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EAN : 9782742785476
128 pages
Actes Sud (03/10/2009)
2/5   2 notes
Résumé :
Femmes de Russie
Je me souviens que, restée seule tout à coup, le coeur serré par les émotions de ces gens simples, troublée par des joies et des peines qui, par une mystérieuse identification, semblaient devenues miennes, en circulant dans ce train étranger où les gens toutefois n'avaient plus d'étrangeté, je sentais que la peur de l'inconnu, encore une fois, s'évanouissait. J'avais l'impression de descendre en gare de Rome ou de Milan. Je pensais « Moscou »... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ouvrage emprunté à ma médiathèque- août 2023

Tout premier texte que je lis de cette importance auteure italienne...Écrit qui, toutefois, doit être différent de sa " production habituelle"
Il est utile d'ajouter quelques précisions pour ce récit.

Maria Ortese, en 1954 est invitée en Russie avec une délégation de femmes italiennes communistes, de tous milieux sociaux.Cette délégation rejoint Moscou, en avion, alors que "notre" auteure , ayant peur de l'avion, fait ce long trajet , seule, en train...

Dès le départ, elle se met à part ; arrivée à destination, elle se sentira très mal à l'aise avec ses compatriotes...

Le récit se construit à travers six textes, qui se répartissent eux-mêmes en deux parts: celles du " voyage en train" avec ses difficultés, ses premières rencontres et premiers contacts avec le peuple russe...et la seconde, le séjour même à Moscou, et dans le pays....

Même si ce texte est de qualité certaine, j'ai eu un certain mal à " l'intégrer"....à " accrocher" !?

On sent la narratrice-auteure, toujours dans un sentiment de malaise, se sentant décalée par rapport à tout, alors que le groupe- délégation de ses compatriotes s'adapte facilement, en fait même trop à son goût...

Ce séjour de commande...se passe largement dans les visites officielles: visite d'une usine, d'une école ( soi-disante modèle ; ce qu'elle ne trouve pas), visite d'un cirque, participation à un meeting puis à une grande fête nationale...

Même si Maria Ortese ne se laisse guère impressionnée ni convaincre par le " paradis russe communiste " en construction, elle se prend d' affection et d'empathie pour certaines jeunes et moins jeunes femmes russes, qu'elle trouve courageuses et rayonnantes de gentillesse...

Ce qui m'a touchée et intéressée c'est son honnêteté à reconnaître qu'elle ne parvient pas à comprendre ni à saisir l'esprit et l'utopie du peuple russe...

Des moments précieux échangés avec des femmes qu'elle trouve aussi accueillantes qu'émouvantes, attachantes...très dignes dans des quotidiens difficiles...
J'achève ce billet par un de mes extraits préférés

"Mille jeunes filles dansent au Kremlin

"Elle est longue, l'histoire russe, dis-je.
-Longue et obscure, répondit Alexandra.
-Vous avez eu beaucoup de victimes.
-De toute sorte. de la faim, de la tristesse, du sommeil. Il n'y avait que la neige, alors, et sur la neige l'image du Christ.
-Vous détestez le Christ, à présent ?
-Ce n'est pas ça, dit alexandra. Nous cherchons seulement à être meilleurs : plus actifs, plus honnêtes, plus rigoureux, heureux aussi; nous cherchons à ressusciter une image , qui était détruite. Notre image de femmes, d'hommes. ce n'est pas facile. Mais nous n'avons pas d'autre devoir que celui-là; vous aussi en occident, je suppose.
-Oui ", dis-je. et il me sembla qu'il aurait dû en être ainsi, même si je savais que chez nous cette conception était absolument impossible.
Inquiète, je voulus me lever. tandis que je causais avec Alexandra, mon regard était toujours là-bas, sur ce jeune peuple qui se mouvait avec la grâce indicible des colombes. Il y avait une profonde barrière entre ces jeunes filles et moi, un mur invisible entre ces jeunes existences et la mienne, entre cette image merveilleuse et notre Occident; pourtant il me semblait savoir qu'il devait y avoir un moyen pour ouvrir un soupirail sur ce monde, pour le comprendre, entendre ses raisons. Pour savoir si, finalement, il ressemblait à notre monde."

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En 1954, la narratrice (qui semble être Anna Maria Ortese elle-même d'après la préface) fait partie d'une délégation de femmes invitées en URSS. Ayant peur de l'avion, elle est la seule de la délégation à voyager en train jusqu'à Moscou : elle y rencontre des personnages assez atypiques et gentils, notamment une jeune femme russe qui la bouleverse lorsque ses roses disparaissent...
Arrivée à Moscou, elle fait la connaissance des autres membres de la délagation mais également des deux femmes russes chargées de les guider durant leur séjour : là encore, ces femmes la touchent...

