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Citations sur Presque rien sur presque tout (62)

Voilà ce que je suis, un miracle. À des milliards et des milliards d’exemplaires.
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Avant le tout, il n'y avait rien.
Après le tout, qu'y aura-t-il ? Que seraient les hommes sans le tout ? Rien du tout. Ils n'existeraient même pas puisqu'ils sont comme une fleur et comme un fruit du tout. Nous sommes un très petit, un minuscule fragment du tout. Mais que serait le tout sans les hommes ? Personne ne pourrait rien en dire puisqu'il n'y a que les hommes pour en parler. Le tout, sans les hommes, serait absent et mort.
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Notre tout, celui dont il est possible et permis de parler, est un système d’une prodigieuse cohérence. Le plus surprenant, c’est qu’il y ait comme une harmonie et une correspondance secrète entre les lois de l’univers et les lois de l’esprit. L’homme découvre le tout, perce ses mystères, avance en conquérant dans la connaissance de l’immense univers qui se déploie autour de nous, monte vers des espaces de plus en plus lointains, descend, à la façon d’un explorateur en train de découvrir des régions inconnues, dans les abîmes d’un infiniment petit qui est comme l’image inversée de l’infiniment grand. Et il s’imagine avec simplicité qu’il répand de la lumière sur de l’obscurité. Il n’est pourtant pas acquis d’avance que le destin de l’homme soit de connaître l’univers et que le destin de l’univers soit d’être connu par l’homme. La clé secrète de l’affaire, c’est que l’homme ne peut jeter ses filets sur le tout et lui imposer ses catégories logiques et ses structures mathématiques que parce que le tout se les laisse imposer. « Ce qu’il y a de plus incompréhensible, disait Einstein, c’est que le monde soit compréhensible. » Comment ne pas être tenté de sauter, peut-être avec un peu de hardiesse et de précipitation, un pas métaphysique, comment ne pas se laisser aller à rêver que l’homme était fait pour conquérir le tout et que le tout était fait pour être conquis par l’homme ? Ne serait-ce que parce que l’homme est capable de penser le tout, il y a un lien caché, évident mais caché, entre l’homme et le tout. Il n’y a pas de rupture entre l’univers et l’homme qui en fait partie. Tout est lié dans le tout. L’attraction universelle et la gravitation ne sont que les conséquences et les symboles d’une cohérence et d’une unité qui rassemblent le tout, qui le font tenir ensemble, qui l’empêchent d’éclater et qui tissent un lien entre tout ce qui existe.

Ce lien est le tout même. C’est lui qui permet à l’homme de comprendre l’univers. C’est lui qui fait que la mathématique et les nombres sont à la fois, comme par miracle, dans la pensée de l’homme et dans la nature des choses. C’est lui qui inscrit les lois et leur nécessité dans l’espace et dans le temps.

C’est lui qui est au cœur de l’amour qui jette les êtres l’un vers l’autre. C’est lui qui fait courir comme un fil invisible entre les étoiles et la pensée, entre le big bang et l’histoire, entre le tout et chacun de nous.
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Chaque matin, le jour revit. Si le monde n'est fait que de matins, si tout le bonheur du monde est dans les matinées, c'est qu'il y a dans le commencement une promesse d'on ne sait quoi et peut-être de presque tout. Si, en dépit de tant de larmes, le monde est une bénédiction, c'est qu'il recommence à chaque instant. La vie n'est qu'une suite de commencements, indéfinis dans le temps. Et le deuxième, le troisième, le centième recommence¬ment, et le cent millionième renvoient au premier et au seul commencement : celui où le tout se dégage du néant.
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Le souvenir nous désespère, nous amuse, nous crucifie, nous enchante. Il est à nous, et à nous seuls. Nous sommes capables d'agir sur le présent, mais il nous est extérieur. Nous ne pouvons rien sur le passé, mais il nous appartient. Ce qui est à nous, et seulement à nous, c'est ce qui n'est plus. Tomber dans le passé et dans l'absence n'est rien d'autre que tomber dans la pensée. Les hommes sont les maîtres sans pouvoir de tout ce qui a cessé d'être. Pantelants, déchus, dans les larmes et dans l’impuissance, nous sommes les dieux de l’évanouissement, de la chute implacable dans le néant, du souvenir et du passé.
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L’imagination se situe quelque part entre la raison, le souvenir, la poésie et la passion.
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Si l’avenir n’était pas espérance, le monde serait un enfer.
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Pour un esprit, venu d'ailleurs, qui tomberait sur cette Terre et qui en ignorerait tout, l'eau serait un objet de stupeur presque autant que le temps. L'eau est une matière si souple, si mobile, si proche de l'évanouissement et de l'inexistence qu'elle ressemble à une idée ou à un sentiment. Elle ressemble aussi au temps, qu'elle a longtemps servi à mesurer, au même titre que l'ombre et le sable. Le cadran solaire, le sablier, la clepsydre jettent un pont entre le temps et la matière impalpable de l'ombre, du sable et de l'eau. Plus solide que l'ombre, plus subtile que le sable, l'eau n'a ni odeur, ni saveur, ni couleur, ni forme. Elle n'a pas de taille. Elle n'a pas de goût. Elle a toujours tendance à s'en aller ailleurs que là où elle est. Elle est de la matière déjà en route vers le néant. Elle n'est pas ce qu'on peut imaginer de plus proche du néant: l'ombre, bien sûr, mais aussi l'air sont plus si l'on ose dire - inexistants que l'eau.

