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EAN : 9782343203584
262 pages
Editions L'Harmattan (29/07/2020)
4.22/5   9 notes
Résumé :
Des révoltes adolescentes à cette inclination délicieuse pour les psychotropes et les livres volés, de ses intuitions artistiques fulgurantes à ces inquiétantes dispositions à la vie de voyou, Basile balance, cherche l'équilibre.
Entre la montagne et les remparts gris de la dernière guerre, la ville-monstre se convulse, s'étrangle. Le progrès a fait de nouvelles crises autoritaires : l'hôpital et la prison ont été fondus dans le même Grand Ministère de la Séc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
C'est dans la catégorie "Mauvais genre" de la dernière Masse Critique que j'ai pioché Hyperferon. Toutes les vérités ne sont pas toujours bonne à écrire. ça fait effectivement mauvais genre. Par contre, la catégorie SF de la couverture ne me paraît pas adaptée pour ce roman très bien écrit et qui a entraîné des discussions avisées à la maison, tant je l'ai trouvé d'actualité.

Imaginez d'abord une ville noircie par les guerres qui s'y sont succédées, les usines ultra-polluantes, la misère des ouvriers. Ensuite, placez-y le jeune Basile, fils du directeur de la Papeterie, faisant les 400 coups et jouant aux explorateurs dans les souterrains de l'usine avec son seul ami, Nacho, fils d'un ouvrier. Comme tous les jeunes, pour peu que l'on se souvienne comment on était à leur âge, Basile et Nacho bravent l'autorité parentale, les interdictions imposées par les adultes, et s'éclatent. N''étant pas du même milieu social, les adultes les séparent et Basile devient pensionnaire d'un collège tenu par des prêtres. Il y apprend très vite le mensonge, l'isolement, la manipulation.

Après le pensionnat, le lycée où Basile, conscient de son inculture, dévore les livres de la bibliothèque et visionne tous les films proposés par un petit groupe de révolutionnaires amateurs. C'est là qu'il rencontre Constance et revoit son ami Nacho.
Désoeuvrés, révoltés, tous se lancent avec Che, le leader du groupe, dans une ronde sans fin où drogues, sexe et alcool alimentent leurs journées et leur esprit. Jusqu'au jour où Basile tombe malade et entre à l'hôpital pour un examen.

Après un passage en prison, Basile ne connaîtra plus que les couloirs des hôpitaux pour finir dans les souterrains qu'il explorait étant jeune. La boucle est bouclée. Une incarcération sans fin, annihilant tout espoir. Expérimentations et manipulations, titres honorifiques et enrichissements, ce livre nous jette tout ça à la figure et j'y ai vu notre monde dans le miroir.

Les hôpitaux et services spécialisés, l'auteur connaît pour avoir combattu un cancer et ses descriptions font froid dans le dos. le patient devenu cobaye suffoque très vite dans les sables mouvants d'une machine bien huilée, promotionnée par les leaders pharmaceutiques. Traitements en aveugle, prisonniers volontaires pour des expérimentations, prêts à tout pour quelques années d'incarcération en moins. Recherches sur la conscience, la modification de la personnalité, sur les souvenirs... Quand on sait qu'ils tentent de doter les robots d'une conscience... non, ce n'est pas de la SF. La Science est devenue une nouvelle religion et celui qui la rejette est traité de tous les noms ou condamné.

L'oeil, le fil conducteur du livre. Vision et perception du monde. L'oeil de la truite du tatouage de Basile, l'oeil de son appareil Nikon, l'oeil de Big Brother.

Le personnage de Basile, voyou - mauvais garçon, est attachant. J'ai aimé sa rage, sa naïveté, son dégoût, ses rébellions. de même que Constance, Lisa, Petite Infirmière, ses amours.

L'auteur a un vécu intense et riche et ça se sent. Ce livre se lit avec avidité et fait foisonner beaucoup de réflexions.
Un livre fort. A lire.