Voilà deux nouvelles que j'aurai très vite oubliées ! Je ne sais pas vraiment à quoi je m'attendais lorsque j'ai choisi ce livre à la librairie : un voyage initiatique, de belles rencontres, des portraits de femmes, des paysages effleurés depuis la vitre d'un wagon : sans doute un peu de tout cela mais, ce qui est certain, c'est que je ne m'attendais pas à ce récit quelque peu décousu, très centré sur la narratrice qui m'est apparu assez égocentrique !! Je n'ai rien ressenti et me suis ennuyée, bref, je suis totalement passée à côté de ce récit !
Lien : http://loumanolit.canalblog...
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Mille jeunes filles dansent au Kremlin

"Elle est longue, l'histoire russe, dis-je.
-Longue et obscure, répondit Alexandra.
-Vous avez eu beaucoup de victimes.
-De toute sorte. de la faim, de la tristesse, du sommeil. Il n'y avait que la neige, alors, et sur la neige l'image du Christ.
-Vous détestez le Christ, à présent ?
-Ce n'est pas ça, dit alexandra. Nous cherchons seulement à être meilleurs : plus actifs, plus honnêtes, plus rigoureux, heureux aussi; nous cherchons à ressusciter une image , qui était détruite. Notre image de femmes, d'hommes. ce n'est pas facile. Mais nous n'avons pas d'autre devoir que celui-là; vous aussi en occident, je suppose.
-Oui ", dis-je. et il me sembla qu'il aurait dû en être ainsi, même si je savais que chez nous cette conception était absolument impossible.
Inquiète, je voulus me lever. tandis que je causais avec Alexandra, mon regard était toujours là-bas, sur ce jeune peuple qui se mouvait avec la grâce indicible des colombes. Il y avait une profonde barrière entre ces jeunes filles et moi, un mur invisible entre ces jeunes existences et la mienne, entre cette image merveilleuse et notre Occident; pourtant il me semblait savoir qu'il devait y avoir un moyen pour ouvrir un soupirail sur ce monde, pour le comprendre, entendre ses raisons. Pour savoir si, finalement, il ressemblait à notre monde.

(p. 122)
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"La délégation italienne était composée de quatorze (quinze avec moi) femmes et jeunes filles choisies dans les catégories et les milieux les plus divers de notre société : ouvrières, travailleuses libérales, étudiantes, femmes à l'aspect endurci et fatigué, ou placides bourgeoises. La plupart étaient inscrites aux partis socialiste et communiste, mais, contrairement à ce que l'on pourrait penser, cette adhésion ne se caractérisait pas par une façon de s'habiller plus négligée. Celle qui avait à la maison de belles affaires les avait emportées. Boucles d'oreilles et bracelets partout scintillaient discrètement. Les coiffures (il y avait à l'hôtel un salon de coiffure), blanches ou brunes, vieilles ou jeunes, étaient parfaitement soignées, sans un cheveu qui dépasse. Plusieurs avaient les lèvres peintes, les joues ravivées par des crèmes et de la poudre de riz et, autour de leur personne, ce je ne sais quoi de doux et de parfumé, cette sorte de légère extase de la chair qui distingue en général les femmes heureuses de part le monde." (Actes Sud - p.75)
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Les Moineaux du Kremlin

L'ancien effroi que j'éprouvais partout dans le monde, comme si tout était, irrémédiablement-étranger à ma vie, je le retrouvais de nouveau là, au terme d'un long voyage agité, troublé par le souvenir confus de tout le sang répandu dans ce pays pendant les années encore marquées par la Révolution.
Je pleurais en pensant à ce sang. (...)

(...)une petite lune pointait au ciel (...) elle se levait, il me semble, juste au-dessus de la terrible citadelle-murs décolorés maintenant par la chaleur, coupoles aériennes vert et doré-et elle illuminait-ou effaçait ?- un coin des tombes sublimes.
Mais on ne voyait plus ni Lénine, ni Staline, ni les autres visages gigantesques.
A la place, des moineaux qui nichaient peut-être entre les tombes vinrent jusqu'au rebord de ma fenêtre, avec de grands cris de joie, et certains s'avancèrent même jusqu'à la chambre.
je ne savais pas que la nature était aussi aimante, partout. ! Je cherchai du pain pour nourrir ces affamés, et, ma terreur et mes larmes ayant cessé en regardant ces moineaux, je pouvais de nouveau sourire.

(p. 70-71)
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Les Roses de Vienne

Je n'aurais pas su dire si cette réserve était dans la nature des gens, si elle exprimait un besoin instinctif, ou représentait un aspect momentané de leur vie.Une chose est sûre: au cours de mon voyage sur ce territoire, les foules, les gens- ou les groupes de personnes, en public-, je les ai toujours vus ainsi, inactifs, froids et absents.Ils ressemblaient à la mer vue de loin: une ligne de plomb, immobile.Mais, en approchant, c'était un vacarme, un mouvement, une joie.C'était les vagues. L'âme russe est une mer profonde, hostile de loin, fraîche et pleine de rumeurs de près.

( p.38)
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La délégation

La Délégation italienne était composée de quatorze (quinze avec moi) femmes et jeune filles choisies dans les catégories et les milieux les plus divers de notre société : ouvrières, travailleuses libérales, étudiantes, femmes à l'aspect endurci et fatigué, ou placides bourgeoises. La plupart étaient inscrits aux partis socialiste et communiste, mais, contrairement à ce que l'on pourrait penser, cette adhésion ne se caractérisait pas par une façon de s'habiller plus négligée. ( ... )
Il s'est établi tout de suite, entre moi et la délégation, une sensation de malaise. (...)
Avec leurs bavardages, leur appétit, leurs beaux vêtements, leurs poignets ornés de bracelets et, pour celles qui semblent appartenir à une catégorie plus modeste, avec leur regard dur qui effleure les choses sans y pénétrer, elles paraissent occuper à une seule chose : démontrer aux cinq femmes soviétiques qui sont assises parmi nous qu'elles ne voient absolument aucune différence entre le monde soviétique et celui auquel elles sont habituées; et puis leur gaieté exagérée, leur excessive familiarité avec ces femmes, ou, pour mieux dire, une familiarité de camaraderie, qui foule continuellement aux pieds les différences, pour les aplatir, me stupéfient tout bonnement.


(p. 79)
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