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3,31

sur 184 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
L'enfance, ce monde de souvenirs tronqués, imaginés, propices à détourner la réalité.

Comment peuvent se construire des enfants dans le secret et l'incompréhension concernant leurs aînés?
Est-il possible de concilier une carrière souterraine dans le monde du Renseignement avec une vie de famille?
Ce roman intimiste qui flirte vers l'espionnage tend à prouver que oui, mais pas sans dégâts sur l'entourage.

Dans Londres de l'après-guerre, Rachel et Nathaniel, adolescents, voient partir leurs parents pour un voyage mystérieux, les laissant de longs mois à la garde tolérante d'un singulier tuteur et de quelques acolytes originaux. Une période de liberté d'éducation qui va structurer les deux enfants en autonomie, sensualité et transgressions, mais aussi en profonde blessure d'abandon et de solitude.

Construit en deux temps, le roman interroge sur les interprétations juvéniles, pour ensuite apporter des réponses dans une reconstitution de l'époque de la guerre.
S'appuyant sur des souvenirs parcellaires, l'homme adulte tente une enquête sur le passé, pour comprendre les faits et les individus croisés, utilisant des chemins de traverse pour parler de courses de lévriers, de parties de chasse ou d'échecs, de beauté de la nature.

Dans une atmosphère à la fois vivante et surannée, comme un vieux thriller des années 50, se côtoient de beaux personnages incarnés et mystérieux. Voici un roman très réussi, à la fois familial, d'apprentissage, d'espionnage et de société, porté par la musicalité d'une écriture longue et généreuse.

Je conseille vivement…
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La Tamise par la magie des peintres, laisse derrière elle une atmosphère fantomatique et floue. Les uns parlent des ombres sur la Tamise, d'autres évoquent le brouillard qui donnait à chacun la possibilité de disparaître à l'instant même où il avait décidé de s'évanouir.

C'est dans ce décors incertain que Michael Ondaatje raconte une brumeuse farandole, dans les rues aux boutiques obscures comme si Patrick Modiano revenait à Londres.
Ce sont les vers de Guillaume Apollinaire qui me reviennent aussi, cette nuit de demi brume.


Deux adolescents Rachel et Nathaniel sont confiés par leurs parents à de parfaits inconnus. Tout au long de cette fiction Nathaniel cherche à reconstituer dans ses souvenirs, les longues traversées de la ville sans vraiment comprendre qui étaient ces deux personnages. Se doutait-il d' activités criminelles. Il fallait se tenir éveillé la nuit, il se passait toujours quelque chose d'insolite, des imprévus nourrissaient l'inquiétude.


Pour un ado quelle miraculeuse destinée, les jeux de rôle naissaient et disparaissaient, la moindre faille un amusement, et le décors, un cirque d'ombres chinoises.
Je me suis régalé comme un scout perdu en pleine montagne, oublié sans savoir comment.


L'un fut baptisé le papillon de nuit, un homme effacé, massif, devenu un locataire, celui du deuxième étage. Et comment déchiffrer Norman Marshall surnommé le Dard de Pimlico. Personne ne semblait s'inquiéter de ce que nous faisions. le Dard s'attacha très vite à Nathaniel. Il avait sans doute besoin de son aide pour l'assister pendant les courses de lévrier, ou pour de longs voyages de nuit dans les canaux oubliés. La recherche permanente de se dissimuler de disparaître, ne cachait-elle pas certains soirs le transport délictueux de nitroglycérine ou de matières si dangereuses qu'elles auraient pu faire exploser Londres.


Nathaniel décide un jour de tenter de comprendre ce que sont devenus ses parents et sa mère. le voilà embauché dans une officine bien discrète
celle des services secrets.

Qu'est-ce qui l'a décidé de se lancer dans cette recherche sinon comme tous les enfants, rêver de découvrir des secrets oubliés, des choses extraordinaires enfouies à jamais. Penser que sa maman ait pu elle aussi disparaître, changer de personnalité, de nom. Jeune homme Nathaniel va vivre quelque chose d'infiniment exaltant et cette rencontre avec Agnès Street va le subjuguer l'emporter et puis elle va disparaître un jour.


Ces gens ne ressemblaient en rien à une famille normale, ni mène à une famille de Robinson Suisse. La maison avait désormais l'allure d'un zoo nocturne rempli de taupes, de chats, de bêtes. Des gens à la démarche traînante qui se révélaient être nés joueur d'échec, jardinier, impossible voleur de grillons, ou chanteuse d'opéra lymphatique.

