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EAN : 9782234074101
408 pages
Stock (15/05/2013)
3.47/5   165 notes
Résumé :
1941. L'Estonie est communiste. Deux cousins, le vaillant Roland et le vacillant Edgar, ont déserté l'armée rouge pour rejoindre les rangs des « frères de la forêt » afin de lutter avec la résistance estonienne et de repousser les Russes.
C'est chose faite avec l'arrivée des Allemands qui vont prendre possession des terres et chasser les nationalistes estoniens. Leurs chemins vont cependant se séparer : alors que Roland, terrassé d'avoir perdu Rosalie, l'amou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (50) Voir plus Ajouter une critique
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Elle a obtenu le prix Femina étranger en 2010 avec son roman « Purge », elle revient avec son « Quand les colombes disparurent », une oeuvre dense et poignante.
C'est le troisième volume consacré à l'histoire de son pays (après « Les vaches de Staline » et « Purge »).
Au travers du portrait d'un écrivain, Edgar Meos, (nommé dans le livre « Edgar Parts »), écrivain « officiel » pro-soviétique dans les années 60 et qui a été auparavant collaborateur pro-nazi pendant la guerre, c'est l'histoire d'un peuple meurtri par deux tyrannies successives qui défile sous nos yeux ; tyrannie nazie d'abord et oppression soviétique ensuite.
Les héros de ce livre sont confrontés à des choix difficiles, et doivent rejoindre la clandestinité afin de se battre dans l'espoir de voir une Estonie indépendante.
Edgar, lui, sera l'homme de l'ombre, des secrets. Il va dissimuler ses activités pro nazies.
Sa femme Juudit, va vite rejeter ce mari trop froid à son égard et va vivre une passion au grand jour avec un officier allemand, le bel Hellmut Hertz.
Roland est le cousin d'Edgar, il va faire le choix inverse et choisir de combattre l'occupant allemand.
Bien des années plus tard, Edgar va rechercher ce qu'a pu devenir son cousin , qu'il a cru pendant longtemps exécuté dans ce terrible camp nazi Klooga qui avait remplacé les déportations vers la Sibérie organisées auparavant par l'occupant soviétique. Ce camp de concentration de Klooga où furent emprisonnés 3 000 Estoniens juifs ou prisonniers politiques.
L'histoire de deux périodes est évoquée ici, avec des allers et retours entre ces deux périodes : les années 40 d'un côté et les années 60, de l'autre côté.
Chaque chapitre démarre avec une très belle illustration, c'est un timbre de l'époque reproduit et portant au fil des chapitres, les mentions Potchta CCCP (poste soviétique) quand le pays était sous occupation soviétique et successivement « Deutsches Reich » et « Grossdeutsches Reich » (le Grand Reich…) quand le pays était sous domination allemande), petit détail bien observé.
Le style n'est pas toujours facile tant il est foisonnant, dense. Plusieurs narrateurs interviennent et les changements fréquents d'époque ( années 40 d'un côté, années 60 de l'autre) rendent la lecture parfois un peu difficile mais cela ajoute du rythme.
Les personnages sont bien campés et l'atmosphère de délation, de questionnement et d'incertitude est extrêmement bien rendue.
Chaque personnage semble naviguer comme il peut entre trois possibilités : se battre pour une Estonie indépendante (choix le plus risqué), collaborer avec l'occupant allemand ou rejoindre le camp soviétique. C'est ce que fera Edgar, après avoir « retourné sa veste » fort habilement.
Une période trouble admirablement décrite.
Des détails palpitants qui émaillent le récit comme cette scène de spiritisme où Roland a des « nouvelles » de sa fiancée disparue, officiellement pour suicide mais qui déclare au cours de cette séance avoir été tuée.
Et des détails historiques qui foisonnent comme la volonté des Allemands d'exploiter les schistes bitumineux d'Estonie (déjà à cette époque !) et d'y « affecter » les prisonniers des camps et comme les détails de la vie quotidienne du temps de l'occupation soviétique, où il fallait un bon d'achat (difficile à obtenir !! ) avant de pouvoir acheter un réfrigérateur..)
Un souffle puissant, Sofi Oksanen est un écrivain jeune et qui a de l'avenir. Elle écrit en finnois, langue proche de l'estonien. Son oeuvre a valeur de témoignage historique.
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L'Estonie, le plus septentrional des Pays Baltes, aura vécu de 1939 à son indépendance en 1991 des années noires d'occupation communiste, avec une parenthèse allemande durant la seconde guerre mondiale. Une période dramatique qui ravage économiquement le pays, qui lamine la population subissant purges et collectivisations, stigmatisant des choix de résistance clandestine ou de compromissions avec le pouvoir en place.

