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Hyperferon, ou le silence de la moelle"
Thierry Nutchey
Un premier livre puissant, tant dans l'intensité et les rebondissements de l'histoire originale et tenue, que dans les éclats de son écriture brillante et exigeante.
Thierry nous emmène loin, dans les entrailles de la terre comme dans celles du corps et de la pensée ...
Un beau rendez-vous littéraire, malgré la rugosité des évènements : le corps de Basile agit, puis subit ses propres souffrances, payant là ses flamboyances passées, qui même si elles le déchiraient littéralement, l'exaltaient tout autant dans des profondeurs consenties jusqu'à s'y perdre ... puis l'enfermement, de la prison à l'hôpital jusqu'à ce retour dans les entrailles du passé industriel revisité en plateforme innovante glaçante.
Le récit, qui aime à prendre des allures de thriller visionnaire, est extrêmement visuel, parsemé de trouvailles qui sont autant de pépites dont on ne dévoilera que celles qui intriguent sans nuire au suspens. Resteront longtemps en mémoire les déambulations de Nacho et Basile des wagons désaffectés aux entrailles grises de l'ancienne papeterie de la région sinistrée, le dîner délicieusement blasphématoire chez le Père, la robe rouge de Constance, une exposition grandiosee dans un blokhaus dissimulant d'anciennes salles d'expérimentations douteuses, l'oeil peint sur le sexe de Basile, les tours incessants sur la Place d'Armes, de Basile et Rob, cyclopes jumeaux immortels ...
Cette rencontre littéraire est un très bel étonnement, charriant son lot de fulgurances, de sensations tour à tour sombres ou lumineuses, parfois dérangeantes, jamais banales, grâce à la sincérité, la mise à nu de l'auteur, bouleversantes, soutenues par une plume acérée, juste, profondément humaine, et certainement libératrice …