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Citations sur Presque rien sur presque tout (62)

À ceux, en revanche, qui s’imaginent que la nécessité seule, assaisonnée d’un peu de hasard comme le vinaigre se mêle à l’huile pour faire une bonne salade, peut expliquer le monde, les partisans d’une sagesse suprême et d’une volonté extérieure répondront qu’une telle conception est mécanique et réductrice, qu’elle suppose déjà résolus les problèmes qu’elle aborde et qu’elle laisse entier le problème du tout, de ses origines, de son sens et de ses fins.
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À ceux qui croient que la création est comme attirée, depuis le début, vers la naissance de l’homme, les partisans d’une nécessité rigoureuse et aveugle, de mèche avec le hasard, ont le droit d’objecter qu’il s’agit d’une conception mythique et quasi mystique, entièrement centrée sur l’homme, fondée sur sa faiblesse et son orgueil mêlés et sur son besoin d’être rassuré comme un enfant dans la nuit : c’est parce qu’ils sont des hommes que les hommes s’imaginent que l’univers a été créé pour les hommes.
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La pensée n’est pas liée, comme l’instinct chez les fourmis ou chez les abeilles si laborieuses, à telle ou telle situation. Elle n’est pas liée à tel ou tel objet. Elle est une ouverture au tout. L’homme, qui est un animal, n’est plus un animal. Il est autre chose. D’une certaine façon, il est le tout. Parce qu’il le pense.
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Nous sommes condamnés à la pensée comme nous sommes condamnés au temps et à la liberté. Il est un peu gauche pour un homme de parler de pensée, car il ne peut rien en dire qu’en se servant de la pensée, ou de ce qui lui tient lieu. Ce qui le précipite aussitôt dans un cercle vicieux et dans un tourbillon dont personne ne peut sortir et qui donne le vertige. Penser la pensée est le plus drôle, le plus cruel, le plus dangereux des drôles de jeux.
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C’est à la fin des temps qu’on saura si le tout a été fait pour les hommes ou si les hommes n’ont été qu’une étape sur le chemin du tout. Une sacrée étape en tout cas. Dans la longue histoire du tout, j’aurai toujours un faible pour le temps assez bref où les hommes auront vécu, dans l’angoisse et dans l’orgueil, sur cette planète reculée, perdue au fond de l’univers et qu’ils appelaient la Terre.
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La science domine tout ce qui est dans le temps – mais seulement ce qui est dans le temps. Rien ne lui échappe – sauf le temps. Le temps garde en lui et protège le mystère des origines. Il nous nargue. Il nous livre tout ce qui se déroule grâce à lui et en lui. Mais son être et son sens, il nous les refuse avec constance.
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Voici l’avenir qui s’amène. Il frappe à la vitre, il cogne à la porte. Il est impatient d’arriver. Le passé est la patience même : il attend sans se lasser. L’avenir est impatient. Peut-être parce qu’il est lié au souvenir et aux cultes des morts, le passé a quelque chose de religieux. L’avenir a quelque chose de militaire. Le passé joue de l’orgue. L’avenir sonne le clairon. Le passé est derrière. Derrière quoi ? On ne sait pas. L’avenir est devant. On dirait, ne me demandez pas pourquoi, que le passé est féminin. Des fruits. Des parfums. Des assiettes et des draps empilés dans les armoires. Une odeur entêtante de foin coupé et de bois. L’avenir est affreusement viril. Même s’il arrive aux femmes de le dominer, ce sont des rêves d’hommes qui l’habitent. L’argent, le pouvoir, la violence, les machines sont du côté de l’avenir. Le feu de la cheminée est du côté du passé. Le passé est tiède comme un corps de femme. L’avenir est un glacier qui brille sous le soleil.
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Le caractère du temps est autrement difficile. Il est plus pâle que son frère [l’espace], plus remuant, plus secret, plus difficile à cerner, à juger et à connaître. Plus intelligent aussi. Et moins sûr. C’est un personnage cruel, nerveux, changeant, porté sur le paradoxe, d’une instabilité maladive, toujours prêt à trahir ses amis les plus chers. On dirait qu’il ne dort que d’un œil, qu’il est debout sur une patte, qu’il attend à chaque instant l’occasion de quitter la compagnie et de filer parce qu’il s’ennuie. Faire fond sur lui est une folie où beaucoup se sont laissé prendre.
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Des philosophes ont prétendu que ni la matière ni le temps n’avaient de réalité autonome et qu’ils n’existaient, en vérité, que dans l’esprit des hommes : s’il n’y avait pas d’hommes, il n’y aurait pas de temps et il n’y aurait pas de matière. La lecture que nous proposons de l’univers sur le mode de la fable suppose qu’il y a un tout et que les hommes s’y succèdent. Et qu’il y a du temps qui s’écoule dans le tout avant qu’il y ait des hommes pour le penser. Sur cette fable tombent d’accord et saint Thomas d’Aquin et le bistrot du coin.
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Le tout commence avec le temps : il se dégage du néant parce que le temps s’en empare. Tombé de l’éternité, le temps est lié à quelque chose de nouveau que nous appelons la matière. La matière est de l’être menacé par le temps. Il est au moins douteux qu’il y ait du temps sans matière. Il est tout à fait sûr qu’il n’y a pas de matière sans temps.
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