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Citations sur Purge (193)

Alors la mère avait raconté que la grand-mère parlait estonien, qu'elle répétait des paroles d'une chanson estonienne, que la grand-mère devenait un peu gâteuse. La mère avait quand même fini par dire le titre de la chanson : "Un coeur de mère". Zara l'avait imprimé dans son esprit et une fois que sa mère était sortie, elle était allée voir la grand-mère et le lui avait répété. La grand-mère l'avait regardée, regardée en face pour la première fois, et Zara avait senti comment le regard de la grand-mère pénétrait en elle par ses yeux, dans sa bouche, dans sa gorge, et comment sa gorge se nouait, et comment le regard de la grand-mère était descendu de la gorge vers le coeur, et son coeur se serrait, et il était descendu du coeur au ventre, et son ventre avait commencé à se tordre, et il était descendu dans les jambes, qui s'étaient mises à flageoler, et des jambes il était descendu aux plantes des pieds, qui s'étaient mises à picoter, et elle s'était mise à avoir chaud, et la grand-mère avait souri.
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Elle ne pourrait rien raconter sur l'endroit où elle-même avait grandi, et sa mère, et la mère de sa mère, et la mère de la mère de sa mère. Elle ne transmettrait pas non plus son histoire, [...], toutes celles sur lesquelles elle avait grandi. Quel genre d'adulte pourrait-il devenir, un enfant qui n'aurait pas d'histoires en commun avec sa mère, pas d'anecdotes communes, pas de blagues ? Comment être mère, quand il n'y avait personne à qui demander conseil, comment ça pourrait marcher dans une situation pareille ?
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Une fille aussi sotte mérite d'être battue pour son bégaiement, pour sa confusion, pour sa mauvaise odeur, une fille aussi sotte mérite même d'être noyée dans le lavabo, tellement elle est désespérément sotte et désespérément laide.
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Aliide hocha la tête et se faufila derrière un arbre pour fumer elle aussi une papirossa, afin que le fait de fumer en public ne lui attire pas d'autres jacasseurs. Un printemps particulier. Les printemps particuliers et les hivers particuliers, elle en avait toujours eu peur. 1941 avait été un hiver particulier, il avait fait très froid. Et 1939, et 1940. Des années particulières, des saisons particulières. Sa tête bourdonnait. Il y en avait encore une, maintenant. Une saison particulière. La répétition des années particulières. Son père avait raison, les saisons particulières présageaient des événements particuliers. Elle aurait dû savoir. Aliide essayait d'éclaircir sa tête en la secouant. A présent il n'y avait plus de temps pour les vieilles histoires, parce qu'elles ne disaient rien sur ce qu'il fallait faire quand une saison particulière arrivait. Sinon préparer ses bagages et s'attendre au pire.
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Zara tourna son visage vers le ciel. Là, ça devait être la Grande Ourse. La même Grande Ourse qu'on voyait dans le ciel de Vladik, même si celle-ci semblait différente. Dans cette même cour, sa grand-mère avait regardé la Grande Ourse quand elle était jeune, cette Grande Ourse-là, elle s'était tenue au même endroit, devant cette même maison, sur le même gravier, sa grand-mère.
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Si elle était restée célibataire, tout le monde aurait pensé qu'elle avait un problème. C'est ce qu'auraient pensé les gens, alors qu'il y avait peu d'hommes disponibles. Les rouges se seraient demandé si elle avait un amant dans la forêt. Les autres auraient cherché à deviner pourquoi elle n'était au goût de personne. S'il y avait une raison qui faisait d'elle une sous-femme, une femme qui n'était pas au goût des hommes ou qui n'était pas capable d'être avec un homme. Quelque chose qui faisait d'elle une femme délaissée. Quelqu'un aurait peut-être trouvé une raison. Mais surtout, personne ne pourrait affirmer qu'il se soit passé quelque chose pendant les interrogatoires, si elle se mariait avec un homme comme Martin. Personne n'imaginerait qu'une femme serait capable, après une chose pareille, d'épouser un communiste. Personne n'oserait dire d'Aliide qu'elle avait cédé à leurs avances. Ou qu'il faudrait peut-être la mettre à l'épreuve. Personne n'oserait, parce qu'elle était l'épouse de Martin Truu et une femme ordinaire. Et ça, c'était important. Que personne, jamais, ne le sache.
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Très bon livre qui nous donne envie de nous intéresser à l'histoire de l'Estonie. J'ai beaucoup aime.
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Très bon livre qui nous transporte dans l'histoire de l'Estonie et qui nous donne ensuite envie de comprendre son histoire.
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Qu'est-ce qu'elle avait dit, déjà, la femme de Volli ? Que Volli était si bon à son travail, elle était si fière de son mari. Quand des bandits étaient interrogés et qu'on arrivait pas à obtenir des aveux, on allait chercher Volli. Les aveux se pointaient avant le lever du soleil. Voilà comme il était efficace, Volli. Voilà comme il était compétent. Il n'y avait pas de meilleur serviteur que Volli dans notre grande patrie.
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Les souffrances se lavent dans la mémoire.
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