Citations sur Parfum de glace (49)
Je pensais que le monde n'avait aucun mystère. Je pensais qu'il les résoudrait tous tant qu'il serait à mes côtés. Nulle part il n'y avait de signe annonçant sa mort. (p. 108)
C'était une sorte de silence dont je faisais l'expérience pour la première fois de ma vie. Il n'était pas du tout distant. Il ne nécessitait pas de se forcer à chercher des mots et, alors qu'il aurait dû être profond, c'était un silence agréable, comme le gazouillis de l'air ruisselant au fond des tympans.
Pour toute réponse, il sortit l'instrument de son étui, prit son archet. Il eut le même geste que s'il avait serré quelqu'un de très cher dans ses bras. (p. 203)
Tout était tranquille, comme si le temps avait été tranché avec un couteau bien affûté.
Lorsque je courais dans la foule vers l'endroit d'une interview, lorsque mon vernis s'écaillait ou lorsque je m'apprêtais à fermer les rideaux à la nuit tombée, j'étais brusquement assaillie par l'impression que j'avais perdu ce qui m'était le plus précieux. J'avais beau essayer de rayer cette pensée de ma tête, elle ne me quittait pas et, ne trouvant rien à quoi me raccrocher, je finissais par ne plus avoir d'autre solution que de m'accroupir sur place , impuissante. (p. 292)
Il règne toujours la même odeur dans les patinoires, questionnais-je, cette odeur de lac qui vient tout juste de geler, le calme étant revenu à la surface après le passage d'un vent invisible?
Malgré le long voyage que j'avais fait, le gouffre de sa disparition était toujours là. Immobile, silencieux, comme rempli de l'eau stagnante de l'absence. (...)
Mon moi sanglotait à l'extérieur,, alors que dans mon coeur j'étais tout simplement perdue, immobile au bord du gouffre. (p. 80)
La voix chaude du violoncelle semblait flotter vers moi comme s'il me serrait dans ses bras. Peut-être à cause du vent qui soufflait, de temps en temps le son se mettait à trembler comme s'il était sur le point de disparaître, sans que pour autant l'archet arrêtât de glisser sur les cordes.
Tout autour et jusqu'à l'horizon, il n'y avait rien d'autre que le rouge des coquelicots. Les tiges se courbaient et les pétales oscillaient au rythme de la musique.
- Toi, évidemment, tu as l'odeur de quelqu'un qui écrit.
- C'est désagréable ?
- Non, au contraire. À la base, il y a le papier. Des cahiers remplis de mots qui se bousculent. D'épais dossiers conservés dans un coin de bibliothèque. Une librairie presque déserte en fin d'après-midi. Avec un mélange de gomme et de mine de crayon.
- Tu connais tout de suite le métier des gens que tu rencontres pour la première fois ?
- Ça dépend. [...]
- On dirait un diseur de bonne aventure.
- Mais non. Je ne peux pas prédire l'avenir. Le parfum est toujours dans le passé, vois-tu.
"Malgré le long voyage que j'avais fait, le gouffre de la disparition d'Hiroyuki était toujours là.
Pour essayer de me calmer, je posai la joue sur la vitre et fermai les yeux. Le verre était froid. Je ne savais pas encore quelle méthode employer lorsqu'un accès de tristesse m'assaillait. Il m'arrivait d'avoir envie de me poignarder ou de hurler sans me préoccuper de la réaction des gens autour de moi. Je pensais que le sang ou les hurlements pourraient peut être remplir ce gouffre. Mais je savais parfaitement que cela ne servirait à rien.
Mon moi sanglotait à l'extérieur, alors que dans mon cœur l'étais tout simplement perdue, immobile au bord du gouffre. "