Un très court texte, l'ultime de Jean d'Ormesson, qui me laisse un arrière coût un peu triste.
Sa fille et éditrice le présente comme le testament de son père. C'est bien le cas. Comme si l'auteur sentait qu'il n'y en aurait plus ensuite.
Ce qui s'était amorcé dans l'opus précédent, «
Et moi je vis toujours », se poursuit : la langue toujours aussi belle et concise, perd de sa joie, de sa croustillance.
Les doutes l'envahissent : La vie, la mort nous sont données, nous sont imposées – la vie plus encore - pourquoi vivons-nous ? Où étions-nous avant notre naissance, où serons nous après notre mort ?
Il voudrait croire mais il n'est pas sûr d'y arriver. Et d'ailleurs qu'est-ce-que croire ?
L'homme est un animal comme les autres, mais un animal pensant et c'est là toute sa souffrance.
Son ego le pousse vers l'angoisse constante autour de laquelle tout tourne incessamment durant sa vie.
La science, si elle explique beaucoup, butte invariablement sur deux murs : le mur de Planck pour les origines, le mur du non retour pour la fin.
L'angoisse jamais ne s'éteint. L'homme peut s'assourdir de la superficialité des petits plaisirs, s'abrutir de remplissage stérile de cerveau, elle reste là qui le ronge.
Alors il reste la croyance en Dieu, la croyance plus forte que toute connaissance, la croyance à laquelle il faut s'abandonner pour ne plus souffrir.
Mais comme le rappelle l'auteur : croire n'est pas chose si simple….
« Je ne fus jamais touché par la foi, mais », nous dit-il, « Ce que j'aimerais par-dessus tout c'est que Dieu existât ».
Evoluant dans cette gamme de raffiné et de finesse où il excellait, cet ouvrage est bien le testament spirituel de Jean d'Ormesson.