Grand merci à Babelio et aux éditions L'Harmattan pour la découverte de ce livre et de son auteur.
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Je viens de commencer ce livre, et je suis déjà à fond dedans ! On se laisse vite embarquer par l'histoire de Basile, qui alterne entre récit de sa jeunesse et histoire actuelle. L'histoire de Basile m'intrigue, car elle raconte la vie d'un jeune un peu révolutionnaire, un peu délinquant, un peu malheureux, et aussi bien malade, qui essaye tant bien que mal de trouver sa place, au sein d'une société qui essaye de devenir moderne et où la maladie à une place bien spéciale. Les traitements sont devenus obligatoire, aller à l'hôpital est devenu la même chose qu'aller en prison. Après une enfance passer à vivre comme un délinquant alors qu'il est le fils du chef de l'usine (bâtiment central du village) Basile n'a vraiment sa place ni dans les hauts de la société, ni avec les ouvriers et les grévistes. Au fil des rencontres, des séances a l'hôpital, des traitements, de ses luttes contre la maladie, mais aussi contre les médecins et contre la société Basile essaye simplement de découvrir à quel monde il appartient, qui il est réellement, et où est sa place, malgré cette maladie qui semble le définir. Tout ceci avec une vision bien particulière, même surprenante des médecins, des traitements, mais aussi de l'amitié, de l'amour et de la vie tout simplement.
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Je viens de finir ce roman (un peu en retard!) envoyé par Babelio et les édition L'Harmattan lors de la masse critique d'octobre.

On y suit Basile, entre son quotidien étouffant dominé par les traitements qu'il suit à l'hôpital, institution toute puissante depuis que le règne de la médecine a triomphé, et des flash backs de sa vie d'avant: un peu délinquant, un peu artiste, toujours révolté.
On le suit dans les périgrinations de sa pensée et le retour sur son enfance à explorer les souterrains de l'usine de son père avec son ami Nacho, puis au pensionnat catholique dans lequel il se retrouve, les années de jeunesses rythmées par le sexe la drogue et l'alcool, ses relations avec les femmes et avec le monde qui l'entoure. Ce monde est très noir, marqué par les guerres, les grèves, parsemé de ruines et polarisé par la prison d'un côté et l'hôpital de l'autre. Deux institutions qui se confondent désormais et que Basile sera amené à fréquenter.
On suit également son présent. Malade il se retrouve enfermé à l'hôpital et le décrit dans toute la froideur et l'horreur que cela lui inspire. Devenu cobaye il teste des traitements à l'aveugle sur sa maladie mais également pour servir les sombres buts de la médecine actuelle: modification de la conscience, des souvenirs...

J'ai aimé la plume de l'auteur, le monde dirigé par une médecine toute puissante qu'il décrit, ce monde qui fait froidement écho à ce que l'on vit actuellement, en plein état d'urgence sanitaire. J'ai aimé aussi le vent de rebellion, l'esprit punk qui rafraichit dans tant de noirceur. Ça reste une très bonne lecture, inclassable, même si ce roman ne rentre pas dans mes préférés !
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"Hyperferon, ou le silence de la moelle" Thierry Nutchey
Un premier livre puissant, tant dans l'intensité et les rebondissements de l'histoire originale et tenue, que dans les éclats de son écriture brillante et exigeante.

Thierry nous emmène loin, dans les entrailles de la terre comme dans celles du corps et de la pensée ...
Un beau rendez-vous littéraire, malgré la rugosité des évènements : le corps de Basile agit, puis subit ses propres souffrances, payant là ses flamboyances passées, qui même si elles le déchiraient littéralement, l'exaltaient tout autant dans des profondeurs consenties jusqu'à s'y perdre ... puis l'enfermement, de la prison à l'hôpital jusqu'à ce retour dans les entrailles du passé industriel revisité en plateforme innovante glaçante.
Le récit, qui aime à prendre des allures de thriller visionnaire, est extrêmement visuel, parsemé de trouvailles qui sont autant de pépites dont on ne dévoilera que celles qui intriguent sans nuire au suspens. Resteront longtemps en mémoire les déambulations de Nacho et Basile des wagons désaffectés aux entrailles grises de l'ancienne papeterie de la région sinistrée, le dîner délicieusement blasphématoire chez le Père, la robe rouge de Constance, une exposition grandiosee dans un blokhaus dissimulant d'anciennes salles d'expérimentations douteuses, l'oeil peint sur le sexe de Basile, les tours incessants sur la Place d'Armes, de Basile et Rob, cyclopes jumeaux immortels ...