Comme à son habitude, avec son écriture lyrique, Sofi Oksanen fait un récit rugueux du chaotique destin de son pays natal entre 1941 et 1965, à travers le parcours de personnages représentatifs, du salaud ordinaire, qui sauve sa peau en anguille en passant d'un camp à l'autre, du résistant de la première heure, volontaire et charismatique et de la jeune femme prise en tenailles entre sa loyauté d'estonienne et son amour pour un officier nazi.

L'auteur est orfèvre en dramaturgie littéraire: son livre Purge m'avait déjà mis un uppercut au foie. Elle nous offre à nouveau le même brouet de tragédie, les mêmes destins sordides qui ballotent l'humain, pris en otage dans un système politique terroriste.
C'est un livre qui prend aux tripes, que j'ai lu pour une approche plus documentaire que romanesque, construit par chapitres temporels entrelacés, éclairant la chronologie des événements et la psychologie des êtres. La fonctionnement de la surveillance communiste y est particulièrement glaçant, où tous se surveillent, où rien n'est acquis pour sa propre sécurité.

Sofi Oksanen, ambassadrice romancière d'un pays au passé douloureux? Difficile lecture mais indispensable.
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Un roman d'histoire et de trahison, de fierté et de fourberie.

C'est un itinéraire de résilience que l'histoire de l'Estonie, un tout petit pays d'à peine un peu plus d'un million d'habitants. Devenu indépendant à la fin de la Première Guerre mondiale, mais envahi par l'Union soviétique en 1939, le territoire est ravagé. Les Allemands qui repoussent les Russes en 1941 sont perçus comme des libérateurs, mais leur règne est de courte durée car l'Armée rouge occupe à nouveau le pays en 1944. (L'Estonie redeviendra indépendante en 1991, mais le roman s'arrête aux années 60). À travers ces bouleversements, les Estoniens continuent à vivre et à penser au champ qu'on pourra peut-être planter pour assurer une récolte la saison prochaine. Des Estoniens continuent à croire à leur pays, même lorsque la capitale change de nom, lorsque Tallin est Reval pour les Allemands, lorsque les envahisseurs déciment tour à tour les familles et que les bombardements détruisent les villes.

C'est aussi l'histoire de l'Histoire qui s'écrit en fonction du pouvoir. Dans le roman, un historien de l'ère soviétique a pour tâche de décrire les exactions des « méchants Allemands » et des traîtres anticommunistes. Cette belle « histoire » deviendra une version officielle pour l'état, une histoire qui ne pourra être réécrite qu'avec l'effondrement du bloc de l'Est. L'Histoire n'est donc pas neutre, mais toujours écrite en fonction d'une époque, d'une idéologie dominante. Si les écrits n'atteignent pas toujours les sommets de propagande du nazisme ou du communisme, les textes des épopées coloniales ou religieuses trahissent que leurs histoires ne sont que des versions de l'Histoire.

