans un contexte où sont valorisés l'American way of life et l'accession des femmes au monde du travail, plutôt que d'être contingentées à la maison. Or, là encore, si nos héroïnes ont eu l'audace de croire à cette liberté, elles déchanteront amèrement. Aux Etats Unis, la liberté, les rêves de réussite, les postes à responsabilité sont réservés au monde masculin. le groupe de dactylos évoluant dans les bureaux de la CIA sont l'incarnation de ce"second rôle"... La seule figure de proue féminine qui ait le droit de revendiquer "La Liberté" chez l'oncle Sam, c'est la statue!
Dans sa narration très documentée des agissements de la CIA pour utiliser le roman de Pasternak contre l'URSS, Lara Prescott introduit des personnages fictifs mais tout à fait réalistes et crédibles. À commencer par Irina, jeune femme née aux USA, dont les parents ont tenté de fuir l'URSS, mais dont seule la mère, enceinte, y sera parvenue. S on père ayant été arrêté par les autorités russes alors qu'il s'apprêtait à monter sur le bateau... Elle décrit avec délicatesse la figure des déracinées, courageuses, n'ayant pas grand chose mais s'en contentant avec la forte humilité de ceux qui pensent avoir obtenu la chance d'une vie meilleure. Alors recrutée comme dactylo au sein de l'ancienne OSS (Office of Strategic Services), Irina comprendra vite qu'elle a surtout été repérée pour oeuvrer comme agent secret, dont la loyauté ne reposera pas exclusivement sur l'amour de la patrie, mais qui trouvera un ciment profond dans la colère et le sentiment d'injustice envers son pays d'origine.
La formation d'Irina, pour ses missions officieuses notamment pour propager le roman "Le Docteur Jivago", sera confiée à Sally, femme élégante, alerte, maîtrisant habilement le rôle de la "parfaite agente secrète". Mais si l'institution de la CIA n'hésite pas à faire appel aux femmes, elles n'en restent pas moins des pions, que l'on manipule à l'envi. Quitte à les jeter. Pays qui valorise la valeur de liberté, mais pays qui laisse la portion congrue à celles qui pourtant, héroïnes de l'ombre, se sacrifient; pays qui jette l'opprobre sur des amours jugées interdites, qui broient les individus et les vies si l'on ne souscrit pas à sa version jugée morale, de ce côté-ci de l'océan...

Ma critique est longue, mais il y a tant à dire sur ce roman ! Je salue le travail immense de Lara Prescott, sur la guerre froide, sur les stratégies utilisées par la CIA, sur le monde de l'espionnage, sur la politique de répression de l'URSS et ses monstrueux goulags, sur la lumineuse Olga Ivinskaïa, sur l'auteur Boris Pasternak et son oeuvre, ses déboires avec le régime soviétique... Je suis admirative du travail de recherche qu'elle a fourni pour l'écriture de son premier roman (les sources documentaires sont indiquées en fin de roman et sont très conséquentes !), très clairement une réussite à la hauteur du défi que représentait un récit s'appuyant sur L Histoire, tout en y mêlant des vies intimes.
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Nous sommes dans les années cinquante en pleine guerre froide. le monde est partagé en deux blocs : l'Est sort de l'ère Staline mais n'a pas encore gagné sa liberté, les goulags sont toujours la villégiature des opposants au régime ; l'Ouest dans l'euphorie de l'après-guerre fait l'apprentissage de la liberté au rythme du jazz qui gagne l'Europe avec son swing enjôleur. Boris Pasternak vient de mettre le point final à son roman phare, le docteur Jivago. Se pose alors à lui le problème de le faire éditer. le régime soviétique décrète l'ouvrage sacrilège à l'idéologie socialiste et son auteur de facto ennemi du peuple.

Boris Pasternak voit quant à lui dans son ouvrage sa chance de perpétuation au-delà des querelles politiques et du clivage majeur qu'il induit. Un éditeur italien lui propose de le faire paraître à l'Ouest, Pasternak accepte quel que soit le sort qui lui sera réservé par le régime présidé alors par Khrouchtchev dont le sourire à la tribune n'est pas encore celui de la détente.

Lara Prescott a organisé son ouvrage à l'imitation du monde d'alors, CIA, qu'on ne présente plus, contre NKVD, le commissariat du peuple aux affaires intérieures de l'URSS. Par chapitre alterné le lecteur est seul habilité à franchir le rideau de fer pour d'un côté jouir de la légèreté occidentale ou de l'autre frémir sous la chape de plomb du régime communiste.