Cette rencontre littéraire est un très bel étonnement, charriant son lot de fulgurances, de sensations tour à tour sombres ou lumineuses, parfois dérangeantes, jamais banales, grâce à la sincérité, la mise à nu de l'auteur, bouleversantes, soutenues par une plume acérée, juste, profondément humaine, et certainement libératrice …
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Pendant 40 ans, je me suis exposé au soleil n'importe quand, n'importe où, avec volupté et en hurlant « fuck la crème solaire », donc voilà, il n'est guère étonnant que j'aie découvert ce livre dans la salle d'attente du centre de cancérologie où j'attends ma perfusion mensuelle d'immunothérapie.
J'ai été très surpris par la charge virale de ce roman. Je ne m'attendais pas à quelque chose d'aussi punk, au sens noble du terme : révélation/exhibition/démonstration de ce qui est pourri dans le système médical, sans parler du zoom arrière sur les aspects les plus navrants de la société contemporaine, plus ou moins bien travestie sous les oripeaux d'une fable d'anticipation qui m'évoque le meilleur de William Burroughs.
Il est rare que la colère fasse de la bonne littérature. Elle a souvent tendance à ravaler son auteur au borborygme, ou à se sophistiquer.
Ici, rien de tel, elle est garantie authentique, bien que le récit soit très acidulé.
On en redemande.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Plus question de se toucher. L'hépatite était désormais érigée en grande cause planétaire ! Des millions de porteurs de virus terrorisaient l'humanité. Le business tournait à plein. Les Laboratoires s'occupaient de lancer eux-mêmes les grandes campagnes de dépistage et de publier des statistiques de plus en plus affolantes. Plutôt que de s'acharner à découvrir de nouveaux remèdes, ils s'escrimaient à débusquer partout de nouveaux malades. Plus tôt identifiés, plus tôt traités. Des milliards de dollars coulaient déjà dans les veines de populations obligées. L'Autorité conduisait ainsi le troupeau à sa main. Les Médecins inoculaient ainsi bravement la peur, la Sécurité Sociale récoltait méticuleusement l'argent du pauvre Patient, les actionnaires de l'Industrie Sanitaire faisaient leurs comptes en coulisse. L'Ordre Sanitaire n'avait plus de prix. La Médecine Sécuritaire renvoyait le monde à un moyen âge moderne, l'âge des pestiférés et des grosses massues de l'intoxication médiatique. Les foetus mêmes tombaient sous le coup de la Loi des Traitements Obligatoires. La présomption d'innocence était abolie / et la liberté de guérir par soi-même / le droit de vivre faible / malade / ou taré / le droit au hasard.
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Leur Science tenait là tout entière, dans l'art de la statistique. Faute de comprendre le virus lui-même (Professeur l'avait reconnu maintes fois), ses éminents confrères s'acharnaient en précautions, en prévisions, à discerner soigneusement parmi leurs chers patients de nouvelles catégories. Les répondeurs/ou non répondeurs/les répondeurs précoces/ou tardifs/les rechuteurs/ou non rechuteurs/les rechuteurs précoces/ou tardifs/les résistants/les alcooliques/les diabétiques/les drogués/jeunes/vieux/les gros/toutes qualités qui permettaient d'arranger de respectables pourcentages
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Après la grande illusion du "zéro malade" des lendemains de guerre euphoriques venait le rêve très calculé du "cent pour cent traité" qui ouvrait une nouvelle ère de la Civilisation où le Médecin devenait l'agent exécutif des politiques sécuritaires et le Laboratoire grand ordonnateur du Progrès.
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Basile s'était rué sur l'interview et avait appelé Lisa sans perdre une seconde.
- Basile ?!
- Le type qui t'a passé la main au cul...
- Basile !... Je travaille.
- Le type qui t'a passé la main au cul dans le Montana...
- Je suis en rendez-vous !...
- Jim Harrison !!! Jim Harrison t'a passé la main au cul et je lui ai collé mon poing dans la gueule !
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La fille ne broncha pas. Che avait écarté ses cheveux et répétait son nom tout doucement. Rien ne semblait pouvoir la réveiller. Son visage entre les mèches brunes était d’une pâleur terrifiante. Basile ne pouvait plus la quitter des yeux, dévoré par ce visage marmoréen comme endormi pour toujours, yeux clos, souffle imperceptible, beauté défigurée par un rêve inaccessible, éclat de jeunesse ardente figé dans l’absence, sublime solitude que le masque transparent de la mort hésitait à reprendre.
Sa rencontre avec Constance.
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