Une dernière réflexion suscitée par le roman de Sofi Oknasen : encore plus que la destruction de l'envahisseur, c'est la fourberie et la trahison individuelle qui rendent la situation désespérante, et ce n'est pas toujours les bons qui gagnent…
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Un roman estonien qui fait froid dans le dos.
Sofi Oksanen nous emmène au coeur des ténèbres de l'âme humaine, là où réside l'horreur véritable. Elle nous peint le portrait d'un véritable monstre, Edgar, qui va profiter de l'occupation de son pays par les pires régimes, les Nazis puis les Bolcheviques, pour cultiver et laisser s'épanouir ses pulsions les plus noires. Assassin, traitre à son pays, homosexuel refoulé incapable d'aimer sa femme, jaloux, malade d'ambition, il n'hésitera pas à tuer, dénoncer, trainer son épouse dans la folie. On ne sait pas si ce sont les dictatures nazies puis bolcheviques qui nourrissent ce type d'individu, ou si c'est grâce à eux que ces régimes perdurent, mais nous sommes plongés dans un dégout grandissant à mesure que Edgar, ne se contentant pas d'avoir trahi son pays, s'est lancé dans les années 60, alors que l'Estonie est occupée par les soviétiques, dans la rédaction d'un ouvrage où il massacre la mémoire de son cousin Roland en le présentant comme un nazi sanguinaire. Roland, après la mort de sa fiancée, Rosalie, assassinée dans de mystérieuses conditions, est en fait passé dans la Résistance, aux Allemands, puis aux Bolcheviques, et a vécu parmi les frères de la forêt. Pour finalement disparaitre après la guerre, jusqu'au jour où Edgar qui fouille dans les archives, va retrouver sa trace...Et c'est en prenant en filature un jeune opposant, qu'il va pouvoir boucler sa vengeance.
Dans les années 40, la femme d'Edgar, Juudit, malheureuse en amour, vit une grande passion amoureuse avec un officier allemand, tout en aidant Roland à organiser le départ de fugitifs. Jeune femme écartelée entre un mariage raté et un amour interdit, entre sa fréquentation d'un Allemand et l'appel du patriotisme, elle se laissera peu à peu sombrer après la mort de son amant et la victoire des Bolcheviques. Dans les années 60 c'est une femme brisée, alcoolique, qui vit avec un mari qui ne l'a jamais aimée et qui finira par la faire interner...
Un récit qui puise ses racines dans l'histoire douloureuse d'un petit pays qui a payé cher les conséquences de la seconde guerre mondiale, bien au-delà de 1945...Puissant et très noir.

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Il ne fait pas bon être un petit pays coincé entre deux grands. Sofi Oksanen démontre ici avec brio comment des estoniens qui ne demandaient qu'à vivre en paix et en liberté furent tour à tour sous le joug des communistes russes avant d'être sous celui des nazis allemands, avant de retourner sous le joug russe, sans aucun espoir d'être autonome ; la meilleure impunité pour pour un ex-collabo nazi estonien étant de retourner sa veste avec habileté pour réintégrer la grande famille communiste et faire partie des cadres...
Trahisons, délations, collaborations, amours delétères et retournements de situations sont au programme de ce livre dense, écrit au scalpel -voire au vitriol- par un jeune écrivain ambitieux et plein de talent.
Ceci dit je trouve qu'elle en fait un peu trop, et le livre pèche par des longueurs qui décousent un peu le sujet. Mais l'intrigue se tient bien et le lecteur finit par retomber sur ses pieds en dépit d'exercices de style de haute-voltige quelquefois assez périlleux. L'écriture est belle, le vocabulaire riche et travaillé, et on se laisse emporter par le récit, à la fois témoignage et dénonciation de ce qu'ont pu vivre les estoniens pendant la seconde guerre mondiale et après. Bien vu.
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critiques presse (6)
Bibliobs
08 juillet 2013
Elle sait «se concentrer sur les femmes, cela suscite toujours des émotions». Et applique à la lettre ce principe, d'une efficacité redoutable: «Des cauchemars, il faut leur donner des cauchemars, aux lecteurs.» Tant pis pour ceux qui veulent dormir tranquilles. L'Estonie a trouvé quelqu'un pour gratter ses plaies.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Telerama
26 juin 2013
Sofi Oksanen allie, dans ce livre magnifique, la grandeur épique et la précision psychologique. Edgar, devenu écrivain officiel, prêt à toutes les bassesses pour une once de gloire, est inspiré d'un personnage réel.
Lire la critique sur le site : Telerama
Lexpress
21 juin 2013
Au-delà des manoeuvres sordides de cet éternel opportuniste [...], Sofi Oksanen retrace le destin dramatique d'une nation prise en otage par des idéologies ennemies. Un roman très sombre, qui brasse toute la boue d'une époque où les vautours se déguisaient en colombes...
Lire la critique sur le site : Lexpress
Actualitte
18 juin 2013
Entre fiction et réalité [...] le lecteur suit les personnages avec intérêt, pénètre au plus profond de leurs interrogations, de leurs peurs et de leurs convictions, sans jamais vouloir les abandonner, même le plus abject d'entre eux, tant ils sont tous les trois fascinants, minutieusement décrits, d'un réalisme très convaincant.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LeFigaro
24 mai 2013
La romancière s'est donc attelée à une opération de défrichage, curant l'histoire estonienne à coups de plume aiguisée comme un canif. Depuis vingt ans, les Estoniens explorent leur histoire récente.[...] Elle a choisi le roman pour raconter cette histoire.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeSoir
22 mai 2013
C’est une histoire extraordinaire, écrite de façon extraordinaire. D’une construction complexe et habile, d’une narration fascinante qui joue sur le réalisme du quotidien, le passage du « je » au « il », le brouillard jeté sur certains éléments qui ne se lève que petit à petit, la beauté de certaines images.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (44) Voir plus Ajouter une citation
L’instabilité mentale le replongeait dans les souvenirs où le feu dénudait les crânes et les tibias, des souvenirs qu’il doit oublier et qu’ils a déjà oubliés, jusqu’à ce que l’âme, s’effilochant, les réveille et les ramène à la réalité […]