Ce qu'il y a de merveilleux dans l'eau, c'est elle est un peu là, et même beaucoup, mais avec une délicatesse de sentiment assez rare, avec une exquise discrétion. Un peu à la façon de l'intelligence chez les hommes, elle s'adapte à tout et à n'importe quoi. Elle prend la forme que vous voulez : elle est carrée dans un bassin, elle est oblongue dans un canal, elle est ronde dans un puits ou dans une casserole. Elle est bleue, verte ou noire, ou parfois turquoise ou moirée, ou tout à fait transparente et déjà presque absente. Elle est chaude ou froide, à la température du corps, ou bouillante jusqu'à s'évaporer, ou déjà sur le point de geler et de se changer en glace. Tantôt vous l'avalez et l'eau est dans votre corps; et tantôt vous vous plongez en elle et c'est votre corps qui est dans l'eau. Elle dort, elle bouge, elle change, elle court avec les ruisseaux, elle gronde dans les torrents, elle s'étale dans les lacs ou dans les océans et des vagues la font frémir, la tempête la bouleverse, des courants la parcourent, elle rugit et se calme. Elle est à l'image des sentiments et des passions de l'âme.

Ce serait une erreur que de prêter à l'eau, à cause de sa finesse et de sa transparence, une fragilité dont elle est loin. Rien de plus résistant que cette eau si docile et toujours si prête à s'évanouir. Là où les outils les plus puissants ne parviennent pas à atteindre, elle pénètre sans difficulté. Elle use les roches les plus dures. Elle creuse les vallées, elle isole les pierres témoins, elle transforme en îles des châteaux et des régions entières.

Elle est douce, fraîche, légère, lustrale, bénite, quotidienne, de vie, de rose, de fleur d'oranger, de cour, de toilette ou de table, thermale ou minérale, de Cologne ou de Seltz. Elle peut aussi être lourde, saumâtre, meurtrière et cruelle. Sa puissance est redoutable. Ses colères sont célèbres. Elle porte les navires qui n'existent que par elle, et elle leur inflige des naufrages qui font verser des larmes aux veuves de marins. Lorsqu'elle se présente sous forme de mur, lorsqu'elle s'avance, selon la formule des poètes et des rescapés, à la vitesse d'un cheval au galop, lorsqu'elle s'abat sur les côtes et sur les villes, elle fait surgir du passé les vieilles terreurs ancestrales.

Aussi vieille que la terre, ou plus vieille, plus largement répandue à la surface de la planète, complice des algues, des nénuphars, du plancton et du sel, fière de ses origines, consciente des services qu'elle a rendus à l'homme dont elle a longtemps abrité et nourri les ancêtres, puisque durant trois milliards et demi d'années tout ce qui vit est sous l'eau, elle considère toute matière autre qu'elle-même avec une sorte de dédain. Comme la lumière, elle est nécessaire à la vie. Supprimez l'eau, c'est le désert, la ruine, la fin de tout, la mort. II n'y a pas d'eau sur la Lune. Aussi peut-on assurer que ses paysages sont lunaires.
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« Je suis plein du silence assourdissant d’aimer » - Aragon
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C’est à la fin des temps qu’on saura si le tout a été fait pour les hommes ou si les hommes n’ont été qu’une étape sur le chemin du tout. Une sacrée étape en tout cas. Dans la longue histoire du tout, j’aurai toujours un faible pour le temps assez bref où les hommes auront vécu, dans l’angoisse et dans l’orgueil, sur cette planète reculée, perdue au fond de l’univers et qu’ils appelaient la Terre.
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