Excellent livre.L'intrigue est originale et maintient en haleine jusqu'à la fin. Les thèmes abordés sont à la fois très contemporains et éternels.
Le lieu du récit met en valeur le massif des Rhodopes en Bulgarie et le mythique grotte d'Orphée et Eurydice.
Le découpage en chapitres courts et le style plus épuré que dans le roman précéden , donnent beaucoup de rythme à l'ouvrage
Je recommande vivement la lecture de ce livre.
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Quel bonheur ce roman! J'ai dévoré chaque page, tenue en haleine par l'intrigue de cette épopée à travers cette étonnante forêt bulgare. le style précis et concis m'a emportée. J'attends le prochain avec impatience, et je viens de commander le précédent.
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J'ai adoré ce roman, je l'ai dévoré. L'intrigue est forte, les personnages sont sensibles, complexes. L'écriture incisive, profonde. Pour ceux qui aiment le suspens et la psychologie. Et les chevaux, car on est aussi plongé dans une randonnée haletante.
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Il est si difficile de degoter un bon livre dans la somme des parutions.
Cet ouvrage est une pépite: haletant, bien enlevé, visionnaire.
L'auteur a un véritable univers et vous tient en haleine du début à la fin.
Un très bon cru!
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Sur cette terre, fils, il ne suffit pas d’exceller dans une activité rémunératrice, il faut aussi que d’autres l’aient fait bien avant toi, que tu puisses montrer ton sang de riche sans rougir de sa nouveauté. Le monde n’aime la fortune que patinée par le temps. On voit toujours mieux depuis les hautes branches, et on ne les trouve que sur les arbres les plus vieux. C’est ainsi qu’il avait séduit Maman, sa mère, et Mamane, celle de Karim, par cette utilisation parfaitement égoïste des vieilles servitudes à son seul profit, par l’usage sans scrupule des avantages que sa naissance et sa richesse lui donnaient. Cela lui avait valu bien des haines, mais il se moquait d’être haï si cela signifiait qu’il était considéré. Tant de gens n’existent jamais pour personne, disait-il. S’il faut, pour occuper une place visible en ce monde, endurer la détestation de mes semblables, j’y suis prêt.
Même s’il se gardait bien de jugements trop tranchés, ne sachant pas exactement à qui il avait affaire, on devinait au détour de ses propos qu’il n’appréciait ni les musulmans, ni les juifs, ni les Gitans, ni les homosexuels, ni les féministes, et qu’il méprisait autant l’Europe que le gouvernement bulgare. D’une manière générale, peu de choses trouvaient grâce à ses yeux, même si lorsque l’on en venait à la religion catholique orthodoxe, on sentait que ses préventions s’estompaient un peu.
Il leur expliqua d’ailleurs que le village dont il était originaire avait, lors de l’occupation ottomane, été l’un des seuls à pouvoir conserver leurs coutumes et leur religion. Ainsi, alors que tout le pays était musulman et que nul ne pouvait faire construire d’église dont la hauteur aurait dépassé celle d’un Turc à cheval, son village avait fait bâtir une cathédrale.
Monter à cheval, cela avait été le grand plaisir de Karim quand il était enfant. Jamais il n’était plus rayonnant que sur le dos d’un cheval. C’était le temps où le soleil brillait sur un futur qui ne paraissait incertain à personne, l’époque où leur père vivait encore. C’est sa mort qui nous a foutus dedans, pensa-t-il pour la énième fois. Avant, ils avaient la belle vie. Prince héritier d’un royaume richissime, il imposait sa position et ses choix. Sa fortune, sa naissance, son rang le lui permettaient. Il avait obligé sa famille à accueillir Maman et, quand elle était morte, il avait fait de même pour Mamane. Ses deux femmes étaient chrétiennes mais il n’en avait jamais eu cure. Il se savait protégé, parce qu’il était brillant, parce qu’il était riche, et aussi, et surtout, parce qu’il était bien né. Il le disait d’ailleurs souvent.
C’était un peu une allégorie de sa vie de juge, pensa Augustin. Elle prend quelque chose de vivant, d’humide, quelque chose qui tient en place, dont l’on peut sentir la présence, et par ses gestes, les textes et la machine judiciaire sur lesquels elle s’appuie, elle en fait de la poussière morte que tous les vents peuvent disperser. Elle est comme ces bureaucrates qui, sous tous les régimes autoritaires, envoient les gens à la mort en signant seulement des bouts de papier, n’ont pas l’impression de faire le mal, et rentrent le soir chez eux, la conscience tranquille, avec le sentiment du devoir accompli. Steiner était sans doute convaincue, ainsi que tous ceux de son espèce, qu’elle faisait le bien.
De dos, elle ressemblait à une petite vieille. Elle était voûtée, et chacun des pas qu’elle faisait semblait lui coûter.
C’est une appréciable faculté de l’âme humaine que d’éloigner de la conscience les jours malheureux, jusqu’à faire comme s’ils n’avaient jamais existé il préférait ne pas se souvenir de cet homme à la lisière de la folie, continuellement ravagé par le souvenir de ce qu’il avait perdu, qui vidait des chargeurs entiers sur un mannequin.
Après les premières semaines, celles durant lesquelles il était resté terré dans un coin de la cuisine de la petite maison, sans oser sortir, torturé par la crainte que, même là, quelqu’un attende de le voir mettre le nez dehors pour lui faire payer les crimes de son frère, ces longues semaines où il n’avait rien fait d’autre que d’écouter en boucle l’émission de la juge et se repasser le film des dernières années, il avait un matin retrouvé une lueur d’espoir.
WebTvCulture présente Fraternels de Vincent Ollivier