Entendre une voix parlant de sa mère sur une bande appartenant aux services secrets, ou se rendre compte qu'Agnès Street n'était que le nom du premier immeuble de la rue, lui apportaient un peu de vérité comme un zeste de sérénité.
Nuits et brouillards parfois se dissipent, un envoûtement se dilue un autre prendra le relais.
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C'est un formidable coup de maillet qu'assène là Michael Ondaatje pour ses 75 ans. En tous cas voilà un livre complet, qui parle autant au coeur, qu'à l'intelligence ; C'est aussi une méditation subtile sur le souvenir (on pense à Modiano parfois, sans que l'on puisse superposer les deux génies).
J' ai appris une foule de choses sur les évènements survenus dans l'ombre de l'immédiat après-guerre, tellement monstrueuses que j'ai d'abord cru qu'elles étaient le fruit de l'imagination de l'auteur. Ces évènements (règlements de comptes perpétrés en catimini dans toute l'Europe et au-delà, effacement de la carte de villages entiers, suppression des archives compromettantes pour un bord comme pour l'autre par les services secrets britanniques, transports nocturnes et top secret à travers Londres de camions chargés jusqu'à la gueule de nitroglycérine). Peut-être mon ignorance va-t-elle faire sourire les spécialistes de cette période de l'histoire. Mais les néophytes comme moi peuvent, si la curiosité de ces faits insolites les saisit, consulter la bibliographie que l'auteur a fourni à la fin de son livre. Son contenu doit être de nature donner le vertige. La réalité dépasse de très loin la fiction.
Nous sommes en Grande-Bretagne plusieurs années après la fin de la guerre. C'est en reconstituant le puzzle de sa vie d'adolescent soudainement abandonné par ses parents entre les mains de personnages douteux (ils se livrent notamment au trafic clandestins de lévriers de course), que le narrateur découvre peu à peu, par recoupements successifs, des pans entiers de l'activité des services secrets britanniques entre les années 1945 et 1960. Sa ténacité lui permettra de lever une partie du voile sur les raisons de la disparition de sa mère et sur les missions véritables des personnages inquiétants qui lui servirent de pères de substitution entre l'âge de 14 ans et de 18 ans, surnommés "le Papillon de nuit" et "le Dard". De magnifiques portraits de femmes, aussi, comme j'en ai rarement vu dans la littérature, rehaussent le récit ; des êtres forts, rayonnants, délicats, jamais en orbite : celui de l'ethnographe Olivia, de son premier amour Agnès, et bien sûr de sa mère, Rose.
C'est une enquête intime et collective à la fois qui est menée là.
Ce livre est magnifique, lisez-le, lisez-le, il n'est pas possible de rater ça !
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Quelle merveille
C'est un livre en deux parties , la première picaresque et donc pleine d'humour et de scènes incroyables dans le Londres brumeux de l'après -guerre
La seconde , totalement nostalgique et bouleversante
Ce roman inoubliable est l'un des meilleurs livres de la décennie
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Paraît-il que la modération est à privilégier lors de critiques...
Pour ce livre, je ferai exception à cette pseudo règle.
Vous êtes ici en présence d'un livre qui... pèse dans vos mains. Vous êtes sur un chantier. En effet, vous suivez la construction d'un fils abandonné ou presque par ses parents.
Ambiance ténébreuse, personnages rocambolesques, complexes mais attachants.
Manifestement, un livre à conserver en bonne place dans sa bibliothèque.
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Un roman magnifique. Des aventuriers plein de force, de courage et de grâce, des descriptions subtiles et douces des canaux abandonnés de la Tamise, des paysages du Suffolk, des quartiers de Londres. Des relations improbables et magiques entre les personnages : le dard et Olive, Nathanaël et le Dard, Rachel et le Papillon de nuit, Rose et Marsh.
Un roman qui allie John le Carré et Patrick Modiano. le charme, la magie, la bienveillance. le meilleur livre lu depuis « My absolute darling ». L'ai commandé en poche pour l'offrir.
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un bijou. Superbe.
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Le titre indique bien les incertitudes et obscurités qui concernent les personnages et leurs actions. Nathanael et Rachel, frère et soeur, abandonnés par leurs parents, sont confiés à des individus douteux. Ils vivent ces moments avec beaucoup d'interrogations : tout est mystérieux : le départ des parents, l'identité des « substituts », les cheminements en barques sur la Tamise, les différents trafics… Faux noms et faux papiers, pour les humains, comme pour des lévriers, importés clandestinement pour des courses truquées, faux liens de parenté affichés à l'occasion. On en est à l'ère du soupçon et des hypothèses incertaines, alors même que la vie est mouvementée et les dangers, réels ! C'est dire que le lecteur piaffe d'impatience et s'accroche à l'histoire.
Le deuxième volet de l'histoire concerne non plus les deux adolescents, mais l'âge adulte, essentiellement pour Nathanael, car Rachel abandonne la partie, ayant mal vécu l'abandon et les trop nombreuses cachotteries. On retrouve alors des personnages de la première partie, parfois secondaires, qui prennent alors une importance capitale. L'interrogation demeure constante sur les personnages, non plus ce qu'ils sont, mais ce qu'ils sont devenus, par quels facteurs et en quelles circonstances. Car le décor de l'après guerre est trouble, on ne vit pas l'Histoire dans la netteté de ses grandes pages, mais dans les marges et plis des reliures. A chacun selon ses talents et ses missions, de mener son existence, telle une partie d'échecs clandestine.
Le roman relève de l'espionnage vécu de l'intérieur, occasion pour les acteurs de se construire une personnalité inattendue. Occasion aussi pour l'auteur ( « je sais combler les trous d'une histoire à partir d'un grain de sable ou d'un fragment de vérité découvert par hasard » ) de se livrer à une construction musicale, avec échos et jeux de miroirs, bien dans la manière de ses précédents livres, L'Homme flambé 1997 ( rebaptisé le Patient anglais après le film également superbe) et Divisadero 2007. Un lignage de qualité.
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