J'ai eu envie de parler aujourd'hui de ce roman graphique que j'ai lu hier à la bibliothèque municipale. En effet, il parle d'un sujet qui me touche particulièrement : celui du non désir d'enfants.
Je n'ai pas d'enfants, je n'en veux pas, et comme le dit l'héroïne de ce roman graphique autobiographique, l'on ne devrait pas aller au-delà de ce "non", l'on ne devrait pas questionner la femme qui ne veut pas d'enfants - j'ajoute que l'on pose rarement la question à un homme qui n'en veut pas, voire même pas du tout.
Irene Olmo nous amène au tout début de sa vie, quand, à l'école, il était normal pour toutes de vouloir des enfants, pour toutes d'être contre l'avortement. Il a fallu qu'une proche soit concernée, qu'un débat sur l'avortement soit organisé pour qu'Inès se mette à réfléchir, à remettre en cause aussi les réflexes que l'on peut avoir quand on apprend une grossesse "accidentelle" ("tu n'utilisais pas de contraception ? Tu n'as pas utilisé de préservatif ?"), à penser aussi, au devenir de cette toute jeune femme et de cet enfant qu'elle n'a pas voulu.
Le temps passe, et à l'âge adulte, les questions, les pressions autour d'elle commencent. Les amies commencent à avoir des enfants, et à ne pas que de leurs enfants, de leur manière de les élever, ce qui éloigne Ines de ses amies, parce que celles-ci n'ont plus de place que pour la maternité. Se pose aussi la question de ce que les femmes sacrifient pour leur maternité, comme cette jeune femme que rencontre Inès et qui, enceinte, sacrifie ses rêves professionnels au profit de cet enfant qu'elle attend. Et Inès de s'interroger : comment l'enfant réagira quand il saura tout ce que sa mère a sacrifié pour lui ? A moins, comme certaines mères que j'ai côtoyées, qu'elle ne dise à son enfant : "je me sacrifie pour toi, plus tard, tu devras faire pareil pour tes enfants".
Le personnage principal traverse des moments durs, parce qu'elle est de plus en plus isolée - avant de se reprendre, de s'interroger, notamment sur toutes ces oeuvres de fiction qui montrent que, quel que soit le parcours de l'héroïne, son accomplissement ultime sera d'avoir des enfants, tout le reste ne comptera pas. Je pense aussi à tout ceux qui crient à l'extinction de l'humanité, alors que nous n'avons jamais été aussi nombreux sur terre. Elle parle aussi, et ceux qui interrogent les autres sur leur non-maternité n'y pensent pas assez, à celles qui veulent des enfants, absolument, et en souffrent horriblement, d'autant plus quand elles entendent les discours lénifiants des autres femmes, qui ne comprennent pas, puisqu'elles sont tombées enceintes selon leur désir, que d'autres ne le peuvent pas.
Je terminerai avec ces phrases, parce qu'elle correspond exactement à ce que je pense : "Je ne sais pas ce que me réserve le futur...
Mais je sais que nous finissons tous pareil, et quand ce moment arrive, j'espère avoir vécu la vie que je voulais vivre, et pas celle que me dictaient les autres."
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