Ceci est une pièce de guerre. A-t-elle été faite ? Telle est la question. Un guerrier rentre la guerre et parle à sa mère, qui ne dit mot. Consent ? Ce monologue n'est-il pas en réalité un soliloque ? La parole est machiste, fière, décomplexée, elle s'abreuve de mots charriant la violence, refoulée ou fantasmée. Plus que la guerre, il raconte une soirée de beuverie avec ses frères d'armes. Soirée durant laquelle un pacifiste est intervenu. Leur donner tort ? La discussion vire en débat houleux, ils lui cognent dessus pour le faire taire, puis la situation se retourne. Les aller-retour entre la situation fictive et réelle ralentissent parfois un peu le rythme. Néanmoins, les thèmes abordés sont forts, malheureusement indémodables. L'auteur n'oublie aucun détail, n'y va pas avec le dos de la cuillère t c'est tant mieux. le propos bifurque de manière surprenante vers la fin, que je ne dévoilerai pas. Et la transmission dans tout cela ? S'il avait un enfant, un fils, souhaiterait-il qu'il fasse la guerre qu'il n'a pas fait lui-même ? Merci aux éditions Lansman pour cette lecture de confinement qui continue de nous faire réfléchir.
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Tout dans le texte se passe à un moment précis, ici et maintenant. L'histoire est similaire à un flux de conscience. On oublie vite qu'il s'agit d'une représentation théâtrale en un acte. Même si depuis le début, le personnage s'adresse à sa mère, cherche sa femme, se fâche contre elle, son absence, à la fin du texte parle de l'enfant, les projecteurs sur la scène ne brillent que sur cet homme, tous les autres semblent inexistants, comme des fantômes. Pour le lecteur lambda comme moi, pour qui le français n'est pas la langue maternelle, ce texte est linguistiquement très intéressant, et malgré l'absence de mon dictionnaire, je pense avoir bien compris l'énoncé et l'émotion.
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Pause, le temps s'arrête ! de retour de la guerre, un guerrier venant d'une famille bourgeoise raconte, dans un long monologue, son expérience. Mais il s'adresse à sa mère ! le lecteur doute, s'interroge, mais finit par s'attacher au personnage. Son mal-être : le sentiment que ses proches auraient voulu qu'il meure. Il passe par tous les états : la colère, la tristesse et l'humour. C'est un texte ayant des caractéristiques poétiques qui permet au lecteur de s'évader à travers une tonalité musicale. Les deux facettes de la guerre sont décrites en toute objectivité tant par le pacifiste que par le guerrier. Un récit rempli de découvertes et de rebondissements.
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Alors que le débat fait rage sur la place qu'occupent les mathématiques en France, davantage étudiées par les garçons, voici une rencontre qui interroge le malentendu qui semble les opposer à tout prix à la littérature.
Dans La Fille parfaite, Nathalie Azoulai fait le récit d'une amitié absolue unissant deux adolescentes qui, à 14 ans, cet âge où surgissent les rivalités, décident de se partager le monde. À Adèle, la science, à Rachel, la littérature. Mais on l'apprend d'emblée, Adèle, à qui tout semble réussir (elle est devenue une mathématicienne de haut vol), se suicide à 46 ans et c'est Rachel, devenue romancière à succès, qui plonge dans leur passé pour percer le mystère de cette mort.
Pour tenter de réconcilier les deux disciplines, Gaël Octavia, ingénieure, travaillant à la Fondation Sciences mathématiques de Paris, mais aussi dramaturge et romancière (son dernier roman est aussi une histoire d'amitié complexe), dialogue avec Nathalie Azoulai. Ensemble, elles nous disent que les mathématiques riment avec intuition et qu'elles permettent aussi d'entrevoir le monde sous des aspects invisibles, à l'instar de la littérature, cette parfaite équation pleine d'inconnues.
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Une rencontre avec Nathalie Azoulai (https://ohlesbeauxjours.fr/programme/les-invites/nathalie-azoulai/) et Gaël Octavia (https://ohlesbeauxjours.fr/programme/les-invites/gael-octavia/) animée par Yann Nicol (https://ohlesbeauxjours.fr/programme/les-invites/yann-nicol/) enregistrée en public en mai 2022 au théâtre de la Criée, à Marseille, lors de la 6e édition du festival Oh les beaux jours !.
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À lire
Nathalie Azoulai, La Fille parfaite, P.O.L, 2022.
Gaël Octavia, La Bonne Histoire de Madeleine Démétrius, Gallimard, 2020.
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Montage : Clément Lemariey
Voix : Nicolas Lafitte
Musique : The Unreal Story of Lou Reed by Fred Nevché & French 79
Photo : Nicolas Serve
Un podcast produit par Des livres comme des idées (http://deslivrescommedesidees.com/).
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La 7e édition du festival Oh les beaux jours ! (https://ohlesbeauxjours.fr/) aura lieu à Marseille du 24 au 29 mai 2023.
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