Le concept m'avait tenté lorsque j'ai trouvé cet ouvrage sur l'étal du libraire. Sa lecture m'a été moins heureuse. Autant l'événement de la parution de cet ouvrage, qui avec le reste de son oeuvre a valu à Pasternak l'attribution du prix Nobel de littérature en 1958, est passionnante, autant l'approche qu'en fait l'auteure vue du côté occidental est assommante.

Dans le pool de dactylos de son agence américaine la CIA sélectionne parfois quelques-unes de ses agents féminins. C'est là que la sévérité du sujet choisi par Lara Prescott s'enlise dans les futilités de la vie quotidienne. Des pages, des chapitres entiers évoquent les péripéties sentimentales de ces dames avec tout ce que cela comporte d'efforts de séduction, de tergiversation devant la garde-robe, de minauderies, jalousies et autres ragots entre concurrentes. le contraste est peut-être voulu pour opposer des modes de vie aux antipodes l'un de l'autre, mais le résultat est que l'Est avec l'histoire de Pasternak et son éditrice et amante est captivante alors que les efforts de la CIA pour récupérer l'ouvrage original et le faire diffuser en URSS souffrent de chapitres entiers qui éloignent du sujet et plombent l'ouvrage à mes yeux. Même si l'écriture reste agréable, j'ai souffert des longueurs que provoquent la description détaillée des futilités de la vie quotidienne comme savent si bien le faire nos amis américains dont la spontanéité les pousse aux épanchements.

Le Docteur Jivago a été autorisé en URSS en 1985, vingt-cinq ans après la disparition de son auteur. le prix Nobel de littérature qu'il s'était vu contraint de refuser a pu alors être reçu par son fils. Boris Pasternak a réussi à titre posthume le défi qu'il s'était lancé de faire paraître cet ouvrage. Il savait qu'il serait sa seule chance de survivre à sa propre mort, sous les yeux de millions de lecteurs qui l'ont lu et le lisent encore. Mais au final, la seule qui ait eu à pâtir de cette aventure littéraire est sa chère éditrice Olga Vsevolodovna Ivinskaïa. Son amour et sa fidélité pour Pasternak lui valurent deux séjours au goulag. Une pensée pour elle aussi, disparue en 1995. Cet ouvrage est aussi un hommage à ces femmes courageuses. C'est un autre bon point à son actif, et non le moindre.
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Ce premier roman rend hommage aux femmes qui ont fait partie des services secrets américains (ou quelque soit le pays) et qui ont oeuvré dans l'ombre sans qu'on reconnaisse leurs talents. Mais c'est aussi un roman qui parle du roman de Boris Pasternak « le docteur Jivago ». Et l'on apprend comment le roman a été publié et comment les Américains ont essayé de l'introduire de l'autre côté du Rideau de fer à des fins de propagande. Tous les passages sur le personnage d'Irina ou celui de Sally ne m'ont pas convaincue, par contre j'ai adoré tous ceux qui évoquent le destin du roman, de celui de son auteur et de sa maîtresse.

C'est cette dernière qui a payé le plus chèrement l'écriture de ce roman : comme Boris Pasternak était un écrivain admiré et protégé, le KGB a arrêté et envoyé au goulag Olga la muse, celle qui a inspiré le personnage de Lara, pour « punir » en quelque sorte Pasternak. Staline et ensuite Kroutchev estimaient que le « Docteur Jivago » critiquait la Révolution russe. Quand elle revient et qu'elle reprend sa vie auprès de lui, c'est encore elle qui court chez les éditeurs pour tenter de faire paraître le roman. Pasternak accepte finalement de donner son manuscrit à un éditeur italien qui le diffuse à l'international, ce que le pouvoir ne pardonnera jamais à Pasternak. Il sera exclu du comité des écrivains mais il ne sera jamais arrêté. Après sa mort, Olga et sa fille seront arrêtées et condamnées à 4 ans de prison pour avoir reçu de l'argent correspondant aux ventes. Ne serait-ce que pour cette femme courageuse, je vous conseille de lire ce roman.

