Je connais par coeur tous les recoins de ce désert de béton. Tous les visages. Tous les caprices de la clientèle. La ville est un triste tableau où les bêtes et les humains mangent et font leurs besoins dans le même plat. Font la paire.
Je m'appelle... En fait, mon nom importe peu. Les putains elles s'en foutent pas mal que tu sois écrivain ou goûteur de beignets. Tu les paies. Elles te font jouir. Et tu te casses après- Comme si de rien n'était.
Pour moi, une pute c'est comme l'oeuvre d'un grand peintre. C'est fait pour être exposé. Pour être vu. Etre une fête pour les yeux. (p.71)
Pour moi, il existe deux grands voyages. La lecture et le somptueux naufrage des corps enlacés.
Comme nous, les enfants ont eux aussi le droit de choisir ce qu'ils veulent pour eux-mêmes. Ce qu'ils croient faire leur bonheur.
Les personnages dans les livres ne meurent jamais.Sont les maîtres du temps.
Finalement, un homme poète c'est un peu comme une femme engrossée par les mots.
Elle est comme ça, la petite. Il y a des jours où elle est une machine à tout faire. Et d'autres où elle se refuse à tout et plonge dans ses lectures.
Comment dire? Comment trouver les mots pour dire son amour pour les livres? Ces objets, disaiit-elle, qui prennent peu de place dans la maison, mais beaucoup à l'intérieur de soi, dans son coeur, qui font jaillir la lumière dans le coin le plus reculé, le plus sombre de soi-même.
Tiens, prends ce sac ! Une pute sans sac c'est comme un militaire sans uniforme, sans arme. Une pute ne doit jamais se séparer de son sac. Prends-le.T'en auras besoin pour mettre tes petits trucs. L'argent que te jettent les clients. Tout. Tes capotes. Tes boucles d'oreilles. Tes rechanges. Tes vêtements de putain. Tout ce dont a besoin une pute pour briller. (p. 64)