(Poche p.381)
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Des hommes de la Baltische Öl allaient et venaient discrètement à Roosikrantsi depuis longtemps, et des paroles tendues s'étaient faufilées sous la porte jusqu'aux oreilles de Juudit dans la chambre à coucher: la tâche militari-économique la plus importante de l'Allemagne dans les anciens pays baltes consistait à exploiter le schiste bitumineux, la direction suprême du Reich serait intransigeante sur ce point.
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J'ai saisi sa main mouillée et je l'ai pressée sur mes lèvres, qui portaient toujours la saveur salée de sa bouche. La peau de sa main sentait l'automne, les gouttes de pluie sur les pommes mûres. J'ai modéré mon désir soudain de la mordre. Comment l'odeur des Allemands avait-elle disparu de sa peau ? Elle sentait mon pays, comme tout ce qui était né dans mon pays et se décomposerait dans mon pays, une fiancée de mon pays, et soudain j'éprouvais le besoin de lui demander pardon de l'avoir si souvent maltraitée. Entre les nuages, les étoiles scintillaient jusque dans ses yeux, semblables à des colombes sauvages baignées dans du lait. L'obscurité dissimulait ma gêne, je me taisais. La tendresse ne convenait pas à cette époque ni à ce pays.
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Le monde avait changé, Juudit avait un avenir différent, une vie meilleure que jamais, et elle ne laisserait pas Roland, qui avait tout perdu, détruire cela. Non, il ne l’entraînerait pas avec lui, il ne lui reprendrait pas ce qu’elle avait gagné ; elle avait attendu si longtemps d’avoir quelqu’un qu’elle appellerait « mon chéri », quelqu’un qui la voudrait toute entière et à qui elle conviendrait, elle avait passé sa vie à attendre un homme comme Helmuth, de pouvoir être malade d’amour au fil des jours et des nuits, de sentir sous sa langue le nectar et le lait, non le soufre et la rouille.
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Au moyen d'un seul mot, Erwin Martinson a tourné la roue de l'histoire mondiale dans la direction souhaitée par le service. D'un seul mot ! L'émotion est plus forte que le bon sens, on a déjà discuté de cette question avec le Bureau. L'émotion résiste au bon sens, c'est pourquoi il faut provoquer une réaction émotionnelle.
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Vidéo de Sofi Oksanen
Depuis son invasion de l'Ukraine le 24 février 2022, l'armée russe utilise le viol comme arme de guerre. Les violences sexuelles sont organisées, planifiées et ont pour objectif de détruire l'ennemi. Elles sont récurrentes en zone de conflits. Comment l'invasion russe en Ukraine peut-elle servir de modèle pour comprendre les mécanismes du viol de guerre ? Comment mener une enquêter sur les violences sexuelles en temps de guerre ?
Pour répondre à ces questions, Guillaume Erner reçoit : Céline Bardet, juriste et enquêtrice criminelle internationale, fondatrice et directrice de l'ONG "We are Not Weapons of War". Sofi Oksanen, écrivaine.
Photo de la vignette : manifestions en février 2022 à Londres contre les crimes sexuels en Ukraine / TOLGA AKMEN / AFP
#ukraine #viol #russie
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