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critiques presse (1)
LaPresse
22 février 2021
On lui avait dit que plus personne ne s’intéressait à la Russie. D’oublier son récit. Mais Lara Prescott a tenu bon. Et écrit sa fiction. Bilan ? Nos secrets trop bien gardés, un premier roman traduit en pas moins de 30 langues, est aussi en voie d’être adapté à la télé. Manifestement, bien des gens s’intéressent toujours à la Russie.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Ce sentiment d'être perdu, aggravé par la mort de mon frère, avait été la cause d'une dépression qui avait assombri mon horizon tel un nuage au-dessus de quelqu'un prenant un bain de soleil. Je n'avais plus d'appétit et je ne sortais plus de la maison. J'avais définitivement perdu mon poids d'étudiant de première année et arborais une mine de papier mâché, aussi grise que le revêtement d'un trottoir. Mais ce ne sont ni mes parents ni le médecin, celui qu'ils m'avaient obligé à aller voir juste pour que "je lui parle", qui m'ont aidé à m'en sortir. Ce sont Les Frères Karamazov, puis Crime et Châtiment, puis l'Idiot, et enfin tout ce que l'auteur avait écrit. Dostoïevski m'avait lancé une corde au fond du trou dans lequel j'étais tombé et il avait commencé à me tirer de là. Quand j'avais lu "Le secret de l'existence humaine consiste non pas seulement à vivre mais à trouver un motif de vivre", j'avais pensé Oui ! C'est exactement ça !
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Ils avaient leurs satellites, mais nous avions leurs livres. A cette époque-là, nous croyions que les livres pouvaient être des armes _ que la littérature pouvait changer le cours de l'histoire.
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Et puis, il y a eu Jivago.
Classée sous le nom de code AEDINOSAUR, c'est l'affaire, la mission qui a tout changé.
Le Docteur Jivago- un nom que plus d'une d'entre nous a d'abord eu du mal à retenir- avait été écrit par le plus grand auteur soviétique vivant, Boris Pasternak, et interdit de publication dans le bloc de l'Est en raison des critiques portées contre la révolution d'Octobre, et sa nature dit « subversive ».
Au premier coup d'œil, il n'était pas évident de déceler comment un tel roman épique, racontant l'histoire d'amour vouée à l'échec entre Iouri Jivago et Lara Antipova, pourrait être utilisé comme une arme , mais l'Agence n'avait jamais manqué d'imagination.
La note de service interne initiale décrivait le Docteur Jivago comme l'"oeuvre littéraire littéraire la plus hérétique écrite par un auteur soviétique depuis la mort de Staline", expliquant que le livre avait un "fort potentiel en terme de propagande", pour "sa description plein d'acuité", mais discrète, des effets du système soviétique sur la vie d'un citoyen intelligent et sensible". En d'autres mots, c'était parfait.
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Il nous servait des verres de ce whisky dont il gardait une bouteille dans un tiroir de son bureau et parlait avec une éloquence tout poétique du rôle que l'art et la littérature devaient jouer dans la propagation de la démocratie. Il expliquait comment les livres étaient la clef permettant de démontrer que seule une vraie liberté d'expression permettait à des chefs-d'œuvre d'exister. et il expliquait alors qu'il avait rejoint l'Agence pour diffuser ce message. Il disait que les Russes attachaient une grande valeur à la littérature, équivalente à celle que les Américains attachaient à la liberté: "Washington a ses statues de Lincoln et Jefferson, disait-il, alors que Moscou rend hommage à Pouchkine et Gogol."
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En suivant les rails jusqu'à ce qu'ils disparaissent au milieu de toute cette blancheur, nous avons tracé un chemin dans la neige vierge. Personne n'a demandé combien de temps nous devrions marcher, mais c'était pourtant la seule chose à laquelle nous pensions. Deux heures ou deux jours ? Deux semaines ? J'ai essayé de concentrer mon attention sur les traces de pas de la femme qui me précédait et dont je n'ai jamais su le nom. J'essayais de mettre mes pas dans les traces qu'elles laissait derrière elle. J'essayais de ne pas penser à mes orteils ou mes doigts qui avaient commencé à picoter aux extrémités, ni à mon nez qui coulait, les gouttes gelant au creux de la fossette au-dessus de ma lèvre supérieure - cette même fossette que Borya touchait souvent du bout d'un doigt quand il me taquinait.
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Videos de Lara Prescott (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lara Prescott
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